Interviewé : David Davidson (chant/guitare)
Intervieweuse : Bloodybarbie
Nous avons eu le plaisir et l’honneur d’interviewer David Davidson, ce sacré frontman et guitariste du groupe américain de death metal : Revocation lors de leur passage à Paris le 26/10/2016 (live report http://www.soilchronicles.fr/reports/obscura-revocation-beyond-creation-rivers-of-nihil-au-divan-du-monde-le-26102016-2), en tournée avec Obscura !
BloodyBarbie : Je suis très ravie de te rencontrer ENFIN ! Je vous ai vus la première fois à Lyon avec Cannibal Corpse, et je m’en souviendrai toujours de ce concert et de votre excellente performance ! C’était la première fois que vous jouiez là-bas ?
Dave Davidson (guitare/chant) : Oui, tout à fait !
Brett Bamberger (basse) : Ah, je me souviendrai toujours de ces mecs qui n’arrêtaient pas de slammer, par 4 en même temps, superposés, et même quand on terminait le morceau, qu’il n’y avait plus de musique, ils continuaient [rire], ça nous a bien fait marrer !
Comment vous vous êtes retrouvés dans ce beau package avec Obscura ?
On a joué avec eux déjà. C’est la tournée d’Obscura. Un jour, on a reçu un mail d’eux qui nous proposait de les accompagner et on a dit oui [rire]. C’est une tournée d’enfer, le public est fou à chaque concert.
En plus, vous venez de finir une tournée américaine ?
Oui, on était avec Cannibal Corpse, au Summer Slaughter.
Dave, tu es le seul membre fondateur de Revocation, tu ne te sens pas un peu seul [rire] ?
Non, pas du tout : le line-up actuel est grandiose comme vous pouvez bien l’entendre dans notre nouvel album [rire].
Comment tu as recruté le nouveau batteur Ash, dernier arrivant en date ?
On avait déjà fait une tournée avec Ash alors qu’il était encore membre de son autre groupe “3 Inches of Blood” [groupe de Heavy Metal] ; c’est un batteur super et vraiment versatile. Suite à la précédente tournée, on a beaucoup aimé sa performance, alors son intégration s’est faite facilement dans le groupe et c’est un membre permanent depuis.
Au tout début, vous aviez un autre nom de groupe sous lequel vous aviez sorti des albums, puis vous avez changé de nom en disant que vous aviez fait beaucoup d’erreurs… Quel genre d’erreurs ?
En fait, on voulait simplement tout recommencer de zéro avec quelque chose de frais et avec les mêmes membres, donc on a changé de nom.
Au début, Revocation était plutôt orienté Death/Thrash, ensuite on vous a vu évoluer vers du Death plus technique, est-ce un choix voulu ?
Je dirais plutôt une évolution naturelle : j’ai tout le temps de nouvelles idées, je ne me suis pas contenté par exemple d’écouter mes cinq groupes préférés durant toutes ces années, je découvre tout le temps de nouvelles choses et mon goût musical évolue et change aussi. Je dirais que c’est le processus naturel d’un musicien.
Tu sembles être constamment inspiré puisque Revocation sort en moyenne un album tous les deux ans…
L’inspiration est quelque chose qui me vient naturellement : je ne m’arrête pas d’écrire lorsqu’on sort un album en me disant : « Bon, je vais faire une pause d’un ou deux ans », mais dès que j’ai une idée, un riff, je prends mon téléphone et j’enregistre à tout moment juste en utilisant ma voix – la magie de la technologie –, et même si je n’y touche pas, je le laisse dans ma bibliothèque de riffs.
Donc tu as déjà commencé à préparer un nouvel album ? [rire]
En quelque sorte oui, mais on est beaucoup focalisés sur celui-là. Quand le moment viendra, après cette tournée, je verrai… Il n’y a pas que les riffs, il y aussi les transitions, ce qui peut aller dans un même album, les paroles…
Toi seul écris et composes dans Revocation ou bien vous vous partagez le travail ?
Non, Dan compose aussi quelques morceaux ou riffs. Par exemple, sur dix morceaux, j’en écris 8 et lui 2, et Ash rajoute sa batterie. Il nous arrive de modifier des choses en studio comme par exemple la basse, car en studio on entend les choses différemment, et puis tout dépend du rendu du mixage. On est toujours ouvert aux propositions des autres membres. Je dirais que j’écris plutôt le squelette du morceau et on construit le corps complet ensemble.
Quelle importance accordes-tu aux paroles ?
Les paroles sont définitivement aussi importantes que la musique et je les prends très au sérieux.
De plus, je suis le soldat du groupe, j’ai écrit tous les textes de ce nouvel album. Je n’aime pas être négligeant vis-à-vis de cette partie, même si ça me pend beaucoup de temps. Les textes sont assez réfléchis. J’essaie toujours de trouver des thèmes qui m’intéressent et m’inspirent. Je peux tout aussi bien parler de thèmes lovecraftiens et SF, historiques ou d’une église que je découvre sur mon chemin [évoquant le Sacré Cœur qu’il est allé visiter juste avant à Montmartre, près du Divan du Monde où il nous reçoit en loges]. C’est difficile de pointer d’un seul thème puisque cela dépend de l’album.
