Intervieweuse : Bloodybarbie
Après la sortie de « On Lonly Towers », cet album « parfait » des finlandais de Barren Earth (pour plus d’information, voir la chronique : http://www.soilchronicles.fr/chroniques/barren-earth-on-lonely-towers), j’ai eu l’honneur d’interviewer Janne Perttilä, le guitariste du groupe, pour en savoir plus sur ce magnifique chef d’œuvre.
Commençons par le début, peux-tu nous raconter l’histoire de la formation du groupe, la création du projet et le choix du nom du groupe.
JP : Wow, remontons donc l’histoire. Tout a commencé en 2008, notre bassiste Olli-Pekka Laine a fondé le groupe en solo. Il avait composé une pile de morceaux mais n’avait pas encore un vrai groupe pour les faire jouer… Il a donc fait appel à quelques musiciens : moi-même, Marko et Kaspar. Ensuite nous avons fait pas mal de répètes en salle. Sami nous a rejoints en tant que lead guitariste et enfin nous avons trouvé un excellent chanteur… et le groupe fut ! Encore fallait-il trouver un nom, ce qui n’était pas gagné !
Après nombreuses suggestions qui n’ont pas bien collé à ce qu’on voulait, on s’est raccroché à Barren Earth (Terre Stérile). Elle conjure une image apocalyptique, qui reflète le côté death metal du groupe.
Quelle est cette recette si magique pour mélanger une large panoplie de styles musicaux en un ? On peut y déceler des influences black, prog, death, folk, doom avec du jazz ou du blues, de la musique d’ambiance…
JP : La recette secrète, c’est de réussir à rassembler six musiciens ensemble dans une salle de répète haha, c’est tout ! Chaque membre est un grand mélomane, cœur et âme, qui s’intéresse à différentes sortes de musique. Tous les styles que tu mentionnes sont présents dans notre musique parce qu’ils coulent dans nos veines. C’est donc très naturel que toutes ces influences se retrouvent dans nos compositions.
Combien d’instruments sont vraiment présents dans cet album ? A quel point est-ce si difficile d’obtenir un mixage et une production aussi parfaits et propres comme les vôtres ?
JP : Tu sais, pour différentes raisons, c’était l’album le plus facile que nous avons fait et certainement le plus naturel, je dirais. On n’a pas utilisé des centaines d’instruments bizarres, FX tracks, ou bien des saxophonistes et des violonistes… Ce que vous entendez, c’est juste six musiciens en train de jouer : guitare, batterie, claviers et chant. On a enregistré l’album avec un de nos amis, Petri Majuri qui est un producteur très réputé en Finlande. Il est très professionnel et travaille rapidement… Ce qui était parfait pour nous. On avait bien répété préalablement et donc on a enregistré la musique de base d’abord, et on a peaufiné le reste ensemble en studio… très old-school !
Quelle est votre méthode de composition? Combien de temps avez vous mis pour composer cet album?
JP : Habituellement, une personne se charge de faire le croquis des morceaux. Ensuite, on peaufine et développe en jammant tous ensemble en salle de répète.
On n’a pas mis beaucoup de temps après l’album précédent, donc basiquement, on a écrit et mis en place les choses en deux ans au total. On n’est pas tout le temps actifs. On a également changé de chanteur.
Qui écrit les textes dans votre groupe, et de quoi parlent les textes (un track-by-track est le bienvenu) ?
JP : Sur cet album, c’est notre vocaliste qui s’est chargé d’écrire une histoire prosaïque, un concept qu’il a travaillé, il a donc écrit toutes les paroles de l’album sauf un morceau dont je me suis occupé.
L’album traite beaucoup de thèmes, mais le thème principal parle d’assumer ses propres choix dans la vie, réaliser ses erreurs et accepter la vérité qui confronte sa propre moralité. A un autre niveau, c’est également une histoire entre deux personnes, un homme sauvage mortellement blessé et une fille dont les chemins se sont croisés. Vous savez, quand une femme rencontre un homme… haha…
Que signifie le titre de votre album “On Lonely Towers”?
JP : Le titre se réfère aux ruines aussi bien qu’à la solitude, ce qui symbolise les conséquences des choix qu’on fait dans la vie. Réaliser et accepter là où vous mène le courant de la vie.
Pourquoi avez-vous quitté Peaceville pour Century Media ? Qu’est-ce que cela a changé pour vous ?
JP : Notre contrat avec Peaceville a expiré et on a exploré toutes les options possibles pour notre troisième album. C’est, de loin, notre plus grand accomplissement dans la carrière de Barren Earth, donc naturellement on voulait le meilleur label en terme de distribution et de publicité, spécialement dans quelques endroits dans le monde qu’on n’avait pas réussi à atteindre auparavant.
Comment tu situes/compares cet album aux précédents?
JP : Le plus évident est le changement des vocalistes. Le chant de Jón ajoute sincèrement une autre valeur à notre musique qui nous manquait depuis le début. Après le départ de notre chanteur précédent, Mikko Kotamäki, on a commencé à chercher un remplaçant… On a tout de suite pensé à Jon, qui est un ami à moi et à Marko, également chanteur dans Hamferd, qui ont ouvert pour Moonsorrow en tournée dans le passé.
Je pense qu’on n’a pas remplacé Mikko, mais on a trouvé un remplaçant qui est d’autant plus spécial. Je n’ai rien contre Mikko, qui est bien évidement un excellent vocaliste, on est toujours amis et on se voit tout le temps.
N’est-ce pas difficile de jouer et composer d’aussi longs morceaux et si riche tout en restant aussi concentré ?
