Various Artists – Légions de L’Ombre

Le 2 novembre 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


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Style:

Raw Black Metal / Dépressif

Date de sortie:

16 octobre 2022

Label:

Black Shadow Legions

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9,5/10

La parole dépourvue de sens annonce toujours un bouleversement prochain.” René Char

C’est la première fois que je me retrouve à chroniquer une compilation. Alors, avec cette nuance très importante qu’il s’agit d’une compilation d’un label, non pas d’un seul groupe. L’équation de départ aurait été très facile à résoudre puisque le procédé aurait été le même que d’habitude s’il s’agissait de la compilation d’un seul groupe. Mais non! Il a fallu que je me retrouve à faire la chronique d’une compilation d’un label, soit pour vous la faire courte, treize groupes! Tout un roster! Ma parole, je me suis bien demandé quelle potion magique allait me mettre suffisamment les sens en éveil pour aller jusqu’à la chronique d’un tel truc! Et surtout, sous quelle forme j’allais faire cette chronique un peu hors norme? La question mérite d’être posée. Après, l’avantage que j’ai, et non des moindres, c’est que je connais tous les groupes à chroniquer ce soir étant donné que cette compilation constitue un rassemblement d’autres chroniques faites en amont. Grâce à un partenariat si j’ose dire entre le label et moi, c’est tout de même un roster que je connais très bien. En fait, je vous fais une sorte de déroulé logique mais je suis un peu angoissé. J’ai peur d’aller sur une tâche insurmontable, donc j’opte d’ores et déjà pour un format plus concret. Une sorte de descriptif de chaque morceau, élément que je n’avais pas accompli depuis un moment. Mais je pense que ce sera plus sage comme cela! Alors, au lieu de se perdre en palabres, on va aller directement vers la chronique de cette compilation directement de chez Black Shadow Legions, qu’encore une fois je remercie humblement et sincèrement pour sa confiance. La compilation s’appelle Les Légions de l’Ombre. Sobre et efficace, comme un hommage!

