(NdMetalfreak) : Interviewer les Nightmare est toujours un pur régal, sauf peut être lors de la retranscription. Jo Amore joue toujours le jeu avec un plaisir et une gentillesse non dissimulés et a toujours beaucoup de choses à dire. Quand il est accompagné de son batteur de frère David, c’est encore mieux.
Olive Yeah a pu le constater !
Un grand merci à Am’Beer pour avoir eu la gentillesse, le temps et la patience de rédiger l’ensemble
Interview et photos : Olive Yeah
Retranscription : Am’Beer
Jo Amore : tu vas interviewer les frangins, là. C’est les plus importants !
Olive Yeah : Merci bien de me recevoir, pouvez-vous faire un petit historique et présenter le groupe pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
JA : Moi c’est Jo Amore, présent depuis la formation du groupe avec Yves Campion, bassiste et aussi fondateur du groupe. Alors lui, il va dire, et ça c’est la version à Yves, que c’est lui le fondateur et que moi je suis venu quelques mois après. Moi je préfère dire que je fais partie des fondateurs et ça l’énerve, et moi ça me fait du bien.
David Amore : je suis le frangin du chanteur, je suis arrivé dans le groupe en 1998, lors de la reformation. Nightmare s’était arrêté pendant douze ans et moi je suis arrivé quand le groupe s’est reformé en 1998.
JA : A la guitare, il y a Franck Milleliri qui est là depuis à peu près huit ans. C’est vrai qu’on a eu pas mal de changements de line up, notamment au niveau des guitaristes. C’est une denrée qui se périme rapidement…
A la question « pourquoi vous changez souvent ? », je ne saurais pas répondre.
C’est vrai qu’entre Yves et moi, il y a un lien particulier parce qu’on est là depuis le début, Nightmare est un peu notre enfant, et avec David aussi dans la mesure où il est mon frangin. Nous trois sommes en effet les « plus stables » du groupe…
OY : Vous avez toujours des rapports avec ceux qui sont passés avant ?
JA : Tout à fait, avec tous.
On a refait une réédition de l’album « Cosmovision » avec la formation d’origine, Jeannot Stripolli et Nicolas De Dominicis et, à cette occasion, on a fait… on a rebu des bières ensemble, quelques-unes, très peu…
On a gardé des supers relations avec JC, il nous a dépannés après être parti en faisant des remplacements et il n’est pas exclu qu’il en refasse.
Non, ça se passe en général assez bien
OY : Je vous ai vu ce matin sur la Mainstage : comment s’est passé votre concert ?
Qu’en avez-vous pensé ?
JA : Ca a été un concert que je qualifierais d’équivalent à un sprint : on a joué une demi-heure sans temps mort. Ce qui a été chouette, c’est que le public a eu une réaction instantanée à chaque stimulation, à chaque demande. Et nous, ben nous, on a mis la patate, on était à fond, et le public nous a aidé à avoir cette patate.
DA : J’ai quand même l’impression d’avoir été un des représentants des groupes français, en France, chose qui était à une époque quasiment impossible. A un époque, même s’il y avait des concerts en France, c’étaient des groupes étrangers. Les gens rigolaient un petit peu quand c’étaient des groupes français qui jouaient.
Aujourd’hui, j’ai l’impression que les gens nous attendaient, ça a été hyper appréciable.
OY : C’était d’ailleurs une question que je voulais vous poser plus tard, mais… que pensez-vous de la situation en France tant au niveau des groupes que des structures, associations… ?
JA : Aujourd’hui, il y a des structures pour tourner, des petites avec lesquelles il n’y a aucun problème pour jouer pour les groupes français. Mais dès que ça devient plus gros, les groupes français ont du mal à se faire leur place, en France sur les scènes françaises et c’est un peu dommage.
