Intervieweuse : Viv Hante
Interviewé : Julien Tournoud (Chant)
(Photos : Metalfreak)
Interview conjointe entre Soil Chronicles et W.T.R. – Le Webzine de Ti-Rickou
Le 29 mars 2025, Rock En Bièvre organisait le « Reverb » à Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs avec, à l’affiche, THDR, Solid, Whisky Of Blood et AmonSethis.
Une bonne soirée en perspective, avec du spectacle et surtout un son comme on l’aime. Un public timide et léger mais qui n’a pas empêché les groupes de se donner à fond et d’offrir un beau festoche.
Merci aux bénévoles pour l’organisation de ce premier événement.
A cette occasion, j’ai pu interviewer Julien Tournoud, chanteur d’Amon Sethis, mais pas que…
Viv Hante : Petite question. D’abord pourquoi Amon Sethis ? Quelle est l’histoire ?
Julien Tournoud : Amon Sethis a été créé en 2007. Donc ça remonte quand même un peu. Ça fait 18 ans. Et j’ai toujours été passionné d’Egypte ancienne. Et j’ai voulu créer un nom original qui faisait office de Pharaon. J’ai associé donc le Dieu « Amon » et le Dieu « Seth ». Je me suis dit avec la particule « IS ». J’ai tapé sur Google. Il n’y avait rien du tout. Donc je me suis dit, je vais me l’approprier. Je vais le déposer déjà. Du coup, quand tu tapes sur Google, effectivement, il n’y a que notre nom qui ressort. Donc je trouvais que c’était intéressant. C’est pour ça que j’ai choisi ce nom-là.
Et voilà, pour raconter l’histoire des sixième et septième dynasties Egyptiennes.
VH : Très bien. Dernier album du coups ? Histoire du dernier album ? Que nous raconte-t-il ?
JT : L’histoire se corse, un petit peu. Donc on revient sur l’histoire où on s’était arrêté en 2014, après le deuxième album « Part II The Final Struggle ». Puisque en fait le Part 0, l’album précédent, c’était un préquel de la Genèse de l’histoire d’Amon Sethis. Donc là je reviens, je continue l’histoire et le monde ne va pas bien en Egypte ancienne. Le monde actuel non plus mais ça n’a rien à voir… plus tard peut-être. Mais voilà, je me raccroche, je me rattache aux maigres écrits qu’on a de cette période là. Notamment des écrits qui s’appellent les lamentations d’Ipou-Our qui est un scribe qui a décrit une période apocalyptique et après plus rien pendant 150 ans en terme de traces historiques.
Et donc je trouve que c’était bien de la rattacher en fait à l’histoire d’Amon Sethis et d’engendrer des fils de Amon Sethis qui vont essayer tant bien que mal de diriger le pays et ça se passe mal. Et j’ai voulu créer un petit peu un « Game of Thrones » à l’Egyptienne où tout le monde veut tirer la couverture à soie et se proclamer Pharaon.
Et potentiellement, certains historiens pensent que c’est réellement ce qu’il s’est passé. Il y avait des régions administratives et que tout le monde légitimait le pouvoir, puisque c’est une suite de succession, par rapport à un pharaon qu’est Pepi II qui a régné 90 ans, donc le plus long règne de l’humanité. Il a eu 70 petits fils et arrières petits fils et tout ça qui pouvait légitimer le pouvoir. En fait, tout le monde pouvait se proclamer pharaon et ça a créé un bordel sans nom. Ça ouvre vraiment l’esprit et ça permet de raconter plein d’histoire par rapport à ça. Et c’est super.
VH : Petite question sur l’album, il y a une chanson où tu as accompagné de quelqu’un qui n’est pas dans le groupe. Tu peux nous en dire plus ?
JT : C’est mon pote Najibe qui est chanteur, qui était dans le metal avant, il chantait dans un projet prog qui s’appelait Stolen Memories qui n’existe plus depuis. Et il s’est consacré vraiment à sa carrière, on va dire solo, avec plus de musique du monde, musiques maghrébines et j’ai toujours aimé son timbre de voix, puis les consonances arabes que j’adore et qui ont toujours suivi les albums d’Amon Sethis. Et là je me suis dit « mais Najibe, il est super cool et tout, je le verrai bien sur un morceau« . Quand je lui ai proposé, il était comme un dingue et on a passé un super moment ensemble et on a vraiment fait un morceau sympa avec « Kubatalawa » et c’est top.
Donc effectivement, il chante en arabe dialectal et j’aime vraiment ce morceau qui donne vraiment une couleur complètement différente à l’album. Il est très oriental, très tribal, avec les percussions, les voix, on s’est fait un délire de voix d’outre tombe, très arabisante et le rendu est vraiment exceptionnel. On s’est bien marrés et c’est un plaisir de partager ce moment avec lui. Donc pourquoi pas, le prochain album, faire encore appel à lui.
