Line-up sur cet Album
- Mephisto Deleterio – Tous les instruments
- Chrisom Infernium – Chants, Paroles
Style:
Dissonant Death / Black Metal Avant-GardisteDate de sortie:
02 décembre 2022Label:
Transcending Obscurity RecordsNote de la Soilchroniqueuse (Migou) : 9,9999999999999/10
Les aventures de Mémé funambule…
Au pays des AOTY*, qui se trouve dans les contrées froides de l’hiver naissant, il y a une grande vallée au creux de laquelle coule un torrent charriant les alluvions d’influences diverses. Calée entre deux montagnes aux sommets érigés sur les gravats des AOTY passés, un fil est tendu. Un câble qui nous apporte les nouvelles d’un monde en constante évolution. Trop rapide comme les flots à dix mètres en-dessous.
Du Black Metal, du Death Metal, de l’Avant-Garde, de l’Expérimentation, du Rock Jazzy Bluesy, de l’électro…
Regardez bien… au beau milieu de ce tableau représentant le visage de notre société, on voit un tout petit point noir qu’il ne faudra surtout pas percer. C’est Mémé ! Elle est partie de son nid de coucou de Salem en Oregon** et se dirige lentement vers ce petit établissement bien sympathique et lumineux, rayonnant, des Rocheuses du Colorado***.
Une voix à la Lucyfire, des accents à la Atrox. Mephisto Deleterio et Chrisom Infernium se sont donnés la main pour appeler Mémé du côté sombre de la musique. Ces sirènes auditives l’attirent irrémédiablement vers ce monde de folie à la Matrix, où n’est d’autre folie que celle de rester sur place. Brûle les voiles de ce navire qui te rend esclave d’un vent capricieux et libère-toi de ce joug en sont la litanie.
Et tout le long de son trajet, ce câble tendu tangue à en foutre le tournis. Un coup à gauche, un coup à droite, ça tremblotte, ça reste constamment sur le fil du rasoir. On se nourrit du bruit des eaux folles folles qui courent en contrebas, on fait face au vent. On devient un roseau qui plie mais ne rompt pas.
La rapidité du courant n’atteint pas Veilburner et n’éteint en rien le transport qu’il implique à ceux qui se font happer par son œuvre. Le duo américain, qui sévit depuis 2014, s’il a évolué depuis son premier méfait, The Three Lightbearers, reste toujours avec cette patte reconnaissable, ce son inimitable qui le caractérise. Une voix aussi Black que Death, growlée, hurlée, qui passe de l’une à l’autre comme on tourne le bouton du son, avec un max de réverb qui va bien dans le contexte. On navigue entre violence et cri de douleur…
Il y a du Monolithe sous psychotrope (« Interim Oblivion »), du Nergal des premiers Behemoth avec un degré d’evilitude exacerbé par ce côté de folie pure (« Burning the Veil », « Repulsed By the Light » et d’autres)… Veilburner nous assène des riffs efficaces qu’il fait tourner, des riffs qui restent en tête, mais des riffs et un fond de guitare aux sons constamment modulés, des bends en veux-tu en voilà, du modulateur à toutes les sauces. Ça dissone à fond la caisse et on en redemande !
Quand tout à coup, un morceau vient faire retomber la pression « Exhibitionism in Limbo », « Interim Oblivion » par exemple. Mais c’est pour mieux nous blaster la gueule à coup de riffs tendus et de gutturaux violents. Car cet album, VLBRNR , le 6e du groupe, est beaucoup plus violent que les précédents, plus rentre dedans, ce qui n’empêche pas les passages hallucinants, hors sol, planants, comme à 3′ dans le titre « Burning the Veil » et ce son de thérémine qui nous plonge tout droit dans un film d’horreur de série B.
Veilburner, c’est comme un thé au gingembre frais. La première attaque en bouche accroche nos papilles au plafond du palais. Mais dès lors on a de cesse d’y retourner car sans ça, tout devient insipide. Veilburner, c’est la 12ème carte d’un jeu de tarot, celle estampillée « Le Pendu », qui nous force à regarder, écouter les choses, sous un angle nouveau, on empreinte une voie, une voix, différente. Veilburner, c’est de la cuisine moléculaire. On prend des classiques qu’on déstructure jusqu’à l’os pour en retirer la substantifique moelle et la recombiner différemment. Ça surprend au premier regard, ça peut laisser sceptiques ceux qui ne se donnent pas la peine d’y goûter. Tant pis pour eux, ça en fera plus pour nous ! Car on peut admirer, d’emblée de jeu, le travail et la technique derrière ce que Mémé appellera du caviar !
Veilburner, c’est ce câble de funambule qui bouge, qui met parfois mal à l’aise, tout en offrant des paysages à couper le souffle. Un câble comme une ligne de vie qui vous fait apprécier l’ici et maintenant.
Finalement, sur ce câble, on y est tellement bien qu’au milieu de tout ce foutoir, on s’installe à califourchon, peu importe le tangage, on a cette sensation de vol et on reste là à regarder le coucher de soleil, les bras levés en suppliques pour Cthulhu.
Ici et maintenant, Veilburner offre à Mémé ce qui sera indéniablement son AOTY 2022.
Tout est dit… Rien à rajouter !
*Album Of The Year
** clin d’œil à « Vol au-dessus d’un nid de coucou »
*** clin d’œil à « Shining »
Tracklist :
1. VI (Vulgar Incantations (06:16)
2. Envexomous Hex (06:34)
3. Interim Oblivion (06:02)
4. Lo ! Heirs To the Serpents (05:18)
5. Burning the Veil (05:25)
6. Unorthodoxagon (05:26)
7. Repulsed By the Light (06:41)
8. None So Hideous (05:27)
9. Exhibitionism in Limbo (02:48)
10. Ruin (07:19)
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