Belore + Griffon + Catubodua (Lyon, Rock ‘n’ Eat, 02 février 2025) ...
Photos : Fast Freddy
Report : Quantum
La concurrence devient de plus en plus rude dans la scène black metal française. L’affiche qui m’a été offerte de couvrir ce soir-là le démontre très bien, je trouve. Parce que sur les trois groupes présents, la hiérarchie est paradoxalement à la fois très claire et à la fois très floue. Il n’est pas à démontrer que chacune des formations mérite son bout de pain au banquet de la scène underground française. Qui serait en capacité de savoir quelle quantité est de mise ? Je me suis, il n’y a pas très longtemps, un peu insurgé d’une autre affiche en région parisienne. Une affiche où figuraient là encore trois formations de black metal françaises, différentes de celles qui nous intéressent dans ce cas précis, mais qui méritent que l’on s’y attarde un bref instant pour prendre l’ampleur de l’injustice que l’on rencontre parfois sur une affiche. Sur les trois groupes, dont je tairai les noms par souci de convenance, il y avait une formation qui existait depuis bien plus longtemps que les deux autres, qui avait sorti bien plus d’albums que les deux autres, et qui avaient écumé bien plus de scènes « glorieuses » que les deux autres. Or, et c’est là que le bât blesse, cette fameuse formation a… Ouvert le concert. Chez elle. En région parisienne. Les deux autres ayant par la suite bénéficié d’une place de choix, celle étant au milieu ayant selon moi largement sa place. En revanche, la tête d’affiche me questionne. Qu’a-t-elle fait de si imposant pour se retrouver au-dessus hiérarchiquement ? Rien d’aussi foisonnant. Je pense que cette affiche, anecdotique peut-être, résume le principe tragiquement concurrentiel qui sévit selon moi de plus en plus visiblement sous nos yeux, sans que personne ne trouve quelque chose à redire. La cause est pour moi toute trouvée : outre les éventuels caprices, on a surtout une scène black metal qui est spectaculairement énorme au regard des autres nations du black metal éventuelles. Ce qui donne pour résultat que l’on se retrouve avec des affiches où il serait un vrai casse-tête de définir qui mérite d’être en haut ou non. Je pense que percer aujourd’hui sur cette superbe scène relève de la mission quasi impossible, et c’est finalement gage de bonne santé pour le black metal en France même si à ce jour, les formations qui écument les scènes européennes ne sont pas légion. Il nous est permis en effet de compter sur les doigts d’une main les groupes de black metal français qui parviennent à s’expatrier en dehors de nos frontières, au détriment d’autres styles et groupes. Belore en fait partie, puisqu’il me semble avoir compris que l’année 2025 sera une année d’expatriation. Quel plaisir de les retrouver en terre lyonnaise accompagné de Griffon et de Catubodua pour ce concert, premier de l’année pour moi.
Je parlais d’un principe concurrentiel dans mon introduction parce qu’objectivement parlant, je serais bien en peine de définir qui de Griffon ou de Belore mérite d’être en haut ce soir. Par amour pour les deux groupes, je vais me satisfaire d’une réponse « à la normande » (ma chérie, c’est un hommage pour toi): « je ne dis pas que c’est Griffon qui doit jouer en dernier, mais je ne dis pas que c’est Belore. » En fait, j’avais surtout un peu de peine pour Griffon, encore plus pour Catubodua après coup, mais j’imagine que c’est là mon avis et que cela témoigne surtout de l’affection que je porte pour les trois groupes ce soir. Quoiqu’il en soit, je ne pouvais pas passer à côté de cette affiche magnifique, et c’est accompagné par mon camarade photographe Fast Freddy que je m’apprête à couvrir ce concert et vous en parler ce jour.
