– Peux tu nous présenter le groupe du début à maintenant ?
Nous avons commencé à faire de la musique ensemble fin 99. Jusqu’à 2005 nous étions cinq membres dans le groupe, avec un batteur, dans un style vraiment thrash metal, il y a très peu de démos de cette période, et sont très artisanales.
À partir de fin 2005, nous nous sommes donc retrouvés à trois zicos. On a donc repris certains de nos titres thrash avec la batterie et les arrangements électroniques, et d’autres chansons ont aussi été composées. Ce qui a finalement donné naissance à « la voix du mal », notre premier album sorti en 2008.
Deux années de concerts et de promo à fond la caisse ont suivi.On s’est ensuite remis à la composition, et aux enregistrements, l’EP « martyrs » était disponible en septembre 2010, la composition a continué, tout en faisant une poignée de concerts pour tester pas mal de nouveaux titres dont la plupart sont sur le nouvel album.
L’année 2011 a été essentiellement consacrée à l’enregistrement, mixage, mastering de notre nouvel album « à l’aube d’une fin » mais aussi à la construction de notre nouveau studio à Dunkerque.
– Quelles retombées aviez-vous eues pour « La voix du mal » et l’EP « Martyrs » ?
« La voix du mal » a plutôt été bien remarqué, ça aurait pu l’être un peu mieux à mon avis, mais bon, on va pas s’en plaindre. C’est un album qu’on a apprécié de faire. Le public demandeur l’a bien aimé, et la majorité des chroniqueurs également.
C’est donc encourageant.
Après, nous avons l’impression que le fait de ne pas avoir de vrai batteur, ainsi que notre chant 100% français, et un style musical ni totalement thrash, ou death ou hardcore, etc … rebute certains organisateurs de concerts, voir des labels et distributeurs. Dommage.
Pour l’EP « martyrs », c’est différent. Il n’ y a pas eu beaucoup d’exemplaires : c’était surtout un EP à distribuer pendant la poignée de concerts que nous avons fait pour tester les nouveaux titres. Il était en téléchargement gratuit à ce moment-là aussi. il s’agit déjà de trois titres qui sont également sur « à l’aube d’une fin ».
Il y a juste qu’en 2010, nous n’avions pas encore la maitrise du mixage et du mastering que nous avons aujourd’hui. Nous avons certes encore beaucoup de progrès à faire.
Mais c’est passionnant, à partir de ça tout va bien.
– Etaient-elles en accord avec tes attentes ?
Oui, plutôt pas mal pour un premier album, et pour un groupe qui décide de faire toute la production (composition, enregistrements, mixages, mastering) lui-même : c’est encourageant. Nous avons d’ailleurs procéder de la même manière pour « à l’aube d’une fin », en ayant à notre avis fait des progrès.
Les critiques et le public nous le diront
– Explique-moi le titre du nouvel album : « A l’aube d’une fin » ?
Chaque titre de l’album peut signifier et aboutir à l’aube d’une fin. D’une façon pas si exagérée que ça finalement, puisque qu’en suivant le déroulement des trois chapitres ou de la réflexion que nous nous sommes faite, on arrive toujours à la fin de quelque chose. D’une vie, d’une ère, d’un monde …
– « A l’aube d’une fin » se veut être un concept album scindé en trois parties distinctes, « le malaise », « résistance » et « la chute », ne laissant place à aucun optimisme pour l’avenir, le monde va si mal que ça ?
Et bien l’album est composé de 12 titres en 3 chapitres.
« Le malaise » : qui traitre de mal-être chez l’humain, mais aussi des profondes injustices sociales ou morales.
« Résistance », car tout ce qui découle d’un malaise profond ne peut être qu’une envie d’insurrection, d’insoumission.
Et le dernier chapitre : « la chute », avec des titres comme « la dernière guerre », « charnier » ou « in(e)solarium » soit le dernier coucher de soleil, qui peuvent exprimer, suite à divers conflits tellement graves comme la mise à mort de la race humaine, la mise à feu et à sang d’une planète déjà au bord de l’ébullition. L’ego et l’envie de puissance, de domination chez l’être humain est tel qu’il est capable suite aux parties abordées dans cet album, de commettre la fin de son existence…
il y a bien sûr de belles choses dans ce monde et tout n’irait pas si mal si ce n’était que le peuple d’en bas qui y cultivait l’harmonie. C’est bien sûr aussi un album engagé
– Qui s’est chargé de la pochette ? Peux-tu me la décrire ? As-tu donné des directives pour sa création ?
C’est notre ami Bloody Countess qui s’est occupé de la pochette, avec réussite et talent je dois dire, c’était déjà le cas pour la pochette de notre EP « martyrs », et pour de nombreuses affiches de concerts.
