Intervieweuse : Bloodybarbie
Interviewé : Filip
A l’occasion de l’approche du festival belge l’Alcatraz Festival, nous avons eu le plaisir d’interviewer Filip, co-fondateur du festival pour en savoir plus.
Quelle est ta position au sein de l’équipe de l’Alcatraz, tu es l’un des organisateurs ou le boss/fondateur ?
Je suis un des fondateurs du festival. On a commencé en 2008 avec mon collègue Mario. Cinq ans plus tard, Mathias m’a contacté et nous a rejoints. On a pu assurer plus de choses et le festival a grandi un peu plus.
Comment vous vous positionnez par rapport au Graspop ?
Le Graspop est plus vieux, il existe depuis 20 ans déjà mais on est positionnés juste après en termes de taille et de notoriété. On est plutôt un festival de taille moyenne.
Quelle est la capacité d’accueil du fest ?
Cette année, elle est de 50.000. Un festival confortable de taille moyenne où tu ne fais pas une heure de queue pour aller aux toilettes ou pour aller d’une scène à l’autre.
D’où provient votre public ?
La majorité est belge, bien sûr, mais aussi des allemands, hollandais et, maintenant, on a plus de français qu’au début. On est passé de 1% à 10% ! On n’est pas assez connu chez vous, d’où cette promotion qu’on fait ! On a eu deux russes cette année qui nous ont acheté des places, j’imagine que ça se goupille bien avec un voyage et qu’ils ne viennent pas que pour ça ! On a aussi des portugais, des espagnols, des italiens qui commencent à venir chez nous !
En fait, même lorsqu’on est passés en plein air, nous avions une seule scène donc on était limité à une dizaine de groupes par jour, mais cette année, on a rajouté une deuxième scène et on s’est aussi pas mal diversifié niveau prod.
Peux-tu nous raconter l’histoire de cette belle aventure ?
Tout a commencé dans les années 80 ! Le nom vient du bar que je tenais pendant des années, qui s’appelait Alcatraz, que j’avais petit à petit développé en aménageant une petite scène et en organisant des petits concerts, en diffusant des clips… Ensuite, j’ai tout arrêté. C’était la période où le grunge est arrivé. La notoriété du Metal a chuté et le business n’était pas au top.
Ensuite, j’ai repris le business (on revient toujours à ce qu’on aime). J’ai contacté mon ami Mario qui tenait un magazine metal. On s’est mis à organiser des concerts pendant quelques années puis on s’est dit « et pourquoi pas organiser un festival ? » On a organisé la première édition en 2008, qui s’est tenue en salle jusqu’en 2012.
En 2013, on a eu l’opportunité d’organiser un festival en plein air parce que Nightwish voulait jouer à l’Alcatraz mais la seule condition était que ça soit en plein air.
Financièrement, ce n’était pas difficile ?
C’était très difficile et surtout au début, bien évidemment. Quand on était en salle, on était limités par la capacité d’accueil faible, de plus on ne recevait aucune aide financière. Quand on est passé en plein air, nous avons doublé notre capacité.
Je pense que la communauté metal est assez fidèle aux groupes et au Metal, et c’est ce qui fait que les festivals ne seront jamais désertés ?
Oui, tout à fait, beaucoup font des tournées l’été et enchaînent les festivals. D’autres ne vont pas en vacances et préfèrent aller en festival. Si j’avais le temps, je les aurais fait tous !
Le Motocultor a fait une compagne de crowdfunding pour survivre, pourquoi ne pas faire de même ?
Un crowdfunding, ce n’est pas ce qu’il y a de meilleur pour l’honneur d’un festival, je ne l’aurais jamais fait me ma part. Mais maintenant, on se porte mieux même si on ne fait pas des sold-out.
Et tu bosses dans l’organisation du fest à temps plein ?
Pour ma part, oui : je commence à bosser sur la prochaine édition dès septembre. Il n’y a pas que les groupes à gérer, il y a la logistique et tout et ça prend énormément de temps. On continue d’organiser des concerts au cours de l’année, sans oublier le magazine, donc je n’ai pas de temps pour me reposer !
Le défaut des festivals belges, c’est les gobelets en plastique que les gens jettent partout c’est horrible en fin de journée…
Oui ! Ce n’est pas la première fois que j’entends cela et surtout de la part des français. C’est vrai que c’est pénible, même pour ceux qui nettoient, ils ont énormément de boulot !
Même si on se met aux nouvelles eco-cup, c’est aussi beaucoup de boulot car il fait toujours des gens pour laver et il faut que ça soit bien lavé et très rapidement, et puis ça consomme pas mal d’eau. Mais on y pense ! Qui sait, peut être qu’on sera le premier festival belge propre (rire).
Comment vous choisissez les groupes ?
Avant, on devait contacter les groupes par nous-mêmes et voir qui était dispo. Maintenant, ce sont les managers qui nous proposent les groupes dispos pendant la période du fest.
As-tu déjà fait de la musique ou joué dans un groupe ?
Oui, j’ai essayé de jouer de la guitare et de chanter mais je n’ai pas le talent. Par contre, j’ai le talent pour organiser un festival (rire).
Est ce qu’il y a des groupes qui t’ont un peu embêté durant ces dix ans, qui font des chichis ?
Marylin Manson, qui s’est ramené avec 5 tour managers, donc il nous prenait pas mal la tête et que personnellement je ne referais pas jouer… Sinon, ça se passe généralement bien !
Quelle a été le plus gros souci du festival ?
Je dirais les sanitaires : l’année dernière, le nombre de toilettes était vraiment insuffisant donc cette année, ils seront doublés.
Niveau logistique, est-ce que vous avez assez de volontaires ?
Oh oui et on est obligé d’en refuser. Maintenant, on a trouvé une équipe solide et fidèle qui revient chaque année et qui fait un super boulot. On compte 350 volontaires.
Trouves-tu du temps pour assister aux concerts pendant le fest ?
Oui, en soirée, quand tout est bien au point.
Quelle est l’année qui a connu le plus de succès ?
L’année dernière car il y avait Twisted Sister en tournée d’adieu « The final show » et c’était génial, on a passé des heures avec le groupe. Et quand on était en salle, c’était 2009 avec Saxon en tête d’affiche, et qui reviennent cette année.
Quel est ton groupe préféré ?
Je dirais sans hésiter : Judas Priest. J’espère pouvoir les faire jouer un jour. Sinon je suis aussi grand fan de Saxon et je suis content de les faire rejouer. J’aime également Ufo, Doro (la femme la plus adorable au monde) qui ça revenir à notre fest pour la troisième fois.
Est-ce que vous ressentez aussi cette crise des concerts qui ne ramènent pas trop de monde chez vous ?
Oui tout à fait, les concerts se font nombreux et les gens ne peuvent pas aller partout. Aussi, il y a des groupes qui reviennent plusieurs fois par an et c’est trop, comme celui qui a joué trois fois, il ne faut pas faire ça car ça tue le business !
Quelques mots pour terminer ?
On espère voir encore plus de français cette année, venez nombreux !
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