Ūkanose – Šiaurum V​ė​jum

Le 14 avril 2023 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Linas Petrauskas : guitare
  • Vilius Garba : batterie
  • Greta Gražulytė : flûtes, chant
  • Laurynas Tamaševičius : guitare
  • Jokūbas Giedraitis : chant
  • Margiris Milinis : basse

Style:

Metal Folklorique

Date de sortie:

14 avril 2023

Label:

Art of the Night Productions / Dangus

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10

« Si c’est aimer, Madame, et de jour, et de nuit
Rêver, songer, penser le moyen de vous plaire,
Oublier toute chose, et ne vouloir rien faire
Qu’adorer et servir la beauté qui me nuit :

Si c’est aimer que de suivre un bonheur qui me fuit,
De me perdre moi même et d’être solitaire,
Souffrir beaucoup de mal, beaucoup craindre et me taire,
Pleurer, crier merci, et m’en voir éconduit :

Si c’est aimer que de vivre en vous plus qu’en moi même,
Cacher d’un front joyeux, une langueur extrême,
Sentir au fond de l’âme un combat inégal,
Chaud, froid, comme la fièvre amoureuse me traite :

Honteux, parlant à vous de confesser mon mal !
Si cela est aimer : furieux je vous aime :
Je vous aime et sait bien que mon mal est fatal :
Le coeur le dit assez, mais la langue est muette. » Pierre de Ronsard

Je sens quelques critiques poindre à la lecture de cette chronique. Certains savent, en effet, que je suis attaché sentimentalement à certains groupes, dont celui présentement chroniqué fait partie. Se pose donc la question, au regard de cette chronique, de la place que l’on accorde à l’objectivité dans la rédaction d’une chronique. Je sais que la question demeure un fantasme bien connu dans le milieu, que je connais désormais depuis cinq années. Moi-même je voyais la profession, bénévolement ou non, comme une sorte de sinécure d’objectivité. Une profession de foi en quelque sorte, où le chroniqueur ne se laisse pas dicter par sa passion. C’est d’autant paradoxal parce que le chroniqueur, surtout s’il est comme nous, fait ce chemin de croix par passion pour la musique. Imaginez la position inconfortable qui nous incombe. En tout état de cause, il m’arrive d’avoir envie de faire des chroniques uniquement de coups de coeurs, par simplicité souvent. Il est en effet bien plus facile d’écrire sur pourquoi on aime, en y mettant un soupçon d’emphase, d’émotions, plutôt que l’inverse. L’exercice d’expliquer pourquoi on n’aime pas relève parfois des Douze Travaux d’Hercule. Alors que quand on aime, je ne sais pas vous, mais je trouve qu’il est très facile de dire pourquoi. En tout cas, c’est en cette raison précise que j’évite par exemple de refaire un groupe en chronique, surtout quand j’aime énormément la sortie prétendument chroniquée. Parce que l’objectivité viendra forcément à me manquer. Mais bon ! Mon autre question, que je pose ce soir, c’est, tout simplement, pourquoi ne pourrait-on pas chroniquer un album pour lequel on a éprouvé un coup de coeur? Après tout, on nous reproche assez d’être honnête, alors ne serait-ce pas mentir à soi-même, ou aux autres, que de se contenter d’un choix au petit bonheur la chance pour la rédaction d’une chronique, quand notre coeur nous invite à rédiger un brûlot élogieux pour simplement montrer ses propres goûts ? De temps en temps, un choix délibéré de mettre en avant un groupe qu’on aime, par l’exercice d’une analyse qui ne se verra pas dénuée d’objectivité quand-même, mais dont on sait par avance que le chroniqueur aime, voire adore, l’album en question, je ne suis pas contre du tout. Je rigole un peu jaune, parce que mon boss Chris Metalfreak va grincer des dents, j’ai outrepassé la liste d’albums gargantuesque que l’on a tous les mois, mais d’abord la demande vient du groupe, ensuite je le fais pour engraisser les statistiques plus qu’élogieuses du webzine ! Alors, à défaut de me payer (je prends en nature, mais il n’a pas envie, allez comprendre…), je sais qu’il ne m’en voudra pas. Hein ?… Bon ! Assez déblatéré pour rien. Le groupe qui reçoit mon coup de coeur, c’est Ūkanose. Et l’album du soir, en release du jour, ce sera « Šiaurum Vėjum ». C’est bête, je vais devoir double copier-coller pour le nom du groupe et celui de l’album. Car oui, j’ai souvent la flemme de recopier tel ou tel nom…

