Interviewers : Metalfreak & M.L.A.M.
Interviewés : Sibylle Colin-Tocquaine, Lienj, Jo
Photo du groupe : Julien Bergeaud

L’air de rien, et ça ne nous rajeunit pas, ils se sont passés quatre ans depuis notre dernière interview !
C’était après le Hellfest 2016 : que s’est-il passé depuis hormis les deux EP desquels on va parler plus loin ?
Sibylle : Pour ce qui est du live, nous avons fait plusieurs concerts et Festivals en France (les Arts Bourrins, le conquérant Metal Fest, le Ose Art fest, le Gatinaicticut Fest et j’en passe). En 2017, nous sommes allés 15 jours au Japon où nous avons tourné avec Hate Beyond avec qui nous avons refait quelques dates en France et Belgique en 2019. Et n’oublions pas, en 2018, une petite tournée (France, Espagne et Suisse) avec Suffocation.
Et au niveau Cd, avant notre tournée au Japon, JackHammer Music a sorti « Thrashing The Hunt ». C’est une édition Japonaise qui comprend « The Hunt » et « 30 Years Thrashing » avec un bonus inédit, un morceau composé et enregistré pour l’occasion « Rising Witches »
Nous avons aussi sorti des coffrets collector, un contenant tous nos albums, EP et démos en version CD (celles-ci ont été remasterisées) soit sept CDs dans une boite en métal gravé. Et un autre coffret, celui-ci en bois gravé, contenant le coffret en métal des 7 CDs + 2 T-shirts, 2 bières et tout un tas de goodies.

Je le mentionne en introduction de ma chronique : en 2014, lors d’une interview, tu m’avais avoué que pour les futurs titres de Witches : « J’ai des morceaux assez variés en cours de préparation mais, pour le moment, nous sommes sur des compos qui privilégient la brutalité, le speed et la puissance.« . Et en effet, « The hunt » (2015) ouvrait déjà la porte à un Witches radicalement plus direct et plus violent !
Ça s’est confirmé avec « 30 years thrashing » (2016), cette fois chez Mighty Spell : quels retours en as-tu eus ? Est-ce qu’ils étaient conformes à tes attentes ?
Sibylle : Nous avons eu de bons retours de « The Hunt » et « 30 years Thrashing« . Et c’est d’ailleurs en partie grâce à ça que nous a fait beaucoup de concerts et tournées.

Pourquoi avoir réactualisés quatre anciens titres pour fêter les 30 ans du groupe ? Pourquoi ces quatre-là et pas d’autres ? Représentaient-ils quelque chose de particulier pour toi ?
Sibylle : au tout début, je ne pensais pas rejouer des morceaux de la première époque de Witches, car le groupe avait évolué et ce n’était pas dans mon esprit de regarder en arrière. Et fin 2016, c’était les 30 ans du groupe et on se devait de fêter ça dignement. Donc, pour les fans des débuts de Witches, reprendre quelques-uns des anciens morceaux me paraissait évident. Et d’ailleurs, pour aller jusqu’au bout de l’idée, j’ai demandé à mon frère de faire les solos, puisque c’est lui qui jouait à l’époque de la batterie avec nous.
Nous avons choisi ces morceaux-là car c’est ceux qui nous paraissaient le mieux représenter la totalité de cette époque. Nous les avons donc retravaillés et remis au goût du jour.
Nous ne pensions même pas les rejouer sur scène. Mais à la demande des fans de la première heure de Witches, on les a finalement intégrés dans notre set list.

Le renouveau de Witches est particulièrement impressionnant : comme s’il s’agissait d’un nouveau groupe. Quelles sont les différences entre les deux carrières de Witches et quels moyens t’es tu donnés pour relancer la machine à ce point ? Est-ce le Witches dont tu rêvais depuis toujours ?
Sibylle : trop souvent les groupes qui se reforment, ou qui durent trop longtemps se ramollissent à la longue, … nous, on fait l’inverse (rires). Il faut avoir les bonnes personnes pour pouvoir booster un groupe, sinon ça peut vite s’encroûter. Aujourd’hui, nous faisons beaucoup de choses et ça me plait bien !
Intégrer des nouveaux membres, ça modifie forcément la musique

