Witchpit – The Weight of Death

Le 25 mars 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Zach Hanley : basse
  • Harold Smith : batterie
  • Thomas White : guitare
  • Denny Stone : chant

Style:

Sludge Metal

Date de sortie:

25 mars 2022

Label:

Heavy Psych Sounds

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 7.5/10

Les condoléances ne ressuscitent pas le défunt mais elles entretiennent la confiance entre ceux qui restent.” Proverbe africain

La Mort est l’une des références artistiques ayant le plus de symboles potentiels. Étant donné le côté abstrait et métaphysique de cette dernière, on peut effectivement trouver un nombre incalculable d’images et les métaphores filées ou non sont légion, puisque la perception que l’on en a change en fonction des individus, des contextes, et des croyances surtout. Qu’on le veuille ou non, les croyances des uns et des autres, ou les nôtres, influencent considérablement notre vision de la Mort et de facto, la manière que l’on a de l’imaginer. Moi-même, bossant dans un corps de métier où l’on est régulièrement confronté aux décès, ou aux angoisses des personnes à ce sujet, j’ai de plus en plus de mal à m’extasier devant les représentations artistiques qui en sont faites, que ce soit visuellement ou auditivement parlant. Après, j’ai bien conscience que l’on a des créations artistiques qui doivent parler aux gens, sinon on tombe dans un truc très personnel et la prise de risque est totale! Mais parfois, je l’avoue, je suis un peu en peine de m’enjailler sur certaines tournures qui sont proposées, dans le sens où on retrouve les mêmes comme les crânes, les roses noires, le cercueil, la Grande Faucheuse, le corbeau, etc. Et puis parfois, vous avez des résurgences comme cela, où vous vous dites que la Mort cela peut être Brad Pitt dans le film Rencontre avec Joe Black! Mais plus sérieusement, je ne suis pas toujours surpris de ce que je vois, d’autant que la symbolique de la Mort est très présente dans le metal extrême, autant vous dire que j’ai largement mon compte. Pourquoi je dis cela? Aucune idée. Enfin si. Parce que le prochain album que je vais faire en chronique s’appelle « The Weight of Death« , du groupe Witchpit, et que je ne sais pas pourquoi mais le nom de l’album et la pochette (on verra après pourquoi) m’ont inspiré cette imbuvable introduction. Comme disait la marionnette de Michel Denisot dans les Guignols de l’Info : « désolé… »

Witchpit est un groupe américain, qui nous vient tout droit de Caroline du Sud. Le groupe existe officiellement depuis 2015, et ce qui est un peu étonnant est que « The Weight of Death » est le premier album du groupe. Il aura donc fallu attendre sept années pour avoir une première galette sérieuse j’allais dire. Autrement il convient de dire que le groupe a sorti trois singles entre 2018 et 2019, pour au final n’avoir l’album qu’en 2022. J’avoue que je suis un peu surpris de cette démarche, d’autant que les singles ne sont pas présents sur l’album. Alors quoi? Est-ce une tentative de séduction pour les labels? Même un format démo ne m’aurait pas étonné plus que cela comparé à ces trois singles. En tout cas, si opération séduction il y a eu, force est de voir que cela a fonctionné puisque « The Weight of Death » sort chez Heavy Psych Sounds. Je suis bien content de refaire des chroniques pour le label, cela faisait un moment que je n’avais pas eu cette chance! D’ailleurs, on peut d’ores et déjà penser que cette sortie est un gage de sécurité pour le porte-monnaie et les esgourdes, puisque rarement Heavy Psych Sounds ne m’a déçu sur ses sorties du jour. Voyons ainsi ce que vaut réellement Witchpit! Sept ans, quand-même…

