Photos + report : Seblack et Musta
Seblack :
C’est une tradition bien établie, depuis 2019, le festival EX Tenebris LUX vient parer de noir le mois d’octobre à Montpellier. Proposant différentes soirées tout au long du mois, dans un registre toujours atypique ou décalé, l’association What The Fest s’est, une fois de plus, surpassée, pour cet acte V. Malheureusement, sans être de la région, difficile de tout faire, aussi c’est aux deux soirées dédiées à des concerts en église que mon choix s’est porté. La première était placée sous les diaboliques auspices du black metal, la seconde, dont je parlerai un peu plus tard, se plaçant dans un registre plus gothique electro.
Donc direction l’église de la Maison des Chœurs où, en ce vendredi 27 octobre, pas moins de quatre groupes sont à l’affiche. Bien aménagée en salle de spectacle, tout en ayant gardé son âme d’église avec les barrières, les tableaux et les boiseries, la Maison des Chœurs est un lieu possédant un incontestable cachet. Des projections sur les voûtes apportent un petit plus en termes d’ambiances et de lumières, les quelques œuvres contemporaines exposées sur les côtés finissent d’accomplir ce mélange en histoire et modernité.
Le premier groupe auquel revient la lourde tâche de débuter cette soirée, nous vient d’Italie et se nomme Nero Kane. Le duo constitué de Marco Mezzadri (guitare, chant) et de Samantha Stella (claviers, chant) pratique une musique dark folk aux contours très ambiant. Bien sûr, de telles atmosphères réclament une attention certaine de la part de l’auditeur. Les lights sobres et la proximité de la scène favorisent pleinement une ambiance immersive. Se partageant le chant, les deux musiciens offrent une performance tout en feeling. Les différentes réverbérations pratiquées par le guitariste résonnent bien dans ce lieu. La fin du set, où il joue avec un archet, amène des sonorités et un rendu visuel différents. Pas forcément aisée d’accès, la performance mérite pleinement ses applaudissements et ce sont des musiciens émus qui se retirent pour laisser place au groupe montpelliérain Silhouette.
De Silhouette, je connaissais l’unique EP paru il y a quelques années sur le label Antiq, mais je n’avais pas eu, jusque là, l’occasion de les croiser sur scène. Le changement d’ambiance par rapport au groupe précédent est assez radical en termes de style et de volume de son, ce dernier est d’ailleurs excellent, permettant de distinguer les deux guitares, la basse, le chant clair d’Ondine et le chant saturé masculin.
La scène démultiplie la puissance du groupe que l’on pouvait déjà entrevoir sur leur premier enregistrement. Que ce soit au niveau de l’attelage rythmique basse batterie ou des guitares, on est gâté. De surcroît, le groupe ne perd rien de son approche sensible avec des mélodies prenantes et une cohabitation entre chant féminin et masculin des plus réussies. Silhouette a su très vite capter l’attention du public et, plus encore, a su la maintenir et la faire grandir tout au long de ce concert vivement salué. Une très belle surprise.
Mais déjà le diable toque à la porte avec le groupe marseillais Corpus Diavolis, dont le dernier album Apocatastase, sorti chez Les Acteurs de l’Ombre Productions, remonte déjà à deux années. Un album qui m’avait agréablement surpris, d’ailleurs, par ses sonorités occultes et diaboliques et ce, bien que n’étant pas toujours bon public dans ce style de black metal. Croisée en concert à Lyon un peu plus tôt dans l’année, la formation ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable, du fait d’un son et d’un decorum peu adaptés aux velléités cérémonielles du groupe. Ici, les choses sont bien différentes, et Corpus Diavolis semble avoir méticuleusement préparé sa venue en ce lieu si particulier. De l’autel orné du logo du groupe, en passant par les costumes, le maquillage et bien sûr la musique, tout ici transpire le blasphème et la dévotion au roi des enfers.
Le son est très satisfaisant, même si quelques passages ont pu être un peu brouillons. Plus encore, le groupe se donne totalement à ses sombres desseins. Le chanteur, en véritable maître de cérémonie démoniaque, enchaîne les rites démoniaques avec diverses préparations, une croix enflammée et autres substances consommées et jetées dans le public. Le bassiste est intenable, quand le batteur encapuchonné se montre certes discret mais efficace. Incontestablement, Corpus Diavolis a livré une prestation spectaculaire. Gloire à Satan !
