Il en a fallu du temps pour trouver quelqu’un pour promouvoir la batterie au cœur de Brest. Nous avons enfin trouvé en la personne de Gaetan Lepetit. Il est le président de l’association Breizh Drum Society, association créée en septembre 2010, qui a pour objet de promouvoir la batterie en organisant des événements autour de cet instrument dans la région Bretagne. Cette association a fait venir récemment Raphael Mercier (batteur de Mass Hysteria). Nous avons alors choisi, de sortir des sentiers classiques d’interviews classiques de groupes, pour s’intéresser à lui, à ses ambitions, ses activités…
LGWAG : Bonjour Gaétan, tout d’abord, question simple, qui es-tu ?
GL : Question simple ? C’est difficile de commencer ainsi. Alors, d’un point de vue artistique, je suis un musicien amateur, batteur comme tu peux t’en douter. J’ai joué dans différents groupes brestois : Saül (rock), Kouïx Mondez (Pop/rock) et maintenant ArchaeA (Rock heavy progressif). Sinon à côté, je suis une troupe de théâtre en tant que décorateur et régisseur son/lumière.
Je suis récemment monté sur les planches pour remplacer un comédien. J’aime également la photographie. Et si tu veux quelque chose de plus administratif… ben j’ai 34 ans et je suis urbaniste.
LGWAG : Depuis quand pratiques-tu la batterie ?
GL : J’ai commencé vers 19 ans donc ça fait 15 ans. Mais attention, je ne suis pas spécialement un bon batteur. Je n’ai pas le niveau de quelqu’un qui aurait fait 15 ans de batterie sérieusement. Au départ, j’ai commencé la batterie en loisirs (1h par semaine). J’ai rapidement eu mes premiers groupes (de 1998 à 2000). Puis pour des raisons personnelles, j’ai quasiment tout arrêté, au moins les groupes. Ça ne fait que depuis trois ou quatre ans que j’ai repris l’instrument et les groupes et sachant que je n’ai pas fait le choix de consacrer mon temps libre exclusivement à la batterie. Mais tout cela n’empêche pas d’être passionné.
LGWAG : Et pourquoi la batterie ?
GL : Ce n’est pas quelque chose vers laquelle je m’orientais. Comme beaucoup de personnes qui se sont mis à la musique par hasard, j’accompagnais des copains étudiants qui allaient faire une répétition dans le but de monter un groupe. C’était leur première répétition et certains étaient vraiment des débutants. Il y avait des guitaristes, un bassiste. Il n’y avait pas de batteur. Il y a en un qui a dit que ce serait bien de trouver un batteur et les yeux se sont braqués vers la seule personne qui ne faisait rien et qui était là pour observer, c’est-à-dire moi. Je ne sais plus comment on s’est débrouillé mais quelques minutes plus tard j’avais des baguettes en main et mon cerveau commençait sa première séance de torture. Finalement, déjà que je n’étais pas vraiment prédisposé pour la musique mais je crois que la batterie encore moins. A choisir, j’aurais peut-être choisi la guitare… comme quoi, il faut peu de choses parfois.
LGWAG: Pour toi, quelles sont les buts de la pratique d’un instrument de musique ?
GL : En premier lieu, s’amuser, se faire plaisir. Il faut avant tout prendre du plaisir dans la musique qu’on joue ou qu’on écoute. Après chacun voit la façon dont il peut se faire plaisir. Jouer des trucs simples mais qui lui parle, chercher une performance technique. On a tous notre façon d’appréhender un art tel qu’il soit.
Ensuite, tu peux jouer d’un instrument en groupe. La démarche est encore différente. Cela t’amène à apprendre à composer, à interagir avec les autres, à te faire respecter ou au contraire à prendre sur toi. Tu apprends beaucoup ainsi et parfois il faut savoir ravaler son orgueil.
L’étape suivante peut consister à jouer en public.
Certains groupes ne franchissent pas cette étape parce que ça ne correspond pas à leurs souhaits. Pourquoi pas après tout. Là encore tu apprends beaucoup. Tu dois gérer ton trac, gérer des imprévus sachant que tu ne peux pas reprendre à zéro comme en répétition. Parfois ça plait, parfois ça ne plait pas. Mais c’est encore une source de plaisir. Il faut que le plaisir reste le moteur.
Dans tout art, s’il n’y pas plus de plaisir, qui n’est pas forcément incompatible avec un côté professionnel, alors autant arrêter ou faire un break. Raphaël Mercier me disait qu’il n’aimait pas le terme « faire le métier » en parlant de la musique. Hors, la musique reste sa profession en partie. Cela signifie que, pour lui, le moteur principal est le plaisir qu’il en retire. Il se trouve qu’en plus ça lui permet de vivre alors tant mieux.
