Line-up sur cet Album
- Samúel Ásgeirsson : guitare, chant
- Thorsteinn Árnason : basse, chant
- Dagur Atlason : batterie, chant
Style:
Stoner / Desert RockDate de sortie:
25 février 2022Label:
The Sign RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
“Se marier est une sottise, mais lorsqu’un homme le fait à l’époque où ses forces physiques diminuent, elle devient mortelle…” Giacomo Casanova
Il est bon ce Casanova quand-même. Au point d’inspirer des noms de groupe? Je ne sais pas si la relation est présente, mais en tout cas cela m’a fait penser à cette référence que je trouve drôle, et qui fait ma litanie sur la question du mariage. Ma chérie, si tu me lis, je suis désolé. Non plus sérieusement, je me remémore ce beau pays qu’est l’Islande et les terres que je rêve de visiter un jour, et je ne sais pas pourquoi mais ce petit pays insulaire revient avec insistance dans ma vie. D’abord par une série Netflix que j’ai adorée, qui se nomme Katla et qui surfe sur un truc semi-fantastique teinté de légendes islandaises autour d’un volcan. Ensuite, dans mes nombreuses suggestions Internet, parce que j’ai eu le malheur de regarder le prix des billets d’avion pour cet été, depuis je suis inondé de notifications en tous genres. Donc je bouffe de l’Islande à chaque connexion! Et pour terminer cette introduction pompeuse, je ne peux éviter de parler de mon amour de ce pays pour sa musique, et particulièrement extrême. Je me suis refait récemment la discographie d’Of Monsters and Men, je me suis penché sur les CDs manquants dans ma discothèque du groupe Solstafir (pas sûr au regard de mes deux dernières chroniques pour le groupe que je l’achète entièrement d’ailleurs), Skálmöld qui est complet chez moi mais que j’écoute toujours avec bonheur notamment le live album avec un orchestre à la capitale, Katla. que j’ai découvert suite à ma série Netflix et qui fait dans le gros doom metal, etc. Bref! Vous l’aurez compris, chaque fois que je tombe sur un groupe islandais (et je ne vous ai pas parlé des autres artistes comme Kaleo que j’adore), je suis en extase. Que ne fut pas ma surprise de constater que le groupe Volcanova que je m’apprête ici même à chroniquer, est de là-bas! Et que ce deuxième album nommé « Cosmic Bullshit » sent bon un genre que je n’aurais jamais soupçonné dans un pays froid et scandinave!
Volcanova m’a effectivement inspiré la citation de Casanova pour son mélange avec « volcano » en anglais que je ne songe pas à traduire, pas besoin. L’Islande est un pays volcanique. En tout cas, de ce que l’on connaît du trio viking, c’est que les premières bases ont été posées en 2014 et a connu différents changements de line up qui ont conduit à retarder drastiquement la sortie du premier album nommé « Radical Waves » en… 2020. Donc six longues années avant d’accoucher d’un album et d’un line up stable, sans chamboulement, cela m’étonne pour un groupe d’un pays avec aussi peu d’habitants et donc de musiciens potentiels. D’ailleurs il existe une légende selon laquelle tous les musiciens se connaissent en Islande. Mais je redeviens sérieux. Le deuxième album du trio sort chez The Sign Records, comme le précédent d’ailleurs. Ce n’est pas la première fois que je chronique un album chez ce label qui me plait de plus en plus dans la sphère rock! J’attends donc beaucoup de ce « Cosmic Bullshit » qui porte probablement mal son nom.