Place désormais aux maîtres de cérémonie, avec le groupe Seth, qu’on ne présente plus. Pour ma plus grande frustration, je n’avais pas eu l’occasion de recroiser le groupe depuis sa quasi résurrection, marquée par la tournée “ Les blessures de l’âme : XX ans de blasphème« , d’une part, et la sortie de l’album “La morsure du Christ” d’autre part. Un concert très attendu, en ce qui me concerne, et je ne semble pas être le seul, tant la salle est bien garnie (la soirée est d’ailleurs sold out). D’emblée, le groupe attaque avec trois titres de son dernier opus : “La morsure du Christ”, “Metal noir” et “Les océans du vide”. Rien à redire, le groupe retourne immédiatement la salle, quand bien même le son pourrait être meilleur, notamment en ce qui concerne les claviers que j’ai trouvé peu audibles.
Visuellement, Seth assure tout autant avec Saint Vincent en maître de cérémonie et des musiciens à leur affaire. Avec “La quintessence du mal”, Seth fait une première incursion dans son album historique, “Les blessures de l’âme”, album dont on ne dira jamais assez de bien, tant il a marqué la scène hexagonale. Une grande partie du public y est sensible, montrant bien l’impact de cet opus et le fait que l’héritage s’est transmis aux plus jeunes générations. Que rajouter ? L’interprétation est magnifique, meilleure même que celle de l’album dont la production a logiquement un peu vieilli. Quel plaisir de redécouvrir ce morceau ! Et que dire du diptyque “L’hymne au vampire (actes 1 et 3) » ? Saint Vincent et ses sbires ont trouvé une véritable cohérence en associant ces anciens morceaux rajeunis aux plus récents.
Pour le dernier titre, place au “Triomphe de Lucifer”, comme à l’habitude cette ultime partie du concert est marquée par l’arrivée sur scène d’une danseuse qui va ensorceler l’assistance avec des jeux de flammes. Le public Montpelliérain salue chaleureusement le groupe qui semble avoir pris un grand plaisir à jouer dans ce lieu atypique.
Ainsi se referme cette première soirée qui, non seulement, a été à la hauteur des attentes, mais les a aussi dépassées avec son lot de très bonnes surprises. Ce fut également l’occasion de faire la connaissance de Musta qui va également livrer ses impressions et ses photos sur cette soirée. Bienvenue à toi sur Soil Chronicles, Musta !
Musta :
Cela fait maintenant un an que je me rends à certains concerts organisés par l’association What The Fest. Cette dernière met à l’honneur les musiques extrêmes / alternatives au cours du mois d’octobre, à travers le festival EX Tenebris LUX. Il s’agit d’un privilège, en tant que Montpelliéraine, d’avoir des dates d’une telle qualité, tant notre ville manque de concerts depuis plusieurs années. Toutefois, le mois d’octobre est une belle occasion de se faire plaisir. Malheureusement, mon emploi actuel ne m’a permis d’assister qu’aux concerts du dernier weekend du mois clôturant ce festival. Nous avons eu un plateau aux petits oignons les 27 et 28 octobre, avec les emblématiques Seth en tête d’affiche du premier soir, et les fameux Soror Dolorosa le samedi (nous y reviendrons plus tard). Je ne pouvais pas rêver mieux pour marquer mon arrivée très récente et rédiger mon premier live report chez Soil Chronicles.
Les concerts ont tous eu lieu à la Maison des Chœurs de Montpellier, une église située en plein centre ville. Je n’avais jamais assisté à un concert dans une telle salle. Je dois avouer avoir beaucoup appréhendé et, finalement, le lieu était joli et parfaitement taillé pour accueillir les deux événements.
Le premier soir commence fort avec quatre groupes de black metal : Seth, Corpus Diavolis, Silhouette et Nero Kane. J’ai hélas raté le début des hostilités (Nero Kane + Silhouette) à cause de mes horaires de travail.
