Interviewé : Alex (chant)
Intervieweuse : Bloodybarbie
Tout d’abord, félicitations pour ce superbe nouvel album, Soulmates (chronique ici), une belle réussite que j’ai préférée à Ghost (chronique ici). J’ai beaucoup apprécié la basse qui est très claquante !
En fait, Ghost a été fait par deux personnes : Joe à la guitare et moi au chant. Soulmates a été composé par 5 musiciens, avec des influences différentes, dont un vrai bassiste qui a apporté sa touche à la composition.
Peux-tu me raconter l’histoire de Scarlean ?
Joe et moi jouions ensemble depuis 20 ans déjà ! On avait un groupe nommé Aquilon, dans la veine death dark avec un peu d’électro aussi. Quand on est arrivés au bout de ce projet, on a voulu faire quelque chose de différent, avec du chant clair, je n’avais jamais fait ça auparavant. On a monté ce projet en 2013 et on a sorti notre premier album Ghost en 2016 en autoproduction complète. On a donc d’abord sorti un album puis cherché des musiciens.
En 2018 on a signé avec à label Mystik Prod qui nous a proposé la réédition complète de Ghost et nous a assuré une distribution par Season Of Mist. En 2017 Michel à la guitare nous a rejoints. Début 2019, Fabien nous a rejoints à la batterie et Olivier à la basse pour compléter le line-up et sortir Soulmates fin 2019. Ce dernier est le fruit d’un travail collectif assidu où on s’est tous donnés à fond, à creuser son univers et trouver notre son et la bonne sensibilité, on se voyait même trois fois par semaine !
On a mis beaucoup de temps à stabiliser le line-up mais on s’est bien trouvés, on s’entend super bien et c’est très agréable de travailler ensemble, on est fiers de ça car la musique et le groupe sont avant tout une aventure humaine ! Avant de devenir amis, on s’est focalisés surtout sur le travail, l’amitié est venue avec le temps à force de se voir et de bosser ensemble. En plus du côté musiciens, on a des compétences annexes complémentaires : Michel est photographe ; Fabien est ingé son, vidéaste et graphiste ; et je suis graphiste et directeur artistique.
Comment composez-vous au sein du groupe ?
Joe et moi arrivons avec des idées et les proposons aux autres. Puis nous travaillons les morceaux et chacun apporte sa patte. C’est un véritable travail collectif.
Pourquoi le choix de Scarlean comme nom du groupe ?
Scar pour cicatrices et lean pour sèche, ou fine. L’idée était de trouver un mot qui contracte les deux et symbolise les blessures de la vie, d’où Scarlean. Les choses qu’on arrive à surpasser mais qui laissent quand même des traces.
Quelle est l’histoire de cette collaboration avec Annke Van Giersbergen, en duo sur la reprise “Wonderful Life” ?
On avait maquetté cette reprise de Black, un morceau qui me tenait à cœur, puis on se dit que ce serait pas mal d’avoir une voix féminine sur ce titre. Comme je suis très grand fan d’Annke, que je suis depuis ses débuts dans The Gathering, je disais aux gars : « pourquoi on ne tenterait pas d’envoyer un mail juste pour voir ? » J’ai envoyé la maquette à son mari, qui est son manager et l’ancien batteur de The Gathering, en lui demandant si c’était possible de faire un duo avec Annke. La bouteille à la mer était lancée ! Trois heures plus tard j’avais une réponse : il se trouve que Robert et Annke était en studio en train de travailler sur le projet acoustique de Annke !
Elle a beaucoup apprécié l’adaptation qu’on a faite du titre, j’ai dû relire le mail 30 fois pour être sûr que j’avais bien lu parce que c’était un rêve qui se réalisait. On a enregistré le morceau, on lui a envoyé les bandes, et 5 jours plus tard on avait sa voix sur le morceau. En plus, sans contrepartie car elle avait envie de le faire. Je me rappellerai toujours de ce moment où, quand on a reçu l’enregistrement d’Annke et qu’on a appuyé sur play, il y a eu un silence de mort pendant 5 minutes. On s’est regardé puis on s’est dit : « putain, on a Annke sur notre album ! ». Donc on sait que pour le prochain album on a d’autres idées et on tentera le coup.