Hommage à son créateur, Black Shadow, qui s’occupe de ce label depuis le 19 janvier 2019. La date est un peu parlante pour moi puisque je suis né un 20 janvier! Je viens de découvrir cette information, donc je suis un peu content! Pour le reste, le label qui fonctionne en parfaite autonomie avec son seul maître à bord, le fameux Black Shadow, a su se constituer un solide roster, composé essentiellement de groupes français, avec toutefois au moins une exception russe. Mais ce que j’apprécie chez ce label, au delà de ces aspects sérieux, ce sont les choix des groupes. Souvent autour de la sphère underground extrême, voire raw en puissance, c’est essentiellement un label de réseau et j’imagine, d’amitié, d’entraide. C’est donc une sorte de famille que je m’apprête encore une fois en avant le temps d’une chronique. Petit tour des groupes de ce Les Légions de l’Ombre.
Furfur est un groupe de Saint-Nazaire, celui du Pays de la Loire. Je précise puisque des Saint-Nazaire, il y en a un bon paquet dans notre pays. Et puis, le Pays de la Loire, ce n’est pas rien quand même Un peu de respect merde! Pour l’anecdote, Furfur fait partie des groupes que je n’ai jamais chroniqué du label. En revanche, je me suis procuré ce très très bon album qu’est Thamuz et je dois dire que l’expérience de cet album m’a clairement laissé sur ma faim. Mais attention! Le gonze, un certain Berith, est particulièrement prolifique depuis 2017. Pas moins de trois albums, huit démos dont la dernière Fournaise est sortie cette année, deux EPs, quatre singles et une compilation en 2018 (?), cela fait un sacré pedigree! Nous verrons donc si la contribution à cette compilation est aussi intéressante que la discographie.
Avec Malementé, deuxième dans l’ordre, j’ai une histoire spéciale. Les Rudiments du Mal, seule sortie connue à ce jour du musicien du même nom, est le premier album que j’ai chroniqué pour le label. Il y a donc de cela trois ans… Le temps passe vite camarade. Et cet album, je me souviens l’avoir assez mal noté. Un 7/10 pour me plaindre un peu du son, surtout de cette batterie tellement mal programmée. J’avais été dur avec Malementé, et je me dois d’abord de m’excuser, ensuite de le remercier. Parce que son album m’a permis d’enfin comprendre, un peu tard il est vrai, l’intérêt d’un son bien raw. Alors, j’espère qu’avec cette compilation, je pourrai un peu lui rendre la monnaie de la pièce! J’attends toujours une sortie par contre.
Ad Vitam ad Mortem, c’était inéluctable que ce one-man band soit dans la compilation puisqu’il s’agit d’un des projets du créateur du label, Ombre Noire. Je n’ai à mon regret pas l’unique album de son projet solo, 18 ans d’Existence, mais j’avais fait la chronique d’un split absolument superbe avec d’autres groupes que je vais décrire ici. J’avais aimé l’intimité et la profondeur des sentiments exprimées dans la relation fusionnelle avec une forêt, celle de Fontainebleau de mémoire. Et je sais que quand Ombre Noire monte un projet, ce n’est pas uniquement pour le plaisir simple de faire de la musique. C’est aussi une forme de survie pour une psyché en souffrance. Alors, pour ce retour aux affaires, j’ai hâte de voir si la sincérité des sentiments est toujours aussi poignante.
Aaaaaaaaaah Gévaudan. L’un de mes gros coups de cœur de ce label. Un des groupes les plus beaux et fascinants que je connaisse. Un one-man band d’un certain MT qui ne sort que trop peu de CDs… A mon grand regret. Je désespère toujours à me procurer la sortie originale de son seul et unique album à ce jour nommé Viles Contrées. Rien que le nom Gévaudan, en tant qu’ardéchois de sang, me donne des frissons. Et sa participation au split, avec ce morceau hommage à des forêts bretonnes (je suppose puisqu’il est breton), n’a fait que renforcer tout le bien que je pense de ce one-man band. Alors, le voir sur une compilation, même si c’était prévisible, cela me donne du baume au cœur!
Aaaaaaaaah Windhelm. Autre groupe que je n’ai pas fait en chronique alors que j’ai beaucoup aimé Lugubre et sa pochette magnifique, et son créateur Aldric, m’a offert une bonne tranche de rire lors d’un débat totalement idiot (comme tous les débats sur Facebook vous me direz) où je le croyais sérieux, et qui m’a finalement démontré qu’il me trollait. Vous savez, je ne lui en veux pas, mais Aldric se plaint des webzines qui ne font que du commercial. C’est compréhensible d’ailleurs et j’irai même jusqu’à dire que même s’il généralise, il n’a pas totalement tort. Et en plus monsieur est un puriste! Je te taquine hein. Alors, comme je l’aime bien, et que secrètement j’ai adoré Dans les Brumes de la Mélancolie, je vais lui démontrer que non! Les webzines ne font pas QUE du commercial. A bon entendeur camarade.
Temple est probablement le projet le plus mystérieux produit par le label, mais aussi celui que je classe sans hésitation dans mon top 3. Le problème est qu’on n’a pas d’informations tangibles sur ce projet. C’était le mystère total, jusqu’à… Ce que je lise le descriptif sur le site officiel du label. Et ne découvre qu’il s’agit ni plus ni moins que le projet solo d’Alrinack, que j’adore en tant que chanteur. Que ce soit dans Psychisme avec mon ami et camarade de Kosmos, dans Suicidal Madness, Loup Noir, etc. J’adore ce type. Et le fait d’enfin découvrir, après Mémoire et La Quête, que c’était lui derrière Temple, je peux vous dire que cela m’a tellement donné envie d’aller découvrir cette compilation. Putain, que de beaux mondes!
