Interviewé : Tony Kakko (chant)
Intervieweuse : Bloodybarbie
Suite à la sortie de leur nouvel album « The Ninth Hour » (http://www.soilchronicles.fr/chroniques/sonata-arctica-the-ninth-hour) et leur tournée européenne, nous avons eu le plaisir d’interviewer le leader de Sonata Arctica : Tony Kakko !
Je suis Bloodybarbie de Soilchronicles, on s’est vu il y a 4 ans pour une interview lors de votre passage à Lyon et j’avais bien retenu que tu adorais les burgers et que tu n’aimais pas l’été !
[Rire] oui tout à fait ! Pour les burgers, c’est surtout que parfois quand tu es ultra crevé après un concert, t’en raffoles !
Pour ce qui est de l’été, c’est parce que l’été est tellement court en Finlande que c’est frustrant, surtout quand tu commences à faire des projets (à imaginer) ce que tu vas faire et ça y est l’été est terminé. D’ailleurs on ne peut même pas dire que c’est une saison ! Mais je me suis habitué à trouver mon bonheur dans l’hiver. Par exemple, l’Espagne c’est horrible, on a fait un concert à Madrid cet été et il faisait 45 degrés ! C’est l’enfer proprement dit et en plus le festival porte bien son nom « Hell rock festival », qui est un petit festival mais assez bon pour notre promo, on ne pouvait pas refuser surtout qu’on va y retourner pendant cette tournée.
Toutes mes félicitations pour ce nouvel album « The Ninth Hour » que j’ai personnellement préféré à son prédécesseur « Pariah Child », peux-tu nous parler de lui et surtout du concept pessimiste dont tu parlais quand tu commentais la pochette de l’album dans l’annonce de sa sortie ? Parce que je t’avoue que lorsqu’on l’écoute on a plutôt l’impression qu’il est joyeux et qu’il ne reflète pas du tout cet aspect négatif que tu appuyais !
Oui effectivement, c’est ce que je disais concernant l’album, mais dans tout cela, il y a un rayon d’espoir et beaucoup de sacrifices à faire. Entre utopie et distopie en ce qui concerne l’avenir de la planète Terre.
Qu’as-tu en tête concernant notre planète, surtout que tu n’as jamais traité ce genre de sujet auparavant !
En fait les problèmes liés à l’environnement et l’avenir de la Terre me chagrinent énormément.
J’ai donc senti ce besoin de m’exprimer à ce sujet dans cet album, il était temps ! Je suis père de deux enfants depuis quelques années, cela vous laisse méditer sur l’avenir de nos enfants qui vont continuer à vivre sur cette planète, ça m’a poussé à plus me tracasser sur ces problèmes.
On veut toujours le meilleur pour nos propres enfants, surtout que nous sommes les principaux responsables vis-à-vis des générations qui suivent. L’être humain existe depuis très longtemps et la planète Terre a commencé à se dégrader sérieusement depuis 2 générations seulement ! Certes il y a eu beaucoup de développements technologiques mais tout a été au détriment de l’écologie. Encore si ces technologies allaient dans le sens de l’écologie, mais ce n’est pas le cas, malheureusement. Donc nous sommes la génération dont dépendront les prochaines générations. Il y a le problème de l’armement, le nucléaire et les rejets des usines et si on ne fait rien maintenant, tout sera détruit. Nous sommes carrément en train de nous autodétruire. Un exemple simple c’est les déchets plastiques en mer qui se décomposent en particules fines que mangent les poissons que nous mangeons,… ensuite on est mangé lorsque nous mourrons et la chaine recommence. Mais beaucoup ne sont pas conscients de toutes ces conséquences et s’en foutent de l’écologie puisqu’ils croient qu’ils ne changeront rien alors que la Terre est en dégradation continue.
Peut-être que toi qui vis en Finlande, un pays pas trop pollué où les gens sont assez proches de la nature, tu ressens moins ces problèmes ?
