Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 9/10

La Tristitude…
C’est quand tu t’casses le cul à faire une bonne chronique,
Quand tu la postes et tu n’reçois même pas un clic
Mais tu t’en fous : au moins, il te reste la musiiiiique…

 
J’avoue de nombreuses fois réfléchir à la vacuité et la futilité de mes activités chronico-ludiques tant me trotte dans la tête cette citation d’Ulricha von Glott AKA Marianne James : « Vous avez de la merde dans les oreilles » dès que j’allume une radio, une télé ou un streamer [Deezer a été assez con pour me suggérer JUL, ils viennent de perdre un abonné : j’ai beau être ouvert d’esprit, me balancer la médiocrité comme une forme d’art et ce dès le réveil a tendance à me crisper légèrement]. A son intérêt, la même Marianne a bien saisi les rouages de ce système pour y participer sans réaliser qu’en acceptant ces règles, elle était amenée à subir le même sort : finir au fond d’un trou et se voir tirer une chasse d’eau sur la tronche ensuite – bien qu’elle promeuve désormais les arts savants, ce qui reste dans son domaine de prédilection et c’est tout le malheur qu’on puisse lui souhaiter… Tout ça pour dire que, quand on reçoit une petite pépite issue d’un petit label assez méconnu – et qui pourtant recèle d’autres petites pépites de cet acabit –, on est assez contents voire fiers de vous les faire partager et qu’un petit soutien serait le bienvenu, et c’est le cas avec Ghost Flowers de Vinegar Hill – rien à voir directement avec la bataille de la rébellion irlandaise, ils sont autrichiens –, dont j’ai bien usé le skeud sur ma platine et dans mon autoradio avant de savoir comment l’encenser auprès de vous.

Pour synthétiser, les amateurs de Sonic Syndicate, In Flames, Scar Symmettry, un chouia d’Insomnium, un reliquat de Dark Tranquillity et de Heaven shall burn devraient s’y retrouver sans broncher, si ce n’est qu’ils vont devoir également apprécier le fond de Thrash Death dans cet esprit metalcore/sweddeath. C’est d’ailleurs cet ajout stylistique qui d’une part les démarque un peu de ce qu’on peut entendre ces derniers temps, très copié-collé de groupes déjà existants, mais d’autre part leur donne une valeur ajoutée d’énergie et de dynamisme, un groove particulier qui rend l’album intéressant.

On peut également noter que les arrangements sont bien choisis, tant dans l’interprétation vocale qui oscille entre l’énervé et le doux, avec une voix screamée et une autre claire, voire un ensemble harmonisé (sur les refrains, restons cohérents), que dans les claviers utilisés parcimonieusement ou même la présence d’un chœur (sur « Void ») et d’une voix soliste féminine (qui fait pas mal penser au timbre nasillard de Cyndi Lauper, sur « Epiphany ») pour un duo équilibré. De surcroit et pour rester dans la notion d’équilibre, le mix l’est également, ne laissant aucun élément à part, ni trop ni pas assez mis en avant, le tout avec une carritude exemplaire qui n’enlève rien au rebond général. Et quand les morceaux sont eux-mêmes équilibrés en tension-détente dans leur structure, s’achevant par de longs pavés avec du riff à headbang tant lourd que nerveux, je ne puis qu’adhérer de bout en bout.

Le quintette autrichien de melodeath signe un troisième album réussi et prenant pour ses dix ans d’existence. Un petit régal auditif d’une cinquantaine de minutes, Ghost Flowers mérite qu’on lui lance des fleurs.

A écouter en effeuillant des chrysanthèmes.

Tracklist :

1. The Fortress above the Sun (4:40)
2. Last Piece of me (3:36)
3. Sinner to Be Saint (4:51)
4. Ghost Flowers (4:13)
5. Void (5:31)
6. Here with you (5:02)
7. Epiphany (5:02)
8. The Shift of Reasons (5:12)
9. The pale Conjurer (5:55)
10. In carving Memory (7:40)

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