LGWAG : Comment en vient-on à monter une association ?
GL : Si tu veux faire des projets c’est un peu un passage obligatoire. Surtout si tu dois gérer des budgets, avoir des assurances. Il faut que tu t’organises en tant que personne morale. Ça c’est pour le côté administratif.
Mais la décision de monter une asso vient quand tu te rends compte qu’il y a un manque, qu’il y a des choses à faire. Qui peut faire ce genre de projets tels que des démonstrations ou des spectacles de batterie ? Les écoles de musique ou les magasins. Mais toutes ces structures ont un impératif de survie financière. Quand tu fais une démonstration de batterie, tu ne vas pas remplir le parc de Penfeld.
Tu dois te préparer à ce que tu perdes de l’argent. Ensuite, ça demande du temps. Le gérant d’un magasin de musique ou un directeur d’école de musique n’a pas forcément le temps de gérer tout cela. Alors que nous, nous utilisons ce qui fait la force de l’associatif. C’est-à-dire des bénévoles qui acceptent de donner de leur temps, et parfois de leur argent, pour quelque chose qui leur tient à cœur.
Ça ne nous coûte pas vraiment de passer un dimanche à rédiger un dossier de subvention. On organise des soirées concerts. Tous les bénéfices sont réinvestis dans les démonstrations ou spectacles. Ça demande du temps d’organiser ces soirées. Mais là encore les bénévoles sont partants. Et c’est ce qui nous permet d’équilibrer nos budgets.
LGWAG : Quels sont les subventions?
GL : D’un point de vue financier ? quasiment rien. Les structures publiques ou privés sont très sollicitées et les subventions sont en chute libre dans beaucoup de domaines. C’est par exemple le cas dans le domaine du théâtre à Brest. Ensuite, il faut bien dire qu’on est une jeune asso donc les différents mécènes ou sponsors sont frileux. Tu peux être motivés, apporter des garanties, présenter des choses consolidées, il y a toujours une réticence à donner de l’argent. Cela peut se comprendre car monter une association, c’est simple et n’importe qui pourrait demander de l’argent pour n’importe quoi. Le problème en revanche, c’est lorsque tu ne peux même pas défendre ton projet en le présentant pour montrer qu’il tient la route ou qu’on te dit que ce n’est pas la politique d’une collectivité que – je cite- « de faire émerger les projets ». Mais, j’ai été surpris de constater que finalement les choses sont plus faciles avec les partenaires privés. Et de ce point de vue, je ne peux m’empêcher de citer les exemples d’Art Mania et Mercier Musique à Brest qui répondent présents même s’il s’agit d’une aide financier. Cela a été le cas pour la démonstration de Raphaël. Je tiens à les remercier de leur confiance.
Mais bon, il ne faut pas noircir le tableau. Car nous pouvons avoir des aides en nature. C’est le cas par exemple avec la ville de Brest qui nous propose certaines salles gratuitement, qui peut nous aider, selon ses possibilités, en mettant du personnel à disposition. Sur ce point, la ville de Brest joue le jeu. Il y a d’autres aides en nature. Cela peut-être de la communication comme ce sera le cas avec Batteur Magazine, Fréquence Mutine ou encore Soil Chronicles (:D). Enfin pour notre spectacle d’octobre, la marque TAMA nous enverra une batterie pour mettre à disposition d’un des batteurs.
LGWAG : Quelles sont les prochaines activités de l’association ?
GL : La prochaine activité est une grosse activité puisque nous souhaitons organiser un temps fort événementiel autour de la batterie. Il s’agit d’une première édition qui aura lieu le 9 octobre 2011. Nous ferons venir trois batteurs qui viendront faire des démonstrations et discuter avec le public. On sera dans une sorte de mélange entre spectacle et master-class. Par la suite, nous aimerions que plus de partenaires s’associent à nous pour mettre en place des stands de présentation ou bien d’autres choses. Mais ça viendra avec le temps.
Pour être un peu plus précis, nous ferons venir, Franck Agulhon, Hervé-Georges Torcheux et Nicolas Bastos. Le premier est un batteur de jazz très réputé qui a joué avec les plus grands jazzmen contemporains. Le second écrit des méthodes et dispose d’un réseau d’école en France. Et le dernier qui t’intéressera peut-être plus est le batteur de l’Esprit du Clan et de Deep in Hate. D’ailleurs on a eu du mal à caler la date vis-à-vis de Nicolas car il part le 10 octobre au Canada où il partagera des scènes avec Napalm Death (comme l’EDC l’avait fait à Brest) et Cavalera Conspiracy.
