Formé en 2002, Votum, combo polonais de Varsovie, semble avoir réglé ses petits problèmes de line-up et choisi sa voie musicale. S’éloignant du Heavy originel qui semblait cadrer leurs débuts, les six musicos ont défini une ligne plus progressive et délivrent un premier opus dont ils auront mis huit mois à écrire les huit titres. Enregistré au DBX Recordings de Warsaw avec comme producteur du son Jacek Melnicki(Riverside…) ce « Time must have a stop » que l’on catégorisera Prog/metal par facilité est tout simplement…Surprenant, déroutant, intemporel, et foncièrement appréciable.

Tout d’abord, bien que ce soit la grande mode actuellement, le concept issu du roman d’Aldous Huxleyen 1994 et opposant matérialisme au carpe diem est ici en parfaite osmose avec l’univers musical délivré. La trame se tisse inexorablement entre homme et femme, esprits torturés dérivants sans fin dans des perversités, des obsessions et affections les propulsant irrémédiablement dans des sphères à explorer. Les six se délectent à concocter et à asséner des compositions où les ambiances froides, nostalgiques et tourmentées sont entrelacées de plages plus saillantes et énergiques. Loin d’un prog technique où la performance est synonyme de titres plus difficiles d’accès, on surfe ici dans un prog atmosphérique quasi ambiant par moment. Pas que nos musicos soient des manchots ; loin de nous cette idée, mais seul le ressenti final et l’émotion délivrée semble guider chacun des titres proposés.

Tel un ressac, tour à tour les mélopées de claviers -ou piano- veloutées nous enveloppent et nous subjuguent. Caressantes, envoutantes et lugubres, elles créent des atmosphères feutrées par leur volutes évanescentes ; ou plus malsaines et effrayantes par leurs lignes organiques plus incisives. Ne s’effaçant que devant les rugissements guitaristiques délivrés en cascade et surtout à bon escient ; l’osmose de cette alternance est un bijou de perfection. Un prog alternatif où chaque élément est dosé avec justesse ; à l’image des soli simples mais déchirants et de ponts et breaks ciselés majestueusement.

Le liant de ces compos variées et véritables éventails des sentiments, restera la performance vocale deMaciej Kosinski. Ce dernier, au timbre si chaud et velouté, assure par le panel de son chant un rendu émotionnel parfait aux convulsions psychologiques des deux héros dont l’histoire est chantée et dépeinte à coups de tons, de nuances et de retouches. Tel une toile de maitre, le frontman appose sa patte et fige le kaléidoscope rendant l’œuvre unique. Cela ressemble paradoxalement, sur les plages calmes et claires, à de la new wave des années 80 du style Tears for fears, Depeche mode voir des romantiques de Spandau Ballet. Mais à d’autres, certains référenceront Pink Floyd et notre collègue Poulika de la rédac de Soil devrait bien y trouver du Dream Theater sous jacent.

Quoiqu’il en soit, huit titres quasi parfaits pour un premier album ; cela reste sidérant et j’avoue une totale incrédulité devant la maturité et l’inspiration de Votum. Le titre éponyme de près de 11 minutes en clôture est une fresque tout simplement dantesque, un véritable exemple d’école pour qui désirerait s’instruire. Intro éphémère au piano, claviers en nappes, riffs énormes, ambiance colorée, progression démoniaque, bouquet final explosif, délicatesse et esthétisme de la mélodie… On ne peut que se taire, s’incliner, et se délecter. « Me in the dark », « The Pun », « The hunt is on » ont autant de force et d’atouts à faire valoir quoiqu’étant moins développés ; mais mon morceau fétiche s’entêtera à rester le très heavy et surprenant « Look at me now » dont les « once, twice and again » gutturaux ne pourront que vous marquer aux fers rouges. Les polonais ont mis la barre bien (trop ?) haut pour cette première offrande et c’est tant mieux pour notre plaisir. Maintenant confirmer après un tel opus parait bien difficile…

Myspace : www.myspace.com/votumband
Site Internet : http://votumband.pl/

MetalPsychoKiller