Interviewers : Metalfreak & Bloodybarbie
Interviewés : Marc « Busi » Busqué (guitares)
Traductions : Laura K.
(NdMetalfreak) C’est une superbe surprise en matière de thrash metal que ce nouveau et troisième album de Crisix. « From blue to black » a tout pour rivaliser avec les plus grands.
Et en plus, ils sont d’une disponibilité et d’une gentillesse absolues pour répondre à une interview, par mail s’il vous plait.
Et ils passent tout en revue …
Quel est votre ressenti vis-à-vis de cet album ? Comment le décririez- vous et en quoi se différencie-t-il des albums précédents ?
Nous sommes vraiment contents de ce nouvel album.
On a mis beaucoup de temps à écrire les nouveaux morceaux, les enregistrer, les mixer puis à donner naissance à ce nouvel album. Pour nous, tout va pour le mieux maintenant que ces neuf morceaux sont disponibles grâce à Listenable Records qui est un super label.
Notre album a déjà été chroniqué et comparé mais à mon avis, comme c’est notre troisième album, nos compos et notre son ont forcément évolué.
Nous ne voulions pas refaire le même album. Je pense qu’on a trouvé notre propre son et, avec cet album, on est sur la bonne voie.
Est-ce que tu peux résumer la carrière de Crisix ?
En bref, nous sommes un groupe de thrash metal de La Conca d’Òdena (Barcelone, Espagne). Nous avons commencé à jouer en 2008.
Notre carrière a déjà quelques moments mémorables, pour n’en citer que quelques-uns : notre victoire au Worldwide Metal Battle lors du Wacken de 2009 et la sortie de nos deux premiers albums « The menace » et « Rise… then rest ». Ces deux dernières années ont été intenses avec la sortie de notre second album en Europe et en Amérique du nord sur Apostasy Records et sa sortie en Amérique du sud via Urubuz Records. On a commencé l’année 2014 en étant élu groupe de la semaine sur l’émission nord-américaine MTV IGGY et on a terminé l’année 2015 avec une tournée européenne avec nos potes de Nervosa.
En ce moment, on est dans un bon groove : on vient de sortir notre troisième monstre « From Blue to Black » sur Listenable Records et on attaque notre tournée Espagnole pour le présenter avec trois dates sold-out à la suite. En plus, on vient de nous confirmer une nouvelle tournée européenne avec Suicidal Angels, Skull Fist et Evil Invaders après l’été. C’est juste dingue !
Comment le groupe a-t-il été créé ?
On est juste cinq gosses passionnés de musique et de metal, avides de concerts et avec une grosse envie de casser la baraque ! Il n’y a pas d’histoire particulière derrière la création de Crixis, on est juste des potes et on avait chacun nos groupes respectifs dans le coin avant de rejoindre un groupe de metal sérieux.
Tout ce que je peux dire c’est que le premier concert de Crixis a eu lieu dans une salle underground alors que Requene se remettait d’une opération du genou tandis que j’avais été opéré trois jours plus tôt et que Javi (notre ancien bassiste) et Mark avaient une migraine. Quelle soirée, haha !
En 2011, après trois démos vraiment géniales, Crysys devient Crisix. Pourquoi ce changement de nom ?
Lorsqu’on a déposé le nom de Crysys, Sony nous a remarqué et nous a fait changer de nom afin d’éviter toute confusion ultérieure avec leur bande originale du jeu vidéo Crysis. C’était merdique pour nous mais heureusement, c’était au début de notre carrière. On ne va pas s’en plaindre.
Depuis la naissance du groupe, il n’y a eu qu’un changement de line-up – votre bassiste en 2013 –, est-ce pour cela qu’on ressent une telle cohésion dans votre musique ?
Je ne sais pas comment ça se passe dans les autres groupes, mais pour moi, être en groupe c’est comme être en couple. Et pour nous c’est très important qu’il y ait de bons rapports entre les membres du groupe pour que le tout fonctionne. L’amitié est primordiale pour nous : imagine devoir passer 30 jours avec quatre mecs avec qui tu t’entends pas vraiment… quel cauchemar ! Puis c’est super important au moment de créer un nouvel album aussi et je pense que c’est pour ça que les fans de Crixis ressentent cette cohésion dans notre musique.
Quels ont été les retours sur « The Menace » (2011) et « Rise… Then Rest » (2013) ? Etait-ce à quoi vous vous attendiez ?
