Bonjour Yann, Mpk du Webzine Soil CHRONICLES.
Sincèrement heureux de faire cette Itw avec toi…
Duo, puis trio, CIGUË possède dorénavant six membres dans son line up. Pourquoi cette évolution, et pour ceux découvrant votre groupe peux tu en expliquer la genèse d’une part ; et de l’autre, le cheminement ayant conduit à ce « Phobia » ?
Le projet est parti d’une formation très minimaliste de style electro/indus ; au fil des concerts, on a voulu intégrer un autre guitariste et, au fur et à mesure, on s’est retrouvés à 5 sur scène.
Le line-up a changé pour la tournée : j’ai voulu avoir une voix différente de la mienne pour cet album et le live. Florent a une voix géniale et très variée, sur scène il sait être le Frontman et gérer le public, du coup je me suis mis dans la peau du bassiste à coté de Denis à la guitare, Joanna a été remplacée (pour se consacrer à la gestion du groupe et d’un petit Flavien) par Anton, grand pianiste classique et métal, et Josh nous a rejoints en milieu de parcours, remplaçant Xavier à la batterie, un cogneur en a remplacé un autre…! Glam est aussi très présente dans nos concerts car on aime lier le rock et les performances ; sur scène, Joss réalise de nombreux piercings éphémères devant le public, c’est assez impressionnant…
C’est petit à petit que l’album a pris forme, après la tournée ; on se connaissait tous très bien, et l’album est né de nos différents univers & visions de la vie et de la musique.
Rock, Indus, Electro, Gothique, que d’étiquettes sont accolées sur votre musicalité !!! Pour toi comment définirais-tu celle-ci ? Est-elle un reflet de ta culture musicale, d’influences personnelles ayant marqué ta jeunesse ?
En fait, tous ces styles se ressemblent et s’opposent à la fois ; nous, on fait juste du rock, certains y trouveront des influences goth/métal/indus/electro/etc. et c’est un peu vrai, on écoute tellement de musiques variées, dont Ciguë est le dénominateur commun. Ado, j’écoutais surtout du rock/hard rock, puis je me suis orienté vers le goth/indus, voire electro ; aujourd’hui, j’écoute autant Johnny Cash que NIN ou The Stooges…bref, du rock, quoi !
Ciguë paraissait être au départ ton « Side Project ». Celui-ci est il devenu un groupe au véritable sens du terme ?
C’est vrai qu’à la base, avec Joanna, on s’est dit un dimanche aprèm, ‘tiens, si on faisait un groupe electro/indus?’… Sortant pas mal en soirée goth à Paris, nos influences étaient principalement electro ; après quelques semaines, on avait enregistré un album, et quelques semaines plus tard, on signait chez Pervade/Thundering Records… Aujourd’hui, Ciguë est notre projet principal qu’on porte à l’aide d’un groupe hyper motivé et déterminé à faire de belles et grandes choses… !
D’ailleurs, et venons en ainsi à la sortie de « Phobia », peux tu nous en dire un peu plus sur le processus d’enregistrement de cet opus ? Fruit d’un effort collectif ou réalisation de tes inspirations personnelles ?
L’enregistrement s’est fait dans plusieurs lieux : aux LOKO Studios en Normandie, dans nos propres studios à Paris & Montpellier, puis on a masterisé chez MasterLab à Nantes. Les prises ont été courtes et espacées pour certains instruments, mais on a tenté de toujours garder une vraie énergie pour chaque morceau, en faisant beaucoup de petites sessions d’enregistrement. Laurent des Loading Data est venu enregistrer avec nous un titre (« Anatomic Phobia ») : une grande voix, un gars de talent, une belle rencontre.
Cet album a été surtout pensé et joué avant son enregistrement, les thèmes et le sens général sont venus au fur et à mesure ; la composition s’est faite à 3 avec Denis, à partir de riffs ou d’idées ; les morceaux se sont construits un par un, avec la patience et le feeling de chacun… L’album a vu le jour après 2 années de travail.