L’album, sans être un concept album, a une ligne directrice sur la dualité et l’opposition des sentiments chez une personne. D’ailleurs, tu vois sur la pochette, il y a ce personnage qui regarde d’un côté et la petite fille de l’autre, chacun représente la dualité et tous les deux forment ce que sont les sentiments d’une personne. “Wonderfull Life”, pour moi, exprime bien cette dualité, d’un côté il dit que la vie est belle mais de l’autre il est très seul.
Peux-tu nous parler de ce personnage qu’on retrouve aussi sur la pochette de Ghost ?
En fait, je voulais avoir un personnage, une entité, et utiliser sa vision pour m’exprimer, sans que j’aie à exprimer mes pensées à moi. On va essayer de creuser un peu plus l’idée de ce personnage, et on a d’ailleurs un projet de clip qui parle un peu de sa genèse. On l’appelle le Ghost, celui qui regarde les scènes de la vie, un observateur. Décrire certaines scènes, sans forcément les juger, de la façon la plus crue possible.
C’est pour ça que ce texte est poétique, imagé, mais assez cru quand même. Cela permet, en écrivant, de se détacher un peu de ce qu’on pense et d’aller chercher plus loin.
Peux-tu nous raconter un peu ton voyage en Antarctique, il paraît que tu y es allé ?
C’est un gros canular que j’avais monté pour une bande de potes à moi qui m’avait fait un canular, je vois que ça a super bien marché ! Donc oui, j’étais en Antarctique mais dans mon fauteuil, c’était bien sympa, je me suis bien marré. On a fait des montages photo !
Mais sinon, je voyage beaucoup par mon travail, et l’Asie est un continent que j’ai beaucoup visité, ce qui m’aide dans mon écriture par le côté social et le mode de vie dans certains pays. Et tant qu’on n’est pas allé là-bas, on a du mal à comprendre leur manière de penser, et d’ailleurs ils n’ont aucune visibilité sur comment nous vivons.
La vie est très dure en Chine, certains n’ont même pas d’école, ces gens essaient de survivre. J’ai dû y aller une douzaine de fois et c’est très inspirant.
Avez-vous déjà tourné à l’étranger ?
Non, pour l’instant on n’a pas tourné à l’étranger, on a eu quelques propositions de dates en Angleterre, mais des dates avec des conditions qui ne valaient pas le coup. Pour 2021, on essaie de voir un peu plus loin en Europe ce qu’on pourrait avoir, les Metaldays ou autres, il y a des choses qui vont se faire. Ça avance bien en tout cas !
Si tu devais choisir des groupes avec qui tu voudrais tourner ?
Klone et Leprous ! Je demanderais trop, mais il y a aussi The Perfect Circle. J’aime beaucoup ce que fait Maynard dans Pucifer. Je suis un peu moins fan du dernier Tool. Au Hellfest c’était une claque, mais ce n’était pas le concert qui m’a fait le plus rêver.
Je vois que tu aimes le prog, pourquoi n’as-tu pas fondé un groupe de prog ?
J’en écoute beaucoup mais je n’écoute pas que ça. J’écoute de la tripop et des choses électroniques. J’aime bien composer dans le style néo. C’est ma dualité musicale !
Est-ce que vous avez d’autres groupes ou projets persos ?
Olivier joue dans No Pillow. Michel joue dans SWOOD. Mais ce sont des projets annexes, Scarlean est le centre de notre attention.
Quelle était la partie la plus difficile de Soulmates ?
Tout a été super fluide, on avait tellement répété et préparé les choses que tout a été facile !
On a enregistré dans le studio de notre batteur, Fabien Giordani, qui est ingė son et c’est un sacré luxe. L’enregistrement a duré un mois.
Interview précédente de Scarlean : https://www.soilchronicles.fr/interviews/scarlean
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