Note du Soilchroniqueur (Willhelm von Graffenberg) : 8.9°/10

Comment appréhender sereinement et sans esquisser un sourire un album dont la traduction littérale du titre finnois est « le vide » et qui est distribué/produit par Spinefarm dont on sait que peut émaner le meilleur comme le pire ? En l’écoutant et en avisant. C’est parti pour les 44 minutes de Tyhjyys, troisième album* de Wolfheart.

« Les gens du Nord ont dans les yeux le bleu qui manque à leur décor » chantait Enrico Macias… qui était du Sud…

J’imagine que ceux du Nord de l’Europe ont le Metal qui manque à notre décor sonore coutumier français – c’est bien la seule raison pour laquelle je suis gratitude envers internet, son existence et sa source intarissable de connaissances accessibles à tous : la possibilité de ne pas rester cantonné à la masskultur, malgré l’infinitésimale proportion dont on fait usage couramment, tellement c’est plus intéressant de loller sur un hippopotame qui pète ou s’émerveiller sur un chatonmignon. Bref…

N’ayant que très peu de connaissances dans ce groupe, autant dire que je suis très satisfait de cette découverte et si j’évoque le Metal et les gens du Nord (pas ceux de la chanson kabyle mais les northmen), c’est que ce groupe finlandais essaye de nous retranscrire l’ambiance locale, neigeuse et froide dans toute sa froideur et sa froidure. Pour ce faire, arpentons ensemble les sentiers déjà un peu battus et déneigés des contrées des trolls – pas d’internet ceux-là –, des isatis et autres lupus canis.

Fenrir doit être satisfait de son engeance destructrice de bardes métalliques qui s’inspire des grands noms comme In Flames, Dimmu Borgir, Dark Tranquillity, Amon Amarth ou Insomnium (SURTOUT Insomnium en fait). L’idée étant avant tout de décrire une ambiance glaciale, on alterne donc entre le blizzard des parties atmosphériques teintées dark et black et les stalactites et stalagmites des parties plus death, quand les pas dans la neige font ouïr leur craquement compressé par une grosse lourdeur et pesanteur et densité musicales pendant une balade hivernale autour du Sempelejärvi, lac finlandais auquel ils dédient un instrumental d’ouverture. C’est prenant et on s’y croirait presque – et dire qu’on n’a pas eu de neige cette année, merde… pfff…

Entre l’appel de la forêt et la mort blanche étendus sur de longues plages musicales, on décemment pourrait parler de « Winter Metal », genre dont le quatuor finlandais s’attribue la paternité, tant l’ambiance y est, le vide résidant dans le silence qui s’ensuit et qui, comme chez Mozart, reste du Mozart, des premières notes de guitare folk de l’introduction jusqu’au dernier accord de « Tyhjyys ». On ne peut que déplorer que le groupe fasse la synthèse de ses inspirations sans tirer réellement son pic à glace du jeu et se forgeant une identité sur une enclume d’airain. Mention « très bien » cependant à la finesse et la diversité du jeu de batterie.

C’est donc un bon album d’un groupe qui a besoin de trouver ses propres empreintes de pas dans le sol nival scandinave.

A écouter en faisant ressortir vos instincts canidés le temps d’un hurlement, afin de faire le vide.

Tracklist:

1. Shores of the Lake Simpele (3:17)
2. Boneyard (7:36)
3. World on Fire (6:29)
4. The Flood (6:06)
5. The Rift (5:25)
6. Call of the Winter (5:52)
7. Dead White (4:13)
8. Tyhjyys (4:55)

Facebook: https://www.facebook.com/WolfheartRealm/
Site officiel: http://wolfheartofficial.com/
Spotify: https://open.spotify.com/artist/11EAP8MX0cfrW9lzkK424H
Youtube: https://www.youtube.com/user/WolfheartVEVO
*Chronique de Shadow World : http://www.soilchronicles.fr/chroniques/wolfheart-shadow-world