Line-up sur cet Album
Pozolegrind : Basse, batterie programmée, guitares, chant Lord Asco : Chant
Style:
GrindcoreDate de sortie:
30 septembre 2020Label:
Necromance RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« Jamais à femme ne te fie ! Jamais n’écoute ses serments.
Qu’elle soit satisfaite ou furie, tout de son vagin dépend.
Elle mime un amour menteur alors que traîtrise l’habille. » Les Contes des Mille et une Nuit
Je vous jure que c’est vrai pour la citation. Vous ne verrez plus les contes que l’on nous vantait, étant enfant, comme de simples contes de fées n’est-ce-pas? Pour ma part j’ai appris tellement de malversations sur les contes de Perrault (qui était au passage selon beaucoup de psychanalystes un beau détraqué sexuel) que plus rien ne m’étonne. De fait, je me risque peu à faire la chronique d’un groupe de grindcore pour des raisons éthiques. C’est probablement le style de musique qui m’inspire le plus de retenue quant à mes valeurs personnelles. J’accorde une large tolérance à des aspects extrêmes que l’on trouve dans le metal, le rock, le punk et tout ce qui est estampillé -core, mais parfois dans le grindcore je trouve que l’on aborde des thématiques un peu limites. Par exemple, récemment sur Facebook (vous savez! L’antre des bienpensants), j’ai eu un débat où j’expliquais qu’exposer sur des pochettes d’album des cadavres bien réels, des photos dégueulasses de corps décharnés, pourris ou déformés, ou tout simplement des corps en putréfactions avancés, me semblait être éthiquement parlant une abomination. Imaginez que votre corps soit exposé aux yeux de tous, qui plus est profané par la mort ou par une quelconque maladie tératogénique, vous le prendriez comment? Moi, je trouve que pour ce genre de dérives que l’on trouve dans le grindcore – et j’aimerais avoir l’avis de mon génialissime confrère et professeur émérite en grind et death brutal Arno – on devrait mettre un frein, sinon une limite à ne pas franchir. Bref, vous savez pourquoi je fais très peu de chroniques sur des groupes de grindcore. Il y a d’autres raisons plus consensuelles on va dire, mais comme je l’avais fait pour le groupe Fecality, je vais faire une exception pour le duo qui forme Vaginal Anomalies.
Vaginal Anomalies vient d’un pays exotique, dont on a plus l’image des sombreros, las posadas, les piñatas ; j’ai nommé le Mexique. Groupe formé d’un duo de musiciens qui a jeté ses fondations en 2014 et qui a déjà sorti pas moins de quatre CDs : deux splits, une compilation (sans album, cela me fait toujours un peu rire) et donc le premier album qui s’appelle Violent Devotion to Kill et qui fera l’objet de la chronique ici présente. Que dire de plus sur la formation mexicaine, de Jalisco pour être exact? Qu’ils ont changé leur logo entre temps, que leurs photos de pressbooking sont assez sympathiques (dans le genre grind on a vu pire) et que l’avenir est radieux! Voilà voilà, en fin de compte on ne sait pas grand-chose, mais j’ai remarqué que ce manque d’informations est inhérent au genre grind, qui se retrouve enveloppé de mystères ou d’inconnu. Je crois que cela est dû au côté peu conventionnel (c’est un euphémisme) de la musique proposée, qui clairement ne s’adresse pas à tout le monde, vu le côté « déviant » de la chose.
Comme mon constat d’éthique prévalait majoritairement sur les artworks des albums du genre, j’avoue avoir été sur le « reculoir » concernant celui qui nous concerne. J’ai toujours un moment de recul, mais cela est dû à mon métier, et toutes ces années à côtoyer de vrais cadavres, parfois en mauvais état (non! Je ne suis pas pompe funèbre) qui fait que cela laisse des traces et que j’ai toujours une appréhension à découvrir les pochettes de groupes de grindcore. D’ailleurs, je pense que la majorité d’entre eux n’ont jamais vu de cadavres pour ainsi jouer d’une imagerie aussi déplaisante et déplacée… BREF!
Celle de Vaginal Anomalies, contrairement aux précédentes, est bien plus abordable, ce qui me rassure et me fait plaisir. J’aime déjà bien le côté « jeu vidéo » de la pochette, on dirait un Resident Evil un peu dans le graphisme. Je me demande d’ailleurs s’il ne s’agit pas d’un vrai jeu vidéo détourné. Il y a des ingrédients que l’on retrouve souvent dans le genre c’est à dire des cadavres pendus soit la tête en haut, soit en bas ; des corps décapités, d’autres qui semblent baigner dans des bidons d’acides, le tout sur un décor plus inhabituel avec cette espèce de frontière faite par une potence en ferraille, dont l’autre côté ressemble à une route lisse, sans embuche et avec un bord de route verdoyant. Le temps est maussade par contre. Cela me fait penser à une sorte de métaphore filée pour montrer ce qu’il faut faire pour franchir la frontière de l’inhumain, qui ici est représenté comme un havre de paix qui se nomme Poncigrind. Pour une fois qu’une pochette d’un album grindcore est un peu « poétique », cela me fait très plaisir! Bon, je ne suis pas hyper enthousiasmé non plus, je ne dirais pas que la pochette me donne une envie frénétique d’acheter le CD, mais bon! Un peu de subtilité me fait plaisir. Je sais que les grands amateurs du genre vont crier au loup, mais moi j’aime bien en tout cas.
PS : les premiers CDs avaient tous des vagins soit en putréfaction, soit totalement déformés, soit accompagnés d’une femme style zombie qui écarte ses jambes de manière exagérée. Voyez donc pourquoi ce changement, pour un premier album, est intéressant et plus subtil surtout.
