Doro, la Metal Queen allemande, véritable institution pour les Metalheads de tout poil, nous a fait l’honneur de nous rendre visite dans la bonne vieille capitale des Gaules. Après une tournée des grandes scènes sur les principaux festivals de l’été, c’est dans le cadre plus intimiste de petites salles qu’elle vient en cet automne, à la rencontre de son public. A Lyon, c’est donc dans une salle du Ninkasi Kao toute tremblante de la paraît-il très belle prestation de Symphony X la veille qu’à vue de nez 250 à 300 personnes ont donné rendez-vous à ce bout de légende du Heavy Metal.
C’est le visage caché par des masques blancs dignes de la Comedia Dell Arte que le groupe de première partie Merendine foule la scène du Kao. Le mélange de plusieurs styles présenté (Thrash pour les rythmiques et la majorité des vocaux, Hardcore sur certains beuglements, Heavy pour la mélodicité des refrains…) fait assurément son petit effet. C’est carré, en place, le chanteur pèse de tout son poids pour captiver l’ambiance, et a su y arriver par moment. Mais les transalpins ne risquent que de rester ce qu’ils ont très bien fait ce soir, à savoir des chauffeurs de salles efficaces, et qui par manque d’un petit quelque chose (un soupçon de folie ? ou un léger brin d’originalité ?) ne risque pas de sitôt de voler la vedette à la tête d’affiche. On a passé un gentil moment avec eux, mais pas mal de gens auront vite oublié ce set, assurément.
Il ne tarde pas à faire une chaleur à crever dans cette petite salle. L’étage supérieur n’est ouvert qu’à quelques photographes, et le public se tasse donc devant la scène. Il est assez amusant de sonder cette foule de vieux et vielles aficionados. La moyenne d’age est assez élevée, moins que pour les dinosaures rôdeurs de Zenith comme Purple ou le Quo, mais on a quand même l’impression de les spectateurs de moins de 25 ans sont en fait venus avec papa et maman. Qui sont très fiers de montrer à leur progéniture de quel metal on se chauffait il y a 15 ou 20 ans, et qui échangent entre eux des souvenirs … Exemple typique (quasi retranscrite de ce qu’on pouvait entendre)
– c’est quand la première fois que tu l’a vu, toi ?
– ben ça devait être en 86 à Donington, ou en première partie de Judas, je sais plus
– ‘tain, ça nous rajeunit pas, tout ça … elle avait pas 30 ans à l’époque …
Les échanges d’anciens combattants en écoutant le Black Album, ça va bien 5 minutes, mais le changement de plateau commence à être un peu longuet. Il commençait à poindre ça et là des petites manifestation de mauvaise humeur quand la belle foule enfin les planches et déclenche les hostilités par un « Earthshaker Rock » rapide, nerveux et entraînant. On ne reviendra pas sur le style de l’allemande, tout le monde connaît. On peut le trouver un peu simpliste, c’est vrai, mais il n’empêche que quand c’est bien exécuté, c’est excellent. Et ça le fut. Pas une note de traviolle, c’est huilé, fort et clair. Le son est très correct, peut être une basse un peu trop présente, écrasant donc un peu la voix lors des passages rapide. D’autant plus (Metalfreak vous en parlera plus tard) qu’en fait la belle était un peu souffrante, en ce début d’automne avec ses températures bizarres détraquant les organismes … ce qui ne l’empêcha pas, et ce fut ainsi durant tout le set, d’avoir une impressionnante et communicative banane. Les zicos aussi abordent la même expression, que ce soit la section rythmique 100% US, fidèle depuis des lustres à la Metal Queen , ou la paire de guitaristes d’origine européenne et dont le dernier venu, le jeune et fringuant Bas Maas semble tout heureux d’avoir changé de patronne ! Une légende sur scène, épaulée par un groupe efficace, avec un bon son, des lumières sobres, sans grande imagination mais efficaces, que faut il de plus pour rendre un public heureux ?? De bonnes chansons, mes amis…
… Et des bons titres, on en a entendu une brouette ce soir. Et paradoxalement, c’est un peu au niveau de ceux ci que quelques reproches pourraient être faits. Déjà, pour ceux qui étaient au Hellfest par exemple, on ne pourra que noter une trop grande similitude entre les 2 set list. Les mêmes titres, dans le même ordre … ce qui fait qu’après discussion avec certain fans, il flotte un petit sentiment de frustration, même avec ceux qui n’étaient pas présents sur les fests de l’été, mais qui se sont maté la vidéo du concert Clissonnais sur Arte Live Web. Et quand au choix des morceaux, la belle a puisé essentiellement dans la discographie de feu Warlock pour laisser de coté des morceaux plus récents. Mis à part « Night Of The Warlock » (toujours aussi efficace, soit dit en passant) et « Running With The Devil » joués en début de set, il a fallu attendre jusqu’aux