Intervieweuse : Bloodybarbie
Interviewé : Jukka (chant)
Traduction: Willhelm von Graffenberg
Suite à la sortie du nouvel album d’Omnium Gatherum en février 2016 (chronique: http://www.soilchronicles.fr/chroniques/omnium-gatherum-grey-heavens), nous nous sommes entretenus avec Jukka (le chanteur) pour en savoir plus sur l’album et le groupe.
Pour débuter cette interview, peux-tu nous décrire le sentiment que vous avez ressenti en terminant votre album : en quoi pourriez-vous le comparer aux autres ?
Nous sommes très satisfaits de la parution de cet album. Donc le ressenti est bon. C’est cool d’avoir des nouvelles chansons à amener en tournée et les faire exploser en live ! Néanmoins c’est difficile de comparer notre ressenti avec celui des précédents albums, vu qu’il est tellement similaire. On est dans un état de complétude une fois chaque album paru. La différence de ressenti est minime dans le sens où les morceaux de l’époque ont été enregistrés dans des conditions similaires, ce qui leur donnait un caractère frais et nouveau.
Pourrais-tu nous résumer les paroles de chaque morceau ? (une analyse piste-par-piste, ce serait nickel !)
« Pit » : ce morceau parle des débuts et des fins et de la difficulté de s’en sortir dans un monde en perpétuel changement.
« Skyline » : ça parle des forces inhérentes à chaque individu et la manière dont il en fait usage.
« Frontiers » : il traite de la certitude que chacun peut avoir en se découvrant soi-même, en faisant la part de son coté positif et négatif.
« Majesty and Silence » : cette chanson parle du mystère insoluble de la vie et de l’amour.
« Rejuvenate ! » : ou comment surmonter les obstacles dans la vie.
« Foundation » : ça traite de la liberté universelle, ce qui est en un sens indescriptible.
« The great Liberation » : celle-ci parle de la balance, de l’équilibre dans la vie.
« Ophidian Sunrise » : elle traite du potentiel caché dans chaque individu.
« These grey Heavens » : bon, là, c’est un instrumental…
Et « Storm Front » : elle évoque les turpitudes et la manière dont elles amènent la paix de l’esprit.
Que représentent l’artwork et le titre de l’album ?
L’artwork de Grey Heavens tient en deux choses. D’une part, c’est le miroir du titre et de chacun des morceaux. Alors qu’on faisait l’album, on était en contact permanent avec notre graphiste/designer, ce qui explique que ça corresponde si bien, grâce à ce travail main dans la main. D’autre part, nous voulons lui donner un maximum de liberté visuelle tant que le résultat global correspond avec l’esprit général, la correspondance la plus importante résidant dans le son et les paroles. Le titre quant à lui trouve sa résonnance dans l’entièreté de l’album lors de son enregistrement. Dans le cas de Grey Heavens, c’est en rapport avec les aléas et l’équilibre des choses.
Selon toi, quelle a été la partie la plus délicate avec cet album ?
Je crois que tout le processus de confection d’un album est une difficulté en soi et surtout son caractère chronophage. Ce processus dure un long moment, des versions démo aux morceaux aboutis. Des fois c’est très facile mais il y a toujours un paramètre qui devient source de stress. On ne peut jamais anticiper les anicroches ; il n’y a d’autre solution que l’expérience. Avec cet album, c’est l’urgence et les délais impartis qui ont été la source de créativité.
Vous avez fini l’enregistrement en juillet 2015, si je ne me trompe pas. Pourquoi attendre février 2016 pour le mettre en vente ?
Bien que nous ayons fini les enregistrements en juillet 2015, nous avons décidé avec notre label que la date de sortie serait en février 2016. C’est usuel de laisser beaucoup de temps après l’enregistrement pour tout bien préparer avant le lancement. On ne peut pas simplement enregistrer un album et le mettre dans les bacs le lendemain… En fait, on pourrait s’il s’agissait d’une démo, mais pas un album, pour raisons bassement techniques et logistiques.
Je me demandais pourquoi vous étiez passés de Nuclear Blast à d’autres labels, et pourquoi en changer aussi souvent ?
