Line-up sur cet Album
- Ian Debeerst : guitare, chant
- Simon Debeerst : batterie, chant
Style:
Djent RockDate de sortie:
26 juin 2019Label:
Atypeek MusicNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 8/10
« Un frère est un ami donné par la nature. » Gabriel-Marie Legouvé
La vie est une sorte de répétitions et de périodes qui se ressemblent. Ces derniers temps, j’ai eu pas mal affaire avec des groupes formés de duo. Avec Mantar que j’ai découvert au Hellfest, puis Golden Core récemment, sans parler de mes autres découvertes personnelles comme Sleepwait. Mais découvrir un groupe duel qui propose une musique plus que hybride, ça, je n’avais pas encore eu. On était sur des styles assez « basiques », encore que le terme en lui-même ne veuille probablement plus rien dire de nos jours au vu des nombreuses sophistications et des nouvelles ramures dans l’arbre gigantesque de la musique metal… Bref, tout cela pour dire que le groupe Vain Valkyries m’a échu ce jour, et que l’on est à des années-lumière d’une musique simple et brute !
Vain Valkyries, c’est donc un duo de musiciens issus de Rouen (« Je veux revoir ma Normandie »). Les deux frangins Ian et Simon Debeerst sont donc les seules têtes pensantes de ce groupe, que ce soit en live ou en studio, à la musique et à l’univers plein d’étrangeté. D’ailleurs, le nom du groupe ne manque pas d’originalité et je suis curieux de savoir d’où il vient et pourquoi l’avoir choisi. Proposant un premier EP nommé « Party on Deimos« , j’ai appris par mes recherches qu’ils allaient en sortir un deuxième qui s’intitulera « Death on Phobos« . Déjà une première référence, ou hommage c’est selon, à leur fraternité, Deimos et Phobos étant deux frères dans la mythologie grecque, fils d’Arès et Aphrodite. Deimos est la terreur, Phobos la peur. Alors, allons-nous découvrir une représentation musicale de la terreur ? Ou alors, ce n’est qu’une référence aux satellites de Mars qui portent le même nom et qui sont là pour donner un aspect plus spatial, plus planant à l’univers de Vain Valkyries (si je peux dire ainsi) ?
La pochette du CD a un côté très psychédélique et me fait penser immédiatement à un état de transe. Ou un état de malaise, avec la tête qui tourne. En tout cas, avec ses tons violet et blanc, ce fond noir profond et cette répétition comme un kaléidoscope imparfait des deux V et A du groupe, on a l’impression d’être dans un mauvais trip. Le livret reste sur un registre de déstructuration avec les textes et les noms des morceaux écrits selon des formats différents, un peu long à décrire cependant.
Je suis partagé sur cet artwork. Partagé entre un sentiment de satisfaction, étant donné la qualité de ce dernier, et le fait qu’il ne soit pas démuni de charme. Mais j’ai peur de tomber sur un énième CD qui parle des sujets trop explorés comme la drogue, l’alcool, les nuits de tristesse, etc. Ce n’est qu’une impression de départ, mais on ne peut pas dire non plus que l’artwork soit rassurant sur l’originalité. Après, on peut traiter d’un sujet « bateau » avec un regard très personnel et lui donner une importance nouvelle ! Mais bon… Pour une telle trouvaille dans le nom du groupe et de l’EP, il aurait été dommage d’aborder encore une fois des sujets trop choisis. Et les noms de certains morceaux ne me rassurent guère (« Dopamine », « The Jump »). Donc, un premier constat mitigé si on reste dans l’analyse, mais satisfaisant stricto facto sur la qualité et le travail fournis.
Par contre, accrochez-vous si vous écoutez l’EP parce que la musique est un véritable vent de renouveau mais qui trouve ses couloirs dans les temps lointains ! Un mélange savant et surtout extrêmement bluffant de doom et de rock, avec une grande technique et une recherche de déstructuration dans la base rythmique qui désarçonne l’assistance. Une sorte de musique que l’on trouvait dans les années 80/90 avec ce sombre ambiant qui rendait des soirées dansantes aussi noires que la nuit. Quand on sait qu’il n’y a qu’un batteur et un guitariste/chanteur, la qualité du son qui en découle est stupéfiante ! Mais, au même titre que les groupes précédemment cités m’ont mis par terre d’admiration, les cinq morceaux sont tour à tour atmosphériques et brutaux. Je crois déceler une forme de bestialité, mais celle que je nomme « primale » et qui se démarque des groupes beaucoup plus bourrins comme Benighted par exemple. La bestialité, ce n’est pas forcément de la brutalité pure mais une espèce de retour dans l’animalité, le temps d’un morceau. C’est ce que fait Vain Valkyries et je pense que l’idée des substances est dans ce but-ci : faire ressortir les instincts. En tout cas, la musique est excellente ! Alors, qu’est ce qui la démarque particulièrement ? J’y vois deux points forts, et non des moindres : la batterie et le chant.