Ūkanose est un groupe qui nous vient tout droit de Lituanie et de la capitale Vilnius. J’ai découvert la formation sur le tard, lors du Dark Medieval Fest que j’avais couvert avec ma bonne amie et camarade photographe Cassie di Carmilla. Un chouette moment passé en compagnie du quintet de l’est, et j’avais été particulièrement séduit par la dimension patriotique qui se dégageait sur la scène, avec le drapeau lituanien à côté de l’ukrainien, et l’énergie positive qui se dégageait de la formation, tout en abordant probablement des thématiques plus formelles. La richesse de ce groupe, qui parvient à faire dans le festif, marque de fabrique des groupes du même genre, et aussi dans des récits plus sérieux. En tout cas, le groupe existe depuis 2012 ce qui, mine de rien, commence à faire long, et après un premier album éponyme sorti en 2016, précédé d’un single, et suivi par un autre single et un EP, ce deuxième album arrive enfin, si j’ose dire ! Car je préfère mille fois la formation telle qu’elle est actuellement que la précédente, je vous expliquerai pourquoi. En tout cas, j’attendais avec l’impatience d’un infirmier au salon de la piqûre (la métaphore de la puce au salon de la moquette étant déjà prise par le patron) ce « Šiaurum Vėjum » dont, je l’avoue, j’ai eu un avant-goût.

Avant de parler de l’artwork, petite traduction du nom de l’album, importante pour comprendre la suite. Šiaurum Vėjum signifie « vent du Nord » en lituanien, et la représentation qui émane de la pochette est celle du dieu Véjas. L’un des plus anciens dieux lituaniens, son nom signifie « le vent » et l’autre dénomination de cette divinité est Véjopatis qui signifie « seigneur du vent ». La légende raconte que Véjas est l’un des maîtres-gardiens avec la divnité Auštaras, de Dausos, une montagne similaire dans la mythologie nordique au Valhalla, qui se situe entre deux rivières et avec pour particularité d’avoir un jardin où le jour est perpétuel, contrairement à l’extérieur où c’est la nuit qui écrase de sa domination ; et dans ce jardin pousseraient des pommiers aux pommes d’or. Le rôle de Véjas est d’envoyer les mauvaises âmes dans l’oubli par son souffle, tandis qu’Auštaras montre le chemin vers le jardin de Dausos aux bonnes âmes. Voilà pour la minute culture. Véjas est donc la divinité représentée ici, et j’adore la pochette. A commencer par cette couleur bleue qui est absolument splendide, dans les tonalités de bleu que je préfère partout. Cette nuance, dont on ignore s’il s’agit d’une thématique nocturne ou diurne, une sorte d’entre-deux qui respire l’entre-deux mondes, celle des Dieux et des humains. Je note, au passage, qu’il y a une sorte de grande bataille au centre de la pochette qui est scrutée par Véjas qui, probablement, se mue en juge et partie concernant l’issue de la bataille, et qui serait une bonne ou une mauvaise âme pour accéder à Dausos. Ou alors, c’est mon hypothèse la plus plausible, cette représentation de Véjas, énigmatique et puissante à la fois, serait la représentation de la pensée d’un guerrier dans le folklore lituanien, qui ne vit la bataille que pour sa place à Dausos et donc, fantasme dans sa tête que Véjas le surveille dans son courage, sa probité et son abnégation. Mais c’est mon interprétation ! En tout cas, je trouve qu’au-delà de la sphère mythologique, qui est indéniable quand on connait Ūkanose et a fortiori la grande fierté patriotique du peuple lituanien, il y a, en tout cas, une grande logique dans l’élaboration de la pochette. Tout est raccord autour de l’idée du vent, la barbe de Véjas est légère et semble flotter, le bleu qui évoque un peu la teinte quand le ciel est enveloppé de vent, etc. Une pochette sublime et bien travaillée, voilà de quoi bien démarrer l’écoute de ce « Šiaurum Vėjum » !

