Line-up sur cet Album
Tobi Glanzmann - Guitares / Frederyk Rotter - Chant, Guitares / Frédéric Hug - Batterie, Choeurs / Lucas Löw - Basse, Choeurs. Guests : Alexandra Werner : Violoncelles sur « Brick in the sky » et « Discoloration » Stéphane Azam : Chant sur « Swallow the teeth », « Loom », « They stay in mirrors » et « The phantom » Christopher Ruf : Chant sur « Runaway soul » et « Loom » Glauco Ceccarelli : Chant sur « Brick in the sky ».
Style:
Doom / Sludge / Post hardcoreDate de sortie:
13 avril 2015Label:
Candlelight RecordsNote du SoilChroniqueur (Metalfreak) : 9/10
Décidément, comment font-ils ?
J’ai mis longtemps, très longtemps à me relever de la claque que m’avait collé le précédent album de 2012 « The bat, the wheel and a long road to nowhere » (chroniqué ici : http://www.soilchronicles.fr/chroniques/zatokrev-the-bat-the-wheel-and-a-long-road-to-nowhere) des Suisses de Zatokrev.
Il en était devenu un de mes albums de chevet : inutile de revenir sur cet album qui aurait servi de fond sonore idéal à l’hypothétique fin du monde du 21 décembre 2012 et penchons-nous sur ce petit nouveau à l’intitulé bien plus court et pratique à écrire dans une chronique !
Si le précédent était une suite pour le moins logique de « Bury the ashes », malgré des côtés plus extrêmes lorgnant sur le black metal, « Silk spiders underwater… », lui, comment dire ?
D’accord, la patte Zatokrev est désormais reconnaissable entre mille groupes surfant sur le même style : Zatokrev a ce talent qui lui permet d’être identifiable dès les premières secondes et quelque soit l’approche des morceaux qu’ils jouent, ça, c’est indéniable.
Mais là, il nous prennent vicieusement à contre-pied en nous faisant voyager certes sur un terrain qu’ils connaissent et maîtrisent à la perfection, mais en s’aventurant dans des domaines desquels ils ne nous avaient pas habitués jusqu’alors ! C’est bien simple : il n’y a que deux titres sur les huit qui se rapprochent de ce qu’ils faisaient précédemment, à savoir « Bleeding island » et « Swallow the teeth ».
Le quatuor Suisse, qui décidément ne fait pas deux albums d’affilée avec le même guitariste – Après Stench sur « Bury the ashes », Julien Duseyau sur « The bat… », voici Tobi Glanzmann (King Lemba and The Loss) sur le petit nouveau –, nous gratifie comme à son habitude de huit titres pour 64 minutes d’une durée comprise entre six et douze minutes pour autant de titres aux rythmiques répétitives et lancinantes rendant l’ensemble hypnotique.
Mais là, Zatokrev enfonce le clou encore plus loin par rapport à ses chef-d’œuvres précédents en explorant des univers plus planants, plus progressifs, tout en restant singulièrement dans leur univers torturé magnifié par la voix toujours plus déchirante – et cette fois plus variée, le groupe nous offrant de longs passages de voix claires avec l’apport de guests – d’un Frederyk Rotter qui arrive à nous faire passer les émotions qu’il veut avec une facilité déconcertante.
Et on se parcourt l’album entre excitation malsaine et sensation de malaise jouissive !
Et dès le premier titre, on sent que les Bâlois se sont surpassés : d’entrée, ils nous envoient dans la figure ce « Runaway soul » aux forts relents de funeral doom : chant caverneux d’entrée, rythmiques ultra lentes d’une lourdeur pachydermique pour un morceau faisant office d’intro à l’album et d’une longueur de presque sept minutes.
Si Zatokrev a toujours été incroyablement doom, il n’avait jusqu’alors pas poussé l’expérience jusqu’à son côté le plus funèbre en rendant une copie hypnotique à souhait.
L’enchaînement avec « Bleeding island » est purement excellent : on reste dans du Zatokrev pur jus, même si on peut avoir la sensation d’un petit côté Solstafir dans l’ambiance générale et ce chant toujours aussi écorché, avec son lot de changements de rythmes sur lesquels la section rythmique prend un malin plaisir à écraser vicieusement l’auditeur sous ses coups de boutoirs d’une lourdeur qui n’a d’égale que sa puissance.