Vous vous souvenez de cette affreuse diatribe sur les symboles de la Mort? Mon introduction pompeuse quoi. Eh bien voici un aperçu de ma théorie fumeuse. La pochette de « The Weight of Death » est pour le moins étrange, sinon dérangeante. Avoir ce décor de cimetière assez grossier, fait de croix rustiques avec des ficelles et des bouts de bois, on a déjà une représentation de la Mort particulièrement grossière et brouillonne qui plante un décor bizarre. On n’a pas vraiment de cimetière comme cela, à ma connaissance, donc on dirait un truc sorti de nulle part, genre une fosse commune dans un bled paumé quoi. Après, vous avez la couleur grisâtre de la terre autour que j’impute directement à l’ambiance nocturne sur cet artwork avec la Lune et le ciel noir étoilé, mais même ce ton gris donne un aperçu brouillon encore je trouve. Même si l’on peut se permettre tout un tas de fantaisies, mettre du gris sur la terre parfois fraichement retournée, je trouve cela un peu grotesque. Mais la grande interrogation, et vous me direz qu’il s’agit surement d’un détail insignifiant, ce sont les animaux. Je ne suis pas certain que la chèvre et une cigogne (?) soient les meilleures analogies possibles pour la Mort! C’est ce qui me fait dire d’ailleurs qu’elles ne le sont pas. Je pense qu’il s’agit surtout d’une référence directe au genre musical proposé, qui sent bon le rustique, le campagnard. Mais je peux me tromper. Enfin, la présence de ce jaune pétant pour les feuilles mortes et les poussières portées au vent, je ne les ai pas compris. Voilà donc une pochette bien mystérieuse! « The Weight of Death » est bien représenté par le cimetière, mais je n’ai pas décelé le pourquoi de l’utilisation d’une chèvre et d’une volatile non-identifié. Ce qui n’enlève en rien la qualité propre de l’image qui présente un côté bande-dessinée très agréable visuellement et avec un luxe de détails étonnant, notamment pour la chèvre. C’est ainsi un artwork qui joue bien son rôle d’accroche-pupille! Bon boulot!

Généralement, quand on sait que je me consacre souvent à un genre très américain si j’ose dire, on ne peut qu’anticiper ce que fait Witchpit. Et le résultat est sans appel, il s’agit d’un album de sludge metal aux forts relents stoner. Les deux styles sont étroitement liés d’un point de vue sonore, aussi n’est-ce pas une sinécure que de différencier les deux dans le cas de « The Weight of Death« . La différenciation intervient dans l’orientation de la musique, qui ne brille pas par l’optimisme mais plutôt sur une majorité de versants sombres et tristes. Je n’ai pas toujours la pêche concomitante au stoner, et le chant aussi ne semble pas spécialement enclin à ce style, mais plutôt au sludge metal. Historiquement proche de la mouvance punk hardcore américaine, on reconnait bien les riffs qui abondent dans ce sens, voilà pourquoi selon moi « The Weight of Death » est plus un album de sludge metal. Six compositions plutôt courtes pour le genre dans la majorité, alliant quelque fois le côté lent et lourd du sludge metal, frémissant même un peu dans le doom metal par bribes, j’y ai trouvé un réel intérêt par l’approche extrêmement simple de la musique. Je pensais avoir affaire avec un album très chiadé, qui part dans des élucubrations mélodiques très redondantes comme on a par moment sur des albums de metal qui parle de la Mort sous toutes ses coutures, alors qu’en fait, cet album hume bon la brutalité et la crasse sludgienne notamment dans le son boueux et rebondi. C’est vraiment un album brut de pomme! Du coup, on pénètre bien dedans, il y a de temps en temps un petit passage groovy ou swing qui passe bien, mais dans l’ensemble c’est véritablement un album couillu et viril. Voilà donc une petite surprise pour moi, je pensais bel et bien avoir un « The Weight of Death » sophistiqué, je me suis retrouvé en bisbille avec mes médisances et la réalité d’un CD qui sent bon le sludge metal primitif et babass. Avis aux amateurs de sludge metal, vous allez aimer! Comme moi.