rappels et le quand même assez vieillot « We Are The Family » pour entendre une compo de Doro (le groupe)… un peu dommage, quand on connaît la richesse de la discographie, et que ne serait ce que sur le récent « Fear No Evil », des titres comme «I Lay My Head Upon My Sword » ou « Caught In A Battle» auraient mérité un baptême du feu en live. Ce qui fait que certains dont votre serviteurs quitterons le Kao ce soir avec un peu l’impression que la belle a enclenché le mode « roue libre » de sa carrière, et qu’elle cherche plus à capitaliser en caressant ses vieux fans dans le sens du poil plutôt que de partir à la conquête de nouvelles têtes. Un peu dommage quand même … maintenant, il faut savoir relativiser. Ceci n’est juste qu’une réflexion que pas mal de gens risquent de se faire, mais le principal est quand même que le public passe un bon moment. Ce fut le cas ce soir, car même dans cette set list un peu téléphonée, chacun peut piquer quelques petites perles qui resteront gravées dans les mémoires. Une version acoustique de « Breaking The Law » du Priest, l’émotion d’un toujours très beau « Für Immer » ou le break hispanisant de « Metal Tango », ça restera toujours de bons moment à se remémorer. Voilà. Un petit mot pour signaler que la belle se fendit en fait d’un inédit ce soir avec l’hymne du Wacken « We Are Metalheads », que le solo de batterie fut moyennent apprécié (comme tous les solos de batteries…) et tout semble dit pour cette soirée qui fut pour votre serviteur, comme vous l’avez compris, une bonne soirée mais sans surprise !!
Je plussoie le report de mon acolyte Fredo à cette nuance près : c’était la première fois que je voyais la belle en vrai. Bien sûr, voir Doro (le groupe) sur DVD n’est pas la même chose que de vibrer à 1m50 de la scène, appareil photo en mains ou non.
Donc, quelque part, quelque soit la set list qu’elle eût proposé, je me serais régalé : en effet, Dorothy Pesch fait partie de mes idôles, au même titre qu’un Lemmy, qu’un Geddy Lee ou un Karl Willets.
Ici, ce n’est pas Metalfreak-le-chroniqueur qui parle mais d’un fan absolu rencontrant une de ses idôles qu’il rêvait de voir depuis des années. La faute à des situations diverses et variées, l’opportunité ne s’était jamais présentée depuis que j’avais posé sur les murs de ma chambre le double poster géant de « Triumph and agony » offert généreusement par le Metal Hammer allemand.
Concernant le concert lui-même, elle prêchait à un converti et le fait d’être le photographe de l’équipe m’allait amplement, mon report eût manqué quelque peu de lucidité et d’objectivité de par cette adoration que je voue à la Belle depuis si longtemps.
Si le concert m’a conquis, de par l’attitude d’un groupe et de sa belle leader qui ne se forçait pas de montrer le plaisir qu’ils avaient d’être sur scène, nous prouvant à plusieurs moments l’amour et la reconnaissance d’une artiste à son public, comme l’a démontré le titre (et sa présentation) « Without you », véritable déclaration d’amour à un public qui le lui rend vraiment bien.
Donc en effet, pendant plus de deux heures, Doro (le groupe) a ravi une salle remplie ras la gueule…
Mais le meilleur allait encore arriver pour votre serviteur : par un heureux concours de circonstances, j’ai pu me retrouver, notamment grâce à Bas Maas, en loge pour un délire avec lui et quelques amis et surtout une discussion passionnante d’une bonne vingtaine de minutes avec Dorothy Pesch, dont la gentillesse et l’humilité ont été telles que je suis encore à l’heure actuelle sur un nuage. S’intéressant à ce qu’on lui dit en posant elle aussi quelques questions, dialoguant avec plaisir en tête à tête en nous éloignant du reste de l’assemblée, offrant une bière, s’excusant de devoir aller signer un autographe au fan suivant, regardant son interlocuteur dans les yeux avec un sourire non forcé… Pour le coup, c’était MON moment, un kiff total face à, finalement, un petit bout de femme dont la beauté ne se limite pas seulement à son physique ou à ses talents de chanteuses.
De l’aveu de son guitariste, la Belle souffrait d’un petit syndrome grippal qui ne l’a pas empêché de non seulement nous régaler pendant plus de deux heures sur scène, mais de se montrer encore disponible pendant deux bonnes heures pour ses fans, à grands renforts d’autographes et de séances photos dans une ambiance aussi conviviale qu’amicale.
Si en 1987, quand je posais ces posters sur mes murs, on m’aurait dit qu’en 2011, j’allais vivre un moment pareil, j’aurais de suite appelé SOS médecin pour interner l’auteur de cette bien-bonne…
Et vraiment, c’est pour vivre ces moments pareils que j’ai un jour voulu intégrer un webzine…
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