Line-up sur cet Album
- Isaac : chant
- Etienne : guitares, chant
- François : basse, chant
- Fiak : batterie, chant
- Clément : saxophone, clarinette, etc
Style:
Post-things barréDate de sortie:
23 Novembre 2018Label:
Apathia RecordsNote du Soilchroniqueur (Lusaimoi): 9/10
Zapruder n’aime pas se répéter. Ceux qui ont connu Straight from the Horse’s Mouth et Fall in Line l’ont compris. Après nous avoir mis une claque avec son EP de cinq titres qui, en plus d’afficher une maitrise déjà impressionnante, allait de surprises en surprises – la plus grosse étant ce titre central long, prenant et magnifique, au milieu du chaos du Mathcore –, il a enfoncé le clou avec son premier album, qui prenait déjà d’autres chemins. La continuité était là, mais l’idée de tourner en rond non. Si bien que les Poitevins avaient qualifié leur musique de « Post-Things« , ce qui convenait finalement bien, le groupe ne se limitant pas à un genre en particulier.
Décidément, Zapruder n’aime pas la routine.
Ça, on le devine dès la pochette, avec ces carpes-coït (merci Wën) au style japonisant, contrastant avec les ambiances plus maussades de son prédécesseur.
Et ça continue sur « Left my Appendix in NYC », un véritable extrême Rock n’ roll (pour citer Comity). On y trouve tout le groove du Rock, l’original, et l’agressivité et le chaos technique et contrôlé propre au Mathcore. Les surprises sont nombreuses, comme cette voix féminine (?) un peu malsaine, qui fait tiquer l’oreille sur « Half Stache Man » et « Tongue Twister ». Cintré, et tranchant, le groupe se rapproche plus désormais d’un Hardcore chaotique, sans vraiment s’y plonger entièrement. « Half Stache Man », avec son début tranchant et rageur comme rarement, avec ces cris habités à l’extrême, part dans le genre avec évidence, mais un passage plus proche du Postcore, entre tension et sérénité, l’en éloigne.
On le reconnait pourtant, le Zapruder qu’on a connu. Il y a toujours cette rage, cette urgence, amplifiée par la voix d’Isaac, toujours aussi habitée mais montrant une nouvelle étendue vocale, avec une voix claire se muant avec autant de facilité dans les hurlements.
Il ne s’est donc pas totalement transformé. Et parvient toujours à nous transporter par des passages sublimes et prenants, tels que l’arrivée du chant clair sur « Martin Bell », ou « Fly me to the Ceiling » qui, désespéré, rageur et nostalgique, sonne dès le début comme un titre de fin d’album, et qui, grâce à un retour du saxophone (devenu presque un élément à part entière de la formation), nous offre le final qu’on était en droit d’attendre.
Le quintette est toujours là, entre beauté et violence. Mais il n’aime pas la redite.
En fait, ce n’est pas qu’il ne l’aime pas. Non, ici, il a décidé de la sodomiser avec une batte de baseball, afin d’elle dégage, l’anus en chou-fleur, avec en tête la pensée de ne jamais revenir.
Et cela sans renier son style. Au contraire. Il le prend, s’y appuie et se l’approprie entièrement sans hésiter à piocher ailleurs, quitte à désarçonner l’auditeur désirant un Fall in Line 2.0.
En effet, parfois, Zapruder va jusqu’à s’auto-citer (si vous avez lu un autre mot, c’est que la pochette vous est trop montée à la tête) pour mieux se contredire. Il est ainsi très aisé d’établir un parallèle entre « Leaving Montreal » et « Desillusion Junction », du précédent album. Les deux possèdent la même atmosphère urbaine lors d’une soirée d’automne, apportée par le saxophone, mais le groupe casse tout ici en nous fourrant une imitation d’Elvis sortie d’un esprit visiblement éméché, puis part dans la saturation de manière étrangement fluide, malgré une rupture brusque.
Quant à la fin de « Martin Bell », bruitiste et chaotique, elle se montre proche de celle de « Monkey on my Back » de Fall in Line. Sauf qu’ici, au lieu d’aboutir sur le titre le plus émotionnel, ce qui offrait un contraste proche de la perfection, elle mène au plus déjanté, avec un démarrage très épileptique qui devient velu et technique. Puis Elvis revient, le tout vire presque au Jazz, sauf que le saxo nous fout un joyeux bordel digne d’un tube d’été des années 90.
Barré ? Oui, assurément, et c’est pas pour rien que cet album éponyme est sorti dans la même écurie que les tarés de Priapisme. Mais aussi bizarre que ça puisse paraître, le tout fonctionne.
Bon, pour ceux qui voudraient renouveler les sentiments ressentis à l’écoute d’un « Loquelle » par exemple, prévoyez une petite période de deuil, ou d’ouvrir votre esprit. Mais quand on voit la capacité de Zapruder à nous désosser à coup de breakdowns qui n’ont rien de commun (« Tongue Twister »), de nous pondre des mélodies qui ne font qu’amplifier la violence dégagée (« Dracula Love Hotel »), on se dit que le chemin emprunté est le bon.
Et qu’importe dans quelle direction ira son successeur, tout ce qu’on sait, c’est qu’on le suivra.
Tracklist :
1. Left my Appendix in NYC
2. Half Stache Man
3. Leaving Montreal
4. Dracula Love Hotel
5. Martin Bell
6. Piss Soaked
7. Back in Town
8. Fly me to the Ceiling
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