Yawning Man – Live at Maximum Festival

Le 12 mars 2021 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Gary Arce : guitare
  • Alfredo Hernandez : batterie
  • Mario Lalli : basse

Style:

Desert Rock

Date de sortie:

12 mars 2021

Label:

Go Down Records

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 9/10

Quand le chasseur rentre avec des champignons, on ne lui demande pas des nouvelles de sa chasse.” Proverbe ashanti

Si vous êtes adeptes des réseaux sociaux, vous n’êtes donc pas sans connaître ce meme qui circule beaucoup, celui de Denis Brognart, présentateur de l’émission Koh Lanta entre autres, qui prononce probablement le meilleur « AH! » que j’ai entendu de ma vie. C’est un fait, ce bon Denis peut se vanter, outre sa carrière télévisuelle, d’avoir inventé l’un des GIFs les plus connus et les plus utilisés sur Facebook qui soient. Parmi foule d’autres memes, bien entendu. Cependant, celui-ci me tient spécialement à cœur aujourd’hui car je suis confronté à ce qui passera devant Freddy Krueger dans la catégorie « pires cauchemars » : une réédition. Eh oui! Je vois d’ici Ma Plus Belle Commissure Vaginale Purulente sieur Antirouille, ou mon Maître en Brièveté Littéraire sieur Arno (puisqu’ils sont deux correcteurs chez Soil Chronicles) se marrer rien qu’à l’idée de lire cette nouvelle chronique tant je suis arrivé au stade sub-overdosien concernant les rééditions. Mais c’est de ma faute! A force de prendre des groupes que je ne connais pas, ou que je ne connais que trop peu, à force donc de choisir un groupe sans connaître a minima, je tombe régulièrement sur ces biiiiiiiiiiiiip rééditions. Quel est le rapport avec Denis Brognart me direz-vous! Eh bien parce que le cheminement pré-écriture, c’est à dire à la lecture du prochain album à chroniquer, se situait à peu près comme ceci : Yawning Man « AH! » ; Live at Maximum Festival « AH! » ; (reissue) « … AH! » ; 12 mars 2021 « … AH! » ; réédition d’un concert qui a été enregistré initialement en 2015 « … AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH! » ; mais dernier album en date sorti par le groupe en 2019 « … Aaaaaaaaaah! (de soulagement) ». C’est donc en toute transparence (comme on aimerait que cela arrive chez certaines belles personnes de sexe féminin) que je vous annonce mon exorcisme anti-Denis-Brognart pour ce soir, et espérons que l’étape guérisseuse soit donc la découverte de cette nouvelle sortie.

Yawning Man est un groupe américain qui se situe à Palm Springs, en Californie et qui existe depuis 1986. « AH! » Denis, tais-toi stp… 1986, cela commence à faire un paquet d’années et l’on pourrait se dire que depuis, le groupe a acquis une solide discographie et une expérience tout autant. La vérité est à moitié vérifiée, puisque solide expérience oui, mais solide discographie non. Groupe solidement ancré dans une tradition très vieille Amérique des contrées dépeuplées, le groupe a la particularité de se produire beaucoup dans le désert, et surtout dans ce qu’on appelle en anglais les « generator parties », soit une sorte de concerts en plein air au milieu du désert, avec tout le côté « bonne franquette » autour d’un feu, de barbecue, etc. Du coup, un groupe qui a su se faire une belle réputation dans ces contrées désertiques où les rassemblements sont bon enfant. Mais l’autre grande particularité du groupe est d’avoir sorti son premier album officiel… En 2005. Soit quasiment vingt ans après les débuts du groupe, ce n’est pas rien! Depuis, cinq albums et un EP se sont succédés, jusqu’à cette réédition d’un concert enregistré en 2015 et qui sort chez Go Down Records. Il faut savoir que cette réédition intervient notamment parce que le line up présent à ce concert est le line up original, pour peu qu’il y ait eu d’énormes variations dedans, ce dont je doute. Mais c’est ainsi que cetté réédition est vendue, avec tout le lyrisme habituel pour vendre le groupe. N’empêche, je me dis que je vais m’éclater, parce que cette réédition sent bon le sable, le soleil, la bière, les femmes, le feu dans le désert et donc une musique légendaire, sinon nostalgique.