L’affiche a été montée par l’association lyonnaise MoonFog Productions, à qui l’on doit d’autres belles et audacieuses affiches quasiment estampillées black metal. L’échange avec un de ses gérants présents sur place m’a permis de comprendre tout le sérieux et l’ambition d’une association dont je connaissais l’existence mais pour laquelle je n’avais encore jamais eu l’occasion d’assister à un concert. La salle qui accueille la soirée n’est en revanche pas une inconnue pour moi, pour y avoir joué et pour être venus quelques fois en simple spectateur, puisqu’il s’agit du Rock’n’Eat. J’ai retrouvé bien évidemment quelques têtes connues lors de mes pérégrinations, notamment notre confrère Roger de Pavillon 666 et des personnes venues comme spectatrices.
S’agissant des groupes, il est temps pour moi de vous faire un brin de présentation avant d’entrer dans le vif du sujet. Catubodua est une formation lyonnaise, qui sera donc le groupe local pour ouvrir les hostilités. La formation a connu quelques soubresauts dont la décence m’interdit d’en dire davantage. Nous retiendrons néanmoins que le groupe qui a vu le jour en 2016 et qui ne compte « que » un EP sorti en 2018 et un album en 2019 nommé « Maruos » (que j’avais présenté en chronique) a connu une sorte de coup d’arrêt terrible dans son ascension. Après quelques années de sommeil, le projet renaquit de ses cendres, en embauchant au chant une certaine Nörnn en 2022 et en refaisant petit à petit ton petit chemin dans le milieu underground, jouant notamment pour le Lions Metal Festival ce qui est loin d’être un détail. Ce n’était pas nécessairement la formation que j’aimais le plus pour ce concert, mais j’étais très curieux de voir comment la formation avait su rebondir et si cette date était énonciatrice de nouveautés. C’est donc plein de curiosités que je me lançais dans cette soirée !
Mais avant, passons à Griffon. Je ne m’en suis jamais caché, la formation parisienne qui se trouve sur le roster de Les Acteurs de L’Ombre Productions est probablement une de mes préférées en France, et ce depuis toujours. Depuis 2012 et son EP, ses trois albums dont le dernier sorti en 2024 nommé « De Republica » (fait en chronique=) et le split absolument magnifique avec Darkenhöld (fait en chronique aussi), je suis le groupe dans son ascension grandissante, même si je déplore le fait que le groupe soit tombé dans une sorte de silence depuis l’euphorie qui a suivi la sortie du dit album. Ayant connu aussi quelques anicroches malheureuses et profondément injustes de mon point de vue, c’est toujours un peu l’angoisse de les voir sur une affiche et de savoir si le concert va être maintenu. Quoiqu’il en soit, ce fut le cas ce soir et je suis super heureux ! On va tout de même essayer de montrer l’objectivité qui incombe à un live report, mais cela va être difficile.
Enfin, clou du spectacle, Belore qui sera la tête d’affiche méritée de la soirée. C’est assurément la formation actuelle en France qui connait l’apogée la plus belle, et ce en un temps record puisqu’il convient de préciser que de tous les groupes de la soirée, c’est aussi la plus jeune. 2019 et trois albums plus tard, voilà le groupe qui continue d’écumer la scène française et surtout, et c’est là tout l’exploit dont je parlais en introduction, la scène européenne ! Je viens de réaliser un élément que je n’avais pas remarqué auparavant : entre l’album « Artefacts » et « Eastern Tales« , il y avait eu trois ans d’écart ! C’est vous dire à quel point j’adore le groupe, et ce depuis le tout premier album. Belore a tellement accompagné ma vie depuis sa création que je viens de comprendre à quel point le temps passait vite… C’était l’occasion pour moi de saluer chaleureusement Aleevok dont j’admire le parcours et la personne vu que c’est une personne extraordinaire. Bref ! Non, je ne suis pas amoureux ni lèche-cul, simplement sincère. A n’en pas douter ! Elle va être belle, cette soirée.
