Line-up sur cet Album
- Yurii Kazarian – Guitare, chant.
- Andrii Pechatkin – Basse, chant.
- Ievgen Karamushko – Batterie.
- Mykola Previr – Guitare.
- Dima Dudko – Saxophone.
- Guest :
- Vitaly Havrilenko - Chant clair (pistes 1, 3, 4 et 6).
- Jay Gambit – Chant clair (piste 2).
- Adam Symonds – Chant clair (piste 7).
- Jérome Burns – Trompette.
- Yaroslav Tovarianskyi – Contrebasse.
- Mykola Lebed – Piano.
Style:
Post-black Metal ExpérimentalDate de sortie:
17 juin 2022Label:
Debemur Morti ProductionsNote du SoilChroniqueur (Seblack) : 9,5/10
On ne présente plus White Ward. On ne devrait plus en tout cas tant la formation d’Odessa s’est construit une flatteuse réputation avec son mélange si particulier de jazz et de post black.
Leur premier album « Futility Report » (2017) avait surpris son monde, attiré la curiosité et récolté les louanges de beaucoup. Le second « Love Exchange Failure » avait définitivement installé la formation ukrainienne, lui faisant dépasser le statut de simple curiosité musicale.
En quelques années White Ward est ainsi devenu l’une des figures de proue du label français Debemur Morti Productions. Preuve en est : ce sont eux qui s’étaient fendus d’un fort bel EP intitulé « Debemur Morti » pour célébrer les 18 ans du label l’an dernier.
Tout cela fait que le groupe est désormais attendu et je pense qu’il n’est pas faux d’affirmer que beaucoup trépignaient de découvrir enfin ce troisième opus.
Bien évidemment, il est impossible de mettre totalement de côté le contexte dans lequel se déroule la sortie de « False Light« . Le groupe s’est largement fait l’écho sur les réseaux sociaux des combats qui frappent l’Ukraine mais, concrètement, le contexte n’a pas influencé directement la composition de l’album (celui-ci ayant été enregistré avant le déclenchement de l’attaque russe). C’est plus le contexte de sortie qui semble avoir été quelque peu chamboulé, sans oublier bien évidemment la vie des musiciens forcément affectés par les événements.
Illustré par une sobre photographie évoquant une contrée rurale vide et délabrée, le concept de l’album puise principalement son inspiration dans le roman Intermezzo (1908) de l’auteur ukrainien Mykhailo Katsubinsky. Le guitariste Yuri Kazarian décrit cette pochette comme la métaphore des errements d’un personnage croyant qu’il pourra trouver dans cette cabane la vie meilleure qu’il n’a pu trouver dans les villes.
Peu à peu il se rend compte que cet espoir d’une vie meilleure est vain quel que soit le lieu. Au-delà de cette narration le groupe entend aussi interroger “les meurtres sanctionnés par le gouvernement, les catastrophes environnementales imminentes, la brutalité policière, la violence domestique, le vide psychique des villes, la fausseté de la culture moderne”. Roboratif en somme.
Alors quid de cet album ? D’emblée le premier morceau « Leviathan » donne le ton avec ses 13 minutes aux atmosphères très contrastées. Sur un titre comme celui-ci, on retrouve White Ward tel qu’on le connait avec une alternance d’atmosphères feutrées au saxophone ou au chant clair puis des envolées de rage à la fois brutales et mélodiques. Mais déjà ce titre comporte quelques surprises avec un passage de trompette très mélancolique.
La suite révèle encore bien d’autres surprises. L’une des principales est le recours de plus en plus marqué à différents types de chants clairs notamment avec la voix de Jay Gambit très typée post-punk voire cold wave. En matière de chant saturé « False Light » se révèle aussi varié avec quelques incursions dans le growl death ou dans des phrasés quasi hardcore. Vocalement parlant White Ward semble déployer un panel émotionnel de plus en plus étendu.
Pour ce qui est de la musique, cet album voit se confirmer l’importance prise par le saxophone lors de l’album précédent. On relève l’apparition de nouveaux instruments venant enrichir un peu plus encore l’univers du groupe : trompette, contrebasse complètent ainsi le saxophone et le piano pour accentuer ou varier les sonorités jazz.
Outre les samples déjà utilisés par le passé, on relève aussi des sonorités de claviers nouvelles, quasi synth wave sur l’introduction du titre « Phoenix ».
En un mot comme en cent : sur « False Light« , White Ward lâche encore plus la bride à sa créativité et à ses explorations musicales.
A la lecture de cet énuméré, on pourrait penser que White Ward s’éloigne du metal extrême. Toutefois, penser ainsi, ce serait aller un peu vite en besogne. « False Light » déborde de moments d’emballements furieux. Certains sont probablement les plus violents que le groupe ait jamais enregistré. Mais, à l’opposé, on trouve des moments beaucoup plus calmes, certes, mais tout aussi inquiétants.
Finalement White Ward poursuit ce qu’il a déjà entrepris en le complexifiant et en le densifiant au possible. Le groupe brise un peu plus encore les étiquettes et transcende toujours plus les genres, quitte à s’aliéner les plus réfractaires qui ont de toute façon passer leur chemin depuis belle lurette. Il en ressort un album auquel on pourra reprocher de ne pas être des plus accessibles. Car oui, incontestablement, « False Light » n’est pas un album immédiat. Il faut lui accorder une attention particulière pour ne pas perdre le fil.
Très personnellement, je suis plutôt bon public sur ce type de musique mais il m’a fallu une bonne dizaine d’écoutes au casque pour commencer à véritablement rentrer dedans et ne plus avoir envie d’en sortir en cours de route… Et, à ce stade, je suis certain qu’il me faudra bien plus de temps encore pour avoir le sentiment d’avoir fait le tour de cet album foisonnant. D’ailleurs peut-on véritablement faire le tour d’une telle œuvre ?
Tracklist :
1. Leviathan (13:17)
2. Salt Paradise (05:21)
3. Phoenix (10:48)
4. Silence Circles (09:13)
5. Echoes in Eternity (03:28)
6. Cronus (06:20)
7. False Light (14:42)
8. Downfall (03:14)
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