Line-up sur cet Album
- Morphée – Batterie
- Cinis – Guitares
- Famine – Guitares
- Hatred Salander – Chant
Style:
Black Metal IndustrielDate de sortie:
11 avril 2025Label:
Les Acteurs de l'Ombre ProductionsUn album, deux chroniques, deux avis !!!
Note de la SoilChroniqueuse (Freya) : 9/10
Enfin l’album attendu pointe son nez ! Le monde de Versatile s’ouvre en plus grand avec une description de ce qui se nourrit au sein de L’Envers. Si tu ne les connais pas encore fonce, vole, cours comme une grive aventureuse et perds toi dès à présent dans les Litanies des vices et de l’altération de ce qui fait cet univers parfait de putréfaction et de miroir aux alouettes. La force de cet album comme du reste de leurs compos est le grandiose du projet : l’élaboration en constante évolution des personnages qui peuplent le moindre recoin de cette fantasy. L’imagination sans borne de Hatred Salander et des autres donne jour après jour des couleurs aux nuances putrides qui promettent de toujours reculer les limites jamais atteintes de leurs créativités.
Certes, ce sont des images étranges et peut-être sorties tout droit d’un roman glauque et gothique, mais c’est bien plus que cela Versatile. Les litanies utilisées ici servent à répéter jusqu’à l’épuisement de l’esprit et du corps les créatures qui ont le malheur de vivre, de naître et de mourir entre ces lieux de perdition. Avec ce dix titres, les quatre personnages principaux et d’autres se rencontrent, se frôlent et se haïssent afin d’asseoir leur pouvoir sur les plus faibles et surtout sur les plus incorruptibles. Les compos balancent entre black metal gras et indus subtil. Des techniques de jeu et de voix différentes sont explorées afin de repousser les capacités de chaque musicien.
Ça y est ? Tu la sens l’ambiance lourde et chaude ? C’est bien cela l’expérience de cet album. Tu es dorénavant prêt à participer à un concert ou plus. Chaque show est un spectacle dans lequel tu pourras te noyer.
Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9.5/10
« Un mur est un ami versatile. S’il surveille tes arrières, il verrouille ton espace. Seul le sot se fie au mur. » Pierre Bottero
C’est marrant comme le destin fait parfois bien les choses. Vous savez que je m’échine à trouver des citations pour lancer les hostilités dans mes chroniques, et que j’essaye dans la mesure du possible, de les trouver dans mes lectures. Alors, autant sur certains sujets, je trouve mon bonheur facilement et je n’hésite pas à proposer des citations qui me sont particulièrement chères ; autant par moment, je galère. Jusqu’à retarder la rédaction de certaines chroniques parce que c’est maladif chez moi, j’ai besoin de lancer mes chroniques avec une citation. Un peu comme quand je faisais mes récits didactifs en cours de philosophie, j’avais besoin d’une impulsion pour y aller, et après on ne m’arrêtait plus. Je trouve qu’une citation amène toujours le lecteur vers une première réflexion, quand la lecture est sincère et entière parce que même si je me doute bien que les lecteurs et lectrices sont peu nombreuses dans ce milieu, je me dis naïvement que je peux emmener ces derniers vers quelque chose de l’ordre de l’introspection. Donc, je disais que le destin est bien fait parce que je me suis replongé dans les lectures de Pierre Bottero, et en particulier la trilogie « Le Pacte des Marchombres » qui est ma préférée. Alors que je bloquais inutilement pour la chronique, cette citation m’est apparue comme un don des Dieux, littéralement ! Et je la trouve en plus de cela très opportune à ma situation personnelle qui a été compliquée depuis deux ans et qui commence un peu à entrevoir un rayon de soleil à travers la muraille de mon existence. Je suis revenu à Bottero parce que je suis allé à Barcelonnette, sa ville de naissance, qui est une de mes destinations de villégiature préférées, et je me suis remis à penser à l’auteur à ce moment-là. Je trouve que Bottero a influencé pas mal de milieux artistiques par son approche fantastique et sombre, dont rarement un auteur contemporain français ne peut se targuer. Aujourd’hui encore, s’il n’est pas l’auteur le plus connu (on préfère bêtement les romans de plage en