Interviewers : Antirouille + Metalfreak
Interviewés : Rising Steel
Photos : Metalfreak
(NdAntirouille) Au sommet de l’affiche que nous proposait Metallian Productions ce 29 octobre 2019, trônait Annihilator. C’est à Rising Steel que revenait la tâche d’ouvrir et de chauffer à blanc la salle de l’Ilyade (Report ici).
Mais avant de lancer les hostilités, nous nous sommes retrouvés, Emmanuelson, Steel Zard, Tony Steel, Matt Heavy Jones, Metalfreak et moi-même dans la loge des Steels pour un entretien dont je tairai les premières minutes qui seraient préjudiciables pour certains, à commencer par notre monstre d’acier lui-même (NdMetalfreak : je ne vois pas de quoi tu parles).
Antirouille : Présentez-nous Rising Steel dans les grandes lignes.
Steel Zard : 2012 pour l’année. En fait c’était un projet éphémère, normalement nous étions censés faire deux titres et splitter. Tony m’a contacté dans le cadre de ce projet, on jouait tous les deux dans des groupes de Rock Garage et c’était un défi de se lancer dans le metal. Du coup, on a fait les deux morceaux, trois membres sont partis et nous deux n’avions pas envie de s’arrêter là. On s’est mis à chercher des gens et on a recruter Virgil, Emmanuelson et il y a eu un premier bassiste qui jouait dans un groupe de metalcore qui s’appelait SteelRise. On a fait un EP, « Warlord » (chronique ici), quatre titres un peu sérieux. Ensuite Pierre est parti pour faire du metal libanais dans un groupe qui s’appelle Blaakyum et on a recruté Flo. En deux ans on a fait plein de titres et on a sorti notre premier album en 2016, « Return of the warlord » (chronique ici) et trois ans après nous voilà !
Antirouille : Et le dernier arrivé, c’est toi, Matt…
Matt : oui, je suis arrivé il y a un an, en septembre 2018.
Metalfreak : On t’a vu jouer au Brin de Zinc, en Savoie.
Matt : Moui… J’ai essayé de jouer (rires)
Antirouille : De ce que j’ai lu, tu n’es pas issu du metal.
Matt : Oui, mes premières chances musicales m’ont été données par le reggae et comme j’étais catalogué reggae pendant quinze ans, du coup je n’ai eu que des propositions là-dessus. Ensuite c’est parti d’un tout petit mot que j’ai mis l’année dernière sur Facebook en rentrant du Hellfest en disant que je tenterai bien quelque chose de metal et Tony m’a appelé.
On a discuté, on a fait des essais et voilà, on n’avait pas trop de temps à perdre. Il n’a pas trop été rebuté par l’aspect Rasta (Rires)
Tony : J’ai dû faire un gros travail sur moi-même pour le contacter (rires)… En plus, pour la petite histoire, l’annonce je l’ai vu Facebook de Jean-Mi (Note : cousin d’Emmanuelson) qui avait partagé qu’un gars cherchait un groupe metal.
Emmanuelson : On n’a pas eu besoin de te chercher finalement.
Antirouille : Tes goûts musicaux ?
Matt : je suis venu au metal par la vague néo-metal par Deftones, Korn, etc.
Après, j’étais aussi beaucoup dans la veine punk. Le heavy… oui, un peu mais j’étais plus thrash. J’écoute du heavy depuis toujours mais je n’en avais jamais joué et c’était un joli défi à relever.
Antirouille : Et toi Emmanuelson, tes goûts ?
Emmanuelson : Alors moi c’est très varié mais c’est le metal en priorité. Tous les styles de metal. Après j’aime bien le jazz et l’ambiant. Tu vois, ça dépend des périodes et c’est très varié.
Steel Zard : moi, le metal oui mais en fait…je déteste le heavy… (Rires) Les voix aiguës et tout ça… (Rires) J’ai combattu ça toute mon enfance, toute ma jeunesse. Moi, c’était plutôt le thrash, le hardcore, les trucs de méchants quoi…
Pour moi, il fallait que ce soit méchant, le metal. Je suis très old school, Sepultura ou Entombed. Tu sais, avec l’âge on n’aime que ce qu’on connait.