J’ai toutefois eu l’immense plaisir de faire mon premier concert en église, en compagnie du groupe marseillais Corpus Diavolis. Je dois être honnête : je ne suis pas la plus grande fan de black metal Français, ayant surtout un énorme penchant pour les scènes Norvégienne, Suédoise, Américaine, et n’ai jamais écouté Corpus Diavolis avant leur performance scénique. La prestation de ces derniers m’a agréablement surprise. Le groupe démarre son set avec “L’oeil Unique” de l’album Atra Lumen sorti en 2017.
Dès le début, le ton est donné, l’atmosphère se veut lourde, haineuse, sombre et blasphématoire. Les membres du groupe sont déchaînés et propagent leur violence à travers un public réceptif à cette dernière. La fosse est d’ailleurs pleine à craquer (chose assez rare chez nous), et on aperçoit rapidement quelques pogos. La qualité du son est relativement bonne, bien que brouillonne par moments. Corpus Diavolis m’a procuré tout ce que je recherche en écoutant et en assistant à un concert de black metal : de la haine, du satanisme (hautement mis en exergue vu le lieu) et une musique crue. Leur prestation peut sembler trop cliché pour certains, mais le black metal sans satanisme perd tout son sens. Le set est essentiellement basé sur leur dernier album Apocatastase à travers des titres tels que “The Dissolution and Eternal Ecstasy”, “Triumphant Black Flame”, “At The Altar Of Infinite Night” et “Apocatastase”. Il est toujours agréable de voir un groupe mettre autant en valeur son dernier album lors d’un concert, car ce n’est hélas pas toujours le cas. Il s’agit d’une belle découverte et j’écouterai davantage leurs projets musicaux à présent. Comme ils le disent si bien “ Gloire à Satan ! ”
Un grand bravo à nos Marseillais pour cette performance de grande qualité !
Setlist : L’Oeil Unique, The Dissolution, Triumphant Black Flame, Sharp Moon Devils Horn, Apocatastase.
Après une telle performance, j’attends beaucoup de Seth, l’un des premiers groupes de black metal que j’ai écouté il y a bientôt dix ans (je les ai découverts avant Mayhem ou Burzum, c’est dire) ! C’est la première fois que j’ai la chance de les voir. J’ai vu pas mal de groupes de black metal en concert, mais je dois reconnaître que la prestation de Seth est l’une des plus incroyables que j’aie vues ces dernières années. En effet, le lieu où l’on se trouve apporte du cachet à leur musique et la performance du groupe est juste mémorable. Les Bordelais démarrent les hostilités avec “La Morsure du Christ ». Saint-Vincent et ses acolytes se révèlent être de véritables bêtes de scène et sont ravis d’être présents en ces lieux.
Le décor de la scène est d’ailleurs bien travaillé : deux grands chandeliers noirs nous plongent dans les abysses (et ont failli au passage brûler une partie de ma chevelure), les membres portent des corpse paints et ça fait plaisir ,car cette tradition se perd beaucoup dans le black metal actuel. Le style peut sembler kitsch pour certains, mais pas pour moi. Ce sont les codes du black metal et tout fan de black old school apprécie cette caractéristique du genre. Ils se présentent à nous tels de véritables mages noirs, venus propager leur dose de satanisme et de haine. La qualité du son n’est pas terrible en début de set, mais s’améliore au fur et à mesure.
Le sextuor déverse tout ce qu’il y a de plus sombre, de plus violent avec des morceaux comme “Métal Noir” et “À La Mémoire de Nos Frères”. Le public est de nouveau réceptif à la musique et à l’atmosphère dégagée par les Bordelais. Le concert se termine par “Le Triomphe de Lucifer” avec l’arrivée d’une femme qui danse quasi nue en jouant avec des flammes. Bienvenue au Pandemonium. Je félicite grandement Seth pour cette prestation digne des plus grands. À revoir dès que possible.
Setlist : La Morsure du Christ, Métal Noir, Les Océans du Vide, La Quintessence du Mal, Sacrifice de Sang, À la Mémoire de Nos Frères, Hymne au Vampire Acte 1, Hymne au Vampire Acte 3, Le Triomphe de Lucifer.
Cette première soirée a été un véritable succès, les artistes ont tous donné de leur personne et nous ont fait vibrer musicalement dans ce lieu particulier. Un grand merci à What The Fest pour ces bons moments et pour leur invitation. Bravo aux groupes pour leur belle performance.
Laissez un commentaire