Note du SoilChroniqueur (Lusaimoi) : 8/10

Le choix de Wolve de sortir un EP en attente d’un deuxième album ne semble rien devoir au choix de la facilité. Effectivement, cette sortie au format court permet au trio parisien de refaire parler de lui à moindre coût, deux ans après la parution de Sleepwalker, mais elle lui permet surtout d’expérimenter et de montrer un autre visage.
Car après un premier album de Rock Progressif planant et, bien qu’infiniment personnel, aux références encore audibles, Lazare nous offre une facette plus directe, avec des titres plus « ramassés » qui voguent vers des choses osées. En fait, même s’il est toujours présent dès le début, il faut attendre « Far », dernier titre de CD pour retrouver pleinement le groupe qu’on connaissait. Enfin, pleinement, pas tout à fait, puisqu’il reste tout de même plus nerveux, avec cette guitare saturée qui nous cueille dès les premières secondes.

En attendant, nous sommes introduits dans ce nouvel univers par une longue, lente et hypnotique intro tribale. Doucement, alors que nos tympans vibrent, elle met en place « Lazare » avec un naturel surprenant. Une sorte de pause installe un chant presque susurré, un semblant de solo se pointe, avant le retour de la voix qui mène à une explosion saturée. Ce moment, ce passage-là est attendu, on aurait pu le deviner, oui. Mais Wolve joue avec les clichés pour rendre sa musique plus prenante, plus accessible, installer des points de repère, sans jamais se laisser piéger. Ainsi, une alors que le soufflé n’est pas retombé, c’est par une seconde explosion, que le groupe revient au calme du début, avant de se pencher vers du Grunge puis un solo tordu et dissonant qui nous mène à la fin.

Et le contraste avec « Porcelain » étonne. Titre calme et tout en poésie urbaine, malgré un certain sentiment d’urgence, il nous présente une orgie de sons qui, épars, ne seraient peut-être rien, mais qui, ensemble, offrent quelque chose de magnifique. Chaque moment nous donne à entendre une trouvaille, chaque écoute nous fait découvrir des choses jusqu’alors restées cachées. Avec sa durée, il est sûrement le morceau le plus radiophonique, et certainement aussi le plus surprenant. C‘est ça, la force des Parisiens sur cet EP : étonner sans dérouter, explorer sans se perdre dans l’élitisme.

Chaque piste est ainsi bien différente de la précédente. Néanmoins, hormis un « Inferno » en Noise Punk bruitiste, direct, aussi cout d’un titre de Grind, et d’une saleté similaire (en version Rock), on retrouve bien Wolve dans les petits détails.
Comme dit plus haut, c’est bien évidemment « Far », qui nous ramène le plus vers Sleepwalker. De ces sept minutes, il multiplie les ambiances dans la plus pure tradition Prog. Une alternance de moments calmes et de montées en puissance, qui se révèle assez classique dans le genre sans pour autant perdre en intérêt grâce à une construction ciselée à l’extrême et le même jeu avec les clichés que sur « Lazare ». Le travail sur les arrangements est superbe : tous ces sons qui viennent enrichir le morceau donnent une impression parfois hypnotique, et ce n’est pas le pré-final, sorte de condensé des trois compositions précédentes, qui viendront me faire mentir.

En choisissant de se lancer dans un EP plutôt qu’un deuxième album, il semble que Wolve ne pouvait pas faire un meilleur choix. Bien sûr, la durée de ce Lazare pourra en frustrer plus d’un, mais il offre surtout au groupe le plaisir de totalement se libérer. Celui-ci se détache ainsi de toutes les contraintes pour s’aventurer sur une nouvelle voie. Aujourd’hui, on ne sait si la suite sera dans cette continuité, si elle se rapprochera plus de Sleepwalker, ou si elle proposera un mélange des deux, voire de quelque chose d’encore différent. Tout ce que l’on sait, c’est qu’elle sera attendue.

Tracklist:

1. Lazare
2. Porcelain
3. Inferno
4. Far

Site officiel : https://www.wolve.fr/
Bandcamp : https://wolvemusic.bandcamp.com/
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