Report + Photos : Antirouille

On prend la route, Céline, Yo et son t-shirt propre, certes délavé par des flots de sueur mais propre, direction les sous-sols du 32 quai Aloing à Lyon dans la très mythique salle du Rock ‘n’ Eat.

La raison qui nous a poussé à faire 140 bornes, se taper le périph’ nord et plus d’une heure et demie de route ? Ben pour du lourd, du lourd et encore du lourd. Le plateau de ce soir laissait supposer qu’on n’allait pas dans la capitale des Gaules pour enfiler des perles…

Juge plutôt : le premier Death Awaits Fest organisé par… euh… ah oui, DeathAwaits et rassemblant des groupes prestigieux comme Prismeria, Death Decline, Xaon, Impureza et DeathAwaits qui faisait la release de son dernier album « Rapture Smites« . C’est beau hein ? Tu avoueras qu’il y a vraiment de quoi avoir envie de bouger son cul en ce samedi soir, quitte à faire des bornes, non ?

Les premiers à fouler la petite scène et qui jouent à domicile sont Prismeria. Ils la connaissent bien cette salle puisqu’ils y ont tourné un clip, « Bar Fight », et y ont joué souvent, devant l’objectif du très talentueux et non moins discret Freddy qui a immortalisé plusieurs de leurs prestations pour Soil Chronicles. Comme d’hab, ça attaque vite, fort et ça dézingue sans sommation. Le thrashcore envoyé par nos lyonnais est incisif, corrosif et violent à souhait. La salle se remplit petit à petit et le public entre immédiatement dans le bain. Comment pouvait-il en être autrement d’ailleurs, tant les titres des Prismeria qui s’enchaînent sont comme autant de coups pris en pleine poires, de ceux qui te laissent une trace bien visible et qui vont te marquer longtemps. Bordel, pour de l’ouverture, c’est réussi et la barre est haute.

L’enchaînement se fait très vite avec Death Decline.
J’étais impatient d’écouter et de voir ce groupe dont j’avais pris un malin plaisir de chroniquer leur dernier album « The Thousands Faces Of Lies » ici  et leur prestation est à la hauteur de leur album : c’est carré, net et précis. Tu veux du thrash ? Ben tu vas en bouffer et crois-moi, ils ne font pas dans la demie mesure. Je ne vais pas te réécrire la chronique, ce serait trop facile, mais en bref on s’est mangé des riffs acérés et des soli fidèles au registre à te rompre les cervicales. D’ailleurs le public de plus en plus nombreux ne s’y est pas trompé et la bagarre a éclaté dans la fosse débutant par un formidable wall of death suivi d’une baston dans les règles de l’art. Death Decline allume le feu au Rock ‘n’ Eat et la flamme prend bien. En même temps, comment rester impassible devant nos dijonnais et leur déchaînement musical mêlant un death puissant à thrash plus que mordant. Presta de haute volée, le show peut continuer.

Il continuera avec Xaon. Il me tardait depuis un moment de revoir sur scène le trio John, Klin et Rob. La dernière fois que je les avais vus c’était fin avril 2018 au Play Pop pour la Sainté metal night, déjà organisée par DeathAwaits, mais c’était avec Bloodstorm, groupe que j’affectionnais tout particulièrement.
Xaon, je les ai ratés à deux pas de chez moi, au Brin de Zinc et plus récemment au Leymfest à cause d’une putain de panne de voiture. Alors là, bordel, rien ni personne ne me fera partir du Rock ‘n’ Eat sans avoir vu et entendu Xaon. Ce soir, ils défendaient « Solipsis« , leur dernier album sorti en avril dernier (chroniqué ici)  et qui m’avait laissé sur le cul. Cinq des six titres joués ce soir sont issu de « Solipsis« . Ben quelle claque ! Rapidité et pesanteur, accélération et ralentissement, calme et violence, je peux t’en écrire encore des lignes si t’as pas pigé. C’est ça la musique de Xaon, une succession d’antinomies qui te prend aux tripes et jouent avec tes émotions. Rob nous propose un éventail de voix pour le moins extraordinaire, passant du grunt rageur à une voix perchée haute en couleur et qui fait son petit effet. Sur les accélérations de rythme, le public répond immédiatement présent en foutant un bordel monstre et ce n’est pas les sublimes lignes symphoniques qui apaiseront les ardeurs, bien au contraire. Bref, un set trop court millimétré orchestré par des pros. Gros point fort perso sur le titre « Eros » qui pour moi est le meilleur de l’album et sur lequel ce soir j’en ai complètement oublié mon appareil photo et ce pourquoi j’étais là, en partie, tellement absorbé par la scène. Bravo.

Place au death hispanique avec Impureza qui va à son tour enflammer la salle du Rock ‘n’ Eat.
Impureza impose un death assez brutal et technique en y intégrant parfaitement du flamenco. Mélange improbable serions-nous tenté de dire mais pari réussi, le rendu est un délice.Ça monte d’un cran niveau brutalité et le public maintenant bien nombreux répond présent sans se faire supplier pour une énième bagarre. Les passages à la guitare sèche sont les bienvenus pour apaiser un peu les esprits mais c’est de courte durée car les accélérations qui s’ensuivent, même au rythme du flamenco, seront assassines. Les musiciens qui n’ont plus rien à prouver scéniquement font le show devant une foule de plus en plus dense et énervée. Quatrième set de haute volée pour cette première Death Awaits Fest.

C’est aux boss de DeathAwaits de conclure la soirée devant trois cents personnes. Oui, le Rock ‘n’ Eat affiche complet ce soir. Ils défendent devant nous « Rapture Smites » sorti la veille sur toutes les bonnes plateformes de téléchargement et ce soir en physique. DeathAwaits, c’est d’abord une intro. J’étais resté sur celle d’« Enclosed in Booth » qui, en live comme sur album te faisait monter lentement mais surement la pression jusqu’à l’explosion finale et l’inévitable bagarre qui s’en suivait. Celle de « Barbaric Decadence » est plus douce mais ne présage du coup rien de bon pour la suite niveau violence. Effectivement, les premiers riffs t’arrivent en pleine gueule et ils font mal, suivi de la voix puissante et rageuse de Flo. Dans le pit, la guerre a repris. On croyait les hommes tombés sur les sets précédents, et il y avait matière, mais la rage du titre a poussé les corps dans une ultime baston.  « Loot Thy Neighbour » fait monter la pression et sonne le début des emmerdes pour DeathAwaits, ça chie dans les retours. « Brainless » et « life is too short for soft porn » chauffent la salle à blanc. Putain, Flo, quelle voix ! « Evergreen House » et « Circling the Drain » marquent la fin des lumières, ça joue en nocturne sur scène. Tommy envoie du lourd et n’a rien à envier au batteur session de l’album. Je mange la scène sur « Don’t Look Back », c’est que ça pousse derrière ! « I’m the abominable » n’a pas son sample, l’enfer ne viendra pas et les emmerdes continuent mais les mecs y font face comme des pros. « Shrine of Mediocrity » conclut un set beaucoup trop court, les lumières se rallument et on compte les morts.

Chapeau bas à DeathAwaits qui a presque dû improviser un set complet tant les emmerdes étaient multiples. Chapeau bas aussi à Nico qui remplace Thomas à la basse et qui doit maintenant supporter les autres loustics. Accroche-toi Nico. Et big up à Tommy qui assure aux fûts.

Nous voilà reparti, direction Chambéry, du son et des images plein la tête. Un premier fest plus que réussi qui ne demande qu’à être annuel. Qui pour le prochain plateau ? Réservez d’ores et déjà votre soirée…