Note du Soilchroniqueur (Mitch) : 9/10

Mais que cet album est réjouissant ! Une bonne surprise de ce printemps 2024 métallique !
Malgré ses 25 ans d’existence et ses 11 albums et 1 EP, Ufomammut ne se repose pas sur ses lauriers et nous propose, avec « Hidden », un excellent opus de sludge – doom à tendance space rock psychédélique.
Sludge – doom, évidemment, pour ses riffs pachydermiques très touffus, avec un son carrément épais, la basse Rickenbacker vintage d’Urlo venant gonfler et booster les sons fuzzés de la Flying V de Poia.
Psyché, pour son chant incantatoire, pour ses litanies entêtantes évoquant le rock fumé et les ambiances oniriques ; pour ses parties instrumentales planantes (le redémarrage lent de Crookhead, la longue partie ambiante de Mausoleum, le solo bruitiste de Soulost).
Space rock, enfin, avec ces bidouillages de sons et ces effets triturés, proposés par chacun des musiciens, et donnant un petit côté futuriste et spatial (enfin, tel qu’on le voyait dans les années 70-80 !) à des morceaux qui héritent, ainsi, d’une couleur supplémentaire, couleur qui vient enrichir le doom écrasant du trio italien.

Mais proposer des riffs ultra lourds et des ambiances psyché, me direz-vous, ce n’est pas novateur ni remarquable, en soi. Non, ce qui est remarquable dans cet album, c’est la construction des 6 titres, qui accrochent l’auditeur aussitôt et parviennent à garder son intérêt intact de bout en bout (même, et surtout, sur les 3 pistes de 9 minutes et plus !). En effet, Ufomammut varie les tempos et les ambiances au sein d’un même titre, et articule ses riffs et ses parties de manière créative, maline et efficace. Ainsi, Crookhead démarre avec une intro lourdissime, introduit du chant au bout de près de 4 minutes, s’arrête, repart dans un psychédélisme lent, avant de se conclure avec juste un groove de batterie et des effets. Kismet part avec une intro accrocheuse et des descentes de toms, enchaîne plusieurs riffs héroïques, des lamentations vocales très mélodiques, un breakdown presse-hydraulique, et ainsi de suite…

Très cinématique dans l’esprit, Ufomammut nous emmène dans des voyages barrés au travers de vastes étendues d’espace et de temps.
Les Italiens ne négligent pas le visuel, ils signent l’artwork au travers de leur entité Malleus, constituée de leur chanteur, de leur guitariste, et de la fidèle Lu. Ils se font même plaisir sur une édition limitée, jouant sur le titre « Hidden » (caché), avec une pochette blanche dont l’encre bleue ne se révèlera qu’à la lumière du soleil !

Quant au live, je peux vous certifier qu’ils le maîtrisent aussi ! J’ai eu la chance de les voir deux fois en 2022, dans des conditions opposées. Au Hellfest, tout d’abord, sous une Valley bondée et conquise, donnant à ma moitié l’occasion de SA sieste du Hellfest ! Car pour elle, une sieste sur un groupe n’est en rien péjoratif, c’est au contraire le signe d’un bien-être total, un conjonction parfaite de soleil, de début d’après-midi, de bon son et de voyage intérieur ! Puis dans un petit club, au Rock n’Eat lyonnais, collé à la petite scène et louchant sur le pédalier inhumain d’Urlo, bassiste chanteur joueur de claquettes et déclenchant au pied tous les samples et effets, s’aidant pour cela d’un immense schéma plein de noms de code, compréhensible de lui seul !     

Bravo donc au trio italien, qui, après les expérimentations de l’EP « Crookhead », revient à quelque chose de bien plus consistant, riche et dense, avec ce « Hidden » de fort belle facture.

Tracklist :

1. Crookhead (10:39)
2. Kismet (8:56)
3. Spidher (4:05)
4. Mausoleum (10:47)
5. Leeched (5:38)
6. Soulost (4:26)

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