France, ce qui est malheureux…), il n’en demeure pas moins qu’il a bercé une partie non négligeable de ma vie, celle des doutes et des peurs. Aujourd’hui donc, même si le lien est éloigné, je tenais donc à rendre hommage à cet auteur parti trop tôt, en 2009. C’est l’occasion pour moi de vous parler de la dernière sortie des Acteurs de l’Ombre Productions, celle du groupe Versatile et de l’album « Les Litanies du Vide« . Vous l’avez en release du jour pour la date de sortie, ce que chez Soil Chronicles, nous essayons de faire encore car c’est une de nos revendications principales ! Comme disait Jean-Pierre Coffe, « D’abord on vient chez toi le prochain week-end juger de la qualité de ta basse-cour, a-t-elle dit. Les produits d’abord! Les produits c’est l’essentiel!« . Bon il y a aussi ma préférée, un peu plus franchouillarde : « J’ai fait caca dans les raviolis« . On n’est pas obligé d’être tout le temps raffiné…
Bon ! Versatile et moi, c’est l’histoire d’un petit coup de foudre. Petit car notre relation n’est que virtuel, n’ayant encore à mon grand regret jamais vu le groupe en concert, et ainsi ne les avoir jamais rencontré. Cela ne saurait tarder, j’espère ! En tout cas, c’est un peu le groupe que je suis y compris dans les chroniques parce que j’avais écrit la chronique de leur premier EP « Atra Bilis » en 2022 alors qu’ils n’étaient pas signé chez Les Acteurs de l’Ombre Productions. EP qui m’avait à l’époque marqué, par sa pertinence et sa créativité, ainsi que sa production solide pour une sortie indépendante. La signature dans le label a été une demi-surprise, puisque le style n’est pas nécessairement le favori du label, mais comme la formation genevoise montait en puissance, se plaçant sur de bons voire très bons concerts, finalement c’est plus mérité qu’autre chose que les suisses signent sur le label pour sortir ce premier album. « Les Litanies du Vide » sera donc l’occasion pour moi de redécouvrir le talent de Versatile et voir si ce premier album répond aux nombreuses promesses que l’EP laissait entrevoir. Bon, petit bémol qui n’engage que moi : l’album a été financé en partie ou non par une cagnotte en ligne. En temps normal chez moi, c’est rédhibitoire… Donc j’espère qu’à l’avenir ce sera autrement.
Changement de registre pour la pochette ! On avait avec l’EP une pochette qui plantait un décor macabre et même un peu sournois sur les bords avec des tonalités bleues et ce corps blafard. Maintenant, place à un décorum qui, certes, est loin de prodiguer un renouveau dans le milieu, mais qui a le mérite d’être très beau. J’aime particulièrement cette coloration jaune et verte, qui tranche pas mal avec justement ce que l’on voit communément, cet immense bâtiment qui évoque de prime abord une bâtisse religieuse, ou quelque chose peut-être de plus sorcelleux ou fantastique, qui se voit rejoint par des personnages, probablement des fidèles ou des personnes envoutées, cela reste toutefois des symboles que l’on a déjà vu et revu ailleurs. Je ne peux pas vraiment dire que Versatile ait voulu prendre un maximum de risques avec cette pochette parce qu’elle reprend quand-même des codes déjà existants dans pas mal de secteurs du metal, et même le lien que je fais abruptement entre l’idée de « Les Litanies du Vide » et cette sorte d’immense chapelle, ou cathédrale, je le trouve facile comme cela. L’idée que les religions, souvent les mêmes par ailleurs, n’amènent qu’à la vacuité, et que si ce sont plus des litanies au sens de prières courtes et accompagnées d’une citation brève, ou au sens de discours monotone et sans intérêt, cela revient finalement aux mêmes liens artistiques que l’on voit partout ou presque dans ce style de metal. Moi, je trouve que contrairement à son EP, Versatile prend un minimum de risques pour ce premier album, en tout cas dans son sens visuel et conceptuel, et c’est un peu dommage parce que cela ne prête pas spécialement à de la matière qui va démarquer assurément l’album des autres sorties d’antan. J’aurais préféré un visuel beaucoup plus original et travaillé que cela. Même si le tableau est objectivement magnifique, le sens apparent et la démarcation ne sont pas vraiment au rendez-vous.