Pour reprendre l’idée de David : en effet, nous sommes contents d’être là, de représenter, entre autres parce qu’il y a d’autres groupes français qui jouent pendant ce Hellfest et certains bien mieux placés que nous au niveau de l’affiche. Mais dans la mesure où nous sommes un groupe français, nous ne sommes pas en tête d’affiche, dans les bons horaires, mais en ouverture ou sur les petites scènes. Et ça, l’organisateur français boude un peu les groupes français.
OY : Est-ce que ce n’est pas plutôt un problème de culture par rapport au style que vous faites, est-ce que le heavy n’est pas mis en retrait…
JA : (il coupe) Pas du tout…
OY : … en France par rapport en Allemagne…
JA : Il y a un peu de ça. Aujourd’hui, en Allemagne, on a un meilleur accueil : cette année, on joue en tête d’affiche d’une des scènes du Wacken
DA : Je pense que c’est un problème de culture : en France, on fait l’ouverture du Hellfest ; en Allemagne, on fait la fermeture du Wacken. Pas sur la Mainstage, mais en tous cas sur une des scènes du Wacken.
Ça vient aussi du style : en Allemagne, ils sont beaucoup attirés par le heavy metal et on correspond beaucoup plus au style. En France, c’est beaucoup plus extrême, le public est beaucoup plus extrême mais même les groupes extrêmes ne sont pas très bien placés…
OY : L’année derniere, Gojira a joué en milieu d’après midi
DA : Ça reste en France. Gojira, on les a vus l’an dernier en Allemagne, pendant Iron Maiden, la tente était blindée.
JA : Les gens étaient dehors tellement il n’y avait plus de place.
OY : Vous avez joué plusieurs fois au Hellfest : comment voyez-vous son évolution ?
JA : Très positif, parce que c’est un festival qui soigne de plus en plus ses musiciens. L’accueil, le site, tout est plus recherché, travaillé. Il y a une réelle intention de confort.
Même pour les festivaliers, il y a des choses, des infrastructures qu’il n’y avait pas il y a trois ou quatre ans. C’est un festival qui grossit, mais surtout qui grandit en qualité.
Frank Milleliri : Moi je fais volontairement la comparaison avec le Wacken…
JA : Mais t’es qui toi ? Tu ne t’es pas présenté… (rires)
FM : Franck, gratteux ! Je fais donc la comparaison avec le Wacken parce qu’on n’en est pas très loin : c’est une organisation très stricte, très carrée. Après, dans l’ambiance, l’atmosphère, les décors, je trouve le Hellfest au niveau des idées au dessus.
OY : Le Hellfest reste aussi plus familial, de taille humaine…
FM : Euh… de taille humaine… peut être pas
OY : … familial…
JA : Là oui, mais c’est vraiment au niveau des idées qu’il y a des originalités qu’on voit et qu’on découvre.
FM : Entre le salon VIP de Wacken et celui du Hellfest : celui du Hellfest arrive à avoir de supers idées au niveau des infrastructures.
DA : Je pense même que le Hellfest est en train de récupérer des fans de metal qui, à l’origine, allaient au Wacken.
OY : Votre album « The aftermath » est sorti : je trouve les chroniques très bonnes, peut être même meilleures que celles de « The burden of God ». Attachez-vous une grande importance à tout ce qui se dit ou vous en restez un peu détachés ?
DA : Alors je parle personnellement. Pour moi les chroniques, elles sont meilleures, c’est sur. Mais il y a quand même un intérêt entre les maisons de disques et les magazines. Il y a rarement des groupes qui sortent un petit peu du lot qui se font démonter. Les notes qui tournent tout le temps entre 8 et 10, tu ne peux pas trop juger.
Moi j’attache beaucoup d’importances aux critiques négatives lorsqu’elles sont fondées, car elles te permettent de prendre un peu de recul et de progresser. Pour « Burden », on a été critiqués sur la production et sur le son : je pense qu’on est tous d’accord pour dire que la production était un petit peu faiblarde, en l’occurrence au niveau des grattes.
