Line-up sur cet Album
- James Sloan - Guitars
- Jake Superchi - Vocals, Guitars
- Brent Boutte - Drums
- Edward Halpin - Bass
Style:
Melodic Black MetalDate de sortie:
25 Mai 2018Label:
Eisenwald
Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
Je ne pensais pas qu’un jour je trouverais un groupe américain qui propose du Black Metal. C’est totalement con, je sais… Mais on associe souvent, à tort, le style américain au Heavy ou au Death bien lourds, voir à d’autres horizons musicaux que le Metal. Ainsi, quand je décidais de prendre en main le dernier album d’Uada intitulé noblement Cult of a dying Sun, je pensais tomber sur un groupe scandinave…
D’autant que le nom sonne suédois ou norvégien, je trouve. En fait, pour les initiés, il s’agit d’un adjectif latin qui signifie « hanté ». Bref, minute culturelle refermée, et passée la surprise, me voilà lancé vers un album qui, je vous l’annonce tout de go, se présente vraiment sous de bons auspices. D’autant que le groupe existe depuis 2014, en est à deux albums et qu’il y a une réelle précocité chez eux.
Car, autant vous l’avouer de suite, je n’avais jamais entendu parler d’Uada. Mon ignorance laissait place rapidement à une vague de préjugés tout bêtement basé sur la musique proposée, le Black Metal. Je disais qu’Uada sonnait comme un groupe scandinave, donc irrémédiablement l’appréhension de tourner en rond se faisait sentir. Je considère, en effet, que le Black Metal scandinave, tout en ayant eu le mérite de livrer des groupes légendaires, a tendance ces dernières années à tourner en rond, à s’essouffler. Aussi, comprenez mon scepticisme quant à la perspective de rabâcher à mes oreilles un Black Metal depuis trop longtemps lancinant et laconique.
C’est dans ce contexte hasardeux que j’entamais ma découverte d’Uada par le morceau « Devoid of Light », de l’album éponyme, qui existe en clip. Et là… Je me suis pris une claque comme j’en ai rarement pris depuis que j’écoute du Metal. Ce morceau en particulier m’a tout simplement hypnotisé ! Il n’a pas de riffs qui sortent du lot mais le travail de composition, l’intensité des chants (car il y en a plusieurs) et les parties mélodiques, redoutable, m’a laissé coi. Pantois. C’est avec un appétit non dissimulé que l’écoute de l’album Cult of a dying Sun commença.
J’entends par le mot « précocité » le fait qu’en deux albums, les fondations sont non seulement déjà posées mais en plus très très solides ! On peut y découvrir un Black Metal mélodique qui frôle par moment le Death avec ses riffs lourds qui ajoutent encore à l’extrême noirceur de l’âme qui se dégage de tous les morceaux. Ce qui est assez curieux, c’est que l’album balance entre du Belphegor et du Mayhem : tantôt on trouve une certaine brutalité avec un scream grinçant, tantôt l’on constate des parties à la Freezing Moon, noires et ténébreuses. Un assemblage original, qui ne laisse aucunement indifférent.
La qualité sonore est (redondance) de grande qualité ! Autant Devoid of Light sonnait plus Black Metal de l’époque de Dom Mysterris dom Sathanas, autant Cult of a dying Sun a un mixage plus axé sur l’épaisseur sonore. En effet, on passe d’un son black à un son plus black death. L’évolution est claire, il n’y a rien de plus à ajouter, si ce n’est que le mixage est de belle facture. Un grand bravo ! Nous pouvons remarquer à quel point la batterie est surpuissante, de même les riffs guitares, qui nous transportent pour un voyage interstellaire au cœur des âmes en peine, sont magnifiques voire frôlent la perfection ! Il y a une dimension dramatique qui prend tout le périmètre musical de l’album, un peu comme dans le morceau « Veneratio Diaboli » de Belphegor, mais en format album ! Les chants sont tout simplement excellents, j’adore l’incorporation déjà utilisée dans le premier album de chœurs maléfiques, alternant avec des screams que l’on entend beaucoup et de vrais cris de souffrance qui diversifient davantage les possibilités pour le groupe d’insuffler encore plus de mélancolie.