VH : La voix se marie bien avec la tienne comme, tu as un timbre qui monte, qui descend, on va dire, tu as tout type de voix qui est hyper intéressant.
Qu’est-ce que tu peux nous dire sur le groupe, je vais dire plutôt sur les musiciens, on a eu un petit changement y’a pas longtemps. Est ce que finalement c’est pas si facile de trouver quelqu’un qui puisse intégrer Amon Sethis, par rapport au genre musical.
JT : On a toujours fait le pari de choisir des musiciens avec qui on s’entend très bien et qui se marie complètement à l’univers d’Amon Sethis. En fait, on n’a pas eu besoin de faire des annonces par exemple de dire « recherche », enfin l’humain est hyper important et dans Amon Sethis, on compte vraiment et énormément là-dessus.
C’est pour ça que l’arrivée de D.D. est très importante. Dans le sens où moi je le connais depuis 20 ans, Seb le connaît encore mieux parce qu’en fait il joue dans JC Jess depuis plus de 20 ans, ils sont amis depuis très très longtemps. Et quand D.D. nous a dépanné sur deux dates et qu’on a vu qu’il réfléchissait, disait, ça me plaît bien quand même Amon Sethis et que moi je m’étais dit que c’était le bon choix. Donc voilà, il faut savoir que le changement de musiciens, ça fait partie un peu de la vie d’un groupe. Il faut pas se décourager parce qu’il y a un membre qui part. Souvent, à la sortie d’un album, ça marque une fin, en fait, d’un projet, après on tourne avec pour défendre l’album. Et voilà, mais des fois, il y a certains musiciens, ils disent, j’ai fait le tour, il y a plein de raisons de toute façon. Mais voilà, mais c’est comme ça. Nous ça change en rien notre ligne directrice par rapport à ça. Donc on est très content d’accueillir D.D. parmi nous.
VH : Les copains de Soil Chronicles trouvent qu’il y a quand même une petite maturité sur le dernier album. Donc la question était, qu’est-ce que tu penses toi ? Est-ce qu’il y a réellement une maturité par rapport aux autres albums ou est-ce qu’il y a un changement ?
JT : Il y a une maturité, effectivement. Il y a un changement. Il y a un côté beaucoup plus sombre de l’album. En fait, il est étonnant parce que forcément les autres albums, le guitariste, c’était Olivier Billoint, que je connaissais depuis… Enfin, avec qui j’ai créé Amon Sethis. Et donc du coup, on avait notre petite habitude de composition, notre ligne directrice. Là, c’était différent. Et c’était différent, mais on a su tous… On reconnaît la pâte d’Amon Sethis, mais il y a un changement au niveau du son. Il y a un changement au niveau côté un peu plus agressif, un peu plus sombre, effectivement. Et les morceaux sont bien ficelés, efficaces, moins longs aussi. On a fait le pari, l’album précédent faisait 74 minutes. Là, on a fait 46 minutes. On s’adapte aussi avec la musique actuelle, où on change beaucoup. Il ne faut pas que ce soit trop long, il faut s’adapter, il faut rentrer dans un moule musical. Donc voilà, on fait des choses pas trop longues. Et voilà, ça fonctionne. Donc l’idée aussi, c’est de reproduire ce même schéma pour les albums futures. C’est-à-dire des albums pas forcément trop longs, on alimente l’histoire plus régulièrement. On ne va pas attendre cinq ans avant de faire un nouvel album. On va tout de suite se pencher sur le prochain. Même si il est sorti depuis un mois, on va le défendre, bien sûr. Il y a beaucoup de dates qui sont là pour le prouver. Mais voilà, je pense qu’il faut pas s’arrêter. Il faut déjà commencer à travailler.
VH : Par rapport au concert, pour moi, c’est le deuxième. C’est toujours hyper spectaculaire, c’est vraiment magique. On a l’impression que finalement, les morceaux de l’album sont plus faits pour être joués en live que… pour être écoutés ? Je sais pas, Qu’est-ce que tu en penses toi ? Est-ce que c’est vraiment pensé par rapport à l’écriture. C’est toi qui écrit les morceaux ?
JT : Qui écrit toutes les paroles et le concept, Et les morceaux, c’est surtout… On va dire le guitariste et Ben, le claviériste, qui apportent l’articulation première et après tous les musiciens mettent leur patte par rapport à ça. Moi, je suis là dans le côté arrangements, c’est-à-dire de me dire que j’ai ça comme concept. Je vais pouvoir proposer… Ouais, j’aimerais bien cette ambiance là sur ce morceau ou là il faudrait réduire. Là, je vais raconter un peu ça. Je le verrais un peu plus long. J’ajuste par rapport aux paroles, comme beaucoup de groupes font de toutes façons. Donc voilà par rapport à ça.
