Line-up sur cet Album
Gerádwine / Basse Hréowsian / Batterie, percussions Wildeþrýð / Guitare, chant Rædwalh / Guitare, chant Árfæst / Claviers
Style:
Black Metal Atmosphérique, PaïenDate de sortie:
25 Avril 2012Label:
Candlelight RecordsNote de la soilchroniqueuse (Gwenn): 9/10
Parfois, je fais bien de me lever entre 4 et 5 h du matin. Il n’y a pas de meilleure heure, pour se sentir partir dans un album inconnu avec la totalité de ses outils de perception. D’humeur aiguisée, c’est dans le Black Metal, que je me lance cette fois encore, avec cet album paru fin Avril. Une beauté pure, une Venus, un grimoire de magie, à savoir Curse, de Wodensthrone. Du Black Metal magique, qui envoie des sorts et te téléporte en pleine forêt directement, en veux-tu en voilà. À la première écoute de cet opus, moi qui ai une longueur de retard sur la rédaction de mes chroniques ces jours ci, je me suis trouvée transportée sur des terres d’énergie et de motivation. Tomber sur des titres comme ça plus souvent c’est tout le mal que je me souhaite.
Le groupe voit sa première aube courant 2005 en Angleterre. Teinté de traditions et de vieil anglais, il travaille d’arrache-pied pour obtenir ce son, et tous les arrangements nécessaires à la production de magie. Après l’album Loss, dont la pochette rappelait un tableau de Turner dans le traitement de la lumière, Wodensthrone passe dans les rangs des plus grands avec Curse, sans aucun doute possible.
L’art work s’organise autour d’une forêt dans laquelle des Ents auraient pu élire domicile. Une créature étrange occupe ce trône de bois, deux autres s’affairent au premier plan à inscrire des symboles à son pied. Un logo tentaculaire se dessine au-dessus de cette peinture.
L’intro, « The remaining Few » berce l’auditeur qui plonge ensuite sans ménagement au sein de « Jormungandr », un titre excellent d’entrée de jeu alliant violence, atmosphère, chant torturé, éraillé et très bon, et structure posée et mature. Les instrumentaux sont gérés de mains de maîtres. L’imagination bat son plein sur ce morceau, dont on se lasse pas de déguster les circonvolutions. Notons une batterie placée de telle manière à ce qu’on entende des instruments aux sons plus légers, cette voix en retrait mettant en avant elle aussi, l’ambiance qu’offre le titre, ce petit crescendo poétique final dans lequel prend naissance une furieuse envie de ne pas être dérangé dans l’écoute de l’album en entier. Rien qu’avec « Jormungandr » je suis sûre d’avoir dans les mains une petite merveille. Avec « First light », je plonge dans une partie plus sombre de la forêt et dans un conte tout à fait nouveau. Architecture grave et lente, tempo presque « dépressive suicidal black metal » mais sans en exploiter l’aspect trop minimaliste, Wodensthrone garde ici tout l’avantage d’une superposition des sons parfaite. L’effet rendu est superbe. Le voyage est en cours et, déjà, sur les deux premiers titres les feuilles caressent le visage, les souvenirs d’enfance, les odeurs de bois, ce temps où la crainte des monstres bizarres et où des rencontres dignes d’Alice au pays des Merveilles étaient possibles. « First Light », première lumière du soleil, la naissance d’un monde. On n’est plus dans du Black Metal ambiant mais dans quelque chose d’encore plus atmosphérique. La deuxième partie du morceau ressemblant à une douce nuit d’été, pleine d’histoires à raconter au coin d’un feu crépitant. Quel groupe m’avait fait cet effet si « traditionnel » avec tant de magie ? Dans un tout autre genre je pense à Cruachan.
« The Great Darkness » exploite encore d’autres facettes de la riche personnalité musicale des musiciens. Des incantations étranges surgissent du fond le plus noir de la forêt, où les âmes, sans doute, n’ont pas trouvé de repos. Batterie martiale qui martèle le sol mouillé et étrange attente avant d’entrer dans la vitesse, la vélocité d’un Black Metal plus insidieux, agressif et teinté d’un chant moins criard. Preuve que Wodensthrone sait jouer sur plusieurs dimensions mais toujours de façon cohérente. Encore une fois QUEL FINAL, sur « The Great Darkness », qui scotche totalement avec le sens même du titre. Exit le côté « culcul » d’une « dépression » bidon non fondée, le côté sombre de la vie est évoquée ici comme partie présente dans une vie riche de sens et d’aventures.
« Battle Lines » porte tout aussi bien son nom et les sonorités de départ sont, elles, celles qui m’ont fait penser à la musique de Cruachan. Tout aussi bien mis en place sans en faire trop, le morceau est structuré simplement pour un rendu efficace et clair qui raconte encore quelque chose de puissant et de différent. Sans oublier un final qui donne cette chair de poule, créant ainsi la sensation d’un très très bel album. Chaque titre est unique, prenant et magnifique. « Wyrgthu » démarre en poésie, prenant la suite de « Battle lines » avec douceur. Un titre épique, encore, qui joue dans le voyage de mélodies diverses et de surprises rythmiques. « The Storm », et son démarrage en tornade qui marque un point de richesse, un titre, ici, qui court dans tous les sens en conservant la patte magique de fondations absolument maîtrisées et cohérentes. Une réussite technique et dans l’émotion rendue, crachant son venin comme si celui-ci avait été trop contenu. « The Name of the Wind » déploie son final de conclusion en toute beauté et c’est sans en rater un son que l’auteur d’en délectera. Dans le contexte d’un tel album même le son le plus cristallin, simple, prendra toute sa dimension.
J’en ai trop dit. Curse est un album coup de cœur indispensable. C’est un livre de voyage passionnant dont chaque page raconte quelque chose de différent. Je n’oublierai pas de sitôt cette rencontre avec Wodensthrone. Pour amateurs de bon Black Metal, et accessible toutefois à ceux qui découvrent.
Myspace: http://www.myspace.com/wodensthrone
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