Black Holocaust est l’autre projet de Black Shadow, j’avais fait la chronique de la troisième et dernière démo nommée joliment Sarabande Mortifère, dernière sortie qui date de 2019. J’ai peur que la présence logique et attendue sur cette compilation n’annonce malheureusement pas de suite au projet, et ce malgré toutes les promesses que j’avais détectées dans ma chronique. On verra ce qu’en dit le principal intéressé et si ce morceau permet d’entretenir l’espoir que le talent et l’envie sont encore là!
De tous les groupes présents ce soir, Nuit Macabre est probablement le plus connu de tous. Projet duo de Nyghlfar, musicien prolifique dans Noir Sang, Veine Morte, et donc ce groupe pour lequel j’ai fait deux chroniques (ce qui est rare), et de Julien Hovelaque qui n’est autre que l’ancien claviériste de Maleficentia, un de mes groupes de jeunesse et une de mes inspirations en tant qu’ancien musicien de black metal, c’est certainement un des groupes les plus talentueux que je connaisse dans la sphère black metal française underground. Un vrai bonheur pour les amateurs! D’ailleurs, la réputation grandissante témoigne de tout cela, et je suis content que Black Shadow Legions ait pu avoir un jour Nuit Macabre dans son roster.
Le prochain, Erzoth, était certainement une de mes plus surprenantes découvertes au sein du label. Je me rappelle avoir été fasciné par la pochette, qui tranchait totalement avec ce qui se fait de très commun dans le black metal. Une photographie d’un paysage superbe, bien verdoyant et avec un ciel bleu immaculé limpide et calme, apaisant. Bien étonné de voir l’album Apocalypse sortir en autoproduction, avec une pochette plus classique, c’est certainement le seul projet du label que je n’ai pas approfondi plus que cela. Une sorte de petite déception que je m’apprête à conjurer (enfin, j’espère!) avec la compilation. Maintenant, je me fie qu’à des supputations, donc il ne faut pas non plus tout prendre pour argent comptant ce que je dis. J’ai en tout cas beaucoup aimé Transcendental Cycle et j’espérais que le musicien éponyme, Erzoth, continue dans cette voie étonnante. Mais bon.
Concernant Nauar, c’est le dernier groupe non fait en chronique pour le label. Le groupe de Pau – comme Nuit Macabre – a sorti un seul album, en 2001… Avant d’attendre 2021 pour un retour improbable dans un split avec Nuit Macabre justement! Avant, il y a eu deux démos et c’est tout. Un groupe qui n’a à son actif qu’un album depuis 2001, cela m’étonne pas mal! Alors, comme j’ai bien aimé le split précédemment évoqué, je suis quand même content d’aller voir ce que cela donne pour cette fin d’année 2022. En vingt-et-un ans, on a le temps de peaufiner son orchestre, non?
Depuis tout ce temps, vous vous demandiez quel était le groupe étranger du label, hein? Eh bien, le voilà! Puzhmer est donc un peu l’attraction du soir, avec cette présence sur la compilation. L’album Mystericon avait été une très belle découverte, et étonnamment je sais que l’album n’a pas marché… Franchement il y avait vraiment de quoi s’enjailler, la musique était racée mais intelligente, le son était très old school mais un peu punk sur les bords, bref. Non seulement c’est le seul groupe étranger du label à ce jour, mais c’est en plus une sorte d’OVNI dans ce roster très raw. J’avais adoré l’album! Et le simple fait de lire ce nom sur cette compilation me remplit de joie! Décidément, la mayonnaise prend forme n’est-ce pas?
Oliferne est un one-man band qui nous vient tout droit du Jura. Normal puisqu’Oliferne est en fait le nom d’une montagne et d’un château de là-bas. Enfin, de ce qu’il en reste. Wolfkrieger, son créateur, avait sorti sa première démo chez le label, démo prometteuse mais qui ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable à l’époque. En plus c’était en format cassette. Cette mode m’exaspère un peu mais bon… En tout cas, c’est une de mes dernières chroniques pour le label, et c’est tout naturel de voir ce one-man band en avant-dernier sur la compilation.
Et pour (enfin!) terminer la liste des invités, voici Broyeur d’Enfance, qui vient – et c’est trèèèèèèès important – de Saint-Pierre du Vauvray, en Normandie. Voilà. Ensuite, je me suis occupé de son premier album, une sorte de révélation tant dans la musique que dans le cheminement logique et artistique global, un Suicide Sentimental très conceptuel et très torturé, véritable découverte tonitruante pour moi. Zémus, son créateur, a largement de quoi se pavaner tant sa musique est empreinte d’émotions et d’authenticité. J’étais donc le premier heureux à voir qu’un second album arrivait prochainement, chez Acid Vicious cette fois. Mais après cette compilation, j’ai d’ores et déjà mis un ticket sur Suicide Social. En attendant, Zémus aura la lourde responsabilité de clore définitivement ce Les Légions de l’Ombre!