Je crois que l’on peut difficilement trouver mieux en termes de qualité sonore, c’est du génie !
Seul petit bémol mais totalement subjectif : les morceaux sont trop longs. J’aimais, justement, que l’album Devoid of Light soit court car il donnait envie de se replonger dedans tout de suite ! Ici, le dernier album est manifestement trop long, même langoureux. Le risque de décrocher est hélas bien réel ; aussi cet album s’adresse-t-il à ceux qui n’ont pas peur d’avaler un concentré de morceaux très longs. A titre personnel, une réécoute entrecoupée s’impose, il m’est impossible de le gober d’une traite. En revanche, cette écoute en plusieurs étapes m’a permis de déceler les morceaux incontournables, qui méritent une attention toute singulière : « Snakes & Vultures » pour son démarrage envoutant, « The Wanderer » qui résume métaphoriquement le cheminement à la fois de l’album et du culte en général (le chemin vers la foi en somme) et le dernier, « Mirrors », tout simplement grandiose…
Le visuel est très beau avec l’idée d’un tableau, mais surtout, SURTOUT, le concept est très bien représenté. Pas de redondante métaphore, ni d’allégorie incompréhensible ! L’artwork ne laisse aucune place au suspense : on y voit une sorte d’iconoclaste devant un soleil torturé, presque lunaire, faisant penser à quel point la lumière n’est qu’une éphémère richesse et que derrière la noirceur se cache d’innombrables possibilités de satiété… Le reste n’est qu’une terre dévastée, morte. Ce qui est assez paradoxal, c’est que la pochette n’est de nature pas très engageante avec ce sombre pessimisme ambiant, mais la beauté du tableau attire non seulement le regard mais aussi l’esprit. Comme une représentation abstraite du divin qui donne envie de comprendre ce qui se cache derrière cette inspiration géniale ! Car le visuel est génial. De plus, les noms des morceaux sont sur la même longueur d’onde donc la logique est respectée. Suffisamment représentée pour que l’on plonge dans cette espèce d’ode aux ténèbres dissimulées derrière la mascarade carnavalesque de la lumière divine (ouf !)
Vous l’aurez surement compris : cet album m’a inspiré !
Les paroles, pour finir, sont un éloge à la désolation, mais sous forme de foi. En fait, ce que j’ai adoré dans cet album, c’est la dimension spirituelle et philosophique qui s’en échappe. Comme quoi l’on peut faire du Metal et être subtil dans la démarche personnelle ! Globalement donc, les textes parlent de ce paradoxe du spectacle qu’offre la désolation, à la fois terrifiant et attirant.
Je vais devoir terminer ma chronique sur cette note exceptionnelle tant cet album l’est. Autant le premier album m’a marqué l’esprit à tout jamais, autant le deuxième suit la horde comme pour faire une seule et même entité musicale qui a pour but de répandre sa beauté et sa sombreur au monde entier ! Quoi de plus logique pour un groupe musical ? Une phrase suffira à résumer mon ressenti et mon coup de cœur pour Uada : ces américains piétinent de plus en plus les plates-bandes des maitres en la matière, scandinaves, et ça fait un bien fou à un genre dont je craignais l’extinction. Non, en fait, ce sera en deux phrases : ne réfléchissez pas chers lecteurs, vénérez cette magnificence envoutante qu’est Cult of a dying Sun !
Tracklist :
1. The purging Fire (05:58)
2. Snakes & Vultures (09:36)
3. Cult of a Dying Sun (08:18)
4. The Wanderer (05:38)
5. Blood Sand Ash (07:55)
6. Sphere (Imprisonment) (07:59)
7. Mirrors (10:27)
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