La pochette principale montre un paysage industriel dévasté, il adhère parfaitement à la couleur de l’album. Il y a ensuite un livret 8 pages avec les paroles, et une illustration pour chaque chapitre. Les autres parties de la pochette sont la photo du groupe, la page crédits avec la présentation, les remerciements, (un ptit clin d’oeil à Soil Chronicles et Metalfreak d’ailleurs) (NdMFK : merci beaucoup), sans oublier le back, avec ses barbelés, son impression de monde qui faillit… et la présentation des titres, essentiel quand même!
Quelques directives oui, mais dans l’ensemble Bloody Countess est très pro et cerne bien la position du groupe. On se connait déjà depuis une paire d’années. Juste après « la voix du mal » en fait.
Salutations si tu nous lis d’ailleurs
– Quel studio ? Quel producteur ? Et pourquoi ?
Karnysera pour l’ensemble, d’une part car nous n’avons pas les fonds nécessaires d’un autre studio que le notre, d’autre part.
Car depuis que nous faisons de la musique nous n’avons de cesse de chercher à progresser que ce soit dans notre jeu d’instruments, de chants, etc … mais aussi dans nos productions, enregistrements, mixages et masterings.
On ne regrette rien de ce qu’on a produit. Ça nous amène toujours à mieux pour la fois suivante. Ils est sûr que pas mal critiquent et pourront toujours dire « ah vous auriez du faire appel à Ross Robinson ou Peter Tätgren » ou je ne sais qui. C’est sur, ça serait pas mal de tenter un jour l’expérience, mais pour le moment non, on se fait plaisir à le faire nous-même.
Après c’est sur, on a des difficultés à trouver un label et des distributeurs (on n’en trouve quasiment pas d’ailleurs)
Malgré ça, nous restons des passionnés à 100%.
– Passons aux différents titres de l’album :
« Intro (illusions) »
C’est un titre instrumental electro/indus qui introduit l’album, il est composé d’un synthé assez malsain et de percussions bruitistes.
– « Hypocrite »
Le premier vrai titre donc, qui traite de l’hypocrisie humaine sous toutes ses formes, ça a été le premier titre composé pour l’album, donc directement après la sortie de « la voix du mal » , l’intro du titre est un gros solo mélodique, le reste est plutôt thrash avec une partie de batterie blastée avant l’un des solos de guitare.
« Dieu, par ces cultes variés
Fervent défenseur de la chasteté
Cultive l’hypocrisie des générations
Refuse l’avortement et la contraception »
– « Miroir »
Titre assez speed et pas mal electro, le passage en son clair arpégé avec le chant hurlé est surprenant!
– « Lex »
Ca commence fort avec une montée electro et un gros solo de guitare, ce morceau est assez thrash et traite des inégalités de la justice, de sa corruption, et au final interroge sur son utilité.
« Préjudice moral pour tout les escrocs
Piqure Létale pour tout les prolos
Pour vice forme, on libère un tueur
Délit mineur, on enferme un chômeur »
– « Libre arbitre »
Un bon moment de dark metal electro sur cet album, c’est un morceau très lourd avec des claviers graves, des guitares et des paroles très froides.
« Périr dans les flammes de la débâcle
Vaincre dans l’euphorie de la victoire
Quel sort te réserve ce spectacle
Dans les rangs pour la mort ou la gloire »
– « L’insoumis »
En gros, ça parle d’un besoin d’émancipation par rapport aux modèles de société qu on nous impose. Le titre a un schéma simple (couplet refrain solo…) mais efficace.
– « En grève »
Ce texte a été écrit au moment des grèves des salariés de Total Dunkerque, face à des licenciements honteux ; suite à l’intro purement électronique, on trouve un sample de Sarkozy, et là, ça laisse place au métal lourd et colérique de cette chanson.
« Qu’ils saignent, qu’ils crèvent
Voici mon plus doux rêve
Les têtes vont tomber comme fin 18eme
Le chant de la révolution sera un requiem
Entends la voix qui mettra fin au système »
– « L’exutoire »
Sur l’album, c’est un peu la suite du titre « en grève », le thème est assez proche, l’aspect colérique et revendicatif est également présent sur ce titre : beaucoup d’electro et des riffs de guitares assez punk. Pas de solo, mais par contre un break dark step à clouer au sol
– « Le supplice »
Titre instrumental qui fait aussi office d’intro pour le dernier chapitre de l’album « la chute », assez ambiant, avec guitares aériennes et claviers mélodiques, un peu inspiré de quelques instrumentales genre Anathema.
Il y a un clip vidéo pour ce titre.
– « Martyrs »
Un des moments fort de cet album, plein de super riffs de guitare, un solo d’enfer sur lequel on s’éclate techniquement. Des paroles sombres, qui traitent de souffrance humaine, de blessures physiques et morales. « Martyrs » fut l’objet de notre tout premier clip vidéo.
Réalisé par sylvain, notre bassiste.
« Enchainé à l’espoir
Séquestré dans le noir
L’esprit, l’échappatoire
Jusqu’à sombrer dans la folie »
– « La dernière guerre »
Ce titre est le plus long, et on y retrouve, du thrash, du doom, de l’electro, tout ce qu’on adore chez Karnysera en fait. « La dernière guerre » est celle qui mettra sans doute un jour fin à l’existence humaine sur terre.
