Line-up sur cet Album
- Nicolas Boblin : Chant, Guitare, claviers
- Paul Jarret : Guitare, Chœurs
- Stébastien Hurtel : Basse
- Dimitris Bouchez : Batterie
- + Guests
Style:
Post-Rock et plus encoreDate de sortie:
7 novembre 2012Label:
non signé(White) Note du Soilchroniqueur : 9/10
C’est en 2007, que White Note s’est formé, par la rencontre de quatre étudiants (peut-être ex-, maintenant) en musicologie. Un détail qui peut promettre pas mal de bonnes choses. Déjà ça laisse espérer un bon niveau technique. Et puis quoi de meilleur que de connaître toutes les règles de la composition musicale pour pouvoir les détourner ? En 2011, soit quatre ans de réflexion plus tard, White Note sort son premier album autoproduit : « Undo Me ».
Et, si je n’en ai pas entendu parler, il faut croire que cette première offrande a su conquérir son public puisque c’est à lui que White Note a fait appel pour co-financer « Amito », l’EP dont on parle ici, par le biais d’un site participatif.
D’ailleurs ces sites de crowdfunding rappellent aux plus pessimistes et misanthropes d’entre nous que l’Homme n’est pas qu’un sale profiteur qui ne fait qu’enfoncer ses semblables pour se croire un rien supérieur aux autres. Certains soutiennent les projets auxquels ils tiennent, encore aujourd’hui, et, ça, je trouve que c’est plutôt rassurant.
Et dès le premier contact avec cet « Amito », on sent que White Note a su tenir ses engagements, avec un CD dont l’aspect physique est absolument génial. La pochette se glisse dans un fourreau cartonné qui, avec un système de filtre, anime l’artwork quand on l’insère ou la retire, tandis qu’à l’arrière, les noms des musiciens et des remerciements apparaissent et disparaissent en surimpression sur la liste des morceaux. Voir un groupe qui prend tant soin de l’objet qu’il présente est vraiment rafraîchissant, dans un monde où tout devient simples fichiers informatiques que l’on jette aussitôt après les avoir écoutés une seule fois.
Un bel objet, c’est bien, mais un bel objet qui contient de la belle musique, c’est mieux. Et, là non plus, White Note ne déçoit pas.
Mais faisons les choses dans l’ordre.
J’ai reçu « Undo me » et « Amito » en même temps. Comme je voulais faire les choses chronologiquement, j’ai logiquement débuté par « Undo Me ».
Et là, un frisson gelé s’empara de moi pour ne plus me lâcher durant toute la durée de ses sept titres. C’était pendant cette courte vague de froid, un peu avant décembre, mais il m’est impossible d’imputer totalement cet effet à la météo. Car la musique de White Note évoque les étendues glacées des pays nordiques. On pense directement à Sigur Rós, surtout grâce à la voix de Nicolas Boblin, qui sait monter dans des aigus (fausset ?) sans jamais faire de fausse note. Mais réduire White Note à du Sigur Rós serait passer à côté des nombreuses facettes du groupe. Post-Rock, mais aussi Rock Progressif, Alternatif, Pop-Rock, White Note déchire toutes les étiquettes pour les mélanger et en créer leur personnalité.
« Amito » débute, par « Can’t Afford your Love », toujours de manière aussi évasive. Même les paroles, dont le thème semble porter sur la recherche d’un inaccessible être aimé, gardent un côté nuageux. Quelques notes à la guitare, une voix chaleureuse. Et puis une seconde guitare arrive, beaucoup plus cristalline. Le chant monte dans les aigus, en s’éloignant de l’influence de Jón Þór Birgisson (Sigur Rós). C’est là que la musique s’envole. Le son se sature, plombe par cette symétrie entre l’harmonie et la rythmique, sans jamais tomber dans la violence. La musique prend un côté assez Rock. Et redevient aussi calme qu’avant, sans retomber. Sur une ligne de basse, quelques notes viennent se distiller à nos oreilles pour former, petit à petit, un solo qui, tout en douceur, se marie parfaitement au reste.
Tout semble être ici en retenue. Mais le groupe nous emmène avec lui. Tout gagne, petit à petit, en intensité, toujours posé sur le chant de Nicolas. Chant qui, après des paroles metamusicales (du chant qui parle du chant), paraît réellement utilisé comme un instrument à part entière, sur la fin de ce morceau, avec ces passages sans texte (« Ohohohoh ») et ces superpositions de lignes vocales.