Quand je vous explique à quel point le peuple lituanien est attaché à ses traditions et coutumes, c’est d’abord parce que je m’intéresse réellement à ce pays et toute sa culture, et qu’au travers de mes voyages, je l’ai constaté. Et ensuite, parce que le groupe assume cette position en expliquant que la musique est un mélange de metal et du folklore qui découle de l’héritage historique et traditionnel. Un metal folklorique qui se ressent en première écoute par l’utilisation de différentes flûtes, d’un chant féminin et masculin en voix claire, de mélodies qui se situent plus majoritairement dans les flûtes, mais aussi également dans les parties metal qui sont très dansantes, tout en étant par moment lourdes et intenses. L’avantage d’Ūkanose est qu’on n’a pas besoin de se questionner dans l’identité metal proprement dite, puisqu’elle ne cherche pas, par exemple comme c’est souvent d’usage, à aller sur le black metal, ou le death metal pour des teintes précises. J’ai tendance à penser que le metal, ici, se met totalement au service des chants et des flûtes, pour n’être finalement qu’un accompagnant rythmique, et qui s’adapte en conséquence aux besoins folkloriques et mélodiques de ces derniers. Ce choix, s’il s’avère vérifié, est très judicieux et fonctionne toujours, parce qu’on comprend tout de suite que les groupes de metal folklorique mettent naturellement en avant ces fameuses parties qui font leurs identités, pour spécifier davantage leurs empreintes culturelles, légendaires et traditionnelles. Le metal n’est pas secondaire, pour autant, et les passages où il n’y a ni chant ni flûte, demeurent très efficaces aussi. J’aime tout particulièrement l’idée que dans certaines pistes, les parties metal, très variées comme j’expliquais, oscillent habilement entre des passages dramatiques, plus sérieux, et des moments plus festifs, plus dans une mouvance d’énergie positive, offrant donc une grande variabilité sur l’écoute entière et primaire de « Šiaurum Vėjum ». Je passe les moments plus rythmiques et ceux en mid tempo, qui sont extrêmement bien placés, les soli et les courts moments qui font presque penser à des breakdowns, tout ce maelström offre, là encore, des variations uniques et d’une grande richesse ! Au moins, le groupe n’a pas menti dans son dossier presse : l’album est d’une richesse composale incroyable. Il y a de tout ! En témoigne la traduction des noms des morceaux (« Triste triste », « Là-bas au-delà du lagon », « 1236 » bien entendu qui correspond à la bataille de Saulès, « je fleurirai au printemps », « De la terre prussienne », « Une boucle », « Alcool de contrebande » (cela ne s’invente pas), « Leliumoj » qui est intraduisible et « Voleurs »), qui reprennent des thématiques que l’on retrouve dans les mélodies de chaque piste. Bon ! Vous l’aurez compris si vous avez lu mon introduction : sans suspense, j’ai adoré. Pour des raisons évoquées ici, et d’autres plus personnelles que je garderai pour moi. En première écoute, j’ai d’ores et déjà été conquis ! Mon amour naturel pour le metal folklorique ne sera pas édulcoré par Ūkanose, loin s’en faut!

