Line-up sur cet Album
Nico Webers : chant Filip : basse Daniel : guitare Simon : guitare Paule : batterie
Style:
MathcoreDate de sortie:
octobre 2010Label:
Lifeforce RecordsNote du soilchroniqueur (Dada Metal) : 07/10
Il y a des jours comme ça. Vous ne travaillez pas, votre copine n’est pas à la maison. Alors vous divaguez. Vous tuez le temps entre DVD, lectures inachevées et émissions télé insipides. Le tout bien sur en pyjama et en remettant toujours à plus tard la vaisselle qui n’attend que votre main experte. Après tout, c’est la seule chose que vous puissiez en faire…
L’occasion est trop belle d’appeler un de ses meilleurs amis. Le mien en occurrence. Qui a dit que les filles étaient les seules à pouvoir passer beaucoup de temps au téléphone à glousser et colporter des ragots ? Pas moi en tout cas. Il est de me seuls amis à partager mon goût pour la musique extrême, sous ses airs de commercial endimanché et bien rasé. Lorsque nous étions encore assez proche géographiquement (snif), nous passions des soirées entières avec du bon vin, quelques amuses-gueules et l’écoute presque religieuse de nos découvertes respectives. Moment de nostalgie. (re snif). Quoi qu’il en soit, une fois au téléphone, vient naturellement le moment de parler metaaaal :
– Lui : quoi de neuf de ton côté en ce moment ?
– Moi : je viens de poster ma chro sur October Tide. Sinon là, je suis en plein dans l’écoute du nouvel album de War From a Harlots Mouth…
– Connais pô.
– Comment ça ? Ils sont pourtant connus, ces berlinois ont déjà parcours du chemin depuis leur formation en 2005. Ils ont déjà un bon public, font les grandes scènes des festivals allemands et ont même fait un split avec les furieux de Burning skies.
– Mouais et c’est quel genre ?
– C’est du mathcore.
Face à ce que je devine être un air incrédule qui se traduit par un long moment de silence, je m’explique. Il s’agit d’une sorte de mélange entre du deathcore, la violence du hardcore, avec des éléments grind et une quasi-logique mathématique. Il me rétorqua « des maths ! Et pourquoi pas de la géographie ! C’est un truc de geek en somme ! ».
Et si WFAHM était geek ?! Pour y répondre, il faut déjà savoir ce qu’est un geek. Jamie c’est à toi. Un geek est, pour faire simple, un passionné. Il faut éviter de le relier toujours aux nouvelles technologies, puisque ses domaines de prédilection sont souvent la science-fiction, les trucs que tout le monde trouve kitsch mais que lui va trouver culte et les musiques alambiquées. Et à ce niveau, nos allemands sont assez doués. Les morceaux sont totalement déstructurés à la manière d’un The Dilinger Escape Plan auquel se greffe la rage d’un Converge. Les deux premiers titres suffisent à convaincre, l’auditeur passe tout d’abord par une lente montée aux enfers (Insomnia) puis fait la connaissance d’une distorsion musicale, mélange de rage et de moments jazzy (To age and obsolete). C’est justement par cette alternance subtile d’univers musicaux que notre groupe fait la différence, coiffant au poteau les feux de paille du mouvement deathcore. Même dans ces passages les plus doux et expérimentaux, la violence ne quitte pas la scène tant la basse se fait vrombissante. C’est à nos tripes qu’ils s’en prennent ! A la manière d’un Kylesa, à nos tripes et à nos cervicales ! Car oui, le tout sait se rendre groovy, tel un melting pot très appétissant dans lequel se mélangent des influences diverses et tout à fait digérées.
L’autre point commun avec la « geekitude » est ce penchant pour les références horrifiques et fantastiques de l’age d’or du genre. L’artwork de MMX rappelle les films de Romero et les comics d’horreurs américains. Les paroles hurlées et crachées au visage accentuent ce rapprochement. Le hurleur en question, Nico Weber, qui officie déjà au sein de The ocean, crache ses poumons de manière convaincante. Nous ne saurions lui en demander plus…profitez en bien car sa voix risque le destin cruel d’espèce en voix d’extinction. Un essai très timide à la voix claire apparaît sur Spineless, certainement le morceau de bravoure de l’album. Très technique, tout commence par des rythmes « convergiens », évolue dans un registre jazz proche du Dave Brubeck Quartet pour finir dans une lenteur doomesque où les hurlements hargneux assènent le coup de grâce.
Il vous faudra beaucoup d’écoutes pour distinguer ces subtilités tant elles paraissent, au premier abord, noyées dans une sorte de chaos artistique demandant des tympans à toute épreuve. Les musiciens assurent, les morceaux sont travaillés, une marque de fabrique s’affirme, mais il est certain que l’écoute se fait plus brutale qu’agréable.
Là mon ami me répond qu’il n’aime pas tout ce qui finit par « core » à la fin des phrases et que les maths lui donnent des boutons. Mais l’ensemble est tellement maîtrisé que cet opus se hisse au dessus de toutes les questions de genre musicaux. Les fans de moshpits seront ravis, les autres aussi.
Site Internet : www.wfahm.com
Myspace : www.myspace.com/warfromaharlotsmouth
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