JP : Si vous perdez votre concentration quand vous jouez un morceau, si vous commencez à penser à la lourdeur de votre setlist, c’est que peut-être quelque chose ne va pas avec un morceau.
Composer est bien évidement un challenge, car plus le morceau est long plus vous devez suivre l’évolution de l’ensemble de celui-ci. On n’est pas le genre de personnes qui font de longs morceaux dans ce but là, mais il y a des morceaux qui ressemblent à une carte postale et d’autres à des films. On préfère plutôt ceux qui sont comme des films. On aime explorer les diverses atmosphères et sentiments sans se soucier de la longueur des compositions. Bien évidemment, si un morceau est ennuyeux, il est ennuyeux… Il y a toujours quelque chose pour captiver l’attention de l’auditeur.
Actuellement, je n’ai aucune idée de si de nos jours, les longs morceaux sont commercialement une bonne idée et si la future génération sera aussi impatiente d’écouter des albums et les apprécier correctement. Mais honnêtement, on s’en fout !
Par ailleurs, je ne pense pas que nos morceaux soient vraiment longs. Sur cet album, seuls quelques uns sont très longs, mais seulement de 12 minutes. Marko et moi jouons des titres qui font trois fois cette durée dans nos autres groupes, haha.
Que voulez vous transmettre à votre auditoire à travers votre musique ? Que ressens-tu personnellement lorsque tu écoutes tes propres compositions ?
JP: Personnellement j’en suis fier, spécialement de « On Lonely Towers ». Je me réfère à ce que j’ai dit précédemment, sur le fait de préférer des films à des cartes postales.
Si je dois comparer la musique à d’autres formes d’arts, on veut la présenter comme un film intéressant au lieu d’un épisode d’une série de télé-réalité ou autre série à bas coût. On veut transporter l’auditeur en voyage, au lieu d’un gimmick bas de gamme que l’on peut facilement oublier.
Est-ce que Barren Earth est l’unique projet de chacun parmi vous ? Ou avez-vous d’autres side projects ?
JP: Ce n’est pas notre seul projet pour aucun des membres, mais ce n’est pas non plus un side project. On a tous différents projets, mais cela n’empêche pas que chacun prenne à cœur et se concentre à 100% sur Barren Earth.
Jusqu’à présent, il n’y a pas eu beaucoup de situations où les autres engagements ont présenté une sorte de problèmes. On est tous très excités et ravis de faire partie de ce groupe, on a un nouvel album, un nouveau label, un nouveau management… On en est fier. Tout est renouvelé et prometteur pour nous, un nouveau départ, un renouveau !
Quelle est la position du groupe en Finlande?
JP : Pour un groupe assez récent comme nous, on est bien placé. Notre album est resté assez longtemps dans les albums charts qui sont sortis et on peut faire de bons concerts là-bas.
Quels sont vos projets pour 2015 ? Une tournée européenne en vue ?
JP: Le plus gros projet était de sortir cet album, et après cela il faut le promouvoir en faisant des tournées.
Malheureusement, la sortie de l’album s’est fait un peu tard au printemps, je doute que l’on puisse nous trouver une place en festivals, mais notre but est la tournée européenne. Il y a diverses possibilités intéressantes pour la seconde moitié de 2015 qu’on a examinés. Mais aussi une tournée aux USA.
Si vous devez choisir un groupe avec qui tourner, lequel vous choisirez ?
JP : J’aimerais beaucoup tourner avec Enslaved. Je pense qu’ensemble nous ferons un package intéressant et sensé. Je ressens beaucoup d’approches similaires de nos musiques. Il y a un élément commun entre les deux groupes, mais en même temps on est complètement différent. Nos deux groupes partagent cet amour commun pour le rock progressif, bien que les racines d’Enslaved soient plutôt Black Metal et les nôtres proviennent du death. Je pense que ça pourrait être un show grandiose pour le public.
Des festivals cette année?
JP: Notre premier festival confirmé cette année aura lieu aux Iles Féroé. Ça va être à la fois grandiose et étrange d’aller là-bas. Mais aussi d’autres festivals en Europe continentale mais je ne suis pas encore sûr.
Ça aurait été plus facile si on avait sorti l’album plus tôt. Maintenant on est en mars et les festivals sont tous bookés.
As-tu le temps d’écouter d’autres musiques/groupes, car beaucoup d’artistes n’en ont pas en fait ?
JP : Bien sûr… J’ai besoin d’avoir ce temps là ! La musique, c’est mon sang, je suis un musicien de troisième génération. Ce que j’aime comme musiques, ce sont celles qui me transportent. J’apprécie différents genres, tout dépend de mon humeur. Quand je me réveille, j’ai toujours une musique qui tourne dans ma tête, et donc parfois je n’ai même pas besoin de mettre un CD, j’ai un Jukebox dans ma tête haha. Aujourd’hui par exemple je m’écoutais du Tom Waits mêlé à du Marduk, mais je chante seulement sur Tom Waits, pas sur Marduk haha.
Pour finir, qu’est-ce qui anime ta vie en dehors de la musique?
JP : Ce qui rock ma vie en dehors de la musique ? Je pense que c’est la vie elle même. J’essaie de trouver des choses excitantes : amour, beauté, rire tous les jours dans tout ce que je fais. Si tout cela fonctionne bien, c’est vraiment ce qui enchante mon monde.
Je te remercie Janne d’avoir répondu aux questions, et au plaisir de vous voir en concert à Paris ou ailleurs !
JP : Merci à toi, à bientôt !
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