– « Charnier »
c’est un titre de doom electro core
Les claviers et les chœurs renforcent l’aspect malsain déjà présent par les textes.
« Charnier » est en plus de résultat de quelques expérimentations sonores que nous avions fait tout de suite après le premier album.
– « In(e)solarium »
C’est le dernier titre de l’album et c’est aussi un instrumental pesant : ces claviers, une batterie et des solos de guitares électriques et classiques. Notre ami guitariste, Eric Lécluse est venu enregistrer des parties solos.
Il y a un très beau clip vidéo qui illustre ce titre.
– Ce qui frappe à l’écoute de l’album, c’est le caractère oppressant des ambiances, ces rythmiques pesantes, la voix légèrement trafiquée de Mickael et, surtout, toujours cette absence de batteur : une volonté de déshumaniser votre musique ?
Oui, tu as raison : la volonté de déshumaniser (la musique) est bien la, on aime triturer les sons dont on dispose. Pour la composition, les idées de départ viennent soit de riffs de guitares, ou de sons electroniques il est vrai oppressants. On peut arriver à rendre une partie de clavier inoffensive en une redoutable machine de guerre en y ajoutant divers effets : l’inspiration et le jeu y font aussi pour leur part.
En ce qui concerne notre batterie synthétique programmée, on y reste fidèle. C’est un élément intègre à Karnysera.
– Karnysera avec un batteur, c’est envisageable ou, à l’instar de Samael, c’est une « marque de fabrique » du groupe ?
On sait jamais ce que l’avenir peut nous apporter : nous avons déjà joué avec un batteur par le passé. Mais la, ça fait depuis 2005 (donc 3 ans avant le premier album) qu’on utilise notre programme.
On a fait toutes nos productions de cette manière, on en connait donc bien la recette, et il n’est donc pas au goût du jour de changer.
Samael, parmi d’autres, peuvent constituer de bons exemples de ce que peuvent faire des groupes de métal sans batteur.
– Dans quel état d’esprit le groupe a-t-il composé l’ensemble de ces titres ?
Sur cet album, la composition s’est un peu moins faite en répétitions que pour « la voix du mal » (ou de nombreux jams avaient donnés naissance à des titres). Pour « à l’aube d’une fin », nous arrivions tout les trois en répétitions avec déjà des boucles, des ébauches et des riffs.
Ensuite on compare, on modifie, on assemble … tous les titres dans le groupe sont de la création de nous trois. Malgré ça, on a toujours quelques collaborations : par exemple avec notre ami Eric Lécluse qui est venu apporter son solo sur « in(e)solarium ».
– Les solis se veulent aussi beaucoup plus travaillés, les guitares doublées, le chant plus oppressant, « A l’aube d’une fin » semble être la continuité de « La voix du mal » avec les progrès en plus. Au jour d’aujourd’hui, que changerais-tu au premier album si tu devais le refaire ?
Oui voilà, comme je disais précédemment : on cherche toujours à évoluer, à rendre le résultat et l’écoute plus satisfaisants. Tant pour nous que pour le public, c’est un plaisir d’orchestrer ses propres instruments. On voudrait par la suite essayer de faire venir d’autres instruments afin d’obtenir encore quelque chose de plus volumineux. Tout en ne s’éloignant pas trop d’une certaine teinte garage ou old school.
À suivre, enfin je sens que ça va être passionnant. D’autant plus que nous avons depuis le début d’année notre tout nouveau studio, flambant neuf !
– Karnysera est-il toujours un groupe de thrash ?
Ce sont nos racines, on a tous commencé la musique en écoutant à fond Metallica, Sepultura, Kreator, Slayer, Korn, etc…
Après, c’est sûr que nos influences se diversifient et on écoute toujours un tas d’autres choses en parallèles au métal.
Je pense que, dans la plupart de nos titres, il y a des éléments thrash mélangés à d’autres… plus electros, ou plus ambiants.
– Une tournée en prévision ?
Non, pas réelle tournée en vue, de par les emplois et les déplacements professionnels, ça ne sera pas possible. Nous allons donc nous focaliser sur des dates éparses et ciblées, des radios etc….
Après, ça devient dur de tourner, de rentabiliser, et de drainer un public partout. On aime les concerts et la promo mais on aimera aussi se retrouver encore en studio pour se remettre à composer, et préparer un autre album, et ainsi de suite.
– Je te laisse conclure.
Merci à Soil Chronicles et à toi, Chris, en particulier.
On espère que l’album plaira et que nous aurons des bons retours des gens qui l’écouteront. Nous sommes des passionnés, et on continue de composer. Nous sommes des musiciens accessibles, il ne faut pas hésiter à venir partager vos impressions sur nos chansons, que ce soit à la sortie d’un concert ou même ici sur le web… donc à très bientôt.
Laissez un commentaire