Tony : Moi, c’est l’inverse de Zard, je suis heavy depuis quasiment toujours. En même temps, j’aime pas mal de choses. Ça va du folk au hard rock. J’étais pas mal frustré de ne pas pouvoir jouer la musique que j’écoute, ma passion. Donc, avec Zard, nous avons monté en mode délire Rising Steel et, bizarrement, ça a marché.
Pour les influences, ça reste basique : Judas Priest, Saxon, Iron Maiden.
Après, j’aime bien les trucs un peu plus thrash comme Slayer. C’est pour ça qu’on matche bien avec Zard, nous nous complétons.
Steel Zard : On s’équilibre.
Tony : Oui, l’architecture c’est Zard, après, tout ce qui est idées et riffs, c’est moi qui apporte et après tout le monde met sa patte, évidemment.
Antirouille : Il y a tout juste un an, vous êtes entrés en studio pour votre dernier album, « Fight them all », Où en est-il ?
Steel Zard : Il est fini, il est sorti du four.
Metalfreak : Je n’ai pas reçu encore un seul son ! (rires)
Steel Zard : Non ! C’est confidentiel (rires)
Emmanuelson : Là, on est sur un label… On ne peut pas encore l’annoncer aujourd’hui. (NdAntirouille : Frontiers Music Srl a annoncé sa collaboration avec Rising Steel sur les réseaux sociaux ce 26 novembre)
Tony : Il y a du beau qui se prépare.
Emmanuelson: Il y a un label qui nous a approchés et qui n’est pas un petit label mais on ne peut absolument rien dire jusqu’à ce que le label l’annonce lui-même.
Metalfreak : Ce n’est donc plus Mighty…
Emmanuelson : Non, c’est plus Mighty, c’est mieux encore.
Steel Zard : En fait, l’album, il est fini. On a validé le mix depuis juillet. Déjà, on a voulu monter d’un cran niveau mix, on a contacté un studio suédois, le Sweetspot Studio, qui fait Spiritual Beggars, Arch Enemy, Opeth.
On a bien échangé, déjà on est un petit groupe donc niveau tarifs, c’est un peu compliqué et il a bien flashé sur le projet. Il nous a dit qu’il était prêt à le faire. Les gars sont Rickard Bengtsson et Staffan Karlsson, et ils nous ont fait un mix survitaminé.
Tony : on a été masterisé au Finnvox Studio, en Finlande.
Steel Zard : En fait les gars ont l’habitude de travailler ensemble.
Emmanuelson : Le son n’a rien à voir avec le passé. Là, on a un gros son très thrash, vraiment très puissant.
Steel Zard : Très organique aussi.
Emmanuelson : Oui et très précis, vraiment rien à voir.
Steel Zard : Il ne faut pas oublier aussi les prises qui ont été faites dans un studio à l’IIe Verte, le SunTzu chez Eliott, qu’on a un peu démarché par hasard.
Tony : On a bien discuté avec lui, c’est un très bon ingé son et comme il est assez jeune il fait plus de metal ultra moderne et on a bien mis les choses au point, on ne voulait pas quelque chose de froid et glacial et Il s’est bien adapté.
Antirouille : Est-il dans la lignée de « Return of the warlord » ? Comment situez-vous cet album ?
Emmanuelson : niveau son, on est plus thrash.
Steel Zard : niveau son, il est plus agressif.
Emmanuelson : On a des sons de gratte à la Exodus .
Steel Zard : la batterie aussi, on a vraiment un gros son, mais tout ça vraiment bien dosé, c’est un orfèvre, le mec. Niveau voix aussi. Déjà, chez Eliott, on était super à l’aise, et le gars nous a fait le type de voix qu’il nous fallait, juste le petit effet qui dénature pas la voix.
Tony : C’est pour ça qu’on a voulu voir des professionnels car on a vraiment un produit fini qui fait pro de A à Z parce que même la voix, tu vois, la voix Heavy est aiguë et mise en avant et on n’entend que ça, et là le spectre est très large et tout est très bien intégré. Quand on a écouté notre produit fini, on n’en revenait pas. Mais bon, on a mis les moyens aussi.