Vous savez quoi? Rien que la présentation des groupes m’aura pris… Deux bonnes heures! Vous le croyez ou non, mais le temps de récolter quelques informations, de farfouiller, j’en ai réellement eu pour deux bonnes heures! Ce qui en ressort c’est qu’à mon avis, le label Black Shadow Legions a voulu faire sa compilation dans l’ordre d’arrivée dans le roster. Mais je ne suis pas certain!

En tout cas, la pochette, sujet si cher à mon coeur, est dans la lignée de ce qu’aime faire Black Shadow avec notamment son projet solo Black Holocaust. A savoir une reproduction de gravure ancienne, particulièrement mortuaire et avec une touche poétique quand-même qui attire bien le regard. Nous avons ainsi quatre squelettes qui font une sorte de farandole, avec des instruments comme une cornemuse, une harpe, un tambour et un autre instrument que je n’ai pas su identifier. Le décor autour est sommaire, avec quelques plantes sur un terrain accidenté, et une arche autour de la pochette pour donner un côté plus solennel à ce décorum. Je faisais référence à Black Holocaust parce que la pochette y ressemble beaucoup. A défaut d’une farandole on dirait une sarabande, comme précédemment cité. Je trouve l’idée séduisante dans la mesure où comme il s’agit d’une compilation, cela ramène à l’idée d’union entre les groupes pour créer une sorte de connivence musicale, un orchestre mortifère. C’est une thématique bien entendu que l’on retrouve que sur les projets de Black Shadow, puisque les autres groupes ont leurs propres idées d’artworks. Mais j’aime bien l’idée de représenter la Mort avec ce côté Nature et un peu léger qu’est la musique. L’idée est toujours intéressante et ramène au principe de régénération par la Nature. Donc j’aime bien! Je valide cet artwork qui en plus est franchement beau, avec ce ton gris derrière, un peu genre pierre tombale. Excellent choix l’ami!

Bien évidemment, le label étant estampillé black metal, vous allez en bouffer! Mais avec des saveurs différentes, et c’est toute la richesse incommensurable de Les Légions de l’Ombre. J’annonce la couleur parce qu’au moins, je ne me fatiguerai pas à rappeler que la musique est du black metal, pour chaque groupe. J’aurai fort à faire autrement.

En vérité, au départ je voulais bien faire groupe par groupe mais la tâche, notamment concernant la description des différentes productions, s’avère gargantuesque et impossible. Alors, un peu la mort dans l’âme, je vais faire un truc global. Cette compilation regroupe donc des groupes qui, pour l’écrasant majorité, propose un black metal que l’on situerait très probablement dans les tréfonds froids et visqueux de l’underground. Avec des productions extrêmement variées, mais plutôt sur un versant « garage » et raw qui donnent cette coloration si intimiste et particulière, Les Légions de l’Ombre officie bel et bien comme un recueil d’horizons black metal différents. Avec toutefois rarement de fioritures, ou alors au compte-gouttes, quelques lignes de claviers de temps en temps ou parfois de très courts samples, des lignes de guitare sèche qui sont en revanche toujours aussi efficaces avec le black metal, vous avez principalement une compilation dédiée au black metal bien old school. Une guitare, rarement deux, une basse mais pas tout le temps, des batteries majoritairement programmées, et des chants qui rappellent tous soit les high screams les plus authentiques (entendons nous, moins retouchés) ou les plus bestiaux qui soient. L’idée de départ n’était finalement pas si simple je crois, parce que chaque groupe a apporté sa patte, sa touche personnelle, contribuant ainsi à créer un risque de dysharmonie entre tous. Mais contre toute attente, la compilation fonctionne superbement bien. J’aime cette perspective d’avoir plusieurs pistes de musique différentes, parfois en totale opposition d’un point de vue sonore ou riffique. Certaines pistes vont en effet être plus agressives, d’autres plus tranquilles, c’est selon. Mais je trouve que globalement, cette compilation vaut la peine, clairement. En plus, ce n’est que de la nouveauté, donc de quoi se frotter les oreilles avec entrain. Alors pour la production, j’ai fait un commentaire global, plutôt satisfaisant si on aime le raw et les productions « maison », maintenant je vais tenter de dire ce que j’ai aimé et moins aimé chez chaque groupe. Ouf.