Là, la différence est qu’on a eu des chroniques dans des magazines allemands qu’on n’avait jamais réussi à avoir. Et notre musique plaît peut être beaucoup plus au public allemand.
OY : Ça rejoint ce qu’on disait, que le public allemand est plus attiré par ce qui est heavy…
DA : Exactement
JA : Après, en effet, on écoute les critiques positives et négatives. Bon, les positives, ça nous flatte bien sur, mais aussi, par rapport à ce qui est pointé, ça nous rassure quand on se dit « bon voilà, ça, c’est une de nos qualités ». Mais ce qui est positif, c’est d’entendre un peu ce qui est négatif et d’un album à l’autre, on a toujours eu le soucis d’améliorer ce qui n’a pas collé, ce qui a moins marché. On se pose beaucoup de questions, on se remet facilement en question, tous !
Et je pense que c’est un des éléments qui fait que Nightmare est toujours là, 34 ans après.
OY : Petite question par rapport à la release party qui a eu lieu sur Grenoble : qui était la chanteuse qui était avec vous ?
JA : C’était un clin d’œil, c’était chargé d’émotion. C’était particulier, c’est quelqu’un de la famille. Ça concerne un peu plus Yves, des événements familiaux dramatiques qui ont fait qu’il y avait cette volonté de la part d’Yves et du groupe de marquer un petit truc.
C’était très lié à quelque chose d’émotionnel de sa famille…
DA : Il était en Allemagne au studio, il a du rentrer en urgence en France pour un événement familial dramatique…
JA : Du coup, c’était un petit peu en hommage… voilà !
OY : Je trouve le dernier album plus énergique que « The burden of God »…
DA : On est d’accord…
JA : C’est voulu ! On s’y est attelés et en effet, on voulait durcir un petit peu plus notre son. Ce qui nous avait été « reproché », et que nous même avec du recul on s’était dits « mince, ça manque un peu d’agressivité ». Du coup, on s’est dit « Allez, cette fois ci, on va travailler les sons des guitares dans le mixage de façon complètement différente ». Ça n’a pas été toujours facile, mais du coup on a un album qui est plus puissant, plus agressif…
OY : Plus sombre aussi je trouve
JA : Oui, du coup plus sombre…
FM : Mais pour moi, ça reste vraiment dans la continuité de Nightmare. C’est à partir de « The dominion gate » qui était très conceptuel et beaucoup basé sur les ambiances, même à partir de « Genetic disorder » qu’on a commencé à durcir le ton, déjà en allant au Fredman (In Flames, Arch Enemy, Dimmu Borgir). On avait donc déjà la prod et on avait une volonté de durcir le ton au niveau musical.
Ce qui a toujours été important, je veux dire pour moi quand je compose les grattes, c’est de laisser la place au chant parce que c’est quand même l’identité de Nightmare.
Le groupe est surtout reconnu avec la voix de Nightmare : on voulait donc trouver le mix parfait entre la musique et son côté plus agressif presque un peu thrash – mes influences sont plus Slayer, Anthrax et Dissection entre autres – et le côté mélodique apporté par la voix de Jo.
OY : Comment composez-vous et qui écrit les textes ?
JA : Les textes sont en grande partie écrits par Yves. Ensuite il y a un travail entre Yves et moi pour les retravailler. Après souvent, je me garde un texte.
Souvent, les riffs sont écrits avant…
FM : La plupart des groupes, c’est comme ça, c’est plus simple. Il y a la guitare en premier, David met sa batterie, ensuite les parties basse, et puis après on voit ce qu’il se passe avec le chant…
JA : On travaille sur les atmosphères, les ambiances…
FM : Ensuite on peut changer un accord, de bouger des parties, de tout chambouler…
JA : … parfois jusqu’à très tard…
FM : Non, c’est vraiment un travail de groupe
JA : On a cette chance, on arrive à travailler en groupe
DA : Quand il y a des mauvaises idées, on se le dit, on n’hésite pas.
