Interviewé : Pierre Challouet (bassiste/chanteur)
Intervieweur : Bloodybarbie
- Tout d’abord, toutes nos félicitations pour ce super album qu’on beaucoup apprécié chez Soil (http://www.soilchronicles.fr/chroniques/insolvency-antagonismofthesoul ). Vous êtes de quels coins ?
On est un peu dispersés dans différentes villes. Valentin et moi sommes étudiants à Nancy, Mikael travaille à Troyes et Bruno est sur Paris. Donc on travaille beaucoup à distance et chacun chez soi. On essaie de se réunir une fois toutes les deux semaines pour répéter.
- Quel est l’histoire de votre groupe ?
En 2012, Valentin a créé le groupe avec un ancien guitariste, Jules, et ils ont monté un petit groupe de heavy/thrash metal avec des influences Metallica et Nirvana. Le changement de style s’est fait quand Mickael et moi avons intégré le groupe et apporté nos influences qui sont différentes de ceux de Valentin et Jules, comme le deathcore, le metalcore et le metal moderne. On a commencé à composer en amateur autour de ces styles, chacun de son côté, et on a évolué autour de ça. Suite à l’arrivée de Bruno qui a remplacé Jules, on a fini par converger mais notre style musical n’a pas cessé d’évoluer. C’est le fruit de nombreuses influences et styles différents !
- Comment avez-vous choisi « Insolvency » comme nom du groupe ?
En fait, c’est Valentin qui l’a trouvé, on a pas mal discuté et on trouvait qu’il sonnait bien comme nom, un nom assez simple qui se retient facilement. Insolvency veut dire ‘insolvable’ en langage économique mais nous c’est plus pour le côté psychologique. Il y a certes plein de problèmes dans la vie mais il faut apprendre à les surmonter, c’est le message qu’on essaie de passer à travers nos textes. Il faut s’en servir comme une force pour toujours aller plus loin.
- Donc c’est votre premier album ?
Oui tout à fait, on a sorti un EP éponyme en 2015 en 100 exemplaires mais c’était plus pour but d’apprendre à travailler ensemble.
- Quelle est votre méthode de composition ?
On travaille tous à distance à l’aide de Guitar pro. Valentin et moi apportons le plus gros des compositions, on passe des soirées à composer des riffs et des riffs, qu’on partage ensuite avec les autres. On a une bibliothèque d’une centaine de riffs ! Donc Valentin et moi c’est plutôt la composition, Mickael dans le ficelage et les petits détails puis Bruno va enregistrer les morceaux et avoir un rendu pré-prod. Une fois que la musique est composée, vient l’écriture des textes dont je m’occupe. Je passe énormément de temps à réécouter les morceaux, une centaine de fois, le soir quand je me brosse les dents ou quand je cuisine (rire), et dès que l’inspiration me vient, j’écris de suite ce qui me passe par la tête, puis je l’envoie au groupe et on discute.
Tout le monde apporte son avis et ses idées, ça reste un travail de groupe !
- Combien de temps vous a-t-il fallu pour composer cet album ?
On a repris trois morceaux de l’EP, « This War is not for you », « Violation » et « Your last Soul » qu’on a retravaillé au niveau du chant et de la batterie.
Quand on s’est lancé dans notre album, on voulait reprendre des morceaux de notre EP mais celui qui nous a le plus orienté dans le metal/deathcore, c’est « Black Moon » dans un style metalcore, le dernier morceau qu’on a composé de l’album et c’était pendant qu’on enregistrait. Ce morceau nous a fait reprendre plein de riffs car on s’est donné le challenge d’orienter nos morceaux vers du metal moderne et du metalcore. Donc on a tout réenregistré ! Il y a des morceaux qu’on avait depuis un an, qu’on a retravaillé. Donc je dirais, trois ans pour le tout mais, surtout, tout s’est fait à la dernière minute… On en a fait, des nuits blanches ! Car en même temps qu’on enregistrait, on cherchait des promoteurs et des labels. Distribution Season of Mist, label Send the Wood, et la promotion est assurée par Roger de Replica.
- Où est-ce que vous avez produit un album avec un son pareil ?
On est allé au studio de Sheffield en Angleterre chez Jim qui a travaillé avec While she sleeps (un groupe dont je suis fan et parmi mes préférés) et As I lay dying, un pro du metalcore old-school ! Et d’ailleurs, on a eu la super occasion d’enregistrer sur la même batterie que While she sleeps car, pendant qu’on enregistrait notre album, ils venaient de finir « We are we ». On a passé 15 jours et nuits à bosser avec Jim et Carl qui ont été très patients avec nous. On s’est fait quelques bars quand même !