Furfur ouvre la marche avec donc un black metal très mélodique dans la ligne lead de guitare, c’est une production très incisive et je trouve que la batterie n’est pas si mal réglée que cela. Les doubles pédales n’étouffent pas trop le mixage, et on entend superbement bien les deux guitares. Cela reste du blast beat très commun, mais j’aime vraiment les variations mélodiques. Le chant est moins agressif que la normale, on dirait plus une sorte de narration mortuaire, avec un timbre de voix plutôt bas, guttural et surtout avec pas mal d’effets qui ajoutent un côté funeste. Peut-être aurait-il été opportun de mettre un peu plus de punchy dans le chant, avec quand même un peu de high scream, même ponctuellement, pour accentuer le côté guerrier et mélodique. Je trouve qu’il y a d’ailleurs un côté légion, martial et profondément solennel qui va bien avec l’ambiance que j’attends de ce genre de compilation. En même temps je ne suis pas surpris, pour connaître le boulot de Furfur, je ne suis pas étonné que ce morceau nommé « Condamné » fonctionne aussi bien. Cela commence très bien! Je retrouve bien le côté martial et froid que j’attends de Les Légions de l’Ombre!
Comme je disais, Malementé avait été le groupe avec qui j’avais été le plus sévère. Fustigeant la batterie programmée, je pars donc sur des bases neuves. Et ce morceau nommé « Visions Funestes » est très surprenant! D’abord, le black metal est beaucoup moins rapide qu’à l’accoutumée, la guitare est très rythmique mais avec de légères accentuations mélodiques, la batterie est beaucoup mieux programmée même si elle reste encore perfectible notamment cette fois sur le son des cymbales. Le son demeure effectivement très raw, à la limite même de l’outrecuidante économie de moyens d’enregistrements. Mais je suis étonné! Le chant surtout est assez bluffant, le high scream est prenant, très bien exécuté et en plus bien mixé, offrant donc une sorte de souffrance à l’ensemble un peu sludgienne qui est vraiment dingue. La partie à la guitare sèche (on t’entend renifler camarade) est mélancoliforme à souhait, et fonctionne vraiment bien. Je suis bluffé! Malementé a de sacrées ressources, assez inattendu ce morceau m’a surpris au plus haut point Considérant que c’est une des contributions les plus étonnantes mais les plus réussies de cette compilation. Bravo!
Ad Vitam Ad Mortem continue la suite, et dès les premières notes on sent que l’on va avoir à faire avec un black metal plus démoniaque, plus tortueux. L’arrivée de la basse, très très bien mixée, apporte un réel plus à cette guitare toute seule et la montée progressive vers le mid tempo est très efficace. Même si je trouve finalement la guitare un peu noyée par la batterie, je retrouve la recette d’Ombre Noire, qui privilégie un chant atypique, faits d’une sorte de torsion abdominale qui rappelle un peu les crampes, et qui offre un concentré de souffrance extrême et d’une tension interne palpable. Mais je trouve l’ensemble bien produit. Le morceau, minimaliste dans la répétition des riffs, plante une atmosphère lancinante et inquiétante. La basse est vraiment le gros point fort, à en faire pâlir de jalousie mon ami Nekros. Connaissant Ombre Noire, cette atmosphère de noirceur et de souffrance ne m’étonne guère. « Le Brouillard du Temps » est certainement la métaphore d’une grande dépression intérieure. Et je recommande ce morceau intimiste et authentique jusqu’à la moëlle qui en plus finit en crescendo rythmique.
Alors! J’ai beau adoré Gévaudan, sur ce coup-là il ne m’a pas du tout facilité la tâche. Car il propose une reprise. Choix étonnant et un peu décevant, d’un groupe qu’en plus je ne connaissais pas du tout, et qui s’appelle Trisomie 21… Bon. Un groupe français de cold wave, en principe cela devrait me plaire. J’ai donc d’abord écouté l’original pour ensuite aller sur la version de Gévaudan. Si je n’ai pas du tout saisi comment notre ami allait faire pour transcrire cette piste cold wave en black metal (comme l’a fait Anorexia Nervosa avec Les Tzars d’Indochine d’ailleurs), le résultat m’a totalement désarçonné et m’a mis une énorme claque dans la gueule. Le morceau passe tellement bien en black metal! En plus, Gévaudan soigne sa production avec des lignes de guitares un peu plus épaisses, une basse et une batterie plus présente et offrant une sorte de rondeur au son, octroyant un moment encore plus épique et froid. Le chant suit la logique de la rareté rythmique et fonctionne en de courtes phrases criées, qui sont grandiloquentes. J’ai été époustouflé, sincèrement! Cela marche tellement bien qu’on ne reconnait pas l’original, ou très peu. Gévaudan a largement l’étoffe pour composer un black metal de qualité, appuyé en plus par des soli et une ligne de claviers vers la fin, une accélération à la batterie et un chant « pleuré » qui est exceptionnel. Non mais là… C’est juste du domaine de l’exceptionnel. Confirmation totale que Gévaudan est un de mes coups de cœurs. Bon, la fin en samples électro de jeux vidéos, on aurait pu s’en passer… Mais ce n’est pas grave!