Le produit final te convient-il, et quels en sont les échos dans la planète Metal ? L’accueil et les critiques engendrés par sa sortie s’avèrent elles en osmose avec ce que tu en attendais ?
Jusqu’à présent, l’accueil est très bon ; la première personne qui a écouté l’album en dehors du groupe a été Ronan de MasterLab qui a vraiment aimé, tellement qu’après il m’a rappelé pour me dire qu’il avait fait d’autres masterings sur son temps libre pour optimiser le master de départ…
Alors, on a lancé l’album dans les mains aveugles du net, et les échos sont à la hauteur de nos attentes, reste à voir si le public suivra lors de notre prochaine tournée !…
A ce propos et en aparté, attaches tu un intérêt particulier, à ce qui peut être écrit sur votre album ? Aussi bien dans la presse écrite dite spécialisée, qu’au travers des buzzs engendrés sur la toile et plus particulièrement dans les nombreux webzines.
Les critiques me touchent beaucoup : un magazine qui passe à coté de ce qu’on a voulu dire et qui nous descend sans être constructif ni réceptif, c’est blessant mais pas autant qu’une mauvaise critique constructive… Ca s’est présenté sur le 1er album qui se voulait très linaire et « rentre-dedans », étant davantage un morceau de soirée qu’un album de salon.
Jusqu’à présent (je touche la jambe du guitariste), avec Phobia, les critiques sont assez positives, tant au niveau du public que des media – donc je stresse moins pour la suite…
Entre l’intro déjantée, concise, speedée et pêchue de « Catch Me », le développé vernis ambiant apaisant de celle de « Collapse » ; ou encore un épileptique « Whack Me I Simmer », où se situe le véritable Ciguë ?
On se situe là où nos envies nous mènent ; en « première » partie, il y a des titres rock, qui envoient bien, et sur la fin, on est plus partis dans des délires : le rythme de ‘Whack me I simmer’ avec sa fin keupon, enchaîné avec ‘Collapse’, plus planant, c’était un trip dont on est très fiers…
Je voulais une fin d’album cool, pour pouvoir écouter un autre album ensuite en retrouvant toute la pêche d’un premier titre.
L’utilisation majoritaire d’un chant travaillé et empli d’effets divers (voice coders ?) est elle une volonté t’incombant, ou un choix du groupe, ou une nécessité ?
En dehors de la saturation sur certains morceaux et du reverb/chorus, la voix n’est pas très chargée d’effets ; Florent a une voix puissante et très fiable, c’est un bonheur de travailler avec lui, car il a de bonnes idées et est très précis ; on s’est « autorisé » un léger delay sur ‘Inside Out’ mais aucun voice coder : c’est Florent qui a bossé sur des harmos de voix afin d’enrichir les titres.
Lourdeurs corrosives alternent dans vos compos avec des plages aux sonorités plus aériennes et volatiles créant un effet de ressac auditif. C’est un choix délibéré de votre part pour éviter toute once de linéarité ?
C’est simplement que cet album a été créé sur une durée plus longue que « Swallow the Pain » ; on est revenus plusieurs fois sur les arrangements, la scène nous axant davantage dans la direction du public, ensuite, il n’y avait plus qu’à tout enregistrer et, avec le mix, certains éléments sont ressortis, et c’est également ça qui a apporté différentes couleurs à l’album : ‘The Vinyl Countdown’ est plus groovy, ‘Catch Me’ et ‘Survive’ plus corrosifs, un beau duo sur ‘Anatomic Phobia’, tandis que l’intro de ‘Death in a Mirror’ est plutôt Ramnsteinienne…
Ciguë enchaîne les dates de concerts dans l’hexagone. Est-ce une tournée de promotion de Phobia, et pourquoi rester en nos frontières vu l’aspect international de votre « Metal » ? Obligation, ou volonté des membres du groupe ?