Catubodua ouvre donc les hostilités sur une introduction à l’ambiance noire. La dernière fois que j’ai vu la formation, c’était en… 2019. Nous partagions une affiche au Dark Medieval Fest, et à l’époque je dois reconnaître que ce n’était pas la formation qui m’avait laissé l’effet le plus marquant. Je sentais bien le côté « naïf » de la formation, qui faisait très jeune si j’ose dire. Depuis, c’était donc le néant, et les années de silence qui ont suivi ont contribué à me faire mettre de côté la formation dont l’album « Maruos » avait toutefois bénéficié d’une chronique par mes soins ici. Il se sera donc passé six longues années avant que je ne redécouvre Catubodua en concert. Premier changement notable : le line up. Au chant, Nörnn nous gratifie de sa présence ainsi que celle d’un nouveau guitariste dont malheureusement je n’ai pas pris la peine de trouver le nom. La formation devient donc un quintet et se présente avec un décorum qui fait la part belle à quelque chose qui relève de la sorcellerie selon moi. Les branches d’arbres nouées en guise de pied de micro m’évoque tout de suite les figurines de sorcellerie que l’on trouve dans les rites païens et ésotériques, que l’on appelle des totems je crois. Pour le reste, Catubodua fait dans la sobriété, et c’est un peu mon reproche, on en parlera plus tard. Les instrumentistes sont présents sur scène puis Nörnn (en rapport avec les Norns ?) rejoint ses acolytes pour un set qui s’annonce sous l’étendard de la noirceur extrême du black metal. Mais pas que ! Je suis très étonné de l’aspect mélodique de la musique, qui ne se prive pas de nous amener vers des lignes lead à la guitare, quelques passages bien entendu plus rythmés mais la musique demeure tout de même travaillée et avec cette dimension mélodique qui renvoie vers cet univers qui mêle selon moi ésotérisme, sorcellerie, croyances païennes et peut-être démonisme. Première surprise qui m’a été confirmée à la lecture de la setlist : Catubodua a renouvelé son répertoire et nous propose de nouveaux morceaux ! Je m’en suis aperçu parce que quelques pistes comme « Sortilèges de Sang » m’ont vraiment beaucoup plu et instinctivement, je me suis dit que c’était un nouveau morceau. Bingo ! L’écoute de ces nouvelles pistes m’ont franchement fait plaisir parce que je me suis sincèrement prêté au jeu. Ce black metal mélodique aux forts accents paganiques, mais dans son sens littéral, bien accompagné d’un jeu de lumière qui a accentué davantage le caractère mystico-ésotérique de la musique, cela m’a fait l’effet d’une très belle surprise. Vraiment, je ne m’attendais pas à une telle renaissance de la part de Catubodua, véritable phénix qui a su sortir de l’énorme tas de cendres sous lequel il était enfouie. Cela annonce d’ailleurs un album pour bientôt et j’en suis le premier ravi ! Mention spéciale, très spéciale même à Nörnn qui a vraiment une présence sur scène qui m’a bluffé ! Particulièrement ancrée dans ce personnage qui m’a évoqué spontanément une sorcière, avec ce costume noir entouré de chainettes et la posture courbée qu’elle adoptait souvent, c’est surtout son regard qui m’a un peu hypnotisé. Un regard noir, mais mystérieux, caché par moment par les cheveux noirs aussi, on aurait vraiment dit une chamane maléfique qui nous crache ses incantations, ses malédictions à la figure. Je ne sais pas si c’est fait exprès, mais on sent que la sobriété des musiciens permet une mise en avant de leur chanteuse afin qu’elle attire les regards sur sa scénographie car il m’a semblé qu’elle était la seule « raccord » avec le concept autour de Catubodua. Ce qui me permet d’en venir au seul vrai reproche que j’ai à faire de leur prestation. Je trouve cela barbant le fait de voir des musiciens porter des capuches sur scène. C’est même frustrant de se dire que le seul sérieux qui est porté au concept autour de leur groupe revient au simple port de capuches… Franchement, sans tomber dans l’outrecuidance de porter des costumes réels, il n’y aurait pas moyen de faire plus travaillé quand-même ?… Non, sincèrement, je n’en peux plus des capuches dans les groupes de black metal. Bordel ! Vous avez une chanteuse qui fait l’effort de porter un costume, ou du moins une robe noire entouré de chaines, vous pourriez au moins essayer de faire un truc qui l’accompagne. Bon, nonobstant ce détail, je dois reconnaître que la prestation de Catubodua me laissera un vrai désir de suivre davantage la formation lyonnaise. Peut-être de retourner les voir en concert s’ils passent dans le coin, ou tout du moins de faire la chronique du prochain album, s’ils le veulent bien. D’ailleurs, au regard des promesses de ce concert pour la suite, pourquoi ne pas envisager un label très sérieux pour accompagner nos camarades de black metal ? Les Acteurs de l’Ombre Productions peut-être ?
