Urfaust – Der freiwillige Bettler

Le 31 mai 2011 posté par Gwenn

Line-up sur cet Album


IX:  Chant, Guitare, Clavier
VRDRBR: Batterie

Style:

Ambiant - Depressif

Date de sortie:

25 Novembre 2010

Label:

Van Records

Note de la soilchroniqueuse (Gwenn): 8/10

 

Il fut un jour à Goethe, avant de rédiger son œuvre sous le nom de « Faust », débuta par cette prose inachevée nommée « Urfaust ». D’abord un projet ambiant dont la seule sortie a été « Urväterlicher Sagen », IX et VRDRBR se sont associés ensuite dans la création d’un univers tout particulier à côté duquel aucun amateur de Black Metal ne passera. Ils reprendront donc ce nom, Urfaust.

La carrière du groupe est assez méconnue et morcelée. Nés en 2003, les néerlandais sortent directement deux albums. « Geist ist Teufel” en 2004, puis “Verräterischer, Nichtswürdiger Geist » en 2005. Les deux opus marquent les esprits surtout dans le premier, qui sort des sentiers battus forgés par un Black Metal plus classique. Déjà, une puissance et une originalité vocale étaient à noter et construire un style était déjà une chose de moins à faire pour se faire connaître sur la scène. De plus en plus et de surcroît en ce moment avec l’apparition du Black Metal Dépressif qui ajoute finesse et passages lents, complexité des arrangements vocaux et profondeur abyssale dans un black Metal respectueux du style, Urfaust se fait de suite sa place avec son dernier album, « Der freiwillige Bettler ». Cinq années plus tard, certes, mais de nombreux splits et associations notamment avec le groupe Joyless, entre temps.

« Vom Gesicht und Rätsel”, le premier titre d’environ huit minutes, débute de manière pachydermique et caverneuse. La voix de IX ne fait pas dans la demi-mesure et se démarque en se plaçant tel un réel instrument. Calquée sur la rythmique et la tonalité du morceau, elle met en valeur celui-ci et y ajoute sans aucune discussion possible, une dimension incroyable. Torture, agressivité ou souffrance, elle tient sur son pilier toute la structure du titre. Le morceau éponyme se tend et se détend tel un élastique, alliant dissonances et atmosphère gutturale. Il raisonne dans une grotte humide et froide, immobile dans laquelle se reflètent quelques flammes de torches ou de bougies. Il y fait trop sombre pour y voir quoi que ce soit et courageux celui qui s’aventurera à l’intérieur. C’est massif, c’est lent mais la puissance y est ce qui fait toute la qualité de cette œuvre dont le final est complètement épique. « Das Kind mit dem Spiegel”, reprenant le tempo du premier morceau, laisse se déchirer une voix incomparable, à la voix cassée, criée, effrayée… jamais je n’avais encore entendu une telle qualité en la matière et je soutiens que beaucoup de groupes officiant dans l’ambiant/dépressif… iront se coucher aussi sec à l’écoute de ce morceau. A quoi je pense ? A un animal blessé, fou de douleur, ne pouvant s’arrêter de courir et prenant un à un des troncs d’arbres secs sur le corps dans sa course folle… quelque chose comme ça. Ou encore à une personne enfermée sans raison… mais rien de bon.

« Der Mensch, die kleine Narrenwelt” exploite encore d’autres sonorités surtout, comme de coutume, en rapport avec la voix. Il est clair que les capacités de IX à ce niveau sont sans limite. Ici le tempo est lourd en entraînant, le titre est magnifique et déploie des ailes noires et pleines de soufre dans la pièce pour un vol douloureux rasant un sol brûlant. Aspect guttural certes, mais exhumé différemment que dans le cadre des titres précédents. Grandiose. Afin de rendre mes propos argumentés d’un exemple des plus « populaires », je pense ici à un chant de Nazgûl, un cri metallique et magnifique. Contrasté aussitôt par « Ein leeres Zauberspiel”, rapide et guerrier, légèrement teinté d’inspirations « Bathoriennes » si je puis me permettre. « Der hässlichste Mensch” oscillera ensuite entre sons spaciaux, écartelés et toujours cette batterie entraînante et aux battements si creusés dans les entrailles de son essence. La voix s’y mêle encore une fois de manière parfaite. Le travail du son est vraiment ici… hallucinant.

C’est avec «Der Zauberer” que cette porte vers les entrailles de la nuit se termine. Un titre qui sonne comme la fin d’une guerre. Le contraste plein d’émotions est axé sur une ambiance malsaine sur des accords majeurs/mineurs et un thème récurrent propre à Urfaust. La seule chose que je peux ajouter ? Urfaust mérite plusieurs écoutes. Moi-même ayant eu un peu de mal à entrer dans leur intimité lors des deux premières approches, j’ai fini… par comprendre ce qu’ils veulent partager.

Myspace: http://www.myspace.com/urfaustfans

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