Nous avons constamment des retours sur le nouvel album ainsi que sur les précédents. Tout le monde aime comparer mais c’est cool, tout le monde semble apprécier les sons des trois albums. On reçoit plein d’opinions différentes, des fans et des haters mais à la fin, c’est génial quand même. Avec « The Menace » on a réussi à se faire un nom en Espagne et « Rise… Then Rest » nous a ouvert les portes à l’international. C’est grâce à Apostasy Records aussi, ils ont ressorti « Rise… Then Rest » à l’étranger, propageant ainsi notre musique, ils ont fait un super boulot. Toutes les critiques qu’on a eues à l’international ont été extraordinaires. C’est très gratifiant en tant que musicien de lire des bonnes critiques venues monde entier.
Votre troisième album, « From Blue to Black », a été signé sur un gros label. Quelles sont vos impressions vis-à-vis de cet accord avec Listenable Records ?
On pense sincèrement que c’était le bon choix pour Crisix, cela nous permet de diffuser notre musique auprès d’un public encore plus large. Nous avons beaucoup de respect pour Listenable Records et nous sommes convaincus que nous avons une super équipe derrière nous pour soutenir « From Blue to Black ». Ils adorent notre musique et nous, on les adore aussi. Et ça, c’est très important.
Quand avez-vous commencé à composer « From Blue to Black » ? Quelle est votre méthode pour composer ?
On a commencé à jouer des riffs, comme ça, fin 2013, pendant notre tournée espagnole pour « Rise… Then Rest » et on a commencé à y penser sérieusement courant 2014 mais on ne prévoit jamais rien quand il s’agit de composer de nouveaux morceaux. On laisse juste l’inspiration venir, on joue les riffs comme ils viennent, sans contraintes, sans les destiner à quoique ce soit. Cette fois-ci on a eu beaucoup de temps pour concocter de nouveaux riffs qui tuent et pour penser à des nouvelles idées de textes pour ce nouvel album. Mais on est carrément anticonformistes. On cherche constamment à offrir quelque chose de nouveau et de différent. On est de sacrées têtes brûlées !
A celui qui répondra à cette interview, quelle est ton histoire avec la musique (le métal) et ton instrument ?
Marc « Busi » Busqué : J’ai commencé à écouter du metal grâce à mon grand frère. Il m’a fait entrer dans le monde de Metallica et d’Iron Maiden quand j’étais tout petit. C’est là qu’a débuté mon aventure dans le metal. Puis j’ai commencé à découvrir des nouveaux groupes par moi-même. Toute mon enfance, j’ai eu une vieille guitare classique dans mon placard. J’ai finalement commencé à en jouer (ou plutôt, à faire du bruit avec) mais à 14 ans, mes copains de classe ont commencé à jouer de la guitare électrique et c’est là que je me suis rendu compte que j’avais besoin d’une guitare. J’ai dépensé mes maigres économies pour acheter la guitare électrique la moins chère du monde, une Behringer V-Tone Pack – quelle guitare de merde –, et j’ai passé la majeure partie de mon adolescence à shredder ce bout de bois jusqu’à pouvoir m’en acheter une meilleure.
Est-ce que tu peux faire un résumé des textes – piste par piste si possible ?
Le message de « From Blue to Black » est simple : L’Homme est le seul animal qui passe son temps à adapter son environnement à ses besoins au lieu de faire l’inverse. Nous sommes par essence des prédateurs et notre planète est condamnée à l’extinction sauf que, à cause de nous, la planète réalise son destin d’autant plus rapidement. De la lumière de la création au vide absolu, de la vie à la mort, du bleu au noir. Si on regarde nos textes de près, on peut y trouver plusieurs thèmes, allant de problèmes sociaux à des expériences personnelles, en passant par des choses qu’on aime (comme des films ou des personnages qu’on adore).
La plupart du temps, l’inspiration pour écrire les textes vient de la musique : on commence par travailler uniquement les instrus et notre musique nous guide pour la suite. Bien sûr il y a des exceptions où, bien avant de faire les instrus, on sait déjà de quoi on veut parler. C’est le cas de morceaux comme « T-Terror Era » – nous voulions faire une chanson au sujet de Terminator.
Quelles a été la plus grosse difficulté sur cet album ?
Je pense qu’il y a eu plusieurs difficultés concernant cet album qui ont demandé beaucoup d’attention et d’énergie. On voulait que le milieu du morceau éponyme « From Blue to Black » soit parfait : harmonie, groove et tout ; ainsi qu’un son crunch mais propre. La partie la plus rapide de l’album est sur la chanson qui ouvre l’album « Conspiranoia », le milieu est juste trop fou, ce riff thrash avec ce palm mute de dingue ! J’ai dû faire du sport avant de pouvoir l’enregistrer haha, je l’adore !
Ce qui marque les esprits dans votre musique c’est votre capacité à donner ces touches modernes à du thrash old school. Qu’est-ce qui vous a poussé dans cette direction ?