En revanche, et c’est heureusement souvent comme cela, la musique prend le pas sur le reste. Versatile nous plonge dans une musique black metal qui se situe sur un chainon manquant entre l’industriel (qui avait fait sa marque de fabrique sur l’EP) et le symphonique au sens de l’utilisation des lignes de claviers. La musique ne se limite pas à un procédé linéaire comme le fait par exemple Borgne sur son dernier album, les suisses nous proposant un black metal très changeant, avec des riffs différents, n’hésitant à varier ostensiblement dans un même morceau les parties metal et les parties industrielles. Je note par ailleurs que les instrumentations metal se mettent totalement au service d’une base rythmique pour accompagner les samples, plutôt que l’inverse. Finalement, le black metal est usité ici pour amener de la rythmique à des parties claviers très travaillées, riches en ambiances, voire même avec un côté orchestral limite grandiloquent, certes pas au niveau d’un Fleshgod Apocalypse qui en fait des caisses, mais quand-même ! Ce qui me laisse à penser que nos amis suisses ont clairement fait de la musique industrielle leur identité primaire, avec l’infini de possibilités pour composer que cela emmène. D’ailleurs, je pense que l’album n’est pas réellement conceptuel en tant que tel, il se situe plus sur un recueil de compositions différentes, avec des histoires opposées, des références à des mythes comme « Morphée », la mention surprenante mais intéressant de « Géhenne », des morceaux plus métaphoriques avec des noms simples comme « Graisse » ou « Monstre », etc. On sent que Versatile a proposé un large panel de compositions avec des ambiances différentes pour aller vers ce premier album. On peut donc se dire que « Les Litanies du Vide » est une sorte de recueil de… Litanies qui amènent à la vacuité. En quelque sorte ! Autant visuellement, l’idée maitresse de l’album n’était pas hyper originale, autant la musique rattrape pleinement cet égarement pour aller vers différentes litanies musicales qui conduisent, un peu comme l’art en général d’ailleurs, à la vacuité au sens philosophique. Voilà donc en première écoute un premier album solide, très bien composé, riche et prenant, parfois un peu difficile à aborder car le trop-plein de richesse demande forcément une adaptation, surtout quand les pistes ne s’enchainent pas fluidement, mais franchement, les parties claviers bien accompagnées par les parties black metal font que Versatile propose une musique de grande qualité, qui a été mûrie pendant pas mal d’années, et cela s’entend. C’est très solide, vraiment !
La production y joue pour beaucoup. Un bon album de metal industriel, pas forcément d’ailleurs enrobé par du black metal, demande un gros travail en studio parce que parvenir à chevaucher des samples différents, des banques sons parfois à l’opposé entre elles, et les accoupler avec du black metal qui a besoin de sonorités incisives et peu riches en basses fréquences, cela relève d’un travail d’orfèvre. En tout cas, moi qui adore le metal industriel, j’y suis très sensible parce que j’ai déjà écouté des albums de ce genre totalement ratés en matière de production, même parfois du dungeon synth, et je sais à quel point c’est un travail remarquable. « Les Litanies du Vide » ne déroge pas à la règle et c’est à mon avis le gros point fort. Parce que l’album est excellemment produit ! La musique est harmonieuse, occupe une place raisonnable dans le spectre sonore, les instruments sont tous bien placés y compris le chant, qui peine généralement à se faire une place encore plus que les autres car instrument organique si j’ose dire, et le résultat dépasse de loin mes espérances. Je ne crie pas à l’extase non plus, mais je reconnais que Versatile a crée une belle machine de guerre avec ce premier album. La production en tout cas est vraiment excellente, et rien que pour cela, il faut s’y intéresser de près.
