Line-up sur cet Album
- Lhükkmer'thz– Chants
- Cypher – Batterie, Arrangements
- Eymeric Germain – Guitares, Batterie, Effets, Claviers
Style:
Blackened Doom MetalDate de sortie:
08 décembre 2022Label:
Brucia RecordsNote de la Soilchroniqueuse (Migou) : 8/10
Il est d’usage, ô combien normal, de ne jamais comparer ses enfants entre eux. Chacun a sa propre personnalité, ses atouts comme ses défauts, tout ce qui fait que chaque personne est unique.
Ouais… Ben, Mémé, elle n’aime pas la normalité et elle a décidé de comparer. Certes, ce ne sont pas ses enfants, encore moins des enfants à part entière. Alors, pourquoi s’en priver ?
D’un autre côté, pourquoi le faire, me direz-vous ? Simplement parce qu’une corrélation s’est imposée quasi de suite à l’écoute du dernier opus de Wolok, The Bilious Hues of Gloom. Dès le second titre, je me suis dit que la ressemblance était abusée, d’autant plus qu’on touchait là à mes chouchous, Veilburner. Si si… Mettez de suite l’intro de « Yellow Bile » et vous ne pourrez nier le contraire.
Sauf que à force d’écoutes (et si vous jetez un œil sur la date de sortie, vous pourrez vous rendre compte que j’ai pu écouter un nombre incalculable de fois cet album), la singularité de ce LP se fait jour. Oui… Wolok nous propose bien des sonorités qui lui sont propres et, comme Veilburner, soumises à distorsions en tous genres et pas faciles d’accès pour qui n’a pas les oreilles et les neurones prêts. Ce qui explique le temps pris pour écrire quelque chose au plus juste du ressenti.
N’ayant pas plus d’infos sur le groupe, je suis allée à la rencontre du trio par le biais d’interviews (j’évite de lire les chroniques des autres pour ne pas m’en inspirer à l’insu de mon plein gré). Et déjà, rien qu’un coup d’œil à Metal Archives et on peut comparer :
Si Veilburner propose un Black Death depuis 2014, Wolok, quant à lui, propose un Black Metal aux fortes propensions Doom et Indus, et ce depuis 2003 ! Eh ouais ! Joyeux anniversaire, Wolok ! (enfin, pas dans l’optique de la sortie de Bilious Hues of Gloom) 20 Ans ! Alors… qui est l’aîné ? Hein ? Hein ? Hein ?
Effectivement, les fortes distorsions des guitares, de la basse (merde, j’ai pas vu mention de basse dans le line up….et pourtant mes oreilles entendent bien ce son grave et pénétrant comme un rêve de Verlaine), sont du même acabit que celles qu’on trouve chez Veilburner. Certaines progressions harmoniques aussi. Pour autant, si on creuse, on se rend compte que Wolok propose ici une œuvre malsaine aux sonorités déformées, la bile nous brûle la gorge. Néanmoins, le tempo, sur de nombreux titres, se fait plus lent, plus lourd. Les distorsions, à coups de fuzz, sont tenues tellement longtemps qu’on pourrait entendre une forme de bourdon. On est aux portes du Drone. Mais là où Veilburner va opter pour des lignes mélodiques et une composition peut-être plus classiques dans son approche avant-gardiste, où ça bouge beaucoup, nous avons ici un œuvre assez répétitive. J’entends volontairement répétitive. Des sections entières sont répétées en boucle sur un temps assez étiré ; d’ailleurs, la longueur des morceaux est raccord avec cela. On est au seuil de la transe.
Des bruits, à la manière d’un John Cage, des effets, des samples (des conversations fiévreuses, qu’on imagine captées au sein d’un asile ou d’une unité gériatrique dans le titre 4 « Opalescent »), tout cela apporte une touche à la fois expérimentale et industrielle. Petit point d’interrogation autour de la batterie. On voit, sur le line up proposé par Metal Archives, deux notions de batterie… et pourtant, on a cette sensation de batterie numérique, enregistrée. Bon, Mémé n’étant pas une pro de la frappe, on ne va pas s’étendre sur le sujet…
Le cœur au bord des lèvres, la bile faisant saliver plus que de raison, Bilious Hues of Gloom est un album à laisser infuser longtemps. Cet opus fait partie de ces œuvres sur lesquelles nos émotions vont se tordre et se distordre au gré de nos écoutes : entre yeux exorbités, oreilles écarquillées, cœur bondissant la chamade et sourire complaisant d’un cerveau habitué aux sonorités étranges, aux formes de musiques contemporaines, expérimentales, sur lesquelles il faut à la fois se laisser aller et réfléchir… Pas facile d’accès, certes. Mais Wolok – Mémé ne vous a pas dit qu’il s’agissait d’un trio français ?! – fait partie de ces groupes qui réinventent la musique, et plus précisément une forme de Black Metal bien crade.
Tracklist :
1. The Slough of Despond (7:58)
2. Yellow Bile (6:59)
3. Gospel Truth (7:35)
4. Opalescent (5:55)
5. Blotches (4:51)
6. Downfallen (8:19)
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