« Donc un gros projet… Mais si ça marche, on pourra être fier de nous et nous dire qu’on peut continuer ».
Ensuite, nous réfléchissons à l’organisation de master-class pour le compte de structures comme les magasins de musique. Là actuellement, je discute avec un batteur de métal d’envergure internationale. Mais je garde le secret là-dessus car si on discute cela ne veut pas dire que les choses se feront. Et bien évidemment, il reste nos soirées concerts dont, si tout va bien, une soirée métal en septembre.
LGWAG : Qui en sont les membres ?
GL : Nous sommes 4 pour le moment. Et un 5e est en cours de recrutement. Je me suis entouré d’amis car je trouve que c’est le meilleur moyen de parvenir à créer rapidement une émulation. Pour le moment, il n’y a pas eu vraiment de difficultés. Mais, même entre amis, il faut aussi savoir se dire les choses car il pourrait y avoir un petit côté « groupe de potes qui se font plaisir ». Or, il ne faut pas confondre « amateur » et « amateurisme ».
Donc parmi les membres, il y a deux personnes de mon groupe. Clara, tout d’abord, qui est notre chanteuse et qui est chef de chœur. Julien, le guitariste d’ArchaeA qui est également batteur. C’est le trésorier de l’association. Et Sophie qui joue également de la batterie et qui est présentatrice de l’émission Raging Metal Mania sur Fréquence Mutine le mardi soir de 22h à Minuit. Enfin, il y a Maël, le batteur du groupe Dirty Velvet qui devrait intégrer notre asso. Le principe est acté mais on lui laisse un petit temps d’observation pour qu’il fasse son choix.
J’ai souhaité organiser cela comme un véritable projet. Donc je me suis calqué sur ce que je connaissais dans le monde professionnel. En quelque sorte, je suis le chef du projet associatif et je coordonne le tout. Ensuite, il y a trois « sous-projets ». Je suis chargé du sous-projet « Temps fort événementiel ». Sophie est responsable des activités de soirées concerts, soutenue par Julien (le deuxième sous-projet). Maël m’aidera sur le temps fort et s’occupera des événements avec les magasins ou les écoles (le troisième sous-projet). Tout cela concoure à la réalisation de notre projet associatif qui consiste à promouvoir la pratique instrumentale. Dans cette première année, je suis un peu en phase d’observation, mais progressivement, les personnes en charge des différentes activités prennent de l’autonomie. Si je sais pouvoir faire confiance, je délègue… tant que leur action reste conforme à notre projet et ne met pas en péril l’association.
Nous devons également encore nous organiser pour ce qui concerne la communication et bien d’autres choses encore. Mais nous y allons progressivement pour sécuriser les choses.
LGWAG: Quel budget faut-il prévoir pour l’achat de la batterie ?
GL : Tu peux commencer avec un modèle début de gamme pas trop mal en neuf de 600 à 800 €. Je t’avouerai que je ne suis plus trop l’actualité sur les débuts de gamme. Mais c’est un peu l’ordre de prix, je pense. A cela tu rajoutes un peu de cymbales entrée de gamme. On va dire 150 €. Donc c’est un petit budget tout de même. Mais si c’est pour débuter, tu peux regarder en occasion. Je conseillerai de prendre de la marque quitte à prendre un modèle plus bas de gamme. Je pense que ça se revend mieux ou que ça tient mieux dans le temps.
Mais bon, en fait, il faut poser des questions aux magasins, aux profs, à ceux que tu connais. Car il y a des marques nouvelles qui peuvent proposer de bons produits pour débutants. Ensuite, si tu veux monter en gamme tu arrives rapidement à 1000/1500 € la batterie. Le jeu de cymbales que tu mettras avec coûte plus cher aussi. Tu seras aux alentours de 150/200 € la cymbale avec de grandes variations de prix dans ce domaine.
Puis après tu as du haut de gamme. 2500/3000 € pour des batteries faites en usine. Et si vraiment tu en as les moyens, tu as des batteries faites à la main. Je me suis renseigné dernièrement car le batteur du groupe Destinity de Lyon change son matériel. Il s’agit d’une batterie Spaun qui vaut à peu près 8 000 $ ! Même s’il ne l’a vend pas ce prix, je n’en serai hélas pas l’acheteur !
LGWAG : Quels batteurs/artistes vénères-tu ?