En tout cas, quand on contemple l’artwork, on comprend très vite dans quelle musique on fout les pieds. Franchement, des pochettes dans ce style, il n’y a que dans cette branche que j’en ai vue. Et j’ose me dire que les amateurs reconnaissent immédiatement le style en regardant une pochette comme ça, parce que tout y est! Ou presque, sinon on ne serait pas original. Donc, l’imagerie est résolument old school et rappelle un type de cinématographie, avec une typographie caractéristique que l’on retrouve dans bon nombre d’albums du genre, des couleurs vives ou au moins détonantes comme ce violet mauve qui lacère le noir du ciel nocturne, avec tout un tas d’objets incongrus, qui n’ont vraisemblablement rien à faire entre eux et qui amènent une dimension absurde totale à ce « Cosmic Bullshit« , qui porte finalement bien son nom visuellement parlant. Un squelette coiffé d’un casque de cosmonaute, jouant au tennis avec une cannette, le tout en surfant sur un débris de vaisseau, je trouve cela à la fois délicieux et à la fois ubuesque. C’est tout à fait ce que j’attends d’une pochette du genre, Volcanova joue la carte à fond de ce qui se fait communément mais avec un certain panache et de l’absurde comme on aime. En tout cas c’est bien une pochette qui donne envie, c’est donc une mission accomplie pour notre trio d’amis islandais.
Pour le style, allez! Il n’y a jamais eu de suspense puisque le style est énoncé plus haut, mais j’aime bien jouer le jeu de vous laisser en haleine (n’est-ce-pas Eddie?) jusqu’à ce paragraphe où j’aborde enfin la musique. Alors, sur le style, le groupe Volcanova et son cher label en avaient fait des caisses, clairement. Oscillant je cite entre « du sludge progressif« , « du fuzz rock« , du « stoner« , du « desert rock » voire je-ne-sais-quel-truc, difficile de s’y retrouver. Il faudrait véritablement que les labels et groupes arrêtent d’en faire des tonnes comme ça. Parce que, sans dénaturer quoique ce soit, « Cosmic Bullshit » est un album de desert rock, voire de stoner rock, point. Pas besoin de parler de sludge progressif. Mais bon, au moins l’album est bon! Et, étant totalement à contre-courant de ce que je viens de dire, j’adore la perspective selon laquelle un pays froid ait en son sein un groupe qui sent bon les pays chauds et secs! C’est idiot, mais trouver un groupe islandais de desert rock cela me procure un sentiment de folie incroyable. Du coup, j’ai adoré la première écoute pour cette raison précise. Mais pas que, vous vous en doutez! Parce que la musique est excellente. Les riffs sont bien épais, arrondis d’une sonorité typiquement stoner rock, et l’aspect desert rock tient essentiellement à cette sensation inébranlable quand on ferme les yeux que l’on navigue dans le désert, avec des vautours qui tournent dans le firmament et le ballot de paille qui roule inlassablement. Il y a néanmoins une légère teinte de brutalité, qui frôle par moment le stoner tout court, s’il n’y avait pas ce chant clair lascif. Donc cela reste une musique d’un genre très classieux, qui évolue peu mais qui continue comme je le dis souvent lors de mes chroniques stoner, à déverser cette musique à la bonne franquette que l’on aime avec une bière, des saucisses et des jolies filles habillées en cow-boy. Moi, en tout cas, je valide la première écoute! Je ne sais pas si je ressortirai extatique ou à défaut enthousiaste, mais en tout cas j’ai bien apprécié de trouver un feeling dans cette première approche de Volcanova.
Question production, on reste sur une approche classique du stoner rock, avec un son sur les guitares qui fait très rebondi, viril et en même temps un tantinet psychédélique. Mais la principale affaire de « Cosmic Bullshit » est cette brutalité discrète si j’ose dire, avec des guitares et une batterie qui semblent étouffées mais qui dissimulent mal leurs intentions brutales. Je pense que c’est un choix probablement involontaire, mais qui finalement s’avère intelligent parce que le groupe Volcanova ne tombe pas dans la brutalité outrancière du stoner, et garde une dimension rock très appréciable pour garder cette retenue qui fait voyager plus que défouler. En tout cas, je n’ai pas tellement à redire de mauvais sur cette production qui est de grande qualité et ramène le genre sur ses fondations. Maintenant, une question demeure : la caisse claire de la batterie. J’avoue ne pas avoir compris le délire de l’artiste, rarement je n’ai entendu de caisse claire aussi mal sonorisée qu’ici même. Cette espèce de claquement sinistre, très aigu, ne m’a pas fait l’effet d’un bonheur outrageux. Disons pour faire court que je n’aime pas le son de cette dernière, que je trouve qu’elle casse la dynamique de lourdeur. La basse est en revanche très bien construite, et j’apprécie toujours ce style de musique pour mettre la basse en exergue plus que la moyenne moderne. Donc voilà une production fort intéressante, sinon dans la digne lignée de ses prédécesseurs. Le substantif ne change pas j’ai vérifié.