Sur un petit rythme discret, « Amito (Last Smile) » commence toujours aussi glacé. Une musique discrète où vient se poser le chant toujours chaleureux de Nicolas. Jamais il ne semble forcer, malgré le large panel dans lequel il peut se lancer : du très aigu, aux envolées quelque peu éraillées. Et la musique s’emballe, prend là aussi, un côté très Rock, bien plus que sur « Can’t Afford your Love », nuancé par ces sonorités cristallines en fond. Tout se joue sur cette alternance, avec ces éléments qui nous emportent dans ces gigantesques étendues. Le son d’un instrument à vent se fait entendre, discret. Une voix aigüe, aussi. Comme « Can’t Afford your Love », le morceau, par les instruments comme par le chant, monte en intensité jusqu’à se stopper brusquement, on pense alors que le morceau se termine, mais il atterrit sur un passage qui nous rappelle les atmosphères Islandaises. Le titre se conclut et est suivit d’une mélodie très sereine qui nous accueille sur « Find You ». Une mélodie envoutante d’une certaine simplicité, à la guitare sèche qui affiche un côté Folk. Elle se verra reprise et modifiée tout au long du morceau, pour se voir donner une nouvelle densité et s’envoler.
« Find You » reprend l’alternance initiée dans « Can’t Afford your Love ». Une voix presque a capella d’un côté, qui semble toujours rechercher l’être aimé (« I’ll find you » étant l’unique vers de ce titre). Un son plus saturé souligné par ces mélodies de l’autre. Mais cette alternance semble ici plus accentuée, passant d’un côté à l’autre plus brusquement, sans que cela ne choque.
Ce sont des notes de piano rappelant une étrange tristesse nostalgique, qui introduisent « Lie in Lies » et entament la dernière partie d’« Amito ». Elles reviendront tout au long du morceau. Simple et belle, la musique m’évoque la vue de la silhouette d’une ville, au loin, alors qu’on avance seul à la fraîcheur d’un soir de printemps. Et la musique se lance. D’abord par un seul riff, sur lequel le chant s’élance.
C’est dingue comme White Note arrive à faire passer des choses nombreuses, à casser leurs structures, à introduire un autre passage, à revenir, sans qu’on s’en rende vraiment compte. Les morceaux sont d’une fluidité incroyable.
L’intro revient, cette fois-ci, la voix de fausset de Nicolas vient accentuer la tristesse du passage.
Rien n’est forcé, tout semble si naturel. Audacieux, mais beau, subtil et accessible.
La fin s’amorce à partir d’un break, calme qui explose encore un peu plus par la suite. En fait, il s’agit de la mélodie de l’intro reprise en version électrique, elle en devient épique et se paie même le luxe de donner sur un solo sans même qu’on s’en aperçoive, tant il est bien intégré.
Et l’intro revient, toujours aussi belle. Une accélération arrive, par la basse et la batterie, notamment, ainsi qu’un chant plus éraillé qu’à l’accoutumée. Elle vient modifier cette mélodie dont on retrouve quelques fragments apportés par le piano.
Et ce titre, qui fait à lui seul presque la moité de cet EP, se conclut sur un étrange sentiment de solitude. Comme si le voyage qu’initiait « Amito » se terminait et nous laissait là où il nous avait emmené, en plein cœur d’un paysage infini, nous cédant le soin de rentrer, seul.
Alors on se le remet, et on savoure à nouveau.
Une réelle réussite. Que ce soit au niveau de la qualité d’écriture des morceaux, que des émotions développées. Même le patronyme du groupe évoque cette pureté que l’on trouve dans sa musique. D’autant plus que cette musique est soulignée par une production absolument parfaite et délicate, chose très importante ici. Chaque instrument est mis en valeur pour mieux nous en communiquer les subtilités. « Amito » est un EP est de grande qualité en lui-même, fin, intelligent, mais il est aussi très prometteur pour la suite de White Note.
Site Officiel : www.whitenote.fr
Facebook : www.facebook.com/whitenotetheband
1 Commentaire sur “White Note – Amito”
Posté: 30th Sep 2015 vers 18 h 55 min
[…] de crowdfunding. White Note (Post-Rock) a sorti son nouvel album, qui succède à leur EP Amito, plutôt bien accueilli dans nos colonnes. Intitulé Oppositionnal Defiant Disorder, ce nouvel album contient 10 titres, dont […]
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