La première écoute m’a tellement fait plaisir! Mais pour un petit détail en plus : le premier morceau et son introduction, qui est la même que le générique de Inglorious Basterds! Pour les méconnaisseurs, il s’agit de la musique The Green Leaves of Summer de Dimitri Tiomkin mais reprise par Nick Perito. J’ai joui de bonheur avec cette introduction et grâce à cette euphorie émotionnelle, je suis totalement rentré dans la musique si dégueulasse de Vaginal Anomalies. Pas de surprise, j’ai pour une fois révélé le style plus tôt pour contextualiser la chronique : il s’agit de grindcore. Plus exactement, de goregrind, car le style grind est tellement anticonceptionnel qu’on peut tout se permettre avec. Alors, sans surprise là encore les morceaux sont très courts, avec aucune fioriture ni subtilité aucune, sinon du sale, du sale et encore du sale MAIS… Avec du gore par-dessus! A noter que souvent, les morceaux grindcore sont agrémentés de quelques samples en total décalage avec la musique comme la fameuse introduction sur « The Embalming Process in Decomposition Bodies », ici seulement deux autres seront auréolés de ces fameuses introductions : « The Vulgar Pedophile Incitement of the Priest » et son orgue de cathédrale (évidemment) et « Violent Devotion to Kill » et son sample qui fait penser à un bal de village hispanique dans les années 60. Pour le reste, c’est du classique, rien d’extraordinaire. Ce qui est cool c’est qu’avec le nom des morceaux, je pourrais faire un paragraphe entier pour la chronique!
Je ne vais même pas m’attarder sur le son, parce que je pense qu’il se situe au strict minimum syndical ce qui est tout à fait en adéquation avec le genre et qui fait son charme par-dessus le marché! En fait, je voulais surtout passer à la petite surprise de l’album : des pistes enregistrées en concert! Et là j’avoue que c’est une grande première pour moi qui n’aie jamais vu de concerts grindcore, je dépucèle donc mes oreilles aujourd’hui. Roulement de tambours!
Eh bien c’est tout simplement énorme! J’adore! Je trouve que c’est LE genre qui colle parfaitement avec un concert et beaucoup moins, avec du recul j’entends, avec un travail en studio. C’est bluffant parce que le son est encore plus crade en version live, moi qui pensais que c’était impossible, eh bien si! Vaginal Anomalies l’a fait, ils sont incroyablement crasseux en condition concert. La palme d’or en revient aux sons des cymbales qui est horrible, et le chant qui est à mourir de rire tellement il imite à la perfection le pig squeal, le grunt grave (mais genre grave grave!) et le vomi. J’ai pris une barre de rire phénoménal à l’écoute de l’album, et les gens qui me connaissent savent que pour me faire exploser de rire il m’en faut des tonnes. Ceux qui ne connaissent pas du tout le genre grindcore vont se dire que je me fous allègrement de la gueule des musiciens mais en fait les gars, c’est le but! Le but d’un CD de grindcore c’est d’être pris au degré le plus profond de l’autodérision alors si vous vous dites que le méchant chroniqueur que je suis se moque ouvertement de l’album – ce qui est vrai -, dites-vous que la mission de nos mexicanos est largement rempli! Comme un… Non Quantum, arrête.
Et comme le plaisir n’arrive jamais tout seul (les adeptes de la branlette vous le diront : avec deux seins bien dodus c’est encore meilleur qu’en manuel), le chant est trop bien. Récemment j’ai fait de Fermes en Fermes avec femme et enfant, je me remémore la ferme Distaise dans la Drôme et ces cochons qui batifolaient dans la boue en poussant des grui grui bien juteux. C’est tout ce qu’on aime, le chant est génial et contrairement à ce que l’on s’imagine il faut beaucoup d’entrainements pour arriver à un résultat aussi sale. C’est tout le paradoxe du chant grindcore d’ailleurs, qui paraît brut de décoffrage alors qu’en fait il est très technique.
L’avantage du goregrind c’est qu’on n’a pas vraiment de textes, donc le paragraphe habituel sur les textes se limite à ça : biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip…
Franchement, je ne peux pas trouver de conclusion assez forte pour dire ce que j’ai pris comme pied en écoutant l’album Violent Devotion to Kill. Avec Fecality j’étais moins emballé parce que la scatophilie ce n’est pas trop mon kiff, il faut croire que les anomalies de vagins cela me parle tout de suite un peu plus. Non je blague! Simplement, le grindcore a de beaux jours devant lui parce que tant qu’il y aura du second degré et de la dérision, à condition je me répète que cela n’enfreigne pas les limites que l’on se fixe (j’en ai largement parlé en haut), des groupes comme Vaginal Anomalies ont un avenir tout tracé. Avec du sang comme sur la route de l’artwork surement. En tout cas, pour un premier album c’est une belle entrée en matière, et je suis prêt à mettre ma fierté dans un bain d’acide que les amateurs du genre vont trouver une pleine satisfaction avec Violent Devotion to Kill. A découvrir et à savourer sans concession!
Tracklist :
1. The Embalming Process in Decomposition Bodies
2. Ditch Full of Dismembered Corpses
3. Poncigrind
4. Improper Desires to Fornicate Satan
5. God Advise Me to Torture and Kill
6. Addicts to Disolve Torsos in a Bathub
7. The Vulgar Pedophile Incitement of the Priest
8. Whore Maniac
9. Violent Devotion to Kill
10. Internal Examination (live)
11. Pelvic Infection (live)
12. Placenta Abnormalities (live)
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