La tournée précédente s’est faite principalement en France : en effet, ça reste difficile de sortir de nos frontières au niveau financier, pour assurer la distance, car les cachets doivent être plus importants, ce qui complique souvent les choses… De nombreux organisateurs ou assos sont pleins de bonne volonté, mais traverser la France ou l’Europe demande un minimum de défraiement. Le groupe, depuis les premières dates, est ultra motivé, et nous ne courrons pas après les cachets, mais on espère aujourd’hui que le public va se rassembler et nous permettre de décoller…
Si je te disais que vous voir « ouvrir » pour des Marilyn Manson, Deadstar Assembly, ou à l’affiche avec des frenchies style « Punish Yourself » voir « Bawdy Festival » serait un régal tant je suis certains que vous séduiriez cet auditoire, que me répondrais tu ?
Ca correspond totalement à nos souhaits, nous sommes prêts pour de grandes dates ; si le public apprécie notre nouvel album et qu’on nous propose des premières parties de qualité, ça serait pour nous un pur plaisir. Je ne sais pas si on collerait au Bawdy Festival, mais si on nous y invite, ça serait l’occase de découvrir un nouvel univers !…
Et à ce propos, la tendance actuelle étant que certains groupes soient régulièrement à l’affiche ensemble, avez-vous des connexions, des affinités ou « amitiés » plus précises avec certains combos de la scène françaises ?
Effectivement, le mode ‘Plateau’ est très en vogue, les salles & organisateurs aiment qu’on leur propose directement 2/3 groupes pour un concert commun : ça réduit les risques en rassemblant davantage de monde ; on est en train de préparer ça avec Tantrum ou d’autres combos, car, au fil des concerts, des amitiés naissent ; je me souviens de Maltrum au Mondo Bizzaro (Rennes), un groupe de talent, à Marseille on a joué avec HerrSchaft, à Geneve avec les PsychoDolls, à Montpellier avec Seelentod, etc. c’étaient de bonnes rencontres, mais il y en a de moins bonnes aussi parfois… cependant, dans l’ensemble, on parvient toujours à s’entendre.
Enfin, pourquoi M & O Music ? Pour sa spécialité à sortir les excellentes trouvailles « Made In France » ou pour son dynamisme et sa notoriété croissante ? Le choix était il judicieux ? (Killing Joke°…)
Pour moi, le choix ne se posait pas vraiment : on était encore chez Pervade pour un album, Alex était en train de monter M&O MUSIC, et on a donc tout fait pour sortir cet album avec ce label qui, effectivement, produit des artistes de talent à travers un boulot sérieux de la part de ses dirigeants !…
Alex a le don de nous guider et de nous aider à faire les bons choix, à lire les contrats… bref, je lui prête une confiance aveugle ; il est d’ailleurs aujourd’hui plus qu’un manager, c’est aussi un ami, et je souhaite longue vie à M&O MUSIC.
La suite des événements pour Ciguë, tu l’envisages comment ? Des projets, des réalisations déjà en cours ? Et à titre plus personnel, as-tu des « side projetcs » en vue ???
Pour le moment, on est à fond sur la promo, et on prépare une nouvelle tournée, ce qui signifie encore beaucoup de travail de mise en place et d’organisation. Je prépare aussi un projet perso qui devrait sortir début 2011 ; avec Ciguë, on continue à composer tout le temps, pour mettre les bonnes idées dans un tiroir et les ressortir quand on en aura besoin !…
Last words are yours… Si tu as un message, ou envie de dire quoi que ce soit aux lecteurs de SOIL, c’est le moment…
Juste leur dire de continuer à écouter de la musique, d’aller voir des concerts, de crier, de se défouler, de mouiller leur t-shirt et leurs tatouages, d’être jeunes quoi, et n’oubliez pas : la drogue, c’est mal…c’est beaucoup trop cher !…
Merci pour tes réponses et ta disponibilité, et encore une fois très heureux d’avoir pu réaliser cet entretien avec toi…
Mpk.
PS :
Vraiment cool tes questions, ça fait plaisir de faire une itw avec des questions différentes de d’habitude, et bravo pour tes chroniques, elles sont super bien écrites.
A bientôt !
Yann
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