Est-ce d’avoir un guitariste comme Lienj et un batteur comme Sangli qui pousse le groupe à pratiquer un style de plus en plus carton et agressif ? Les as-tu recrutés pour apporter cette brutalité ou est-ce eux qui ont suggéré cette approche ?
Sibylle : je ne les ai pas recruté pour apporter cette brutalité. Je les ai recruté car ce sont de bons musiciens et que le projet leur plaisait. La brutalité est venue d’elle-même. Jo a fait du brutal Death avec ses groupes (Insain et Disaster) avant d’intégrer Witches. Lienj a actuellement un groupe de Brutal Death, qui s’appelle Desarticulate. Donc forcément, leur brutalité se répercute dans Witches.
Chaque personne dans un groupe apporte sa personnalité.

Y a-t-il des choses que tu ne referais pas ?
Sibylle : oui surement. Je ne suis pas du genre à ressasser des erreurs que j’aurais pu faire, éviter ou autre. Mais toute erreur apportera une expérience supplémentaire et cela influencera forcément les choix à faire dans le futur.

Raconte-moi ta tournée au Japon…
Quel accueil du public ?
Sibylle : le Japon fut une expérience magique pour nous. Nous avons adoré. C’est pour cela que nous voulions y retourner cette année. La tournée a été annulée à cause de la crise sanitaire que nous traversons aujourd’hui. Mais ce n’est que partie remise !
Nous avons pu un peu visiter Tokyo et Osaka. Même si la découverte d’un pays ne se fait pas en deux jours, nous avons adoré !
Notre première date était à Nagoya. Et dans l’après midi même, nous avions un « meet and greet » dans un magasin de disques immense, il y avait des disques et des vinyles partout. Les gens qui nous attendaient étaient venus avec des cadeaux, nous avons même signé une guitare, c’est fou quand même ! le public était content de nous voir en concert. Certaines personnes sont même venues nous voir plusieurs fois ! c’était vraiment cool !

Witches a donc tourné au Japon avec Hate Beyond et a participé à un festival au Népal, penses-tu que l’Asie est un marché intéressant pour les groupes français ?
Sibylle : le Nepaldeath Fest à Katmandou ! juste avant le confinement ! nous avons pu faire le concert le 7 mars. Le jour où nous sommes partis, ils n’acceptaient déjà plus les personnes étrangères à rentrer dans le pays. Ce fut une expérience extraordinaire aussi ! Nous avons eu une journée complète à Katmandou pour visiter en compagnie des organisateurs du concert.
Je ne sais pas si c’est, comme tu dis, « un marché intéressant ».
Lienj : Au japon comme au Népal, l’accueil est extraordinaire et ils sont très réceptifs à notre musique.

2020 enfin le nouvel album : quand le processus de composition a-t-il commencé ? Et qui compose textes comme musiques ?
Lienj : le process de composition a commencé après le Hellfest et a été entrecoupé de concerts et de tournées.
Sibylle : et un morceau a même été composé directement en studio, pendant que Jo enregistrait la batterie.
au niveau de la composition, c’est Lienj et moi qui composons, on s’enregistre chacun de notre côté, et on travaille ensemble les grattes, Lienj refait les arrangements, les structures etc… ensuite on voit avec Jo pour qu’il place la batterie, voir s’il a d’autres arrangements que ceux que nous avions prévus au départ. On fait ça souvent à distance mais, des fois, direct en répète. Quand on arrive en répète, la musique est généralement déjà en place.
J’écris toujours toutes les Paroles. Et on fait les arrangements ensuite.

Neuf titres, 29 minutes… Et surtout d’une intensité phénoménale du début à la fin ! Voulais-tu enregistrer l’album le plus violent de l’histoire du thrash / death metal hexagonal ?
Sibylle : on ne veut pas être LE plus violent
Lienj : mais on fait simplement ce qu’on aime
Jo : on suit notre ligne directrice : jouer ce qu’on a envie de jouer
Lienj : notre musique est ce qui résulte de l’alchimie qu’il existe entre nous.

Je vois que vous n’êtes plus que trois dans le line up… Qui jouera le quatrième lors des concerts ?
Sibylle : Fabien tiendra le rôle de la basse sur scène. Il est arrivé après l’enregistrement de l’album.

