Line-up sur cet Album
- Hváll : basse, claviers, choeurs
- Steingrim : batterie
- Sture Dingsøyr : chant, guitare
- Strom : guitare
Style:
Black Metal MélodiqueDate de sortie:
30 avril 2021Label:
Season of MistNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9,5/10
“Croire en une source diabolique supernaturelle n’est pas nécessaire ; les hommes sont capables de toutes ces méchancetés par eux-mêmes.” Joseph Conrad
En guise d’introduction, je vais me remémorer un petit évènement sympathique sur Facebook. Cela partait encore une fois, et comme souvent, d’un débat sur les réseaux sociaux. Nous nous écharpions un peu, mon ami de Kosmos et moi-même contre le reste d’une communauté parce que nous étions pour l’évolution de la musique black metal. Vous savez? Cet éternel débat qui oppose deux camps distincts : les puristes et les laxistes. Les puristes voudraient que le black metal ne change pas, qu’il reste comme il est dans sa forme primaire et ultra underground et toute tentative d’évolution du genre déclenche des réveils conspirationnistes terribles. Les laxistes comme moi, au pire s’en fichent royalement, au mieux apprécie la démarche de l’évolution. Pourquoi, après tout, le genre black metal n’aurait pas droit à de l’expérimentation, sachant les possibilités infinies qu’il y a pour faire évoluer, sinon de manière éphémère produire des mélanges incongrus? Il m’est arrivé souvent de tomber sur un truc totalement hybride en matière de black metal. Le dernier en date, que je vous recommande, est Etienne Pelosoff et son true black metal jazz. Dans le genre truc improbable, vous n’auriez pas trouvé mieux, avec ses passages à la trompette, la batterie très jazzy, et les moments de blasts ultimes, le chant scream, etc. C’est du très lourd! Et c’est aussi et avant tout la preuve que le genre black metal a le droit de changer de peau de temps en temps. En plus, c’est un genre très linéaire de base, donc propice à des variations rythmiques, des changements d’accords, des harmoniques. Bref! Le black metal doit avoir sa part de renouvellement. C’est pourquoi j’ai choisi de vous parler de Vreid et de son dernier album en date, appelé Wild North West.
Mais d’abord, présentons le groupe. Vreid, qui veut dire « paix » en norvégien, nous vient tout droit de Sogndal en… Norvège. Voilà, pour le suspense on repassera! Existant depuis 2004, le groupe composé de quatre musiciens, dont trois sont membres originels, a sorti à ce jour neuf albums avec ce dernier. Mais ce n’est pas tout! Il y aura eu un nombre fort honorable de dix singles, ce qui représente une démarche commerciale assez aboutie. Un single étant le meilleur moyen de faire commerce de ses ouvrages. Je l’ignorais quand j’ai commencé la chronique mais j’ai découvert que Vreid allait faire la tête d’affiche du Hellfest en 2022 sur la Temple, donc autant dire que le groupe a sa réputation et je me sens un peu débile de ne pas avoir écouté le groupe avant. Pourtant je l’avais vu circuler plusieurs fois mais que voulez-vous… J’ai aussi remarqué que les quatre membres de Vreid sont d’anciens de Windir que l’on ne présente plus dans le registre black metal folklorique! C’est avec une belle surprise que je m’attèle à l’album et en tout cas, ce Wild North West s’annonce étrange!
Parce que dans le genre burlesque, original et ubuesque, j’ai rarement vu mieux! On est d’accord que Vreid est un groupe estampillé Norvège, je n’ai pas besoin de vous faire un dessin haut en couleurs! Mais quand vous avez un décor aussi décalé pour le style abordé, la première impression est d’être éberlué. Voyez plutôt : on est sur un registre western. Le nom me fait penser à un film bien connu avec Will Smith, qui se passe dans un univers qui mélange western et technologie. Après, les ambiances de forêts, on connait bien, c’est assez inhérent au style proposé. Mais ce qui change, ce sont les couleurs d’abord, très ensoleillées et chaleureuses. On dirait un vrai coucher de soleil! Ensuite, la typographie du nom de l’album fait bien entendu penser à ce que l’on disait plus haut. Et le côté cartoon évoque une affiche du genre. Le personnage central et la Mort en bas sont très black metal par contre. C’est donc un artwork hyper original qui mélange habilement ce qui fera les ingrédients principaux de l’album sur le plan musical et qui tape clairement à l’œil. C’est donc un artwork qui me plait vraiment beaucoup et dont je loue les intentions.