Les raisons sont nombreuses. Après la fin de notre contrat avec Rage of Achilles, on a cherché un plus gros label et donc décidé d’aller chez Nuclear Blast. On a fait un album chez eux mais on s’est vite rendu compte que leurs priorités et les nôtres n’étaient pas les mêmes, alors on est partis chez Candlelight Records. Ca s’est bien passé avec eux et on y a fait deux albums, pourtant on se disait qu’il était temps de bouger et on est allés chez Lifeforce Records. On en est à trois albums avec eux mais qui sait ce qui peut advenir. Il n’y a jamais vraiment eu de prise de tête ou quoique ce soit avec les labels, c’est juste arrivé comme ça…
Et ça se passe bien avec Lifeforce Records ?
Ca s’est toujours bien passé avec Lifeforce. Ils font leur travail et nous le nôtre. Bien sur il y a toujours des imbroglios entre un groupe et son label, mais nous avons réussi à passer outre et continuer notre collaboration. On a déjà enregistré trois albums ensemble, on verra si ça continue ainsi…
Quelle est votre position en Finlande ?
Ca dépend ce que tu entends par « position ». Si tu parles « vis-à-vis de notre public finlandais », je te répondrais qu’elle est très bonne. Il y a tellement de publics en Finlande : des sympas et des pas sympas. On doit donner notre meilleur et on le fait volontiers, parce que c’est comme ça que ça marche. Cependant, je pense que nous avons un plus grand rayonnement hors-Finlande, ce qui est plutôt cool.
Où se trouve votre meilleur public ?
Impossible de répondre à cette question : il y a tant d’audiences sympa dans le monde. Je pense que la chose essentielle est de créer un lien entre le groupe et le public à chaque concert pour que ça soit optimal. Ca arrive quand on crée cette atmosphère ensemble, et on peut le ressentir. Donc la comparaison est vaine : chaque concert est unique et a son propre public.
De quelle manière composez-vous dans Omnium Gatherum ?
La méthode est simple : il y a des démos pour chaque morceau, sur lesquelles j’écris les paroles et fais les arrangements. On commence comme ça, puis chacun travaille ses parties dans son coin, puis on répète ensemble. L’arrangement des chansons se fait en simultané. Pour la composition, ce sont principalement Markus et Joonas qui le font. Concernant les paroles, c’est de moi, puis l’arrangement se fait tous ensemble.
Vous vivez-tous dans la même ville ? Comment faites-vous pour répéter ?
Chacun de nous vit dans son coin de la Finlande, donc on ne répète pas souvent ensemble. Chacun travaille dans son coin et on se cale des moments tous ensemble pour travailler intensément, généralement la durée d’un weekend complet. On n’a pas trop d’autre choix à cause de la distance.
Vous avez un travail à plein temps ? Quelles sont vos autres passions ?
Ceci est notre travail à plein temps. Concernant nos hobbies, un peu comme tout le monde : j’aime les films et le sport. J’essaye d’apprécier la vie tout le temps de manière à me sentir vivant, avoir l’impression d’exister. La meilleure chose dans le fait d’être vivant, c’est que chaque chose nouvelle se cache derrière la routine. Et ça, c’est fascinant.
Est-ce que certains d’entre vous jouent dans des groupes parallèles (par exemple Markus qui joue dans Insomnium) ?
Bien sur. Joonas (guitariste) a son propre groupe, Malpractise. Apo (claviériste) joue dans Mariana’s Rest, un groupe local de son lieu de résidence. Erkki (bassiste) joue dans un groupe saisonnier qui reprend des christmas carols en version heavy – oui, je sais, c’est chelou. Pour ma part, je me contente de composer et enregistrer chez moi pour mon plaisir. Nous sommes effectivement musicalement actifs en dehors d’Omnium Gatherum.
J’ai lu que Jope a d’abord été membre de sessions pendant des années avant de devenir membre permanent. Pourquoi cela a-t-il pris tant de temps pour l’engager définitivement en 2010 ?
Aucune raison vraisemblable si ce n’est celle que notre précédent guitariste, Harri, ne savait s’il quittait le groupe ou restait. Donc une fois qu’il a eu pris sa décision ferme et définitive, on a engagé Joonas en permanent dans Omnium Gatherum.
Comment fait Markus pour jouer comme ça dans deux groupes ?
Je n’en ai aucune idée J
Ca a dû être d’une grande utilité quand il s’est agi de tourner avec Insomnium et Ensiferum, non ?
Markus faisait deux concerts par soir. Il disait que c’était dur mais pas impossible. Il a fait la même chose pendant notre tournée nord-américaine avec Insomnium en aout et septembre derniers. Beaucoup de groupes jouent des sets de une à deux heures tous les soirs, nous également et finalement, ce n’était pas si impossible que ça.
En quoi ça a pu contribuer/influer sur Omnium Gatherum ?