La production y joue un rôle crucial puisque Witchpit se dote d’un son caractéristiquement sludge metal, soit un son que l’on qualifie souvent de « boueux », moi j’aime bien le terme rebondi. Vous avez l’impression que les instruments basculent comme la pomme de Newton vers le sol, accompagné par le musicien aux manœuvres, et le son semble ainsi suivre le mouvement de gravité perpétuellement. C’est un peu comme cela que l’on pourrait définir maladroitement un son sludgien. Mais c’est un cas d’école! Techniquement, on sent toute la profondeur instrumentale et l’aspect à la fois lent, brutal et un brin rond. Je note la batterie très persifleuse, qui apporte un côté piquant au mixage qui n’est pas négligeable ni détestable, loin s’en faut! C’est même ce que je préfère par moment, pour Witchpit je note que l’on suit ma préférence. En revanche, ce qui m’a le plus satisfait, c’est d’entendre la basse. Et c’est là que je me suis trouvé un peu en peine pour définir quel était le genre proposé par Witchpit. Pour moi, on frôle vraiment le stoner avec cette basse en avant, bien grasse, dans des tonalités pas du tout mélodiques, juste très… Basses. Mais la mise en avant est un véritable trompe-l’oreille dans le sens où la basse joue un rôle dans le sludge metal qui n’est pas aussi important. Vous prenez même un groupe comme Mantar, il n’y en a même pas! Et cette approche de la musique, dans sa production, est un vrai casse-tête sonore pour les puristes du sludge, et les puristes du stoner. Moi, je loue cette confusion parce que loin de causer du tort à « The Weight of Death« , cela rajoute une empreinte mystérieuse qui est fort bienvenue pour démarquer un album au concept peu inspirant. La production joue bel et bien un rôle vital pour cet album, je suis convaincu du reste que vous allez la mettre sur la première marche du podium pour « The Weight of Death« !

Je vous avoue que je n’ai pas eu envie de creuser plus, j’ai vraiment bien aimé cet album mais il est tellement banal dans son concept que je lui trouve surtout une utilité primaire de faire du bruit et envoyer de la purée. Aussi vais-je passer au chant, qui pour le coup m’a laissé une belle impression aussi. Oscillant entre l’évidence d’un sludge metal très gueulard et d’un punk hardcore avec un brin de retenue, je trouve que la technique vocale est largement acquise et fait la part belle à des hurlements profonds. On a vraiment la sensation de vivre un truc violent, sans faux col avec ce chant qui vient de loin et qui sort comme un déversement de haine sans précédent. Je note quand-même une légère retenue dans l’intention en elle-même qui fait que le chant sonne parfois bien creux et vide, notamment sur des couplets, et j’aurais aimé que le chant dégage beaucoup plus encore d’intensité. On a le sentiment que le gonze se retient de se faire mal, et c’est un peu dommage quand on sait l’importance d’aller au plus profond des choses pour avoir un chant sludge metal aussi violent. Là, c’est un peu mou, franchement. Et donc c’est dommage.

Mais on ne va pas se mettre la rate au court bouillon pour finir cette chronique. Witchpit sort un premier album nommé « The Weight of Death » qui est loin de donner sa part aux fauves. La musique est surprenante à bien des égards puisqu’elle parvient à semer le doute entre un possible stoner bien viril et un sludge metal majoritaire dans la composition, le son et le concept fort bien noir. Moi, je pense que l’on va s’en tenir à un sludge metal primitif, sinon on va tricoter un linceul imaginaire et infini. Mais ce que je retiens de ce premier album, c’est qu’il faut le prendre comme un album brut de pomme, sans intention autre que de parler d’un sujet un million de fois banalisé, pour n’avoir que l’intention artistique de faire dans le primaire, réveillant nos instincts grégaires et notre bestialité sludgienne. On a tous du sludge metal en nous, et Witchpit a la fâcheuse réussite de le réveiller. Ce qui, vous en conviendrez, est un bon départ pour les américains. Ils peuvent faire mieux pour le concept par contre, je vais y veiller sérieusement.

Tracklist :

Side A
1. OTTR 05:49
2. The Blackened Fee 07:50
3. The Weight of Death 03:48
Side B
4. Autonomous Deprivation 04:59
5. Fire & Ice 05:04
6. Mr. Miserum 06:58

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