Difficile pour Windhelm de passer après. Mais je trouve que contrairement aux autres, le chant est beaucoup plus présent. Même si la technique est plus basique, avec un chant finalement pas si puissant que cela, au moins la part aux textes et à la rythmique rapide est plus importante et apporte une agressivité supplémentaire à un black metal là encore produit avec les moyens du bord si j’ose dire. Mais les riffs sont intéressants, bien incisifs et la batterie est bien sonorisée. L’ensemble demeure étonnamment harmonieux, et on ne se lasse pas de ce chant omnipotent. Mais même si l’ensemble est plus modeste que le morceau précédent, à mon sens, j’aime beaucoup ce « L’Hymne de l’Été Mourant » très personnel et empreint d’une intimité presque émouvante. En tout cas, la piste est très courte mais fonctionne bien! Vraiment. Le côté old school est évidemment partie prenante, et je me rends compte que ce côté vachement incisif ne fait que renforcer encore davantage la noirceur omniprésente de ce projet solo. D’ailleurs j’y vois une similitude intéressante avec Kald Helvete. Normal, c’est le même protagoniste! Beau morceau bien old school, on en redemande.
Temple décroche sans hésitation la palme d’or de l’originalité de cette compilation. Fonctionnant comme un véritable interlude, ce morceau totalement acoustique avec des relents ambiants très marqués apporte une touche de douceur et d’onirisme particulièrement bienvenu dans ce marasme perpétuel. Avec néanmoins quelques impressions de notes fugaces de black metal égarées dans ce dédale enchanteresse, notre camarade Alrinack s’en va titiller les mélopées les plus tortueuses et éthérées pour aller sur une musique acoustique du plus bel effet. Connaissant bien Temple, je ne suis guère étonné des sentiers empruntés par son créateur pour régaler cette compilation. Mais on a beau dire, ce type de morceaux, vous le mettez au milieu d’un album de black metal old school, vous savourez l’instant comme vous dégustez le fond de sucre non fondu dans la tasse à café après l’avoir bu. Une note de douceur dans une boisson aigre-douce et bien noir, voilà typiquement la métaphore qui convient pour ce morceau de Temple. Et manifestement, la recette prend à merveille! Quel régal!
Autre groupe qui m’a vraiment bluffé, comparé à la chronique que j’en avais fait par le passé, c’est Black Holocaust. Je pense que c’est l’effet kiss cool du morceau précédent qui était calme, et ce départ dans des registres plus agressifs en mid tempo, avec encore une fois une certaine linéarité minimaliste dans les riffs, et cette violence froide non stop m’ont mis un sérieux coup de bambou derrière les oreilles! Mais là où je me suis régalé, c’est de constater les énormes progrès du projet de Black Shadow. La musique est tranchante et agressive, cet espèce de chant narré est du plus bel effet pour apporter une touche supplémentaire de haine et de noirceur, le tout étant finalement ce qui se fait de plus old school en matière de black metal, le high scream en moins. La production a également beaucoup progressé, le son de la batterie et des guitares est au top. Guitares qui officient d’ailleurs un peu comme des riffs punkisés, si j’ose dire, ou avec un côté blackened death metal comme Archgoat qui m’a totalement inspiré. Je ne m’attendais pas du tout à autant de progrès de la part de Black Holocaust, c’est donc sans appel l’un de mes coups de cœurs de ce soir! Verdict de satisfaction ultime et sans appel. Chapeau!
Nuit Macabre, groupe bien connu pour son black metal violent et maléfique, nous propose pour cette compilation une approche opposée à ce que j’ai l’habitude d’entendre. Un black metal épuré, lent et terriblement angoissant, avec pour invité de luxe Erroiak au chant (Enterré Vivant, Kaldt Helvete, Oppressive Light, etc.) qui se pourvoit en vociférations dignes d’une bête blessée ou d’un dément en crise. Sur le morceau en lui-même, je dois admettre que j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans, n’étant finalement pas habitué à une telle lenteur et un tel marasme sonore, j’ai vraiment eu du mal. Mais j’y trouve un réel intérêt dans le sens où cette piste peut également faire fonction d’interlude ou d’une pause ambient si j’ose dire ainsi. Quelques lignes de guitares sont tellement incisives que l’on en viendrait presque à ressentir une sorte de gêne. Par contre, il y avait un gros défaut sonore, avec des montées de sons quand les claviers arrivaient qui m’ont laissé perplexe. Quoiqu’il advienne, ce fut une toute petite déception pour moi. Nuit Macabre nous aura habitués à mieux, clairement. Mais les cris déments d’Erroiak sont toujours aussi énormes!
Voici venir Erzoth pour la suite des réjouissances. On repart sur un black metal bien classique, en mid tempo total, le tout sur une dimension étonnamment encore plus raw. On sent que le chant notamment a été enregistré avec ce qui tombait sous la main, offrant quelques défauts sonores et des grésillements. En revanche, niveau instrumental, l’ensemble demeure cohérent, et les enchainements de riffs, qu’ils soient rapides ou lents, ont toujours cette ligne de conduite maléfique et souffreteuse qui fonctionnent magnifiquement bien. La batterie manque un peu de peps, mais la musique reste fidèle à ce projet atypique, qui n’hésite pas à aller sur des mélodies moins tragiques, titillant même des ambiances positives si je peux dire cela comme ça. Le texte demeure sur une énorme nostalgie, et l’ensemble est toujours aussi intéressant. Franchement, s’il y a bien un projet trop méconnu, c’est bien Erzoth. Il faut absolument que le gars pousse le paroxysme plus loin encore, en allant sur des moyens plus hauts. Parce que rien qu’avec ce « Éternel Combat », il y a matière à faire un truc dantesque! Ce n’est pas encore une sinécure sonore, mais cela mérite largement le détour.