Ca n’a pas eu d’impact particulier sur Omnium Gatherum (si tu parles bien du fait que Markus joue dans les deux groupes en même temps).
Certains d’entre vous sont-ils endorsés ?
Oui : par Fender Scandinavie, Seymour Duncan, Pearl et Balbex.
Quelle est ton histoire avec la Musique ?
J’ai toujours eu la musique en moi, donc j’en écoutais beaucoup dès le plus jeune âge. J’ai toujours été attiré par le Metal, sans pour autant dénigrer les autres genres : une bonne chanson est une bonne chanson, quel que soit son style. J’ai donc joué dans divers groupes le plus tôt possible et continué mon éducation musicale jusqu’à l’âge adulte. Pour moi, c’est important de ressentir la musique et ça me fait des choses quand je compose et qu’on me dit que « c’est vachement bien ». Peut-être que si un jour ce sentiment s’éteint, j’arrêterai d’en écrire… mais pas d’en écouter.
Revenons dans le passez et raconte nous la genèse du groupe : quelles étaient vos motivations, vos influences, ça avait vocation à devenir un groupe sérieux ou juste un passe-temps ? Et pourquoi choisir Omnium Gatherum comme nom de groupe ?
Les débuts d’Omnium Gatherum, c’est un peu l’histoire habituelle : deux mecs qui jouent ensemble depuis qu’ils sont gamins. Durant ses jeunes années, à la fin des 90’s, Omnium Gatherum a fait des dates de ci, de là, enregistré des démos et continué ainsi pendant un temps. Puis le groupe est passé au format album en 2003, ce qui lui a permis de monter d’un échelon et faire toujours plus de concerts, mais encore seulement à l’échelle finlandaise. Après ça, principalement grâce à la sortie de The Redshift en 2008, Omnium Gatherum est monté d’un cran, en faisant des tournées en Finlande mais aussi dans le reste de l’Europe. Depuis lors, album après album, la « croissance » du groupe a fait des tournées LE TRUC d’Omnium Gatherum. C’est donc passé d’un truc fun à quelque chose de fun, mais aussi de sérieux. Quant au nom du groupe, pas de mystère : les mecs ont décidé à l’époque que ça sonnait bien et c’est resté.
Une tournée prévue pour 2016 ?
On commence la tournée en Finlande le 12 février, puis on enchaine sur l’Europe du 25 février au 5 mars, les deux en tête d’affiche. On fera aussi pas mal de festivals d’été en Finlande et autour. Et bien sur on reprendra la tournée en fin d’année mais ça, on en parlera plus tard.
Peut-on vous attendre en tête d’affiche (je ne sais pas si vous l’avez déjà été) ? Sinon, pour quels grands groupes avez-vous déjà ouvert ?
Comme dit ci-dessus, les deux tournées de cette année seront en temps que tête d’affiche. J Nous avons joué avec beaucoup de grands groupes comme Dark Tranquillity, Nile, Rotting Christ et bien d’autres. Je ne saurais mettre tous ces groupes dans un ordre quelconque : ce sont tous des gens sympas et des groupes super.
Vous jouez beaucoup en Finlande ?
Après chaque sortie d’album, nous partons en tournée et dans les festivals, donc oui, le plus possible, en Finlande et alentours. Faire des tournées, c’est LE truc sympa dans notre vie.
Des anecdotes à nous raconter ? Vos meilleurs souvenirs ?
Mes meilleurs souvenirs sont sous forme de magnets sur mon frigo. Les autres adorent les souvenirs improbables dès qu’ils en trouvent un et certains ramènent des gadgets musicaux, des nouveaux instruments… C’est selon l’humeur.
Quel est l’endroit le plus bizarre dans lequel vous ayez joué ?
Probablement en Serbie, dans un stand de tir au pistolet. De jour, c’était un club de tir et le soir, ça se transformait en salle de concerts metal. Le public était exceptionnel et on y a fait un pur show. On a aussi joué dans cet endroit à Shangaï, le Mao Club : le truc bizarre, c’étaient les logos du club en forme de tête de Mao [Tse Tung] de laquelle partaient des rayons… Rigolo, mais barré. Là aussi on a fait un super concert et on a eu un bon contact avec le public.
Je te laisse finir avec ta citation favorite.
“Stay metal, brothers and sisters !”
Le meilleur album de 2015, pour toi, c’est…?
Aucun en particulier, désolé J
Merci pour ces réponses et bonne continuation. On espère vous voir bientôt.
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