Setlist : Terre d’Errance / Au-dessus du Sépulcre / Sortilège de Sang / Antumnos / Sagesse Ancestrale
La suite de la soirée me laissera un peu moins de surprise puisque les deux groupes font partie de mes favoris actuels. Griffon, c’est simple, même eux m’ont fait remarquer au merch (pas très commercial d’ailleurs ! Je plaisante) que j’avais tout d’eux. Et c’est complètement vrai. Tous les albums, dont deux faits en chroniques ici et ici et un t-shirt. Inutile de vous expliquer qu’au regard des notes, j’adore Griffon. En fait, de manière plus symptomatique, j’adore les groupes qui creusent un concept avec autant de profondeur que ne le font nos amis parisiens. Des concepts que, dans leur cas, il n’est pas évident d’assumer tout le temps quand des bien-pensants de comptoir font des amalgames stupides et oublient que le black metal existe par sa provocation… Bref. La dernière fois que j’ai vu Griffon, cela date pas mal aussi, et le fait de m’en rendre compte me laisse un peu honteux à vrai dire. C’était à Grenoble, en… 2019. Décidément ! Vous le trouverez ici puisque j’en avais écrit le report. A l’époque cela avait été un vrai coup de foudre car Griffon développe son concept également sur scène, avec des costumes qui varient selon les albums, les ambiances aussi, tout en conservant une scénographie qui est inhérente au talent des musiciens, ce qui constitue un vrai exploit. Tenir une même scénographie en parlant de sujets différents avec des costumes différents, relève selon moi d’une véritable habileté artistique. Clairement et visuellement, ce concert faisait l’éloge du dernier album « De Republica » avec des costumes qui font penser au moment de la Révolution Française, le tout sur un apparat macabre avec du faux sang et des maquillages qui sont pour le coup plus conventionnels au black metal, sans tomber dans l’éloquence scabreuse des corpse paint. Pour le reste, une grande banderole orne le fond de scène. La sobriété en fond de scène permet là encore de concentrer les regards sur les protagonistes. Cela n’a toutefois pas empêché le groupe de proposer et d’intégrer avec brio des morceaux des autres albums comme « Souviens toi, Karbala » que j’adore (split « Atra Musica« ), « L’Ost Capétien » (« Ὸ θεὀς ὸ βασιλεὐς« ), « La Cité est Perdue » (« Har HaKarmel« ) et en cela, je trouve que l’on voit à quel point Griffon est une formation qui a largement dépassé le cadre du simple groupe prometteur, pour aller vers une forme de confirmation. Parce que, parvenir à intégrer à la fois musicalement et visuellement des chansons qui n’ont aucun attrait particulier avec le concept mis en exergue, je trouve cela remarquable. Scéniquement parlant là encore, j’ai eu le sentiment que beaucoup reposait sur le jeu de théâtre superbe du chanteur Aharon, qui captive la foule par son regard intense, sa posture très souffreteuse et par moment en marche avant, ses variations au chant qui vont du fameux high scream à la voix claire, en passant par des déclamations. Les autres musiciens se sont contentés d’accompagner aux choeurs leur frontman, mais en restant néanmoins sur une concentration extrême sur leurs instruments, sur une place plus en retrait. Moi-même étant chanteur, on se sent galvaniser quand nos amis musiciens nous laissent le champ libre pour haranguer la foule. Et Aharon est non seulement totalement dans son jeu de comédien, mais arrive à rendre le concert presque comme un spectacle vivant. On note aussi que le black metal mélodique de Griffon fonctionne encore à merveille, en étant accompagné quant à lui de quelques samples dont Griffon a le secret pour rendre le tout millimétré et efficace au possible. En fin de compte, cette prestation des parisiens me conforte dans l’idée que je me fais à la fois en tant que fanatique du groupe et en tant que chroniqueur objectif (comme il peut), selon laquelle Griffon a déjà trouvé sa place de groupe confirmé sur la scène underground française et c’est une vraie valeur sûre qui mériterait bien plus de reconnaissance que d’autres. Allez me trouver une formation en France qui pousse autant un concept à son paroxysme, pour le rendre vivant à la fois en album et à la fois sur scène, et qui se renouvelle avec autant de génie à chaque sortie. Moi, j’ai beau chercher, je ne trouve pas mieux. Griffon ne m’a au final pas réellement surpris au regard de ce qu’il est capable de faire, mais m’a encore plus donner envie de les aimer.