Pour la production de « Šiaurum Vėjum », je suis bien en peine de trouver quelque chose à redire, puisque la clarté et la propreté sont de rigueur ici. Connaissant un peu le perfectionnisme de son leader, je ne suis évidemment pas surpris. Mais il est bon, quand même, de constater que le groupe lituanien a largement mis les petits plats dans les grands pour plaire à son auditoire ! Là où Ūkanose n’est pas tombé dans le piège mille fois trouvé dans le milieu du metal folklorique, c’est dans la place accordée justement à la base folklorique, à côté de celle metal. Beaucoup de groupes ont la fâcheuse manie de mettre trop en avant les instruments folkloriques, au détriment des parties metal, et dans certains cas, plus rares tout de même, c’est l’inverse. J’imagine que la balance est difficile à trouver en studio, aussi je ne blâme personne. Mais au moins, force m’est de constater qu’Ūkanose a su trouver le juste équilibre entre les deux, cela saute aux oreilles. L’harmonie est de rigueur, on entend facilement que chaque instrument a sa place qui lui est propre, et aucun ne souffre d’être mis de côté ou trop en exergue. C’est l’immense point fort de « Šiaurum Vėjum », indéniablement! Si vous recherchez un album de metal folklorique qui sait trouver la balance sonore parfaite entre ses parties folkloriques et ses parties metal, je pense que l’on n’est pas loin d’avoir à ce jour une des meilleures productions du genre ! On sent qu’il y a bel et bien derrière cette production non seulement des gens qui bossent en studio de manière impeccable, mais qu’il y a aussi, et surtout, au moins une tête pensante qui pilote son groupe et cet album, avec la précision et l’intelligence d’un musicien mature et expérimenté ! Excellent boulot, vraiment.

Alors, la grande question qui m’intéresse toujours quand je rédige une chronique, se situe dans ce que je ressens et dans ce que me fait imaginer le groupe. J’ai déjà vendu la mèche en expliquant que la Lituanie était un pays extrêmement ancré dans ses traditions et mythes, et qu’il suffit d’y aller quelques jours pour s’en apercevoir. Il y a dans ce peuple une fierté difficilement comparable ailleurs en Europe, du fait que la langue lituanienne est l’une, sinon la, plus ancienne langue parlée sur notre continent, et que l’histoire des pays baltes, mais plus précisément la Lituanie, est l’une des plus rudes et des plus légendaires qui soient. Aussi, sans surprise aucune pour moi, Ūkanose véhicule une musique tellement patriotique et fière que, si l’on est un tant soit peu ouvert d’esprit, l’on se prête au jeu de ressentir et vivre pleinement cette incroyable infatuation ! En fait, que le groupe ne produise pas un réel album concept ne me dérange pas, tant les possibilités et les thématiques abondent pour en faire un album entier. C’est donc un album d’une grande richesse de composition, comme je disais plus haut, mais aussi paré de connaissances et de sentiments multiples, qui font qu’on ne s’ennuie pas une seconde d’écoute de cet album « Šiaurum Vėjum ». Comme le disait le groupe dans son dossier presse, écouter « Šiaurum Vėjum » revient à complètement s’ouvrir à la culture lituanienne, par l’utilisation d’un dialecte ancien et par les mélodies variables selon les besoins des pistes. Le contrat est largement rempli ! L’album se vit et se ressent à merveille, et c’est probablement une des meilleures sorties de metal folklorique de cette année 2023 ! Vous voyez, jusqu’à présent, j’ai réussi à expliquer le plus objectivement possible pourquoi j’ai aimé profondément cet album ! Mon amour pour la Lituanie qui va crescendo y est forcément pour quelque chose, mais musicalement parlant, pour sûr que si je ne connaissais ni le pays ni Ūkanose, j’aurais aimé quand-même.