Et d’ailleurs, si tu nous parlais du concept de ce nouvel album « Great is our Sin » ?
C’est notre tout premier concept album. Il traite de la chute et du déclin de l’homme à travers l’Histoire, du Moyen-âge à nos jours. Les sujets traités sont : la religion, le crédo et l’environnement. Comment l’être humain a participé au changement climatique. Par exemple dans « Copernican Heresy », je parle aussi du conflit entre science et religion, en citant Copernic et Galilée : leur idées ont été attaqué par l’église, eux ne pouvaient plus poursuivre leur travaux et recherches puisqu’ils étaient menacés… Et cela [ce conflit] persiste même de nos jours, comme par exemple pour le mariage gay, les cellules souches qui peuvent aider l’être humain mais qui sont bannies à cause de la religion et l’éthique.
Êtes-vous religieux ?
Non on est tous athées !
Comment se porte la scène Death Metal technique aux USA ?
On a quelques très bons groupes comme Gorguts, Murder, Voivod, Vektor, et d’autres nouveaux groupes que les européens ne connaissent pas bien encore !
Oui, je t’ai bien vu poser avec ton t-shirt Voivod dans ta vidéo de tes cours de guitare [rire].
Je suis fan de ce groupe : ils ont toujours fait de la bonne musique avec leur style unique.
Vis-tu de la musique ?
Moi oui : quand je ne suis pas en tournée, je donne des cours de musique. Dan bosse dans un hôpital, Ash est acteur et passe même dans des séries télé. On fait des boulots qui nous permettent de partir en tournée assez facilement et les faire avec le sourire sans penser aux finances. Personnellement je préfère avoir un boulot à côté, histoire de ne pas rester au chômage après les tournées et m’occuper constamment !
J’avais lu dans des interviews que tu citais Guns n’ Roses et d’autres groupes de Hard Rock, mais je n’ai pas souvenir d’avoir lu Death dans tes références [rire], c’est bizarre pour un groupe qui s’en inspire !
[rire] Ça dépend des interviews et du temps accordé, mais bien évidement Death est une de nos grandes inspirations ; on a même fait une cover de Death. J’ai aussi plein de références comme Pantera, Morbid Angel, Metallica, Megadeth, Cannibal Corpse, Dark Angel. Deathspell Omega… Tout ce qui est bizarre attire chacun d’entre nous.
As-tu eu l’occasion de voir Death quand maitre Chuck était parmi nous ?
Malheureusement non, mais Ash est un très bon ami de Gene [Hoglan], et puis j’ai été manager de Death DTA [rire].
J’ai vu ta belle Jackson toute fraiche pour cette tournée sur votre site, est-ce que t’as une nouvelle guitare pour chaque tournée ? [rire]
J’aurais souhaité [rire] ! C’est mon modèle signature, j’ai beaucoup bossé dessus avec eux pour arriver à ce résultat, pendant plus de deux ans, donc ils m’avaient envoyé un prototype à cette époque, mais maintenant je suis passé sur une 7 cordes, celle que tu as vu sur notre site, fraichement venue de Jackson. Et je suis très satisfait de leur modèle !
Quel est le plus important pour toi dans une guitare ?
L’input Jack ! [rire]… Pour moi, le plus important, c’est le sillet : c’est la première chose que je vérifie dans une guitare. Il faut qu’il soit le plus naturel et agréable pour moi. Mais avoir une prise jack reste le plus important [rire] !
Tu devrais oublier le jack et passer au wireless comme c’est la mode maintenant, certains guitaristes l’adoptent pour pouvoir aller dans la fosse et jouer avec le public… [rire]
Très bonne idée, on y pensera pour la prochaine tournée ! [rire] C’est vrai que je suis un peu old school mais j’en ai marre des câbles, parfois ça marche pas, ça fait des nœuds…
Vous n’avez pas trop fait de festivals cet été…
Non, mais on va en Australie en hiver – qui sera l’été chez eux – puis on fera le « 70.000 Tons of Metal » en Février 2017, puis on ira faire quelques concerts à Hawaï et on en profitera pour voir de la famille.
Brett : On aime bien aller à des endroits dans lesquels on n’est jamais allés, on va changer notre nom de Révocation à Re-vacation [NdT : vacances] ! [rire]
Quel est l’endroit le plus bizarre où vous ayez joué ?
Brett : La Colombie !
Dave : Plutôt la Cordillère ; on était en tête d’affiche pour la première fois, mais c’était bien cool, 200 personnes mais l’ambiance bien cool. C’est très différent de nos shows habituels !
Quelle est la position actuelle du groupe ?
Je dirais plutôt très bonne ! Notre nouvel album est le plus vendu de toute notre discographie, surtout dans cette époque qui connait un déclin de la vente générale des CDs de 20%, et on a fait 20% de plus que notre précédent album. On n’est pas le genre de groupes qui va figurer dans les charts… On fait simplement la musique qu’on aime, peu importe le résultat des ventes. On essaie quand même de faire mieux que le précédent album à chaque fois.
Un mot pour finir ?
Où est-ce qu’on peut manger de la cuisine française dans le coin?
Tu as plein de sexshops et de magasins de musique plus bas, mais je doute que ça se mange… Il y a des kebabs entre deux mais ce n’est pas très français [rire].
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