Alcest + Birds In Row + Kaelan Mikla (Lyon, Ninkasi Gerland, 08 février 2020) ...
Photos + report : Cassie di Carmilla
Ce trio islandais de trois jeunes sorcières, fondé en 2013, a ouvert la soirée avec un sabbat synth wave rafraîchissant. C’est sous la froideur des lights bleues et dans une épaisse couche de fumigènes que les trois fées au look gothique toute dentelles voletantes, baguette bleue et encens à la main, s’avancent sur scène.
Composé d’une bassiste (Margrét Rósa Dóru Harrysdóttir), d’une claviériste (Sólveig Matthildur Kristjánsdóttir) et d’une chanteuse (Laufey Soffía Þórsdóttir), le groupe nous a proposé un set planant entrechoquant la légèreté de la voix aiguë de la chanteuse avec une reverb’ poussé et un rythme électronique donnant un coup de pep à ce chaudron islandais.
Bien que consciente de la performance de ces jeunes femmes venues de loin, je ne me laisse pas séduire par ce chant clair, que je trouve même un peu strident en fin de set.
Setlist : Inconnue
Nous passons cette fois de l’ombre à la lumière avec le trio masculin français Birds In Row, formé en 2009. Dans une ambiance intimiste, sur une scène parsemée de guirlandes dont la chaleur réchauffe l’ambiance, le groupe se lance dans un Screamo/Hardcore à la fois déjanté et émouvant. Habitués de la scène, les lavallois évoluent naturellement avec dynamisme sur des textes délivrant des messages optimistes où le public semble se reconnaître. L’auditoire semble partager l’enthousiasme et la sympathie véhiculée par ces oiseaux de nuit.
Dans une énergie positive, le groupe oscille entre calme et tempête avec une sensibilité musicale qui me pousse à approfondir ultérieurement l’écoute de leur travail sur CD. Le rôle de cette première partie est brillamment rempli.
Setlist : We Count So We Don’t Have to Listen / Love Is Political / I Don’t Dance / Remember Us Better Than We Are / 15-38 / Fossils / Torches / We vs. Us / You, Me & The Violence
Initialement projet solo black métal du chanteur et guitariste Neige (aka Stéphane Paut) lancé en 2000, puis rejoint par Winterhalter à la batterie, Alcest évoluent au fil de ses six albums vers un post black métal atmosphérique unique en son genre.
Dès l’entrée des protagonistes de la soirée sur scène, on ressent l’enthousiasme du public qui fait ovation au groupe. Sous des lights à couper le souffle, un son d’une excellente qualité et le regard bienveillant du sphinx en backdrop issu de la pochette de « Spiritual Instinct » (dernier album du groupe, sorti le 23 novembre 2019 chez Nuclear Blast), le groupe entame un set bouleversant où la fragilité émouvante du chant clair et le scream impactant de Neige viennent s’entremêler aux divers instruments maîtrisés avec justesse dans une communion parfaite.
Dans un set ponctué de quelques envolées de cheveux et un jeu de scène minimaliste mais percutant, les artistes retracent la discographie du groupe pour le plus grand plaisir d’une foule envoûtée, lancinant sur les riffs des guitares et chantant les paroles du groupe comme si elles parlaient à leur âme. C’est dans cette bulle de nostalgie heureuse qu’Alcest s’arrête de jouer pour remercier le public venu en grand nombre (puisque le concert était sold out) acclamer le groupe.
Grace à cette symbiose entre les membres du groupe qui se lancent quelques regards et le partage avec le public, la prestation semble filer en un battement de paupière. Et malgré le rappel clôturant le concert par l’incontournable « Délivrance », je reste sur ma faim intarissable en réalisant qu’il y avait encore tant de morceaux que j’aurais voulu entendre.
C’était, pour moi, la première occasion de voir Alcest en live et, en quittant la salle, remuée intérieurement par leur prestation comme après un songe heureux, je m’aperçois que je ne suis pas la seule dans cet état en voyant des larmes couler sur les joues de certains spectateurs.
Setlist : Les Jardins de minuit / Protection / Oiseaux de proie / Autre temps / Écailles de lune – Part 2 / Sapphire / Le Miroir / Kodama
Rappel :
Là où naissent les couleurs nouvelles / Délivrance
Une fois le concert fini, je fais une rafle aux stands de merch avant d’avoir la chance de pouvoir rencontrer les membres d’Alcest avec qui j’échange quelques mots sur la pesanteur émotionnelle qui régnait dans la salle du Ninkasi et dont le groupe semblait avoir déjà constaté l’impact au fils des lives.
Bien qu’ayant trouvé la programmation de la soirée assez hétéroclite, je repars avec des crépitements joyeux dans les oreilles et les yeux dont l’effet papillon se fait ressentir, des jours après, en rédigeant cette chronique. Merci à Sounds Like Hell Productions.
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