JA : Quand il y a des mauvaises idées, on dit entre nous « corbeille »…
DA : Je repense à la pochette, c’est exactement la même chose : il y a cinq avis à mettre dans le même sac.
JA : Souvent on s’égare dans des trucs
DA : Ce n’est pas évident donc dès que tu as trouvé un consensus, il ne faut pas lâcher, faut essayer de creuser dans ce sens.
JA : Mais ça s’est bien passé cette fois ci, ça a été bien pour la pochette…
OY : C’est toi, la pochette, non ?
JA : L’idée, c’est lui, après moi je l’ai retravaillée avec des éléments…
DA : Il faut savoir que l’arbre, c’est Jo qui a pris la photo
JA : On était en plein questionnement…
DA : On avait plusieurs idées de pochette et Jo est arrivé avec une photo banale d’un arbre qu’il avait pris en venant répéter.
JA : Je la trouvais géniale, moi, cette photo… Toi tu l’as trouvée banale ? Tu quittes le groupe !!! (rires)
DA : L’idée était tellement banale que… on l’a gardée.
JA : C’est vrai que l’idée de départ c’est Frank qui l’a eut pour le précédent album.
DA : Ça fait quatre ans que je vous la propose cette pochette !! C’était une évolution, de vouloir changer un peu. C’est pas non plus Maiden, mais il y avait toujours eut un personnage sur le devant des pochettes.
JA : Là il y en a un, mais il est en mauvaise posture, il existe pas en fin de compte, il est que dans le reflet.
DA : On va pas non plus débattre sur l’interprétation parce que honnêtement on n’a pas réfléchis des heures à savoir comment on allait expliquer la pochette, ça s’est fait tout seul.
JA : C’est marrant parce que la meilleure explication qu’on ai eut c’est un ami qui nous l’a donnée, complètement éméché !
DA : En gros le reflet c’est le côté nature, et en haut c’est l’homme.
JA : Je sais pas si vous voyez, il y a aussi une ville industrielle sur la partie haute, qui n’est pas sur le reflet, mais il y a aussi cette mort.
DA : La nature qui a reprit son droit.
OY : Pour finir, quelques petites questions : est-ce que vous vous souvenez du premier album métal que vous ayez acheté ?
JA : Le premier album metal que j’ai écouté et qui m’a le plus marqué c’est « Rainbow on stage ». Là j’ai pris ma baffe ! Et après le premier album métal que j’ai acheté c’est « Rainbow rising »
DA : Moi c’était plutôt « The number of the beast » d’un groupe totalement inconnu aujourd’hui qui s’appelle Iron Maiden !
FM : Je me souviens pas mais je pense que j’ai commencé par Van Halen, le live « Right here right now », avec Sammy Hagar.
OY : Est-ce que vous vous souvenez de votre premier concert de metal ?
JA : Mon premier concert de métal c’est Def Leppard avec Nightmare en première partie à Grenoble.
DA : C’était Judas Priest à Grenoble aussi, à l’Alpexpo, qui est ensuite devenue le Summum.
FM : Je crois que mon premier concert c’était Satriani.
DA : Ha non !! Mon premier concert c’était Motörhead, à la Halle des sports de Saint Martin d’Hères !
OY : Est-ce que vous avez un mot pour la fin ?
JA : On est content d’être là aujourd’hui, encore plus de représenter le metal français au Hellfest, en France !
FM : On voudrait motiver les gens à aller plus souvent en fest, et pas qu’au Hellfest. Il y a des gens qui investissent du temps et qui montent des fest, super bien organisés, avec de belles affiches, mais il n’y a personne ! On sait que les albums ne se vendent plus, mais il y a une dimension de découverte dans les fest qu’on a pas chez soi. L’ambiance est différente, c’est la fête !!
Laissez un commentaire