Comme je l’ai dit plus tôt, nous ne voulions pas refaire le même album encore et encore. Le thrash est notre influence principale dans Crisix, mais cette fois-ci nous trouvions que nous avions besoin d’un truc en plus, de pousser notre son à un autre niveau. Le tout de façon naturelle, sans nous forcer, nous ou nos compétences, parce que tu vois, on aime la musique, genre beaucoup de musique, pas que le thrash, on écoute plein de styles de musique, allant de trucs extrêmes à des trucs complètement opposés. On n’a pas de préjudices quand on écoute de nouveaux ou d’anciens groupes et je pense que ça se sent dans notre musique. On adore écouter de la musique et faire de la musique que les gens aiment écouter, c’est aussi simple que ça.
Crisix est en tournée en Espagne et prévoit sa première longue tournée européenne. Vous êtes un peu stressés ?
Pas du tout ! haha…
C’est vrai que notre charge de travail quotidienne a augmenté au fur et à mesure que le groupe est devenu plus connu et parfois on se sent un peu stressé mais c’est notre boulot, on est là pour ça. En fait, on meurt d’envie de repartir en tournée en Europe d’autant plus que cette fois-ci, on va voir des nouveaux pays comme le Royaume-Uni, l’Italie et la Belgique ! On a trop hâte.
J’imagine bien un bon gros tour bus avec Angelus Apatrida et Vektor ! Avec quels groupes partez-vous en tournée ?
Cette fois-ci nous partons avec les grecs Suicidal Angels, les canadiens Skull Fist et les belges Evil Invaders. Quel line-up mortel !
Quels ont été vos impressions après avoir joué au Motocultor ? Je vous ai découvert là-bas et je me suis dit : quel groupe de malade, à jouer du flamenco raggae thrash et à faire les fous sur scène. C’est l’effet de la musique ou de l’alcool ? Haha
On a passé un super moment au Motocultor, c’est un super festival avec une bonne ambiance. On jouait assez tôt et on a vraiment été surpris de voir le champ noir de monde. Épatant. Comme je disais, on est très ouverts d’esprit et on aime à essayer de nouvelles choses qui n’avaient pas encore été mélangées au métal, on laisse libre cours à notre créativité. On aime créer de la musique et jouer cette musique sur scène. On n’a pas besoin de drogues. Faire ce qu’on aime faire, c’est la meilleure drogue au monde, non ?
Peux-tu nous parler du Football of Death ?
Le Football of Death, c’est notre marque de fabrique. On voulait offrir quelque chose de nouveau aux gens, quelque chose d’un peu plus fun que le Wall of Death. Alors on a rajouté des ballons au centre, pour ajouter du rush et de l’adrénaline. Les gens deviennent dingues quand on lâche les ballons. Haha.
On a décidé de rendre hommage à cette pratique avec notre morceau « Bring ’em to the Pit », c’est le moment où on sort les ballons.
La scène metal espagnole est en croissance continue, surtout en ce qui concerne le thrash et le death métal. Qu’en pensez-vous ? Le métal est-il de plus en plus « populaire » en Espagne et quel genre de métal écoute-t-on là-bas ? On remarque qu’il y a de plus en plus de festivals comme le Rockfest Barcelona. Les espagnols semblent être plus branchés par le heavy et le thrash que par le metal extrême.
La scène rock/métal espagnole devient vraiment intéressante ces derniers temps : nous avons plein de grands groupes et de nouveaux venus de styles différents – allant de tous les types de rock au métal extrême – et, petit à petit les labels européens commencent à soutenir notre musique. Nous avons beaucoup de groupes qui reçoivent de l’attention en dehors de nos frontières, comme nos « hermanos » (NdT : frères, en espagnol dans le texte) de Angelus Apatrida et ’77, les maîtres du black Noctem, les mecs groove/tribal de Vita Imana, le groupe de death métal barré Wormed ou les gourous du post-rock Obsidian Kingdom pour n’en citer que quelques-uns.
Si vous avez le temps, je vous conseille de jeter un coup d’œil aux groupes de rock/métal espagnols sur Youtube !
Personnellement, j’aime tous les styles de groupes espagnols qui sortent de bons albums, des albums de fous comme « Behind the Wall » des punks Blowfuse, le nouvel album post- rock « A Year with No Summer » d’Obsidian Kingdom, ou le nouvel album thrash « Hidden Evolution » d’Angelus Apatrida…
Je les kiffe tous, pas juste un seul style, désolé !