Oui c’est sûr, c’est d’ailleurs pour cette raison que je peux observer la différence quand nous partons en tournée avec Sonata car nous allons parfois dans des endroits extrêmement pollués et sales ! J’ai déjà vu des gens nager près de zones de l’océan bourrées d’ordures et c’était très choquant !
Vous avez déjà joué en Inde?
Non jamais !
Il paraît que c’est très choquant, des groupes ont été très marqués lorsqu’ils sont allés jouer en Inde
Ah ça je n’en doute pas !
Assez parler des choses déprimantes (rire), tu écris un album tous les deux ans, et tu enchaînes les tournées, il t’arrive de te reposer?
Oui, en fait parfois je fais une déconnection complète de Sonata comme en 1999 quand pendant des mois j’ai coupé les cordons avec le groupe, pour rester un peu avec ma famille et me reposer chez moi dans ma maison à la campagne devant ma télé, ça fait sacrément du bien ! Mais là on va avoir quelques concerts spéciaux pour Noël puis quelques jours de vacances et la tournée reprend.
Ah oui l’année dernière tu as sorti des morceaux spécial Noël, une requête des finlandais t’a été faite?
Bon pas du tout ! En fait c’est marrant mais ces morceaux ont été composés en 2006 mais je n’avais pas été inspiré pour écrire les paroles…Comme ça devait sortir à Noël et donc il fallait écrire et composer en été…Mais comment peux-tu t’inspirer en été pour écrire quelque chose pour Noël (rire). J’ai donc finalement achevé ce travail incomplet et j’ai ressorti ces morceaux l’année dernière pour y ajouter les paroles, n’espérez pas un album complet sur Noël non plus (rire).
As-tu des sides projects?
J’ai écrit une chanson pour un film une fois, j’ai aussi participé à l’album de Trick or Treat. J’ai aussi une vingtaine de morceaux composés qui ne sont pas dans l’esprit de Sonata mais ça sera pour mon propre projet solo auquel je pense depuis des années. J’ai même le nom du projet et le concept de l’album, il me manque juste du temps ! Tu sais après un album et une tournée, la dernière chose que tu veux faire c’est de bosser encore sur la musique, donc dès que j’ai un peu de temps pour ça je terminerai enfin ce projet. Il me faut trois à quatre mois pour bosser à fond dessus, le jour où je trouverai ce temps.
Et c’est quel style? Black métal (rire)?
Non non jamais ! Je te laisse la surprise, je ne dis rien pour l’instant !
Et comment te sens-tu avec le line up actuel?
On est assez stable depuis « Pariah Child » où Pasi noss a rejoints.
De toute façon tant que je suis dans le groupe Sonata ne s’arrêtera jamais, je ne peux pas imaginer ma vie sans.
C’est toi qui écris tout?
Oui à 99% je compose la musique et écris les paroles, parfois je cède un ou deux morceaux aux autres ou quelques bouts.
Combien de temps te prend l’écriture d’un album?
Pour cet album, j’avais déjà deux morceaux de prêts en avril et juste après notre tournée américaine on est rentré en avril et les gars sont allés en studio enregistrer les deux morceaux qui étaient prêts. J’ai dû me dépêcher pour finaliser le reste des compos. Il me restait une semaine avant le mastering de l’album et un morceau complet à écrire !
C’était quel morceau?
Un morceau bonus track nommé « The Elephant » qui m’est venu assez vite grâce à ma superbe méthode qui consiste à mettre un chrono sur 20 minutes, comme ça je m’oblige à composer la tram et la structure basique et les mélodies du morceau pendant ce temps. Au début je dois enregistrer avec ma voie les mélodies, puis Tommy la rejoue plus tard plus proprement. Je pense que 20 minutes est une bonne limite à se fixer. Les paroles me prennent généralement 2 heures.
Quel est ton morceau préféré dans ce nouvel album ?
Je verrai comment je ressentirai ces nouveaux morceaux en live, mais comme ça je dirais « Shooting Stars », « Life », « Closer to an animal », « Fairy Tales », « White Pearl Black Oceans », c’est comme des enfants, c’est difficile de nommer un favori (rire). Quand je prendrai assez de recul par rapport à un nouvel album, je pourrai choisir des morceaux préférés.