Par contre j’ai un peu de mal avec l’appellation musicale de « black’n’roll« . Je la vois à toutes les sauces concernant Vreid, que ce soit dans les annonces de concert y compris celle du Hellfest. Pour moi, c’est simple : le rock est partout. Je ne vois pas en quoi ce serait plus attrayant de dire que l’on fait du « black’n’roll » dès lors que le rock existe déjà dans le black metal… Même avec parcimonie. Et quand on écoute Wild North West, on a beau se creuser la cervelle et se retrousser les manches, on n’entend pas spécialement de démarcation rock’n’roll plus avantageuse qu’ailleurs. Un Etienne Pelosoff qui parvient à mélanger des passages black metal avec du jazz, ça je suis d’accord quand il appelle sa musique le « black metal jazz ». Au passage allez écouter, c’est une tuerie. Donc, pour revenir à nos moutons, au mieux c’est un truc de passe-passe du label, au pire c’est un vrai attrape-con pour essayer de se démarquer sur la scène metal et je n’aime pas cela du tout. Par contre, parenthèse refermée! L’album est génial. Le black metal est assurément mélodique, avec de nombreuses partitions de guitares qui jouent sur les accords et les accents, une musique qui me rappelle invariablement le black mélodique d’un Stortregn par exemple, et le plus éblouissant est cette sphère old school que l’on retrouve dans le son général et le chant, qui fait penser aux premiers albums du genre. Donc un son simple, mais qui donne une saveur nostalgique époustouflante! Les compositions sont donc très riches en mélodies et passages rythmiques, avec effectivement de légères nuances à la rigueur plus hard rock par moment, et on ne s’ennuie guère à la première écoute qui, pour ma part, s’est faite d’une traite comme l’on dévore un roman en quelques jours. Une vraie putain de belle découverte que ce Wild North West de Vreid!
Je parlais un peu du son, très caractéristique des années que je chéris et qui amènent cette touche de souvenirs en moi. La production du dernier Vreid est absolument dingue! J’ai l’impression d’écouter un vieil album de black metal, dans les tréfonds de ce qui se faisait au début en Norvège avec un son nasillard à la Ancient par exemple, et en même temps les mélodies très modernes, très expressives sur le plan des ambiances et qui sont plus au gout du jour qu’au gout de l’époque où tout était blasté et rapide à outrance! Là, cette conjugaison étonnante accouche d’une production folle, très ancienne, qui n’a rien à envier aux plus vieux des groupes norvégiens du genre. Tout est à sa place, les claviers compris. Ces derniers sont d’ailleurs eux-mêmes sur un style très ancien, avec des nappes longues et lentes qui contrastent d’ailleurs avec les guitares et basse endiablées et froides. La basse qui a même un vrai rôle mélodique aussi, et cela me ravit au plus haut des points. Bref! Tout est plein de nostalgie pour mon plus grand bonheur et je suis prêt à mettre un penny que cette production intelligente est l’une des meilleures que j’ai pu (re)découvrir dans le black metal depuis longtemps. Au diable les Dark Funeral, Watain et autres (en même temps, cela leur ferait probablement plaisir…)! Vreid est dans la place.
Ce que j’adore avec le black metal mélodique c’est que l’on peut revenir sur l’album à l’infini, surtout quand ça matche! De fait, j’ai pris un vrai malin plaisir à le réécouter plusieurs fois d’affilée, ce qui est rare chez moi. En général, j’écoute un album, pas souvent en entier sauf pour les chroniques bien sûr, et je passe à un autre. Pour Wild North West ce fut un autre processus. Cela m’a permis de déceler quelques petites redondances, voire minimes, notamment sur des riffs. J’ai même cru reconnaître un riff d’un autre groupe sur Shadows of Aurora. Mais sincèrement, c’est du très bon. Les compositions sont très bien construites, avec comme je disais, une grande richesse et une diversité riffique qui rendrait jaloux les mecs de Dissection. J’apprécie les ambiances très froides couplées avec des guitares qui sont loin d’être des gratte-manches de pacotille! Je tournerai en rond donc je resterai sur ce constat très facile qui consiste à dire que l’album est superbe. Une vraie merveille! En même temps, vu le pedigree des musiciens c’est normal.
J’adore le chant. J’attaque de but en blanc et je ne vais même pas faire l’outrecuidance de dire que les musiciens sont bons, puisque cela crève les écouteurs qu’ils le sont. Mais alors le chant… Je l’adore! Il est tellement bien vieux, avec une technique proche de la nonchalance qui fait surtout penser à une raclure de gorge plus qu’à ces high scream que l’on retrouve de nos jours, que j’en viens à l’adorer vraiment! C’est le chant que j’aime, simple et sobre, mais qui fonctionne tellement bien avec les instrumentations en apportant cette froideur affective proche de la banquise, que c’en est bluffant. Et puis les textes vont bien avec : simples et décalés. Trop bon!
Bon! Les ami(e)s, on va arrêter les frais ici. Vreid a sorti un album extraordinaire, plein d’intelligence et d’originalité dans l’univers général, tout en ayant conservé cette recette antique qui fonctionne encore chez certains comme moi. Un black metal à la fois old school dans le son et mélodique à outrance dans les riffs, qui confèrent à ce Wild North West une saveur pleine de terroir si j’ose dire! A coup sûr que le futur passage au Hellfest en tête d’affiche est largement mérité au vu de ce dernier album. Une vraie découverte pour moi, je ne m’en lasse pas!
Tracklist :
1. Wild North West 05:23
2. Wolves at Sea 05:14
3. The Morning Red 05:42
4. Shadows of Aurora 05:20
5. Spikes of God 04:10
6. Dazed and Reduced 04:55
7. Into the Mountains 05:20
8. Shadowland 09:53
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