En cette froide soirée d’hiver du 15 février 2008, votre serviteur a rencontré le talentueux groupe strasbourgeois Distress sur un bar péniche où ce dernier venait de donner un concert. Entretien avec les deux membres fondateurs du combo : Philippe Miralles (Guitare et Chant) et Laurent Haas (Batterie).
Commençons par une question traditionnelle : pouvez vous présenter Distress à nos lecteurs ? Comment en êtes vous venu à faire du metal ? Quelles sont vos influences ?
Philippe : Laurent et moi, on a monté le groupe en 1996. Ca s’est fait petit à petit. On a commencé très simplement à faire des reprises dans un garage. Au départ l’idée de former un groupe n’était même pas là. Ce qui nous plaisait c’était de faire du metal, ensuite on a commencé à écrire des chansons. Ca a pris pas mal de temps, quelques années en fait (rire). Quand aux influences, on aime bien dire que Distress, c’est un mélange d’Opeth, My Dying Bride et Nevermore. C’est du doom, du progressif, du thrash, pas mal de choses différentes, on essaie surtout de ne pas rentrer dans une catégorie particulière.
Que représente la scène pour Distress ? Un passage obligé ou un aboutissement ?
Laurent : La musique de Distress est assez complexe. Il s’avère donc parfois difficile de rendre ça sur scène. Ce n’est ni un passage obligé ni un aboutissement. C’est avant tout un plaisir, celui de partager nos compositions avec le publique.
Philippe : La scène constitue un complément aux disques, c’est autre chose. La vie d’un groupe est faite de plein de choses différentes. Composer un album, sortir un disque et faire des concerts, c’est trois choses complètement différentes. Une sorte d’ordre logique.
Je suppose que vous avez tous un travail à côté, des études. Est-ce facile à gérer ?
L : Le boulot de chacun nous empêche de faire de véritables tournées, de partir des semaines à travers la France. On fait plutôt des concerts un peu isolés par-ci par-là. Ca tombe généralement les week-ends.
P : C’est toujours difficile de faire deux choses à la fois. On peut dire que la musique occupe tous nos temps libres.
L : Finalement on s’organise assez bien surtout qu’on habite tous dans le même coin. On arrive à répéter toutes les semaines.
P : Si ça ne tenait qu’à nous, on ferait des concerts tous les soirs. C’est une sorte de cercle vicieux car si on vivait de notre musique, on aurait aussi beaucoup plus de temps pour tourner et répéter.
Comment vous êtes vous retrouvé en première partie de The Old Dead Tree sur la date strasbourgeoise (le 12/12/07) ?
P : On a couché (rire). En fait on les connaît depuis assez longtemps. On a enregistré notre premier album, Close to Heaven, à peu près au moment où ils ont sorti leur première demo. Il nous avait même envoyé quelques emails d’encouragement du genre on aime bien votre musique, etc. On était toujours en contact mais sans avoir pu se rencontrer. On s’était toujours dit qu’on pourrait faire un concert ensemble.
Vous avez même une chanson qui porte le même non : So Be It…
P : Oui, la notre est sortie en premier (rire). En 2001 justement, sur Close to Heaven.
En 2007 vous avez sorti votre troisième album Others en quoi représente-t-il une évolution dans la carrière du groupe ?
P : C’est une vraie continuité, on retrouve des éléments de nos deux premiers albums. On n’a pas véritablement changé de musique mais la recette est un peu différente. Les morceaux sont beaucoup plus longs. Le côté progressif est plus poussé. Je trouve que c’est un album beaucoup plus fin. Le premier album partait un peu dans tous les sens, un premier album est souvent moins maîtrisé. Le second album (The Mourning Sign) était plus violent. Le dernier est plus posé. Tout est beaucoup plus professionnel maintenant et beaucoup plus fluide.
Justement, l’album est très homogène, comment s’est déroulé la phase de composition ?
P : Ca a été très instinctif. Quelqu’un arrivait avec une idée et les autres brodaient autour. On bossait un morceau jusqu’à ce qu’il nous plaise. Tout s’est fait naturellement. C’est sans doute pour ça aussi que l’album est si fluide et varié. On a participé tout les quatre à la composition, ça nous a pris un an pour tout mettre en place. C’était vraiment une expérience enrichissante. Finalement ça a été assez facile.
L : Ce qui nous a surtout pris du temps, c’est de faire le ménage dans tout ça. Les morceaux devaient être à la fois complexes et intéressants et en même temps fluides et accrocheurs. Others aurait pu être deux fois plus long (rire)
P : C’est un album déjà assez long (70 minutes) mais on n’a gardé que l’essentiel.
L’album est sorti depuis plusieurs mois qu’elles ont été les réactions des fans et de la presse ?
P : Les réactions on été très très bonnes, on a même été album du mois dans le magazine Rock Hard et sur plusieurs webzines.
L’album s’appelle donc Others, qui sont ces autres ? De quoi parlent les textes ?
P : En fait, les autres, c’est les autres par rapport à moi. J’ai essayé de faire un album qui n’est pas un concept album mais plutôt un album thématique. J’ai essayé d’écrire sur les rapports humains et leurs complexités. Sur ce qu’ils ont de douloureux et de difficiles. L’homme est un animal social, il a besoin des autres mais il a pourtant du mal à vivre avec. Mes textes n’ont rien d’exhaustifs, ce n’est pas une thèse de sociologie, j’ai simplement écrit ce que j’avais à dire.
10) Quels sont vos morceaux préférés sur cet album ?
P : J’en ai trois. J’aime beaucoup Ignorant Years, je trouve que c’est le plus aboutie. Il est puissant et fluide. Il y a vraiment tous les ingrédients de Distress dedans. Sinon, pour l’émotion, j’aime beaucoup Measured, je le trouve indispensable, notamment en concert. J’aime aussi beaucoup Odyssey of Fools. On a réussi un tour de force avec ce morceau, c’est la première fois qu’on arrive à faire une chanson à la fois lourde et aérienne. Elle est très aboutie, il y a aussi tous les éléments de Distress mais pris sous un autre angle.
L : Pour moi c’est The Brave Matters, elle a une ambiance assez particulière, torturée et rampante.
Quels sont vos objectifs pour l’avenir ? Où en est votre prochain album ?
P : On a commencé, ça va prendre quatre ans (rire), on est assez lents en général. On n’a pas encore défini de ligne directrice. On a deux ou trois morceaux plus ou moins terminés. On va mettre du temps à démêler tout ça mais j’ai un bon pressentiment. Ca va être assez différent d’Others, déjà parce qu’on ne se répète jamais et parce que chaque album est le reflet d’une période donnée. Ce sera toujours du Distress en tout cas.
Quelque chose à ajouter, un petit mot pour vos fans, lecteurs ?
P : Venez faire un tour sur notre site ou notre myspace (Ndlr : liens ci-dessous), vous y trouverez tout ce que vous voulez savoir sur Distress. Mais surtout écoutez la musique parce que finalement il n’y a que ça qui compte. Merci.
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