GL : Si je dois faire un top 5 de mes batteurs préférés, je dirais : John Bonham (Led Zep) en haut de tout. Après dans le désordre, Lars Ulrich (même s’il est décrié), Joey Castillo (QOTSA), Dave Lombardo (Slayer)… et puis je crois que je vais rester à un top 4. Il y a pleins de batteurs qui me scotchent chacun dans leur domaine. Donc il faudrait presque faire un top 50.
Il y a des monstres de techniques, des batteurs qui ont une approche minimaliste, d’autres qui explosent d’énergie et font le show, d’autres qui ont une capacité à communiquer et à emmener un public. Bref, il y a pleins de style et dans chaque style tellement d’approches différentes. Et il me semble que c’est Richard Kolinka (batteur de Téléphone) qui disait qu’il apprenait de tous les batteurs y compris des mauvais.
LGWAG : Que penses-tu de la place de la musique à Brest ?
GL : J’ai l’impression qu’elle a diminué. En fait, quand j’ai commencé la musique, sur le tard, j’allais souvent dans les concerts et m’intéressait à ce qui se faisait. Puis comme je le disais en début d’interview, j’ai fait un break. Je suis revenu à la musique il y a seulement quelques années. Donc j’avais un peu perdu de vue ce qui se faisait. Mais il y a 15 ans, tu avais des cafés concerts comme l’Arizona, Chez Arnold, les Années Bleus, le Soul Food existait déjà je crois. Et sans doute bien d’autres que j’oublie. Aujourd’hui tu n’as plus grand-chose. Après ce sont des salles comme le Vauban. Sinon heureusement qu’il y a aussi un espace comme l’espace Léo Ferré. Le souci, c’est que ça ne vaut plus le coup pour un patron de bar d’engager un groupe, s’il doit faire son chiffre avant une heure du matin, sans oublier les questions de nuisances sonores qui imposent des travaux importants. Ce sont donc les assos qui prennent le relais et qui organisent parfois en lien avec les bars. Mais je me rends compte que le public est habitué à une certaine gratuité désormais.
Pour la fête de la musique, tu avais une scène bas de siam, une vraie scène place de la liberté, une scène devant le Spencer (qui est le Rock Circus maintenant). Avec bien souvent, une esthétique bien identifiée comme le punk/métal devant le Spencer. Sans compter les autres scènes ailleurs pour l’électro, etc… Là, cette année, j’ai regardé le programme et je n’ai pas trouvé transcendant.
Ou encore il me semble qu’auparavant les jeudis du port duraient beaucoup plus longtemps.
Bref, il y a sans doute un problème de financement général au monde de la culture. Mais bon là, je ne suis pas un spécialiste du domaine.
LGWAG: Quelle définition du métal pourrais-tu donner ?
GL : Retour aux questions difficiles. Je ne sais pas quelle définition lui donner. Ce que je sais c’est que c’est le style par lequel j’ai découvert la musique. En fait, je me suis mis à écouter de la musique de façon régulière vers 18 ans. Avant, je n’écoutais pas vraiment de musique. Le métal est certainement porteur d’une énergie, voire d’une rage qui me correspond. Donc, même si j’écoute de tout, le metal reste le style qui a ma préférence. Mais en revanche, à mon grand regret, je n’en joue pas. Mes mollets, mes chevilles et mes poignets ne sont pas encore prêts. Mais bon j’y travaille. Peut-être qu’un jour….
Ce qui me gêne le plus c’est le principe de classification qui s’opère d’une manière général. Je suis étonné de voir parfois les styles qu’on a pu inventer. Et surtout avec ce break que j’ai fait qui m’a coupé un peu de la musique durant quelques années. Avant, tu avais du speed, du heavy, du death. Le trash avait une connotation plus généraliste j’ai l’impression. Aujourd’hui si tu dis trash, ce n’est surtout pas death.
« Si tu fais du black, tu peux faire du black dépressif, du black mélodique, du folk black. Dans le death, tu as du death mélodique, du death technique, d’ailleurs comme si l’un et l’autre étaient incompatibles, du brutal death, etc… Et tu peux continuer longtemps comme ça ».
Je ne maîtrise absolument pas tout ces codes de classification. Et pour être franc, je m’en fiche totalement. Pour moi, le speed, le heavy, le death, le black, tout ça, ça reste du métal. Et on se fait plaisir après en fonction de styles musicaux qu’on apprécie plus que d’autres. J’ai l’impression que maintenant, si tu ne fais pas l’extrême, tu ne fais pas de métal. Mais savoir si Motorhead est moins métal ou non que Behemoth, je m’en fiche.
