Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 9/10

V’là l’temps des fêtes ! V’là l’temps des fêtes ! Eh oui, voici venu le temps des rires et des chants, celui où l’on se sent obligé de venir faire le repas qui dure trois heures chez mémé, où l’on sait qu’on va offrir des cadeaux et qui ne plaisent pas et perdre un temps considérable à refourguer ceux qu’on a reçus sur Ebay ou Priceminisiter ; ce temps où, étonnamment, on finit par se dire que le Réveillon d’Arthur et les Douze coups de minuit, « c’est pas si mal », c’est presque moins chiant que de rejoindre des gens et faire ressentir toute la joie du partage et l’allégresse de la communion humaine avec une poker face. Et pourtant parmi ce flot de bonheur, joie et félicité assumé.e.s, résident les Christmas Carols, coutume qui, qu’on soit ou non croyant/pratiquant, fait désormais partie de notre culture générale voire du patrimoine mondialo-américain. A défaut de venir faire un beau tapin devant les portes, il est tout autant de tradition que de fourrer le cul d’une dinde avec des marrons ou trouver Mère Noel suffisamment « hot » pour lui remettre une buche, d’entonner ces cantiques de la Nativité, qu’on soit vedette en devenir ou accomplie – c’est-à-dire quand on a fait une sextape qui s’est suffisamment vendue ou qu’on est invité à un talk show pour ne rien dire mais avoir un skeud à vendre, donc devoir subir la question du « est-ce que sucer c’est tromper ? » –, quelle que soit sa religion musicale, tant des rappeurs aux popeux, tout ce petit monde a apporté sa pierre tombale à l’édifice. Pourquoi les metalleux devraient-ils être en reste ? Hein ?! Après tout, quand certains croient encore au Pornoel, d’autres croient encore en un prestidigitateur et sa bande de douze potes bourrés qui attendaient une nouvelle farce du David Copperfield sanctifié. Mais peut importe qu’on y croie ou non – je respecte vos éventuelles dérives me(n)tales et superstitions, là n’est pas tant le sujet –, on entre désormais dans le sujet sociologique des coutumes et de la tradition, commerciale ou pas – prenez une copie, vous avez quatre heures ! Et puisqu’on parle de rassemblement d’êtres humains musiciens estampillés « metal », les marronniers de Noël sont de sortie, tout comme les marchés idoines et la rentrée des classes qui font le bonheur annuel d’un Jean-Pierre Pernaud a la mine réjouie de bonhommie enfantine face au sujet brulant qu’il se sait devoir vous annoncer, je vais vous parler d’une compil’ de Noël forgée dans le (Heavy) métal intitulée We wish you a Metal X-mas (and a headbanging new Year).

Autant remettre dans le contexte : il y a près de dix ans de ça, je me cherchais encore des raisons de célébrer cet évènement commun, ce break de travail dans le froid engourdi, de chanter comme tous Son avènement et, au cours d’une de mes épiques et inénarrables pérégrinations internettes, je suis tombé sur l’extrait musical que voici :

Et là, je me fais un gros kiff, le gros ambiançage nival à base de « trop foooort » et je me jette à corps perdu face aux flocons qui saupoudraient le bitume et au blizzard qui m’empêchait de progresser – non, je déconne : c’est pas encore cette année qu’on aura un Noël blanc – de m’en aller gaiment et chantonnant vers la FNAC où, ô miracle de Noel – comme quoi, hein…–, ils avaient le produit rare que je recherchais. Et de me faire tourner le skeud sur la pâle platine tout en m’amusant déjà d’entendre les voix et les instruments des sommités de l’univers metalistique, pêle-mêle : Alice Cooper, Ronnie James Dio, Dave Grohl, Lemmy, Tony Iommi, Michael Schenker, Steve Lukather, George Lynch, Tommy Shaw, Geoff Tate, Billy Gibbons, John 5, Billy Sheehan, Doro Pesch, Jeff Scott Soto, Tracii Guns, Joe Lynn Turner, Tim Owens, etc. Quoi, « y en a au moins la moitié qui sont morts ! » ? Soyez pas désagréables… On respecte l’esprit de la saison s’il vous plait… Dio, Lemmy et Geoff, d’accord, mais pas les autres… *blink*

Bref, revenons à la question de fond : « Pourquoi, alors qu’il s’en balance ouvertement de la culture mondiale du sapin Norman décoré et des Playmobils mis dans une grange en carton au pied d’icelui nous fait-il l’apologie de ce CD ? » Certainement parce tout comme moi, si vous ne savez plus trop vous émerveiller de grand-chose, vous savez apprécier les efforts pour faire perdurer à la fois la chaleur humaine autre part que dans un boulard, parce que rassembler autant de sommités était, de loin, une gageure, mais également parce que réinventer et arranger des classiques de l’Esprit de Noël à la sauce spicy des guitares saturées était un pari on-ne-peut plus intrigant et intéressant, surtout quand on veut que ça corresponde aux capacités d’interprètes desdits invités. Et rien que pour ça, on peut saluer le travail de Bob Kulick, mastermind de ce projet, en bon producteur, mixeur et arrangeur, qu’il a brillamment porté sur ses épaules. Ça a l’air simple sur le fond, mais en faire un « produit » de qualité n’était pas fondamentalement gagné : faire coïncider des plannings, des genres et de la qualité tout en respectant un esprit commun n’était pas chose aisée.

Si vous préférez vous envoyer en boucle l’intégrale de Tino Rossi et son tube de l’année, grand bien vous en fasse ; si vous êtes un minimum curieux et souhaitez bousculer un peu les traditions en expliquant le Metal à votre mère, assis entre le tonton raciste, le beauf farceur et la grand-mère réac’, procurez-vous cet album et faites le tourner pendant le repas du réveillon : débat d’idées garanti !

A écouter en regardant une énième fois la vidéo d’ « Immortal Christmas » version Sock Puppet Parody et se disant qu’au moins, ça fait une raison décente de poser des RTTs, et de retrouver un moment, le temps d’un instant vert et rouge, son âme d’enfant… Et si vous (n’)êtes (pas) sages, la prochaine fois, je vous enverrai la Mère Fouettarde AKA Maitresse Simone du Donjon Epica, ainsi qu’une chronique sur les Christmas Carols par Rob Halford.

Tracklist :

1. We wish you a merry X-mas (4:39)
2. Run Rudolph, run (4:00)
3. Santa Claws is coming to town (4:20)
4. God rest ye merry Gentlemen (4:07)
5. Silver Bells (5:05)
6. Little Drummer Boy (4:38)
7. Santa Claus is back in town (4:01)
8. Silent Night (4:11)
9. Deck the Halls (4:11)
10. Grandma got ran over by a reindeer (4:41)
11. Rockin’ around the X-mas Tree (3:22)
12. Happy X-mas (War is over) (4:28)
13. O’ Christmas Tree (4:12)
14. Auld lang Syne (3:21)

Site (presque) officiel : http://www.stevelukather.com/music/discography/2008/we-wish-you-a-metal-xmas-and-a-headbanging-new-year.aspx?ref=/music/discography/2008.aspx
Spotify : https://open.spotify.com/album/3c2GYOQcticisqVSpKKNRc
Youtube : vous êtes maintenant de grands enfants, vous savez faire une recherche Yout’ de vidéos non officielles