Peux-tu parler de l’album ?
Sibylle : L’album a été mixé et masterisé par HK (Vamacara Studio), il a fait notamment Loudblast, Black Bomb A, Dagoba, Sinsaenum, Mercyless pour ne citer que ceux-là (la liste est trop longue)
L’artwork de l’album, signé Rémy (Headsplit design), illustre le morceau « we are » et montre les « Fates » : les sorcières qui représentent le passé, le présent et ce qui devrait arriver.
Elles tissent le temps et le destin des hommes sur un métier à tisser fait de lances éclaboussées de sang.
En guise de fil, elles utilisent des viscères humains pour former la chaîne et la trame. Des têtes humaines sont leur poids. Une épée leur peigne et une flèche leur navette.

Et de chaque titre ?
1. We are (3:01)
C’est un morceau que nous jouons depuis quelque temps déjà sur scène. Les premières fois étaient au Japon. On entendait le public reprendre en chœur « we are! we are! we are! » c’est à ce moment-là où je me suis dit c’est bon le morceau plait !
2. Inside (3:36)
Nous allons sortir un clip sur ce morceau, le premier vrai clip de Witches… qui pourrait surprendre….
3. Damned Skin is mine (3:17)
C’est un morceau Speed Thrash
Viennent ensuite des morceaux pour lesquels nous avons intégrer un peu des autres styles de Metal extrême :
4. Black from Sorrow (3:04)
Ce morceau est un peu plus ambiant que les autres, avec une teinte de Black
5. Feared and adored (4:20)
6. Off the Flesh (2:53)
Ces 2 morceaux-là sont plus Death Metal
7. Let Stones fall (3:21)
C’est un morceau plus heavy Thrash, il ne fait que 180 bpm !
8. Last Wishes (2:32)
Le dernier morceau composé. C’est le morceau dont je te parlais tout à l’heure : composé en studio, pendant que Jo enregistrait la batterie. C’est donc pour ça que le titre est « Last … « . J’ai écrit les paroles en fonction de ce mot
9. Death in the Middle Ages (2:56)
Nous avons invité des amis à participer à ce morceau : Warzy (Hate Beyond) pour le Solo, Moreno (Hate Beyond) et Dum’s de Pleasure To Kill pour le chant. Ce fut un réel « Pleasure » de les avoir avec nous !

Qu’est-ce qui t’énerve à ce point pour retranscrire autant de rage dans tes compositions ?
Sibylle : j’aime quand ça bouge, que ça speed donc voilà le résultat !

Quelles sont tes attentes par rapport à cet album ?
Sibylle : on ne peut certes pas plaire à tout le monde, mais j’espère que cet album va plaire aux personnes qui connaissent déjà Witches (c’est d’ailleurs bien parti pour !), et que ça plaira aux gens qui ne nous connaissent pas encore !
Jo : nous donner l’occasion de partager encore plus notre musique en live

Quels sont les projets de concerts ? Un tour en Rhône Alpes est-il envisageable ?
Sibylle : malheureusement, à cause du covid-19, des concerts, ainsi que notre tournée de dix dates au Japon, ont été annulés ou reportés.
On a des concerts de prévus mais ils ne sont pas encore annoncés du fait de l’incertitude dans laquelle on se trouve actuellement.

Avec le confinement, penses-tu qu’on va avoir droit à une explosion de sorties dans le metal l’an prochain ? Je suppose que tu as du aussi composer énormément comme beaucoup d’artistes confinés…
Lienj : pour ce qui est des sorties, je suppose que oui, vu le nombre de sorties qui ont été reportées
Sibylle : Nous n’avons pas forcément composé pendant ce confinement ! Nous avons dû gérer le report de notre sortie d’album, les reports de concerts et tout ce qui va avec.

Pour finir, la France a-t-elle enfin accouché de son « Reign in blood » ?
Sibylle : Si tu penses à « Reign in Blood » pour la durée, non
Lienj : C’est juste que les morceaux sont rapides et intenses, donc courts
Sibylle : Jamais je n’aurais la prétention de sortir un tel must qu’est « Reign in Blood » ! on parle de Slayer quand même …

Je te laisse conclure
Jo : merci pour ton soutien
Lienj : merci pour cet interview et ton soutien à Witches
Sibylle : Merci. A bientôt en live !

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