Line-up sur cet Album
- Magnus Pelander : guitare, chant
- Tobias Anger : basse, non cité
- Rage Widerberg : batterie, non cité
Style:
RockDate de sortie:
1er mai 2020Label:
Nuclear Blast RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10
« La sorcellerie est un vestige d’anciennes superstitions. » (Théodore Roszak)
Bon, pour ce nouveau monologue, le contexte était particulier. Je vais, pour une fois, devoir exposer ma vie trépidante d’infirmier en psychiatrie, pendant ces temps de confinement dus au CoViD-19. Cette chronique pourrait ainsi rester dans les mémoires de ma célébrité : quand je quitterai ce monde, les gens liront cette chronique et se diront que « Quantum a connu le CoViD-19 », que « c’est un survivant ». Je me vois tel un Will Smith dans Je suis une Légende [en plus sexy, bien sûr :p (Hans Aplastz)], en train d’appeler le monde avec ma radio, pour savoir si je suis vraiment célèbre ou pas ! Non, je plaisante… Mais il est vrai que le contexte ne s’y prêtait pas tant que cela : je sortais d’une sieste qui m’avait plus que dézingué, il pleuvait pour la première fois depuis pratiquement un mois, j’étais seul chez moi pour ce confinement… Bref ! S’il y a bien un groupe qui n’aurait probablement pas dû me délivrer sa musique à cet instant-là, c’est effectivement Witchcraft. Parce que je suis tombé dans un profond marasme…
Pourtant, Wicthcraft ne nous a pas habitué à cela ! C’est quand-même un groupe plutôt enjoué, énergique ! Je les présente ? Allez, on y va : Witchcraft est né en Suède, dans la ville d’Örebro en 2000 sous l’égide de Magnus Pelander, qui demeure à ce jour le seul fondateur et le seul survivant des précédents lineup. Alors, on pourrait considérer que Witchcraft est le groupe d’un seul homme, entouré depuis 2015 d’un bassiste, Tobias Anger, et d’un batteur, Rage Widerberg. Alors, Witchcraft, c’est douze CDs, dont la moitié sont des albums en comptant celui-ci. Il y a aussi trois singles, un EP et deux splits. A noter que le groupe a connu un break de cinq ans entre The Alchemist et Legend qui a sonné comme un retour en grâce ! Je parlais précédemment de musique enjouée et énergique parce que d’une part la musique de Witchcraft est bien ancrée dans le Heavy Metal aux accents psychédéliques et, d’autre part, parce que cet album qui sort le 1er mai 2020 est exclusivement acoustique… Et s’appelle « Black Metal« . Le nom du groupe, plus le nom de cet album, j’ai cru avoir à faire avec un groupe de Black Metal hongrois que je connaissais vaguement. J’ai donc cru à une erreur sur la marchandise quand j’ai constaté tout ce que j’ai dit.
Mais avant toute chose, intéressons-nous une fois n’est pas coutume à la pochette de l’album, très basique. Une pochette blanche avec le logo du groupe et le nom « Black Metal » en dessous. Une couverture intimiste, qui ne révèle pas grand-chose au public ou qui fait un peu « signature » et qui se rapproche d’une démarche artistique solo. En elle-même, cette intimité ne m’invite pas à avoir un avis, disons que cette pochette existe et introduit la musique. Voilà, point à la ligne.
C’est la partie musicale qui se révèlera être la plus didactique. Souvenez-vous, j’expliquais que Witchcraft était un groupe de Heavy Metal, voir de Rock psychédélique. Donc en soi, un univers assez accort qui prête plus au regain d’énergie et au réveil de la sieste plutôt que l’endormissement et les miasmes de l’esprit. C’est d’ailleurs un groupe que j’ai plus survolé qu’autre chose étant donné mon orientation plus Metal extrême mais dont je reconnais sans peine que les compositions sont bonnes. Alors, quelle ne fut pas ma surprise, passé le moment de flottement entre le Witchcraft suédois et le Witchcraft hongrois, de voir qu’il s’agit d’un album acoustique ! Et le principe de l’acoustique étant souvent un ensemble guitare(s)/voix, je suis d’autant plus étonné que ce CD semble être démuni des musiciens présents depuis 2015, pour ne laisser place qu’à Magnus Pelander. Du reste, la photo de promotion de l’album ne comprend que lui, pas les autres. Une démarche comme je disais plus haut qui me semble bien intimiste. Mais alors, pourquoi associer Witchcraft à cette démarche si les autres musiciens, qui ne sont pas des sessions en plus, n’y sont pas ? Cela me questionne pas mal et je pense qu’il aurait été plus honnête pour tout le monde de faire non pas un sixième album de Witchcraft mais un premier album solo de Magnus Pelander.