En élargissant un peu le débat, j’ai l’impression qu’on se plait à créer des classifications pour affirmer son style. Si on dépasse le cadre du métal, tu as le principe de musique vivante… En opposition à une musique qui ne serait pas vivante ? bon en caricaturant, on va dire qu’un concert, c’est de la musique vivante et un disque ce n’est pas de la musique vivante. Ok. Mais les musiciens parviennent à se prendre la tête au final pour savoir si un mec qui fait du mix peut être considéré comme musicien ou pas. Le mix ? Musique vivante ou pas. Et enfin, on a réussi à créer la catégorie « musiques actuelles » qui regroupent en gros la chanson, le jazz, les musiques amplifiées. Je crois que les musiques traditionnelles sont dedans s’il y a des instruments modernes… Et donc le reste, c’est quoi ? Des musiques qui ne sont pas actuelles ? A Brest, l’Ensemble Matheus ou Sillage, on les met dans quoi ? Mais bon on s’éloigne du metal.
LGWAG : Que souhaites-tu transmettre à travers tes concerts ?
GL : Si possible, le plaisir que je prends à jouer. Ça me semble primordial. Après, je peux espérer que les gens apprécient mais ça c’est quitte ou double. Surtout si tu joues devant un public qui n’est pas le tien. Quoique… En 2000 avec Kouix Mondez (Pop/rock) on a joué sur la scène métal devant le Spencer pour la fête de la musique. On a joué en fin d’après-midi et nous étions un peu une anomalie de programmation. Mais bon au final, les métalleux ont aimé. Ça restait pop/rock mais on se faisait plaisir. Donc principalement, le plaisir de jouer à transmettre. Après ça plait ou pas, le public vient pour critiquer ou pas. Je m’en fiche. Je joue avec ce je suis, avec l’histoire qui est la mienne.
LGWAG : Que penses-tu du métal breton en général?
GL : Je redécouvre un peu cette scène pour les raisons déjà évoquées. Et je trouve qu’il y a une bonne scène métal en Bretagne et surtout très active. Mais cela est sans doute dû au fait que le metal n’est pas franchement aidé. Tout le monde n’a pas un Patrick Roy dans sa région. Et je pense que cet homme a fait énormément pour le métal. Mais il faut voir le bon côté des choses, les métalleux s’organisent pour se prendre en main et faire émerger la scène locale. Heureusement tu as des patrons de bar en Bretagne qui acceptent le métal. Et s’ils aiment le métal comme au Black Label à Brest, c’est encore plus facile. J’ai l’impression que les assos metal sont plus nombreuses et organisent plus de choses que pour le reste, notamment le rock. Il faut dire que pour le rock, ce n’est finalement pas très difficile de trouver un bar qui peut te faire jouer ou d’être programmé à une fête de la musique y compris dans un petit village. Le metal n’a pas cette reconnaissance mais il faut savoir en tirer partie. Ça forge l’esprit associatif.
Ensuite ce qui m’impressionne sans doute le plus, c’est le niveau qu’ont les musiciens aujourd’hui. Maintenant les musiciens amateurs y compris jeunes proposent des choses très propres, très techniques. Tu as des jeunes batteurs locaux qui maîtrisent parfaitement la double pédale. Pareil pour les guitaristes. Tu sens que les musiciens ont passé des heures derrière leurs instruments. La pratique musicale s’est démocratisée en même temps que l’enseignement s’est amélioré. Tu as des écoles, tu as des méthodes, il y a internet. Donc effectivement, on a une scène métal active en Bretagne. Mais peut-être est-ce aussi le cas ailleurs.
LGWAG : Un dernier mot ?
GL : J’ai l’impression d’avoir été déjà pas mal bavard… bien évidemment, je ne peux qu’encourager les musiciens, et principalement les batteurs, à soutenir les actions de Breizh Drum Society en venant à nos soirées concerts et notre temps fort du mois d’octobre. Y compris pour venir voir un batteur d’un style qui n’est pas le sien à priori. Mais d’une manière générale, ce sont les actions des structures associatives qui ont besoin d’être soutenues. Les grosses machineries festivalières c’est bien. Mais il faut penser que les musiciens doivent d’abord faire leurs armes en local et il faut les soutenir. Sans vouloir passer pour un donneur de leçons, je préfère faire l’impasse sur un écran plat mais contribuer à la richesse et la diversité culturelle locale. De la même façon, je préfère acheter moins de matériel mais faire fonctionner le magasin de ma ville.
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