Setlist : Abomination / L’Ost Capétien / Souviens toi, Karbala / A l’Insurrection / Apotheosis / L’Homme du Tarn / The Ides of March / La Cité est Perdue
Enfin, le clou du spectacle. Belore nous arrive là aussi avec solennité pour clôturer cette soirée dantesque. Vous vous souvenez le scepticisme accordé en introduction sur la théorie des places que doivent occuper certaines formations sur une affiche, notamment quand on voit la concurrence dans le black metal français ? Eh bien, j’ai beau adorer Belore, quand l’heure est venue de voir arriver la formation marseillaise sur scène, je suis un peu dans le flou. Par amitié pour Griffon et eux, je ressens cette fin de soirée comme une injustice. Et puis, je me laisse aller à l’observation, et je découvre qu’au bout des toutes premières notes sonnantes, Belore met tout le monde d’accord. Première surprise : Matthieu Favre, qui officie en tant que chanteur et flutiste dans Norvhar, à la guitare dans Cân Bardd, est présent pour justement amener la flute et un chœur supplémentaire aux morceaux qui vont être joués ce soir. J’aime beaucoup le personnage que j’ai eu le plaisir de rencontrer lors d’un concert de Norvhar à Dijon en 2020. A noter également que depuis la dernière fois que j’ai vu Belore en concert (à Chambéry en 2023), Marty Dvergar (nom sur Facebook) a remplacé Wÿntër Ärvn à la guitare. C’est ainsi qu’avec ce line up que je découvre ce soir, Belore vient défendre son black metal atmosphérique et épique, avec trois albums à son actif, largement acclamés par la critique notamment « Eastern Tales » en 2024. Figure de proue ce soir, le concert démarre avec une introduction superbe, grandiloquente, et « Sons of the Sun » nous explose au visage dans toute son côté guerrier, avec des instrumentistes rentrés en premier, pour laisser le créateur et le génial musicien Aleevok se placer devant son micro avec sa basse. La particularité de Belore est de mêler avec magnificence un aspect majestueux, magique et féérique, avec des riffs qui font beaucoup plus guerriers. Ce qui fait que l’on a l’impression de vivre une œuvre carrément cinématographique, avec une véritable bande-originale d’un film superbement fantastique. Il faut savoir que Belore est un groupe qui se situe sur un univers conceptuel complètement crée de toutes pièces, un peu comme le faisait le grand Tolkien. Et encore une fois, loin de faire dans l’outrecuidance visuelle, Aleevok et ses comparses portent la musique avec autant de sobriété visuelle que de charisme et de présence scénique. Aleevok a d’ailleurs un charisme absolument époustouflant ce soir, avec un vrai progrès depuis la première date à Lyon en 2022. Lui que je considérerais facilement comme un ami si l’on se cotoyait plus souvent, j’ai ressenti une sorte de fierté de le voir comme cela. C’est bête hein ! D’habitude, je suis envieux quand je vois un chanteur qui porte avec autant d’aisance son groupe sur scène, je note des astuces pour ma propre prestation. Or ici, c’était tout simplement de l’admiration et de la fierté de le voir ainsi. On voit le talent d’un groupe donc quand il porte sa musique avec finalement peu d’apparat autre que la prestation des musiciens. Donc, un concert sous l’égide d' »Eastern Land« . Mais là encore, le groupe ne se contente pas de nous délivrer des morceaux du dernier