D’ailleurs comment vous choisissez votre setlist après la sortie d’un nouvel album ?
Bien évidemment, on se concentre surtout sur les nouveaux morceaux (de 4 à 6). On doit faire preuve d’intelligence, ça doit être les titres les plus tubesques, qui ont un refrain prenant et une certaine énergie pour bien passer en concert. On aime bien changer les setlist d’une tournée à l’autre en jouant des morceaux qui n’ont jamais été joués en live ou alors qui n’ont pas été joués depuis longtemps. Par exemple « The power of one » n’a pas été joué depuis 2002 et on l’a jouée cette année, il n’y avait plus que moi et Tommy qui la connaissions, tous les autres ont dû l’apprendre. On aime bien mettre des morceaux rapides aussi, à la power metal, c’est pour ça qu’on aime bien jouer pas mal de morceaux d’ « Ecliptica », mais on va en mettre moins maintenant.
Est-ce l’album favori des fans ?
Non pas du tout, c’est plutôt « Reckoning Night » le plus populaire et « Unia » parce que c’était un album très bizarre.
Je pense que c’est un tournant que prennent beaucoup de groupes, à un moment ils décident de sortir un album complètement différent du reste…Mais si tu fais la même chose, ils se plaignent aussi !
Oui je pense que sortir un album complètement différent des autres, ça fait partie du jeu du business, les gens aiment bien les nouveautés, il n’y a que les gens qui manquent de maturité qui préfèrent écouter tout le temps la même chose et n’aiment pas que les groupes changent de direction.
La musique est devenue une sorte de fast food, c’est aussi un peu comme quand vous ne voulez pas changer le goût du coca, ils ne veulent pas les autres arômes qu’on lui rajoute, juste le goût original du coca.
Quelle était la partie la plus difficile en ce qui concerne cet album ?
Je pense que c’est le temps déjà, ensuite la saturation, j’ai tellement été à fond dans cet album que je suis devenu aveugle et je manquais de recul. C’est comme quand tu te colles à la télé, tu ne vois plus bien l’écran et la vue globale. Je me disais parfois « mon dieu, je ne sais plus ce que je fais mais je pense qu’il y a des erreurs » et j’espérais trouver toutes ces erreurs et les réparer avant la sortie de l’album. Un producteur extérieur aurait été parfait pour donner son avis mais on n’a pas le luxe pour se le permettre. Je pense aussi que c’était la première fois que je compose un album dans un laps de temps aussi court !
Comment en êtes-vous arrivés à partager la tournée avec Twilight Force?
On les a choisis, et comme par hasard ils sortaient leur album à la même période que nous. D’ailleurs il est vraiment excellent, tellement épique, progressif, et puissant, plus je l’écoute plus je l’adore. Et puis les gars sont super cool et sympas !
As-tu le temps d’écouter d’autres groupes ?
Oui, quelques groupes. Par exemple je m’impatientais pour le nouvel album de Devin Townsend Project, je suis addicte à ce groupe. C’est un génie et en plus il est très productif !
En plus quand tu achètes la version deluxe, tu as 15 morceaux de plus (rire), tu te dis WTF !
Quel est l’endroit le plus bizarre où vous avez joué ?
Un château, un bateau, pour les plus exotiques !
Dernière question pour terminer cette interview avec une question philosophique, « The Ninth Hour » réfère au sacrifice du Christ, quelle est ta neuvième heure ou autrement dit ton sacrifice ?
Je dois longuement réfléchir à cette question mais je pense que ça a avoir avec tout ce qui est changement pour sauver notre planète terre. On doit absolument trouver une solution fondamentalement différente, je pense que peu de gens sont capables de faire autant de sacrifices pour cela et c’est surtout aux entreprises de faire un grand effort sans craindre de perdre de l’argent ou des emplois, ça serait déjà un bon début !
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