Maintenant, j’ai compris un élément important dans la vie du groupe. La musique a un besoin viscérale d’être rendue vivante, encore plus qu’ailleurs, en concert. La preuve en est avec tout les apparats de costumes, et les retours que j’ai des concerts qui sont vécus comme de véritables pièces de théâtre, avec tout un décor de scène et une scénographie qui ne laisse personne indifférent et qui fait qu’en plus, les suisses occupent de plus en plus les affiches. Et quelque fois, il arrive que la musique se déguste mieux en concert qu’en studio. Je pensais sincèrement, avec quelques a priori coupables, que la musique allait me laisser un peu perplexe avant de les avoir vus en concert. La première écoute m’avait conforté un peu dans cette idée que Versatile était plus un groupe de live qu’un groupe studio, ce qui est loin d’être une rareté dans le milieu et n’est en aucun cas péjoratif ! Mais disons que cela influence parfois les écoutes. Or, et c’est là LA belle surprise du jour, c’est que « Les Litanies du Vide » s’écoute finalement très bien aussi en version studio. On retrouve ce côté grand spectacle y compris dans l’écoute de la musique, ce qui est tout de même une belle prouesse. Je ne pensais pas que cela se verrait autant, pour être franc. Mais finalement, j’imagine Versatile encore plus haut s’ils s’essayaient à l’exercice d’un vrai concept album, qui amènerait un décorum scénique encore plus fort et développé ! Ce qui inaugure donc de belles promesses et une belle marge de progression qui font que nos amis de Genève vont peser dans le game à l’avenir, j’en suis certain. En tout cas, ce premier album est extrêmement fort et jette des bases exceptionnellement certaines pour la suite.
Passons au chant, comme toujours ce dernier a son paragraphe dans mes chroniques. Et curieusement, je fais un constat étrange mais pas si déconnant que cela, qui consiste à penser que s’il n’était pas là, ce ne serait pas si grave que cela. Que Versatile pourrait limite proposer une musique totalement instrumentale sans qu’un chant ne soit obligatoire. Alors, cela revient à dire que le chant est dispensable, mais pas qu’il est mauvais, loin de là. Je me dois de faire un erratum concernant ce dernier. Je le trouvais de prime abord trop linéaire, voire pas assez varié. Je dois des excuses à Hatred Salander car après une réécoute, il apparait effectivement que ce dernier est plus varié que je ne le croyais, simplement, par un procédé qui consiste à mettre ce dernier un peu plus en retrait que la musique dans le mixage. Les techniques sont plus variées mais sur des frontières techniques moindres, il convient de tendre un peu plus l’oreille pour s’en apercevoir. Erratum donc.
En conclusion de cette nouvelle diatribe, Versatile nous propose en avant-première son album, premier du nom également, nommé « Les Litanies du Vide« . Une progression pour nos amis suisses qui sortent leur album chez Les Acteurs de l’Ombre Productions, et l’on peut aisément dire que c’est mérité. Fort d’une musique black metal industriel, plus industriel que black metal par ailleurs, voire symphonique, Versatile sort un album redoutablement efficace, riche et varié, sans pour autant de défaire des ambiances malsaines qui faisaient déjà sa renommée pour son EP précédent. Un groupe que je suis fier de suivre de manière impromptue, avec le partenariat du label et de Solstice Promotion, dont il ne manquera que pour être comblé de mon côté que de les voir enfin en concert ! En tout cas, ce premier album les emmène déjà dans la cour intermédiaire, celle avant les grands, et mon petit doigt me dit que la passation ne saurait tarder. Excellent !
Tracklist :
- Géhenne (1:38)
- Enfant zero (4:51)
- La régente blême (4:07)
- Ieshara (5:09)
- Cave Canem (4:56)
- Morphée (4:15)
- Graisse (3:24)
- Monstre (5:18)
- Alter Ego (3:34)
- Le mal nécessaire (4:41)
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