Metalfreak : Est-ce qu’il y aura un titre ce soir ?
Emmanuelson : oui
Metalfreak : Est-ce que ce son-là, tu arriveras à le reproduire sur scène ?
Tony : après le son live et le son studio ne sont jamais bien les même, il y a vraiment deux choses distinctes. Le son Rising Steel n’a pas vraiment évolué même si l’apport de Matt va un peu changer quelque chose, il y a sa patte. On a changé un peu notre matériel et après il y a la dynamique, j’espère qu’elle restera toujours la même.
Steel Zard : C’est la compo qui fait la différence pour moi.
Tony : Oui, les compos vont amener quelque chose. On est resté sur une base heavy genre Iron Maiden ou Judas Priestmais on a quand même essayé d’évoluer et c’est venu naturellement d’apporter des trucs un peu thrash et des aspirations un peu nouvelles.
Emmanuelson : Vocalement ce sera des trucs à la Nevermore, Forbidden un peu. C’est l’envie d’aller dans des chants moins heavy traditionnels et d’essayer d’aller vers le thrash.
Tony : C’est pas pour lui cirer les pompes mais comme c’est un chanteur au spectre très large…
Emmanuelson : Très large ? mmmh ? (Rires)
Tony : Le spectre j’ai dit (Rires) et du coup c’était très intéressant de travailler avec toutes les tessitures.
Steel Zard : C’est là où je trouve qu’Eliott a fait un bon boulot, il a quand même un gros talent de composition et on a affiné sur les chœurs, on a affiné sur pas mal de choses.
Emmanuelson : il y a des lignes vocales sur les breaks qui ont été un peu transformées. Des fois on demandait l’avis d’Eliott sur des effets sur des voix doublées parce qu’effectivement, quand tu fais tes voix, tu n’as pas forcément le recul nécessaire. Lui, il arrive à trouver la tierce, la quinte qui va embellir et donner une dimension nouvelle.
Steel Zard : on était bien chez lui, un peu comme à la maison. Le fait que c’était sur Grenoble a été un avantage par ce que quand on voulait modifier, rallonger ou rajouter un truc, on était sur place et du coup on est pleinement satisfait.
Antirouille :Pour quand est-il prévu, cet album ?
Emmanuelson : ce sera le label qui décidera. On ne sait pas encore, début d’année je pense.
Tony : Le plus tôt possible par ce que ça fait plus d’un an qu’il est enregistré et on a envie de le partager avec le public.
Steel Zard : On a partagé l’enregistrement en deux sessions, on a laissé quelques mois à Matt pour qu’il puisse bosser. On a enregistré à l’automne, Matt en janvier – février. Virgil étant parti en septembre, on avait le choix : soit de garder les solos de Virgil, soit de demander à Matt de faire les solos de Virgil, soit que Matt fasse ses solos.
Nous nous sommes dits que c’était bien pour tout le monde et que si Matt voulait rentrer dans le projet, c’était qu’il fasse ses solos, de faire le job comme tout le monde. Ça a pris du temps mais pour moi c’était hyper important.
Matt : Il m’a fallu un mois et demi pour ça. J’ai une approche plus thrash, plus punk, plus direct à la Motörhead, je suis moins démonstratif à certains niveaux mais j’aime bien le côté où ça chante un peu. Le problème quand je me mets dans les chaussures de Virgil comme au Brin de Zinc, ben ce n’est pas ça, ce n’est pas facile de jouer les parties d’un autre.
Antirouille : Tu as tout réécrit ?
Matt : Oui mais j’ai gardé trois ou quatre parties de Virgil car il a eu de très bonne idées qui marchaient bien. On s’est dits qu’on pouvait les garder. Mais toutes les parties chorus ont été réécrites. A titre personnel, je pense que je serai plus à l’aise sur le prochain album.
Metalfreak : Emmanuelson, tu es guitariste dans tous tes autres groupes, est-ce que des fois tu n’as pas envie d’en jouer un peu ou est-ce que ça te libère vocalement le fait de ne pas avoir à jouer de la guitare ?