Par contre, l’ensemble guitare(s)/voix est très joli. J’ai de la résilience quand j’écoute la musique ; dès les premières notes, je pense à des musiciens comme Hozier, ou Kaleo par exemple, notamment pour le chant qui est très empreint d’émotions, qui me semble totalement tourné vers la sensibilité. C’est frappant comme un coup de morosité sur la tête, comme si cet artiste avait envie, après vingt ans de carrière, de faire un bilan comme un mélange suave de nostalgie et de spleen. C’est pour cela que je suis un peu désarmé, parce que je ne m’attendais pas à des chansons aussi belles dans leur tristesse. L’album s’écoute de fait avec sérénité, mais aussi avec sérieux car l’on se laisse bercer par les notes langoureuses et léthargiques.
Pour le reste il y a peu de choses à dire de plus parce que c’est somme toute une addition d’instruments simple donc le son est finalement simple aussi, le mixage n’en est que plus beau. C’est le genre de sons qui se met directement au service des émotions, dont j’ai toujours été admiratif de ces artistes qui nous font entrer dans leur univers avec leur voix et leurs doigts. Une belle magie s’opère souvent sans que l’on ne comprenne comment cela est possible, nous qui sommes friands de musiques sophistiquées, instructives et chiadées. Ici, point n’en faut pour nous transporter. Ce son est magique parce que l’authenticité de Magnus Pelander transparait jusqu’à ses reprises de souffle, ses légers défauts quand il gratte ses cordes et change d’accords, quand on l’entend limite s’asseoir sur un tabouret dans « Grow ». Et ça, c’est touchant de naïveté mais dans son sens empathique.
Je parlais d’intimité, encore une fois, et le nom du premier morceau me conforte dans cette perspective : « Elegantly expressed Depression » qui est un morceau très mélancolique, très triste et qui justifie son titre de « Black Metal » car le métal est un élément naturellement froid de contact et que le représenter en noir rajoute encore davantage de nuances dépressives. Une mise en bouche pleine de saveurs, pour un album aboulique et anhédonique, qui met la table en quelque sorte. Mais la mélancolie dans sa forme de pathologie s’arrête là car le reste est plus « posé » : les autres morceaux sont les plats que l’on sert et que l’on déguste avec tantôt un peu de bucolisme dans « Free Country » ou de laconisme comme dans « Sad People » ou « Grow ».
J’ai l’impression, plus je glisse lentement sur la musique, que cet album raconte une histoire. Le nom des morceaux me fait penser à un décor de roman, avec un incipit, des péripéties, des personnages, enfin tout ce qui fait un livre. C’est beau parce que l’auteur de ce CD, Magnus, nous donne l’impression de vouloir nous raconter quelque chose, bien au-delà de la sphère personnelle, c’est presque une histoire commune avec nous. Je ne sais pas si j’ai raison – lui seul nous le confirmerait – mais comme j’adore les albums concepts et que j’admire les gens qui arrivent à nous défiler des histoires entières sans ciller, je suis béat de fascination.
Bon eh bien voilà tout… Je pense que je n’ai pas besoin d’en conter plus, ce CD est une ode à la douceur et au passé. J’ai beaucoup aimé entrer dans cet univers un peu morose de trente-deux minutes – la journée d’écoute s’y prêtant bien en plus -, j’ai pu totalement y adhérer et ainsi profiter d’une analyse courte mais au moins franche. Je ne sais cependant pas vers qui adresser mes conseils d’écoute qui sont plus qu’évidents vu la beauté de ce CD : les amateurs du Witchcraft qui a les guiboles en feu ou les amateurs de CDs intimistes et profondément poétiques ? Ou les deux ? Ou ceux qui aiment les artistes comme Kaleo et Hozier ? En tout cas, au-delà d' »à qui je le conseille », je le conseille tout court. Et plus que vivement !
Tracklist :
1. Elegantly expressed Depression
2. A Boy and a Girl
3. Sad People
4. Grow
5. Free Country
6. Sad Dog
7. Take him away
Facebook : https://www.facebook.com/witchcraft/
Twitter : https://twitter.com/witchcraftband?lang=fr
YouTube : https://www.youtube.com/user/WitchcraftBand
Laissez un commentaire