« The phantom » va, lui, lorgner dans un univers plus post hardcore et plus industriel : les guitares se veulent plus martiales et accompagnent la section rythmique avant un break planant pour le moins salvateur, permettant à l’auditeur un moment de répit après avoir été mis nerveusement à contribution.
C’est lors de la reprise, lourde et étouffante, avec une batterie remplie de colère toute en retenue, que le sensations suffocantes reprennent : la voix de Stéphane Azam (du groupe alsacien CROWN) rajoutant encore en densité la lourdeur de l’ensemble.
Si jusque là on se sentait encore dans du Zatokrev pur jus, à quelques nuances près, les surprises commencent dès « Loom », titres écrasant à la basse profonde et les voix combinées de Rotter, Christopher Ruf et à nouveau Stéphane Azam donnent ce petit je-ne-sais-quoi de plus progressif, avec des ambiances proches d’un Voivod ou d’un SUP pas désagréables du tout. Sur huit minutes, on se prend des riffs hypnotiques et un chant qui se mêle à l’ensemble avec une cohésion frôlant la symbiose. Les passages instrumentaux n’en sont pas en reste pour un grand moment méchamment doom et vicieusement mystérieux. Le break, plus puissant, n’est là que pour achever ceux qui avaient un mince espoir de voir le titre partir sur quelque chose de plus éthéré. Non, lorsque Frederyk Rotter reprend le chant, ce n’est que pour mieux appuyer là où ça fait mal et l’accélération finale est juste incroyablement prenante et finit de façon apocalyptique un morceau d’anthologie!
Un des grands moments de l’album !
« Brick in the sky », encore plus calme, nous prend totalement à contre-pied : là où on pouvait s’attendre à un titre violent pour compenser la lenteur du précédent, on se retrouve avec un titre très aérien sortant des sentiers du metal avec des ambiances plus stoner, plus rock, et sur lequel le chant de Glauco Ceccarelli et le violoncelle d’Alexandra Werner donnent plus de relief et de profondeur à l’ensemble.
Dès le riff introductif de « Discoloration », on sent qu’on va s’en prendre une belle dans la figure : ici, la rage de Zatokrev reprend tout son sens mais de façon contenue. Riffs hauts en couleur, lourdeur de la basse toujours aussi énorme, le groupe nous envoie des bribes sonores toutes en retenue. A chaque instant on s’attend à un démarrage en trombe et… il ne vient pas ! Un nouveau côté Voivod dans le chant pour un titre tout aussi hypnotique dans des ambiances d’une noirceur à la limite de l’opacité.
Encore un véritable kif de neuf minutes magnifié par les deux dernières minutes de passage instrumental envoûtantes à souhait.
On se demandait ce que devenaient les incursions black metal de Zatokrev dans l’album précédent… La réponse vient avec les six minutes d’une grande intensité de « Swallow the teeth », morceau d’une violence incroyable à rendre jaloux n’importe quel groupe du genre : le travail de chacun des musiciens (le batteur en tête) est grandiose.
Rotter y est plus déchirant que jamais et lâche enfin dans la violence musicale toute la rage qu’il a contenu jusqu’alors dans cet album en tout point parfait.
Et comment ne pas parler des douze minutes du dernier titre « They stay in mirrors », véritable fresque d’une beauté absolue toute en ambiances contrastées à se délecter sans modération jusqu’à la dernière note ?
Avec « Silk spiders underwater… », Zatokrev enfonce le clou en proposant un album proche de la perfection, de loin supérieur au précédent et déjà grandiose « The bat, the wheel and a long road to nowhere ».
Définitivement ultra-fan !
Tracklist :
1. Runaway Soul (6:52)
2. Bleeding Island (5:58)
3. The Phantom (6:36)
4. Loom (8:17)
5. Brick in the Sky (9:02)
6. Discoloration (9:42)
7. Swallow the Teeth (6:10)
8. They Stay in Mirrors (12:01)
Site officiel : http://www.zatokrev.com/
Myspace : http://myspace.com/zatokrev
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BandCamp : http://zatokrev.bandcamp.com/
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