Emmanuelson : J’ai déjà deux groupes où je fais de la guitare et c’est complètement une liberté de se concentrer uniquement sur le vocal. Ils amènent le truc, après je mets les paroles dessus. Puis j’ai pas un niveau de guitare fabuleux, il fallait un guitariste à part entière et… non, non, c’est très bien comme ça. Après oui, si on n’avait pas trouvé de gratteux, si ça avait duré dans le temps peut être mais bon, faire guitariste chanteur dans un groupe de heavy il faut vraiment avoir un niveau de fou que je ne pense pas avoir. On est très bien comme ça, on a un bel équilibre et ça me va bien de n’être que chanteur dans ce groupe.
Metalfreak : Au niveau compo, tu fais les textes ?
Emmanuelson : Oui, au niveau compo je fais les chants et les textes. Je fais les vocaux quand même, j’y tiens.
Antirouille : La musique c’est Tony ?
Tony : C’est moi qui amène les idées essentielles de riffs et après avec Zard on fait le reste, on est un peu un vieux couple (Rires)
Emmanuelson : oui, oui, c’est un vieux couple les deux-là (Rires)
Tony : oui on se comprend, je fais les riffs et lui il arrange.
Steel Zard : Oui, je suis plus un arrangeur.
Tony : Oui, c’est pas pour cirer les pompes encore une fois mais j’ai la chance d’avoir un batteur intelligent…
Emmanuelson : Ah bon ? (Rires)
Tony : …qui a la notion de la composition. C’est plus facile de faire des riffs que des arrangements. Mais bon, on n’est pas à court d’idées, il y en a encore
Steel Zard : oui, on a des titres, on en a laissé quelques un sur le bord.
Antirouille : Quel sera le thème de l’album ? Il va parler de quoi ?
Emmanuelson : Comme son titre peut l’indiquer il va parler de toutes les injustices de ce monde, du combat permanent dans la vie face aux despotes, etc. Il y deux ou trois titres qui sont plus axés sur le metal en lui-même, la passion du metal avec des textes très simples limite marrants. On est dans un album contestataire avec un petit débordement rock’n’roll, ça c’est mon truc.
Cet album a un côté couillu de par ses parties instrumentales et par les vocaux.
Il y a un côté impitoyable.
Antirouille : Ce soir, ouvrir pour Annihilator, ça va ? Pas trop le trac ?
Tous : heu… ça va… heu…(rires) un peu tendu quand même…
Tony : Pour moi c’est un peu un rêve de gosse. Annihilator, j’écoutais quand j’avais 14 ou 15 ans et partager leur affiche, ça fait plaisir.
Steel Zard : Ce soir ça va être survitaminé.
Emmanuelson : Oui, on n’a que trente minutes, ça va être court mais intense.
Steel Zard : On a un morceau thrash ce soir
Emmanuelson : oui, on a absolument tenu à le mettre, on vous fait trois morceaux du prochain album.
Tony : On a un répertoire où on peut un peu varier les tendances, bon, on reste une base heavy mais selon les concerts on peut varier les set list.
Antirouille : On peut parler d’évolution avec cet album ?
Tony : Oui, j’espère qu’on a évoluer. On verra mais ce n’est pas forcément ce que vous attendez de Rising Steel.
Emmanuelson : je pense que cet album va être plus puissant. Je suis avec des gens ouverts, qui ne se prennent pas la tête, qui sont là pour bosser et on arrive à ce qu’on veut. Je suis vraiment content parce qu’on en a chié, on s’est posé pas mal de questions sur ce nouvel album et …on verra…
Steel Zard : Oui, on ne lâche rien ! Faut rien lâcher sur la musique.
Emmanuelson : Oui, en plus avec un label digne de ce nom, les mecs vont demander un résultat, et en plus derrière, si tu te relâches, ça ne veut plus rien dire.
Steel Zard : Et sans perdre notre identité.
(NdAntirouille) Le bruit des balances en bruit de fond est de plus en plus dense, on sent les Steel nerveux.
Metalfreak : Allez, c’est l’heure, merci à vous.
Emmanuelson : Merci à vous et bon concert.
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