Et pour terminer donc mon analyse, on va parler des deux chants. Tous en voix claire, l’un masculin et l’autre féminin, les deux fonctionnent comme un réel duo. Avec chacun leur place, tantôt seuls, surtout la voix féminine, tantôt à deux, on note facilement que les deux techniques vocales sont différentes mais se complètement très bien. Le chant masculin n’est pas spécialement la partie la plus puissante qui soit, on dirait plutôt une sorte de chant que j’appelle « narratif », avec une tessiture de voix grave et presque gutturale, et j’aime bien cette idée que l’on peut chanter des traditions et du folklore avec une voix posée comme cela. La palme d’or de la puissance vocale et charismatique revient à la chanteuse, qui nous entraine dans son chant d’une rare intensité, allant sur des tessitures déroutantes et magnifiques, évoquant des techniques de chant que l’on qualifierait à tort ou non de « slaves », mais qui reflètent idéalement cette dimension traditionnelle que l’on retrouve partout dans la musique. Définitivement, je suis fanatique de son chant, ce n’est pas un secret, mais j’avoue qu’à l’écoute de l’album, je me rends compte qu’Ūkanose ne serait pas Ūkanose sans elle, c’est mon point de vue et cela explique pourquoi le premier était un peu passé inaperçu pour moi avant. Une association de chants qui en tout cas, sans être dans la même technicité, se complètement très bien, et le duo retranscrit à la perfection toute la puissance, le patriotisme et les légendes et coutumes n’en sont ainsi que plus sublimées. Excellents !

Je vais vous faire une révélation saugrenue, mais qui vous illustrera probablement l’amour grandissant que j’ai pour ce pays : j’essaye d’apprendre la langue ! Oui, oui, je vous jure ! Et donc j’ai eu accès aux textes de l’album « Šiaurum Vėjum », et je remercie l’envoyeuse « anonyme » du groupe qui m’a offert ce privilège d’assouvir ma curiosité maladive ! Au-delà de la traduction bancale que m’a offert Google (je n’ai pas dit que j’étais bilingue !), j’ai surtout tenté de voir si l’on captait encore plus toute l’obédience de ce peuple pour son histoire, et la réponse globale est un immense oui ! Il me semble avoir compris que les textes relevaient tous du folklore local, j’avoue que si j’attache une réelle curiosité et un intérêt manifeste pour ces derniers, que je vais m’éclater à traduire, j’aimerais bien qu’un jour le groupe propose ses propres textes. Connaissant le talent de l’un de ses membres, je suis convaincu qu’il y aurait moyen d’écrire des textes magnifiques et encore plus personnels, pour probablement amener une dimension cathartique encore plus imposante ! Je guette…

Pour conclure cette chronique, que j’ai voulu la plus objective possible, je suis en tout cas très fier et heureux de vous la proposer en release du jour, et pour, je l’espère, assurer la promotion de ce groupe qui sonne comme indéniablement un de mes grands coups de coeur depuis longtemps désormais dans le registre metal folklorique, l’album « Šiaurum Vėjum » du groupe lituanien Ūkanose ! Groupe qui sort donc vendredi son second album, qui s’annonce comme un voyage hors du temps et hors de nos frontières, dans une sublimation historique comme on l’a rarement eue dans notre pays. Le metal folklorique présenté ici spécifiquement a, non seulement, l’immense privilège d’être bien produit, richement composé et démontrant un talent impondérable, mais en plus d’offrir ce qui manque, selon moi, cruellement, dans bon nombre de groupes du même genre : une authenticité émotionnelle forte. Un album comme celui-ci doit être assimilé, comme emprunté d’une grande fierté pour la nation maîtresse, et on ne peut donc pas être insensible à toute l’intensité qui en découle. Je pense qu’à la lumière de ce second album, Ūkanose va probablement s’imposer comme, non seulement, un groupe plein de promesses, mais surtout comme une pointure dans son pays, sinon dans la confrérie balte. Exceptionnel

Tracklist :

1. Liūdna liūdna
2. Ten už marių
3. 1236
4. Jievaru žydėsiu
5. Iš prūsų žemės
6. Apynėlis
7. Samagonas
8. Leliumoj
9. Plėšikėliai

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