Il fallait bien qu’il y en ait un. Nauar ne m’aura pas franchement transcendé. Je trouve la piste particulièrement brouillonne, mal sonorisée avec les guitares beaucoup trop en retrait au détriment d’une batterie omniprésente. Alors qu’en plus les mélodies guitares étaient franchement bien malsaines et malaisantes, je me suis retrouvé avec une boite à rythme solo et un chant tellement mal mixé et fait qu’on aurait dit… Je ne sais pas quoi, mais pas du chant en tout cas. Franchement, je ne vais pas aller dans la polémique, mais ce que je craignais est arrivé : Nauar n’aurait probablement pas dû revenir. Même pour cette compilation, la piste proposée « Trahison » n’a rien d’enviable du tout. Je trouve même qu’il n’y a pas de cohérence dans le morceau, et même si je suis sensible à ne pas juger la démarche raw black metal, cette appellation ici ne suffit même pas à faire un camouflet pour juste une bouillie sonore. Désolé à tout le monde, mais pour moi, c’est la seule piste non valable, et indigne de cette compilation. A revoir.
Heureusement, mais HEUREUSEMENT que Black Shadow a mis Puzhmer tout de suite après! Parce que le groupe russe, unique représentant étranger du roster de Black Shadow Legions, m’a offert exactement la même chose qu’en album! Soit… Non pas une piste nouvelle comme les autres groupes (aïe aïe aïe), mais mon morceau préféré de l’album Mystericon. Un morceau black metal mais très punkisé, voire un brin heavy metal sur les bords, une véritable bombe atomique! Un truc de malade! J’adorais ce clavier discret qui amenait une touche mélodique bien à propos. Alors, de réécouter cette piste énormissime, dans cette compilation, j’en viens à pardonner le fait que Puzhmer ne propose rien de nouveau. Alors, ce milieu de morceau avec les claviers et les guitares en clean… Presque un peu Blind Guardian sur les bords, quelle tuerie. Non vraiment, il n’y a rien à jeter sur cet album et surtout ce morceau que je me suis repassé dix fois dans mon salon, en dansant comme un abruti tout seul! Mon ami Black Shadow, tu as choisi la perle rare, crois-moi! Je suis fanatique. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une des déceptions du label puisque le groupe n’a pas marché comme il aurait dû, alors que le potentiel créatif et ce bouleversement des codes black metal pour un hybride plus épique et punchy aurait largement dû conquérir son monde! Mais en fait, je pense que l’album est juste passé inaperçu. Alors les ami(e)s, si vous me lisez, redonner une chance à cet album absolument ÉNORME! La bombe encore et toujours!
Oliferne passe en avant-dernier, avec cette reprise improbable d’un groupe dont je préfère taire le nom, de peur des censures. N’ayant que peu d’attraits pour ce groupe original, je ne goute guère aux charmes de cette reprise que je décide de prendre comme un morceau composé. Avec des oreilles neuves, je le trouve finalement sympa, je trouve toutefois que l’aspect raw est un peu trop poussé dans son côté obscur, avec une guitare qui prend trop de place, une basse trop en avant et un chant qui manque un peu d’articulation même si la technique est intéressante. En fait, c’est un morceau plutôt courant, je me demande bien pourquoi Oliferne a décidé d’en faire une reprise. Si je devais comparer avec Gévaudan par exemple, je dirais que comme l’original est déjà du black metal, l’idée d’une reprise est un peu inutile de la part d’Oliferne. Mais comme j’ai pris la piste comme s’il était composé, je dirais qu’il y a quelque chose de plutôt pas mal. Même si cela reste de l’ultra basique, en mid tempo et tout le tralala, il n’en demeure pas moins que quelques arpèges aux guitares ont bien capté mon attention. Cela reste donc à voir, mais j’aurais préféré qu’Oliferne joue le jeu d’une composition normale. Surtout que la piste est courte.
Et pour terminer l’ambiance délétère et notoirement macabre de cette compilation, l’un des projets les plus prometteurs que je connaisse en matière de black metal raw, sinon dépressif. Broyeur d’Enfance arrive donc avec ce « Scarifié par ton Bonheur », qui demeure selon moi dans une logique de souffrance personnelle qui avait été mise en exergue sur le premier album que j’avais adoré. Ici, la production me semble encore plus raw et le chant encore plus nasillard et profondément high scream. L’arrivée des samples ont toujours ajouté un truc en plus à ce projet solo de Zémus qui ne lésine pas sur les ambiances malsaines pour nous faire gouter à son jus de mélancolie. L’enchevêtrement des pistes chant donnent aussi un côté « hallucination auditive » qui m’ont foutu les pétoches. Après, la force d’une composition comme celle-ci, outre les mélodies guitares envoutantes et montantes, se situe sur l’enchainement presque clinique et fluide des riffs. Le morceau fonctionne sur une démarche de répétition de riffs qui permet de se les approprier émotionnellement parlant, offrant donc un final en beauté! Le dernier riff est tellement tragique que quand la compilation s’arrête, on demeure interdit quelques secondes. Comme hébété d’effroi. Bon par contre, cher ami, un tout petit effort de sonorisation aurait été bienvenue pour mieux adorer encore le dernier riff qui est coupé plusieurs fois. Mais pour le reste, tout roule impeccablement! J’ai hâte de faire le dernier album!

