Note du SoilChroniqueur (Seblack) : .9/10

Comme promis, il y a quelques mois, Witchfinder, groupe clermontois de Doom/Stoner, nous revient avec son troisième album sous le bras, après nous avoir fait saliver avec un EP de deux titres en juin dernier.
Premier constat visuel, il y a une continuité entre l’artwork de ce nouvel opus et l’EP. Là où Endless Garden nous donnait à voir une grande demeure abandonnée au soleil couchant, Forgotten Mansion semble nous faire pénétrer à l’intérieur de la dite maison. L’ambiance se pare de tonalités plus sombres, entre rouge et noir, une silhouette mystérieuse semble hanter les lieux. A la lecture même de la liste des titres, on pourrait s’imaginer plonger dans la bande son d’un film où une bande de gamins vont se taper un mauvais trip en visitant cette mystérieuse demeure.
Alors on ne va peut-être pas dire que Forgotten Mansion est pour autant un concept album mais on constate à travers une première écoute qu’au minimum l’album s’articule autour de cette idée de manoir abandonné y compris dans la musique proposée.
En effet là où l’album précédent, Hazy Rites, nous donnait à voir un groupe explorant différentes facettes du Doom Stoner et du Sludge, Forgotten Mansion semble se resserrer autour d’ambiances beaucoup plus sombres et psychés qui en seront les principaux fils conducteurs. Dans un premier temps on ne sera donc pas totalement étonné de trouver cet album peut-être moins varié que son prédécesseur. On a affaire ici à un Doom massif avec du fuzz et une bonne dose groove aussi. Le tout est orné de lignes de guitares mélodiques et hypnotiques. Du bon gros Doom donc, parfaitement maîtrisé, bien écrit et qui joue sur des changements de rythmes efficaces.

Mais là où Witchfinder se singularise c’est dans sa capacité à trouver le parfait équilibre entre maîtrise des codes et innovation. Trop classique, le Doom / Stoner peut s’avérer parfois trop linéaire ; trop innovant il finit très souvent par perdre son esprit et par ne plus être du Doom. Witchfinder ne se trouve dans aucun de ces cas de figure et ce troisième album ne fait que le confirmer.

Au premier rang de ces trouvailles et nouveautés, il faut relever le renfort d’un quatrième membre aux claviers depuis l’EP Endless Garden. Les sonorités apportées par Kevyn Raecke donnent à de nombreux passages de cet album un cachet supplémentaire renforçant notablement le côté psychédélique. Plus surprenant, certains passages se parent d’ambiances quasi gothiques. C’est notamment le cas sur le titre “Lucid Forest” dans lequel on trouve des passages qui sonnent comme une sorte de Type O Negative fuzzé. On retrouve un peu la même sensation sur “Ghost Happen to Fade” et sur la fin de “The Old Day”.

Le travail sur le chant est tout aussi intéressant. A la base Clément Mostefai a déjà une voix bien à lui qui colle parfaitement aux ambiances de Witchfinder . A chaque sortie on sent le chanteur-bassiste de plus en plus affûté. Forgotten Mansion le voit continuer à explorer de nouvelles tonalités. L’album voit aussi Haldor Grunberg, producteur de l’opus, chanter sur le titre « Marijuana ».

Enfin si Witchfinder donne principalement dans un Doom / Stoner, la musique sait aussi se parer de colorations plus Heavy. Un aspect qui donne l’impression que tous les titres de ce nouvel album sont taillés pour le live. Pour en avoir déjà entendu quelques-uns, je peux vous affirmer que c’est vraiment le cas.

Nul doute donc, qu’avec un tel album Witchfinder va pouvoir continuer d’asseoir plus encore sa réputation au sein de la scène Doom / Stoner. Franchement avec de tels morceaux, leur flatteuse réputation sur scène ne devrait que se renforcer. Voilà qui laisse augurer de beaux jours pour la formation puy-DOOMoise avec probablement de belles affiches à venir…et qui sait peut-être mieux. On se prendrait même à rêver du public scandant « Marijuana » sur la pelouse de la Valley !

Tracklist :

1. Approaching (08:09)
2. Marijuana (08:43)
3. Lucid Forest (05:29)
4. Ghosts Happen To Fade (07:27)
5. The Old Days (06:46)

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