En ce qui concerne les festivals, on s’améliore, comme tu l’as fait remarquer. On a Leyendas del Rock au centre de l’Espagne, Rock Fest Bcn si tu préfères Barcelone mais personnellement j’adore le Resurrection Fest au fin fond du nord-ouest de l’Espagne en Galice. Des paysages magnifiques, en pleine nature, et là, ils ont un génialissime festival où tu pourras écouter du métal, du hardcore, du doom, du punk, du thrash, du death et du rock. J’adore.
Quels est ton top 10 d’albums thrash de tous les temps ?
Mes albums les plus influents sans aucun ordre particulier :
1. Exodus – Bonded by Blood
2. Testament – The New Order
3. Metallica – Master of Puppets
4. Vio-Lence – Oppressing the Masses
5. Evil Dead – Annihilation of Civilization
6. Anthrax – Among the Living
7. Slayer – Reign in Blood
8. Kreator – Extreme Aggression
9. Megadeth – Rust in Peace
10. Sepultura – Arise
ÇA C’EST LA VIE !
T’es plutôt Anthrax ou Slayer ?
Plutôt Anthrax pour plusieurs raisons. J’adore Belladona, j’adore Scott Ian et j’adore l’énergie de leurs concerts des années 80. J’ai récemment pu voir Anthrax et Slayer en live et bien que Slayer a une technique de dingue et une setlist mortelle, l’énergie du concert d’Anthrax était juste incomparable.
T’es plutôt Tankard ou Sodom ?
Ah, c’est plus difficile de choisir. A l’époque j’écoutais plus de Sodom mais on est parti en tournée l’année dernière avec Tankard… et ce sont des types extraordinaires. On les adore, on adore aussi le bedon de Gerre. Son bedon est juste incomparable, lui aussi.
Hormis Crixis, tu peux nous conseiller d’autres groupes sympas – je ne connais que Angelus Apatrida ?
Côté thrash, il y a Trallery, le son de leur dernier album est juste énorme. Il y a Mutant qui propose un thrash plus expérimental – nous on les adore ! Puis il y a Nuckin’ Futs, Soldier et nos potes d’Aggression qui vont enfin sortir un nouvel album après une longue attente.
Coté death metal extrême il y a Wormed avec un nouvel album trop bien, Thirteen Bleed Promises et Hyde Abbey qui viennent de sortir un nouvel album vraiment bien. Plein de pépites en Espagne.
Il y a un renouveau et une belle évolution dans le thrash depuis les années 90 alors qu’il commençait à décliner : à ton avis pourquoi le thrash a failli disparaitre et pourquoi est-il revenu sur le devant de la scène ?
Je n’étais pas dans l’industrie de la musique à l’époque, haha… mais à mon avis, quand on a vu d’anciens super groupes de thrash métal sortir de nouveaux albums dans les année 2000 et juste après ça voir des jeunes groupes jouer, cette agressivité nous a fait dire « Ok, je veux faire ce genre de musique et rien d’autre ».
Je suppose que Metallica a toujours été un vrai créateur de nouveaux thrashers, c’est le groupe de metal le plus populaire du monde. Que tu les découvres avec « St Anger » ou que t’écoutes « Master of Puppets » pour la première fois, ce moment te change à jamais. Je dirais que « Master of Puppets » pourrait être appelé « l’usine à thrashers ».
Quelle a été ta vision du groupe au cours de ta carrière ?
Ça fait huit ans, et huit ans c’est long ! Je fais partie du groupe depuis mes 16 ans et je vais bientôt en avoir 25. On a tous construit Crisix et évolué au sein du groupe. L’esprit reste inchangé mais je peux t’assurer que le groupe est devenu plus pro à tous les niveaux. Tu commences cette aventure en y connaissant rien à l’industrie de la musique, tu fais juste de la zic que t’aimes et d’année en année t’en apprends plus sur tout. Comme dans tous les métiers.
Quelle est la situation du groupe aujourd’hui ? Qui sont vos fans ?
Là tout de suite, notre cible est l’Amérique du sud et c’est aussi là qu’on a le plus grand nombre de fans. Il y a un paquet de fans là-bas qui attendent Crisix, surtout au Mexique et en Colombie et on y est jamais allé, c’est fou ! Là, on est en tournée en Espagne, c’est notre territoire et avec ce nouvel album on remplit les salles, c’est génial.
Après ça on va faire une putain de tournée européenne pour diffuser le nom de Crisix dans des terres où nous ne sommes jamais allés.
Merci d’avoir répondu à l’interview.
Merci à vos lecteurs d’avoir perdu leur temps à lire une bande de mecs barrés.
J’espère vous voir tous lors de nos dates françaises avec Suicidal Angels, Skull Fist et Evil Invaders !
Chronique « From blue to black » : http://www.soilchronicles.fr/chroniques/crisix-from-blue-to-black
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