Ne pouvant pas m’attarder sur tous les textes, je ne peux que vous recommander, si vous aimez les textes en français, de vous attarder plus attentivement sur les écritures, quand vous parvenez à comprendre les pistes.

Voilà! C’est après deux jours de sape que je mets fièrement un point final à cette chronique. Première pour moi, dépucelage de chronique pour la compilation anniversaire du label Black Shadow Legions qui m’honore toujours de sa confiance. Cela commence à faire quelques années en plus qu’on bosse ensemble alors, du fond du cœur, merci mon ami! Les Légions de l’Ombre porte fièrement son nom tant la musique fonctionne comme un rassemblement martial : un égrégore de plusieurs personnalités, plusieurs groupes qui se retrouvent sous l’étendard vaste mais solennel du raw black metal, pour une bataille mortifère, dépressive ou encore simplement old school. Un concentré de tout le travail accompli depuis donc 2019, qui comme d’habitude ne fait que souligner les choix judicieux et j’irais même jusqu’à dire le côté tremplin de ce label bourguignon. Alors, pour tout ce qui a été entrepris, une note adéquate s’imposait! Bravo, et que nous allions encore loin ensemble.

Tracklist :

1. Furfur – Condamné (0:00)
2. Malementé – Visions Funestes (4:58)
3. Ad Vitam Ad Mortem – Le Brouillard du Temps (8:35)
4. Gévaudan – Il se Noie (14:39)
5. Windhelm – L’Hymne de l’Été Mourant (19:26)
6. Temple – À cette Brume qui Règne (22:48)
7. Black Holocaust – Sol Invictus (28:51)
8. Nuit Macabre – Sweet Hate feat Erroiak (34:14)
9. Erzoth – Éternel Combat (39:26)
10. Nauar – Trahison (42:40)
11. Puzhmer – Amber and Sun (48:02)
12. Oliferne – Aigle Conquérant, Titus Victorieux (55:46)
13. Broyeur d’Enfance – Scarifié par ton Bonheur (59:08)

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