Je crois que comme beaucoup d’albums dans cette gravitation stoner, il n’y pas de réelles ambitions conceptuelles que de continuer la musique sur les mêmes plates-bandes. Il faut donc prendre cet album comme je m’évertue à le faire, soit comme un CD de perpétuation de l’espèce stoner. Volcanova joue la carte à fond du nostalgisme et du fanatisme, et continue donc à répandre la bonne parole musicale. Ce que je ne réfute absolument pas d’ailleurs! Et c’est même toujours plaisant de constater que la composition permet de varier quelque peu la recette sans changer l’assaisonnement principal. « Cosmic Bullshit » a ses petites manières personnelles qui font qu’on a envie d’y revenir, comme par exemple ces riffs guitares qui jonglent habilement entre le rock festif et le stoner goguenard, cette vitesse de tempo qui ne varie guère quant à elle et qui donne une continuité bienvenue à l’album, et enfin cette batterie virile mais légèrement groovy sur les bords. Voilà de quoi rehausser cette note que je mettais invariablement à huit, alors quand dans le cas de Volcanova, il y a matière à donner plus en notation finale. Retenez donc que « Cosmic Bullshit » s’écoute avec un certain recul, en ne cherchant pas l’innovation mais la perpétuation d’un genre qui fonctionne toujours aussi naïvement bien! Et c’est tout ce qu’on aime, chroniqueurs acharnés du stoner. Un album donc très bon!
Les parties chant sont là encore la subtilité inattendue dans ce style, à savoir que le trio de musiciens chante entièrement. Soit un chanteur principal qui n’est d’ailleurs pas identifié clairement, et les deux autres qui accompagnent surtout les refrains, mais aussi quelques couplets par-ci par-là. Toutefois, même si l’identité du chanteur principal n’est pas connu, sa voix l’est bien distinctes au contraire puisque c’est la plus pêchue de toutes. Celle qui amène le plus d’énergie, ce qui semble logique mais qu’il est bon de rappeler. Les autres englobent cette voix puissantes par un simple apport de rondeur et une épaisseur supplémentaire qui permet non pas de distinguer les tessitures (elles se confondent beaucoup), mais d’accentuer celle qui est principale. Résultat : il y a un gros boulot de fait en studio qui se ressent puisque les chœurs sont parfaitement bien construits et alignés avec le lead. Cet apport est très important dans la composition, et je note que non seulement le résultat est excellent, mais en plus qu’il est très bien fait. Le chant principal seul s’en voit parfois un peu dénudé de ses bourrelets en fond, mais j’aime bien aussi cette technique très rock, un peu léger sur les bords pour un marasme brutal comme ici, mais qui est encore une énième fois raccord avec le style.
Pour terminer et conclure cette chronique, Volcanova nous offre une sorte d’éruption d’amour et de virilité avec « Cosmic Bullshit« , ce qui va bien avec son nom vous en conviendrez. Loin d’avoir les pouvoirs du Katla, il n’en demeure pas moins que ce second album est un vrai concentré d’énergie et de virilité, semblable à celles que l’on retrouve dans le stoner rock américain. Auquel d’ailleurs notre trio nordique n’a rien à envier au regard de son talent et de tout ce qui a été mis dans cet album. Un stoner rock qui va quasiment vers le desert rock, et cette incongruité géographique me permet de l’apprécier davantage! Oui! Les nordiques sont capables de pondre un album aussi chaleureux et festivement désertique que les glaciers l’entouraient pendant son élaboration. On se réchauffe pas qu’avec du bois et des granules en Islande, on peut aussi passer un moment sympa en faisant remonter le sable et la sécheresse des déserts de l’Ouest! Cet album « Cosmic Bullshit » est en tout cas loin d’être de la connerie cosmique, c’est une petite tuerie! Bravo!
Tracklist :
1. Salem
2. Gold Cost
3. Desolation
4. End of Time
5. No Wheels
6. Lost Spot
Laissez un commentaire