Je parlais de technique et Simon est très talentueux. Il parvient à associer aux parties guitares assez lourdes des parties de batterie très rythmées, parfois dérythmées aussi, et cette prouesse me laissera pantois. Je ne crois pas avoir entendu dans ma vie des parties aussi longues que celles-ci, avec cette capacité d’à la fois tenir en haleine notre volonté de bouger et de satisfaire pleinement notre envie de planer. Le morceau « Casablanca » est un parfait exemple de ce que je veux expliquer (je ne sais pas si je suis clair dans ce que je dis…) avec le début du morceau qui résume à lui tout seul toute l’admiration que j’éprouve pour Simon.
Le chant, qui est co-représenté, réussit l’exploit de me faire aimer ce genre, que je ne saurais décrire exactement mais que j’ai haï pendant longtemps ! Cet espèce de chant pop, très « Placebo », que j’ai aimé puis détesté, pour aujourd’hui recommencer tout doucement à l’aimer grâce à Vain Valkyries. De fait, lors de ma première écoute, il m’a laissé dubitatif sur son choix. Je ne le trouvais pas approprié à la musique mais comme j’étais incapable de savoir lequel serait le mieux, vu le côté novateur de la musique ici, je me suis habitué à l’entendre. Et j’ai appris à épouser son utilisation, d’une certaine manière. Cela n’enlève en rien la qualité vocale du ou des chanteurs (les voix sont incroyablement similaires), je trouvais juste inhabituel le choix de ce dernier. Mais, au final, même si les harmonies sont parfois hasardeuses, je ne peux que faire un bilan positif. A défaut de grive, on mange des merles comme on dit, et parfois les merles deviennent sûrement appétissants. Parmi les cinq morceaux, je retiens particulièrement « Casablanca » qui est mon préféré sans doute possible. Pour moi, il représente l’orientation que devrait garder le groupe, un côté plus djent rock.
Je vantais largement la musique des frangins rouennais parce qu’elle vaut clairement l’écoute et l’intérêt que l’on peut lui porter ! Mais elle ne vaudrait que moins de pécule si le travail en studio, fait par Ian Debeerst en personne, n’était au rendez-vous. Et, franchement, c’est du très très beau boulot ! Le son est très agréable et répond largement à mes attentes. J’avais un peu peur que le côté déstructuré soit en défaveur du son et que ce soit trop bordélique pour que l’on distille avec plaisir ce dernier. Mais non ! Le mixage est excellent ! Là encore, quand on entend que la musique a été enregistrée dans le « garage familial », je suis assez bluffé de voir ce que l’on peut faire avec peu de choses. C’est certainement le bonus du CD et j’espère que le deuxième qui suivra sera de la même trempe ! Les frangins, pas besoin de payer un studio, je vous le dis. Vous avez tout ce qu’il faut pour plaire et bien bosser.
Je suis en revanche un peu plus déçu par les textes. Quatre sont en anglais, un en français et il n’y en a pas un qui me laissera un souvenir impérissable. Etant très attaché aux textes et étant surtout comblé par la musique, je m’attendais sincèrement à des textes dans la même veine (sans jeu de mot, je jure !). Mais en fait, ces derniers confirment mes craintes de départ avec l’artwork : le sujet est toujours le même et c’est lassant. Je respecte totalement l’univers musical du groupe mais j’aurais vraiment aimé qu’il y ait autre chose à raconter que de simples lignes de dope, un rapport avec la mort, un sentiment d’enfermement psychique. Je sais, je suis sûrement un peu vieux con avant l’heure (ma trentaine vous salue) mais, oui, je suis déçu. Je ne peux pas non plus dire si les textes sont bien écrits ou pas, la qualité est assez simple de fait. La rythmique est par contre bien là, ce qui sauve les apparences. Bon, petite parenthèse rigolote : je me suis amusé à chercher ce que voulait dire « 100F1 », et je suis tombé sur une variété de… tomate cerise ! Donc je me suis dit que cela ne devait pas être le sujet du morceau. En fait, « 100F1 » pour « sans fin ». Voilà, c’était l’anecdote du chroniqueur trop tatillon.
Allez, laissons-là le premier EP de Vain Valkyries et faisons une conclusion qui se respecte. Je pense que je laisserai une belle place au CD sur ma discothèque du fait de sa musique innovante et originale qui brille par cette bestialité que je cherchais depuis longtemps. Elle réveille en nous des instincts assez enfouis et, rien que par le résultat de l’écoute sur moi, je ne peux que recommander de découvrir les deux frères rouennais qui sortiront la suite des hostilités en avril 2020. Hostilités auxquelles je veux me frotter pour à nouveau planer et me déhancher non pas le bassin mais les cervicales et les cheveux. Il y a quelques bémols mais somme toute rien de bien important pour apprécier la musique. Merci les gars, tout simplement. Il aurait été sacrément dommage de passer à côté de votre CD et de ne pas lui offrir une vitrine méritée.
Tracklist :
1. Dopamine
2. The Jump
3. 100F1
4. Suffocate to Death
5. Casablanca
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