Et pour cette sortie spéciale, quoi de mieux qu’un artwork original? Et qui fait la part belle à ce qui semble être le cœur (justement) de la musique d’Yawning Man, le désert. Et quoi de plus fort en symbolique que de représenter un cœur humain en cactus? Je pense que tout est dit dans cet artwork et la dénomination musicale du trio ne fait plus l’ombre d’un doute. Simple mais efficace, je dirais que cet assemblage est non seulement un parfait résumé d’Yawning Man, mais en plus de tout un courant musical américain qui fait une grande partie de sa culture campagnarde, western et désertique. Cette Amérique profonde qui est parfois décriée pour ses idées d’extrême-droite, mais qui cache une vraie histoire. En plus, je ne sais pas si c’est voulu, mais la perspective, très centrée sur le fameux cœur-cactus, rend flou le paysage désertique en dessous et permet de mieux cerner la vraie métaphore de cette réédition. J’aime vraiment beaucoup cet artwork, je me sens bien en le regardant et je m’imagine en train de planer autour d’un bon feu, avec des camarades enivrés, chantant sous les étoiles aux accents de ces dunes. C’est féérique. Toutes mes incertitudes concernant mes motivations à chroniquer une énième réédition ont été balayées d’un coup!

Le problème avec le stoner, j’avais justement un débat dessus récemment, c’est qu’il est devenu une sorte de style fourre-tout et que le stoner que l’on entend ces derniers temps n’est finalement pas LE vrai stoner que l’on connait. Un peu intrigué par ce constat, je me suis dit que la dénomination concernant la musique d’Yawning Man m’éclairerait : le desert rock. Et là, on devine tout de suite que derrière ce nom bizarre, qui ferait froncer les sourcils de beaucoup de personnes en cours d’initiation, se cache en vérité l’aspect ultra old school du stoner. La base! Il s’agit donc d’un rock avec ce côté très convivial, une guitare qui est là en tant que lead, une batterie assez bourrine mais sans tomber dans ce qu’on entend communément, et surtout, surtout, cette basse. Une basse qui joue un rôle ultra important, qui est presque plus forte que la guitare et qui est jouée selon la technique d’une guitare. Ayant un rôle rythmique largement au-delà de ce qui se fait habituellement, cette basse incroyablement groovy est en fait la référence old school pour le stoner. Et alors, l’une des choses assez désarçonnantes pour moi, mais pas forcément pour mes concitoyens metalleux, c’est qu’il n’y a pas de chant. Alors, la prouesse que j’ai ressentie dans cette première écoute, que j’ai avalé d’une traite comme un bol de céréales le matin, c’est que la musique d’Yawning Man vit. Elle s’anime sans le chant, sans présence organique, via des effets divers sur la guitare, sur le côté live qui ressort du son, et je crois qu’au stade où j’en suis, oui! C’est bien de la magie. Une alchimie totale. Vraiment, cette première écoute s’est bue comme du petit lait, un vrai régal pour les oreilles.

On est d’ailleurs très loin des trucs conventionnels! Le son, et donc a fortiori la production, sont des projections live, et des captations. Donc en soi, le son peut déranger les oreilles habituées aux productions propettes. Oui mais voilà : à travers cet enregistrement live, il y a toute la symbiose que l’on retrouve quand on est en concert qui opère. Et le gros boulot qui a pu être fait en studio, et que je loue naturellement, c’est que le mixage et le mastering ont réussi à garder cette symbiose et ce, avec des arrangements bienvenus. Non sans rire, j’avais énormément d’a priori avant d’attaquer cette chronique. Je peux vous dire qu’à l’écoute de ce rendu sonore quasiment parfait, j’ai honte. Surtout que le travail a dû être chaud, parce qu’avec les effets guitare imposants, il n’était pas simple de mixer cela avec les autres instruments qui ne varient pas d’un iota. Un gros travail de mixage qui a réussi à me mettre pantois. En pâmoison ultime! On peut même entendre en bas fond les cris d’extase des spectateurs, c’est le pied.

Je vais conclure cette chronique assez rapidement parce qu’en l’absence du chant, et devant l’évidence même que cette réédition est salvatrice pour mon bien-être, il n’y a rien à rajouter de plus. Savourez comme moi ce qu’est le vrai stoner, avec son esprit desert rock qui permet à la fois aux Etats-Unis de revendiquer un style musical qui lui ressemble comme un jumeau monozygote, et aussi à un groupe comme Yawning Man de faire vivre encore et toujours cette camaraderie et cet esprit cowboy qui nous fait du bien. Vous savez quoi? Grâce à ce Live at Maximum Festival, je ne dirais plus jamais de mal d’une réédition avant d’avoir écouté le contenu. Parce que non seulement cette dernière est juste une tuerie, mais en plus de cela elle m’aura permis l’espace d’une chronique, de soulager temporairement mon syndrome de manque de concerts qui se fait de plus en plus criant. Ce n’est pas un mince exploit que vient d’accomplir ce bijou d’album live réédité… C’est un miracle.

Tracklist :

1. Rock Formations 05:27
2. Far Off Adventure 07:03
3. Stoney Lonesome 04:22
4. Perpetual Oyster 06:12
5. Manolete 06:16
6. Ground Swell 09:00
7. Dark Meet 06:24
8. OJM – Oceans Hearts (live) 07:26

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