Oui, en fait. Il faut l’aborder, je pense, de manière complètement différente. C’est-à-dire qu’effectivement, il y a une prestation live où il y a le visuel, il y a le côté théâtral qui est hyper important. Donc, j’arrive avec le masque, il y a des flammes, il y a le livre des Pyramides, il y a plein de choses qui sont réalisées par rapport à ça. Et… L’album… Alors, je pense que le virage il a été important sur Part 0, l’album précédent, où vraiment on a voulu créer un côté cinématographique, épique avec des grandes orchestrations, etc… qui sont peut-être un peu moins présentes d’ailleurs sur l’album, sur le nouvel album, « Dawn Of An Apocalyptic World ». Mais vraiment, on veut proposer un péplum musical, en fait. Et cette idée-là… Non, je pense que ce soit plus fait pour du live, je pense qu’on s’adapte particulièrement bien au live, mais que de mettre le CD ou le vinyle, on ferme les yeux, on est dans les pyramides, on est sur notre chameau. On se met entre les deux bosses. Et puis voilà, et du coup, ça matche différemment, mais ça matche aussi, moi, je trouve que… venez nous voir en live, après, vous repartez avec le CD et je pense que c’est la meilleure des choses.
VH : Qu’est-ce qu’on peut souhaiter à Amon Sethis, pour terminer l’interview ?
JT : Et bien, plein de bonnes choses, plein de bons festivals. On attend que ça, de jouer dans de plus grosses scènes, de donner, on parlait de show théâtral, de donner des trucs, on est encore plus d’espace, pour pouvoir nous exprimer, et je dirais, développer notre notoriété partout en France et en Europe. Ce serait vraiment le… Je dirais, la marche supplémentaire, qu’on aurait besoin. Donc voilà, des festivals, le rêve d’aller au Hellfest, par exemple, ou d’autres choses comme ça. Et voilà, on travaille pour ça, je pense qu’on a une approche, relativement professionnelle. Maintenant, il faut juste avoir un peu de chance, l’opportunité et… voilà, et j’espère qu’on va croiser les doigts pour que ça se passe.
VH : Prochaine dates, du coup, de concert, est-ce qu’il y en a une ?
JT :
4 avril – Ambérieu en Bugey,
5 avril – Grenoble, « Ampérage »,
12 avril – Saint-Maurice, en Suisse, « Manoir Pub »,
24 avril – Lyon, « Over Eighteen Motors »,
25 avril – Fréjus, « Monster’s Art »,
26 avril – Vendargues/Montpellier « Alive My Studio »,
3 mai – Voiron, « Le Rubis »,
15 mai – Montcul, Tremplin « Plane’R Fest »,
16 mai – Chambéry, « Brin de Zinc »,
30 mai – Colmar, « Aching Metal Fest » avec Vanden Plas
On parlait de gros festivals. On espère être dans le meilleur des quatre pour qu’on atterrisse sur la grosse scène du PlaneR’Fest.
Et puis voilà, c’est pas mal.
VH : C’est pas mal, ouais, c’est un beau programme. Et si… j’ai quand même une petite dernière question, est ce qu’on peut parler de ton actualité à toi, personnelle ?
JT : Et bien oui, on peut parler de Booking KÂ Management. Je me suis lancé dans l’activité musicale à plein temps. Et je m’occupe de pas mal de groupes et ça fonctionne plutôt bien.
Donc notamment je m’occupe du groupe allemand culte Vanden Plas. Donc ça a été un gros gros challenge. C’est un gros challenge. Et ça se passe super bien. Donc ça c’est top. Voilà, je bosse avec David Reece, l’ex-chanteur d’Accept, qui chante dans Bangalore Choir. Je m’occupe de Gnô, de Giacomo Voli (Rhapsody Of Fire) pour son tribute à Queen, d’un des meilleurs tribute de Pink Floyd de France (les Echoes And More), de Miss Soury, la sœur du chanteur de Pow Wow, Ahmed Mouici. Dans un registre plus folle bouge, je m’occupe de Eliott Tordo, l’ancien claviériste d’Amon Sethis, qui fait un petit peu de vue sur sa chaîne YouTube, il en fait 100 millions et 450 000 followers.
Enfin voilà, j’ai une activité bien remplie et ça se passe très très bien. Donc je suis très heureux comme ceci.
VH : Génial, on a souhaiter que ça continue, que ça marche encore plus, et puis longue vie à Amon Sethis aussi, quand même, que ça perdure. Et bien, on va se quitter comme ça. Merci Julien, pour Soil Chronicles. À bientôt.
JT : A bientôt, et puis, n’hésitez pas à acheter CD/Vinyles sur Season of Mist et sur notre BandCamp.
Merci à toi
VH : Et venir aux concerts aussi, parce que c’est du spectacle. Merci.
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