- Mais si vous êtes étudiants, comment avez-vous financé cet album ?
On n’est pas tous étudiants : Bruno et Mickael travaillent. Et puis, on fait des économies ! Au lieu de sortir dans bars ou en soirée, on fait des économies pour ça. C’est un investissement comme un autre, nous c’est dans la musique et on n’a aucun regret d’investir là-dedans.
- Quels sont tes influences ?
Mes principales influences : Bullet for my Valentine et While she sleeps… Wage War que j’ai découvert récemment qui envoie du lourd. Je suis aussi un grand fan d’Indochine. Même si on aime tous le metalcore, on a des différentes influences : Valentin et Bruno sont plutôt dans de death mélo et le heavy, Mickael dans le deathcore et black metal (Born of Osiris, Dimmu Borgir…) D’ailleurs, on est deux chanteurs avec deux screams différents pour nuancer et apporter des petites touches pour éviter que l’album soit linéaire.
- Pourquoi « Antagonism of the Soul » comme titre de l’album ?
Ce morceau parle d’une personne qui va se retrouver confronté à des choix dans sa vie, qui a l’impression qu’elle n’arrive pas à prendre les bonnes décisions, qui détruit ce qu’elle aime et garde ce qu’elle déteste, et c’est le sujet qu’on traite sur cet album. Parfois, on est totalement perdus dans diverses situations de la vie. On parle aussi d’un enfant qui est maltraité à l’école, de la guerre, et de ce qui se passe dans le monde (économie…) On trouve que ce morceau résume et représente bien le message qu’on veut faire passer et le contexte de l’album et c’est pour ça qu’on l’a choisi comme intitulé de l’album.
- Peux-tu commenter la pochette ?
Sur la pochette, on voit une ombre blanche et une ombre noire, c’est ce qui représente l’espoir et le désespoir d’où l’antagonisme : deux choses opposés qui n’ont font qu’une et qui créent un chemin unique.
- Vous jouez dans d’autres groupes ?
On a eu des expériences dans le passé mais maintenant on est dédié à Insolvency.
- Et niveau concerts, vous en avez fait quelques-uns ?
Oui, on a joué avec Napoleon, Smash Hit Combo, No Return et on va ouvrir pour Melted Space en Mars à Paris. On a des dates à l’horizon à Nancy, Reims, Dijon. On va faire un max de concerts pour défendre notre musique. D’ailleurs, on fait notre Release Party le 16 février à Klub (Paris).
- Vous avez essayé de contacter d’autres labels ?
Oui on a envoyé des démos à pas mal de labels mais on n’a pas eu de retour. Ensuite, c’est Roger qui nous a mis en contact avec Send the Wood. Je trouve que c’est un label qui nous correspond bien : ils ont vite compris ce qu’on voulait et ça se passe bien.
- Quels instruments vous utilisez ?
Bruno joue sur une signature Alexis Laiho (son guitariste préféré), Valentin LTD, et moi sur une basse Ibanez comme celle de Fieldy de Korn dont je suis très grand fan.
- Tu joues d’autres instruments ?
Oui, la guitare et un tout petit peu de batterie… et MAO pour les parties de piano…
- Et que faites-vous dans la vie ?
Je suis étudiant pour devenir éducateur spécialisé. Bruno est chargé du patrimoine, Mickael est chef dans une usine de fonderie et Valentin est étudiant en informatique.
- Quelle était la partie la plus compliquée en ce qui concerne cet album ?
Arriver à se dire : « C’est bon, on arrête de modifier l’enregistrement ». Les producteurs/mixeurs ont été très patients avec nous jusqu’au bout. On est très maniaques, on revenait sur chaque petit détail. On est fiers de notre travail, c’est exactement ce qu’on voulait mais il y a toujours des petits détails qu’on peut mieux faire.
- Il vous reste de la matière pour faire un autre album ?
Oui mais, pour l’instant, on est en mode rétrospectif pour voir ce qu’on a aimé sur cet album, ce qu’on voudrait changer et ce qu’on pense essayer sur le prochain. On est en train de penser au prochain mais on verra !
On prend notre temps pour faire bien les choses, jamais dans la précipitation de ne faire que sortir des albums et au plus vite. Tu sais, de nos jours, il faut sortir tout le temps des albums pour rester en vue et ne pas se faire oublier. Donc on est tiraillés entre les deux.
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