album ! « Glorious Journey » et « Moonstone » issus d' »Artefacts« , « Valley of the Giants » et « The Whispering Mountains » du premier chapitre « Journey Through Mountains and Valleys« , etc. C’est un retour en arrière qui ne manque pas du tout de cohérence mais qui a le mérite, même s’il ne s’agit pas de mes pistes préférées, de me replonger dans la musique dont je suis un véritable fanatique, en bon amateur de Summoning que je suis. Et au-delà de la prestation scénique qui est géniale, je me suis replongé là encore dans la première rencontre scénique avec Belore. C’était au Dark Medieval Fest en 2022, je voyais le groupe pour la première fois à l’occasion de la sortie d' »Artefacts« . Durant ce concert qui était d’ailleurs le tout premier du groupe, j’ai pleuré sur le morceau « Tale of a Knight ». Oui oui. Pleuré. Parce que mes parents m’ont appris à appréhender la musique avec les émotions, je me suis rendu compte que Belore réveillait des émotions enfouies en moi comme rarement un groupe n’y était parvenu. Le concert de ce soir qui commémorait cette première date à Lyon, trois ans après, m’a donc de nouveau fait pleurer. J’étais ému parce que je me dis que d’avoir des groupes aussi extraordinaires que Belore durant une vie, c’est un cadeau incroyable. « Storm of the Ancient Age » et « Battle for Therallas » du dernier album finiront de m’achever tant le dernier nommé me porte les tripes. Franchement, la fierté que j’ai ressenti de voir un groupe aussi exceptionnel que Belore, j’espère que le public l’a ressenti aussi. Parce que des formations comme celle-ci, il faut les assumer, les porter aux nues. Il en va de la gloire de notre scène. Et Belore fait résolument partie des futures légendes.
Setlist : Sons of the Sun / Glorious Journey / The Valley of the Giants / The Whispering Mountains / Moonstone / Storm of an Ancient Age / Battle of Therallas
Je suis rentré chez moi très heureux de ce concert. D’ordinaire j’ai un état de somnolence qui m’envahit quand je rentre tard sur Grenoble d’un concert à Lyon. Pas ce soir. Ce soir, c’est avec une dose exagérée de dopamine et de sérotonine que je rentre d’une traite chez moi. Parce que cette affiche, définitivement, je ne pouvais pas la rater. Elle a plus que dépassé mes espérances. Elle m’a surtout confirmé que nous avons une scène black metal remarquable, et qu’on a beau être un groupe prometteur comme Catubodua, ou confirmé comme Griffon et Belore, il n’y a plus qu’à perpétuer la légende de cette scène en continuant à produire des affiches aussi exceptionnelles. Un grand merci donc à Moonfog Productions pour la confiance et nos échanges constructifs et cordiaux avec Jacques présent ce soir ; merci au Rock’n’Eat et Pedro pour nos échanges aussi, cette salle est devenue un nec plus ultra, « the place to be » dans la région voire en France et ce n’est pas pour rien, vraiment. Merci à Freddy de m’avoir accompagné pour mettre en photographie mes mots et mes impressions, toujours un plaisir de croiser le fer avec toi camarade ! Merci au public qui a tenu son rang et qui a été, je crois, conquis totalement par les trois groupes. Et surtout… Merci à Catubodua, Griffon et Belore pour cette magnifique soirée de concert. Je sais qu’on remettra le couvert une autre fois ! Avec plaisir. A la prochaine !
Laissez un commentaire