Note du SoilChroniqueur (Fast Freddy) : 8,5/10

Projet solo de David Muñoz, qui officie également chez Arwen et Sun of the Dying, Yermo est né pendant la pandémie qui a marqué à jamais la deuxième décennie du siècle en cours ! Je ne sais pas si son premier album connaîtra la même destinée, mais c’est bien là tout le mal qu’on lui souhaite !
A travers six titres pour un peu plus de quarante cinq minutes d’écoute, il nous livre sa vision post black et/ou black atmosphérique, loin du power et du doom death qui sont sa tasse de thé dans les deux autres formations qu’il côtoie !

« Cencellada » débute sur une intro minimaliste au piano, rendue triste avec la voix qui la complète. L’intensité qui jaillit à la faveur de l’atmosphère sombre et plaintive que le morceau livre à mesure, t’enveloppe dans une sorte d’angoisse tantôt épique tantôt nostalgique ! Les différentes intonations de voix, passant du rauque au clair (dont certains passages me rappellent la voix de Enrique Bunbury, chanteur des emblématiques Heroes del silencio, groupe dont Till Lindermann vient de reprendre « Entre dos tierras » leur morceau phare sorti dans les années 90) créent autant de passages aux ambiances différentes, immergeant l’auditeur au cœur de l’expression musicale de l’auteur.

Yermo combine différents genres musicaux, parfois aux antipodes les uns des autres, mais dont le résultat est à la fois surprenant et intéressant. L’association de post black, de black atmosphérique voire symphonique avec des sonorités puisées dans le folklore espagnol en général et castillan en particulier s’opère sans heurt, tout en complémentarité, pour diffuser des émotions intenses au fur et à mesure que l’accent est mis sur l’un ou l’autre des styles.

« Cuando éramos esclavos » est davantage sombre et angoissant, le black prépondérant, probablement plus propice à imager le sujet sur l’esclavagisme évoqué ici, étant plus à propos même si l’on retrouve des parties épiques et plus claires, musicalement comme vocalement.

« Gris » démarre de façon à la fois calme et subtil, plongeant l’auditeur dans une sorte de rêve éveillé, ne sachant pas trop dans quel état il se trouve, tout en lui donnant une impression de paix, de sérénité ou de nostalgie bienveillante, malgré l’assombrissement de l’atmosphère peu après la moitié du titre qui affiche une dizaine de minutes au total. On retrouve ce côté immersif dans « El peso del sol », qui lui aussi affiche plus de dix minutes mais dont l’ambiance semble plus à la mélancolie, la tristesse voire au désespoir qu’au bonheur et à la joie.

« Un mar de polvo », de mon point de vue le morceau le plus intéressant, révèle toute l’inspiration et la créativité de l’auteur et sa capacité à te transporter dans le monde si cher à ses yeux, de manière consentante du fait de la subjugation qui est la tienne à l’écoute de cette pépite. Sublime déclaration d’amour à la Castille, dépeinte de manière simple et poignante, qui ne peut que s’enorgueillir de la façon dont elle est ici mise à l’honneur !
« Vyšehrad » clôt l’album de manière magistrale avec des paroles dans la langue de Shakespeare, la majorité des textes étant chantés en espagnol sur les autres morceaux.

C’est peut-être parce que la période à laquelle cet opus a été composé était propice à l’introspection ou la nostalgie que « Yermo » est empreint d’une musique profonde et immersive, le rendant délicat, bouleversant et touchant, mais cette première galette met avant tout en lumière le talent indéniable de son auteur !
A consommer sans modération !

Tracklist :

1. Cencellada 8:42
2. Cuando éramos esclavos 3:29
3. Gris 10:01
4. El peso del sol 10:21
5. Un mar de polvo 07:05
6. Vysehrad 06:42

Bandcamp
Facebook
Instagram
Spotify
YouTube