Photos + report : Laura Kerneis

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Jour 1

Pour fêter ses 25 ans, Garmonbozia a décidé de voir les choses en grand et invite Emperor, pour son premier concert en salle sur sol français depuis plus de 19 ans. De quoi être conquis d’emblée ! Mais Garmonbozia ne s’arrêtera pas là et l’affiche complète, dévoilée au fil des mois, recèle bien d’autres surprises.
Dès le premier jour, l’organisation est impeccable, la communication claire et l’accueil fluide. L’entrée mène dans un grand hall où sont installés stands de disques, vinyles, t-shirt et merch divers. On remarque quelques artistes indépendants tels David Thiérrée et l’élégant étalage des Éditions des Flammes Noires. Tout ce qu’il faut pour satisfaire la gourmandise de chacun entre les concerts, et ce bien à l’abri de la pluie et du vent.
La fête commence en haut, mais, avant de monter, on constate que le hall continue sur la droite avec un décor en l’honneur des évènements passés de Garmonbozia. Affiches et pages après pages de mots doux laissés par les fans recouvrent les murs.
Mais les festivités débutent, il est temps de rejoindre l’Étage.

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Saturnus :
(texte + photo Saturnus : Migou) Le groupe a la lourde tâche de lancer le festival qui couronnera les 25 ans d’activité de l’association Garmonbozia. Et la lourdeur, ces Danois la connaissent puisqu’ils la pratiquent depuis 1996 dans leur doom death mélodique. Sur les quelques 40 minutes qu’ils auront pour remplir l’Étage, ce sont quatre morceaux tirés de quatre sur les cinq albums que compte le groupe. Que dire de plus, si ce n’est qu’on s’est pris de plein fouet une énorme baffe faite d’émotions, de profondeur, le tout sur un growl profond qui nous transperce de part en part ? Et ces lignes mélodiques qui ne sont pas tartinées de mièvrerie, juste de sensibilité. Un régal !
Setlist : The Storm Within, Empty Handed, I long, Christ Goodbye

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Saor :
Côté Liberté, c’est le clan Saor qui ouvre le bal avec leur metal calédonien nous invitant à une traversée lyrique de paysages écossais tour à tour torturés et lumineux. Andy Marshall nous sert un chant rugueux soutenu par des mélodies folk savamment fusionnées à des riffs rageux. Plusieurs instruments traditionnels à vent, dont la cornemuse irlandaise ou Uilleann pipes, viennent illuminer ce voyage tragique et inquiétant.
Il est accompagné depuis le début de l’année par Ella Zlotos dont la voix cristalline et légère répond à ses rugissements menaçants. Le son est parfaitement géré : chaque instrument acoustique trouve sa place, les deux voix se complémentent à merveille et l’ensemble est porté par une basse bien présente.
Ce one man band se révèle dans toute sa complexité et splendeur en live et le son lourd donne une dimension différente aux poèmes tourmentés d’Andy. Il se montre capable de traduire sa vision sonore avec des éléments visuels minimalistes et des lumières éthérées nous livrant ainsi un moment de black metal grandiose. Le set finit en beauté avec « Aura » et son climax cathartique.

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Mention spéciale à Dylan Watson : le batteur en chaussettes le plus heureux du monde.
Setlist : Bròn, The Awakening, Carved in Stone, Tears of a Nation, Aura

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In the Woods… :
In the Woods… prend le relais à l’Étage. Bien qu’il ne reste de la formation de 1992 qu’Anders Kobro, le nouveau line up semble néanmoins afficher une identité forte et cohérente, notamment grâce à la voix de Bernt Fjellestad dont la performance live est envoûtante. Sa voix mélodieuse et sombre se distingue certes de celle de ses prédécesseurs, mais Brent a toutefois le mérite de proposer une performance nuancée variant habilement les ambiances.
Les Norvégiens nous proposent un mélange de titres tirés de leur premier album Heart of the Ages et de leurs deux derniers opus, dont les deux titres phares de Diversum : « The Coward’s Way » et « A Wonderful Crisis ». Bien sûr, ces derniers morceaux font la part belle au talent de Bernt.

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On reste dans un univers black metal majestueux et mélancolique. Leurs titres récents comme anciens mêlent avec brio riffs atmosphériques sur une base metal et des mélodies diablement efficaces et accrocheuses.
Setlist : Heart of the Ages, We Sinful Converge, The Coward’s Way, Empty Streets, A Wonderful Crisis, …In the Woods

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Enslaved :
Le voyage black metal continue au Liberté avec une escale très courte : cinq minutes pour changer de salle en passant par un escalier. Il faut s’organiser pour s’assurer d’en rater le moins possible, surtout si on compte se sustenter en profitant des diverses gourmandises proposées sur place, dont d’énormes cookies.
Enslaved est attendu de pied ferme par le public. Le groupe ouvre avec « Kingdom » et nous offre un show à la fois spectaculaire et techniquement pointu. Les Norvégiens naviguent avec prouesse entre ambiances orageuses et mélancoliques et atmosphères galvanisantes. Ils nous font voyager à travers leur discographie étonnante, remontant jusqu’en 1994 au cœur de leur période de pure black avec « Allfǫðr Oðinn » tiré de leur désormais légendaire EP Hordanes Land.
Le set est néanmoins résolument axé sur leur dernier album Heimdal car, en effet, Enslaved a toujours été de ceux qui expérimentent et vont de l’avant. Si on a droit à quelques incontournables tels « Havenless », Enslaved est là pour parler au présent comme le démontre Grutle Kjellson et sa petite machine à son. De plus, le dernier album présente une telle cohérence globale qu’il n’est pas aisé de le tronquer.

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Enslaved est clairement heureux d’être là pour fêter le quart de siècle de Garmonbozia avec nous. Grutle multiplie les échanges avec le public et rappelle avec malice que leur très cher et très talentueux Håkon Vinje n’était même pas né lors de la composition de certains de leurs morceaux…
Setlist : Kindgom, Homebound, Forest Dweller, The Dead Stare, Havenless, Heimdal, Isa, Allfǫðr Oðinn

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The Great Old Ones :
Captivant. Captivant et fascinant. Transformé en sombre cocon, l’Étage devient entre les mains de The Great Old Ones un théâtre sublime à déguster avec les yeux et les oreilles. Le public est convié à une rêverie à la fois étrange et familière, où les accents cauchemardesques de Cthulhu inspirent une douce poésie de genre aux plus connaisseurs.
D’ailleurs le public entier est subjugué par cette bande son live qui accompagne une adaptation de 2005 de The Call of Cthulhu de H. P. Lovecraft. Le court métrage fantastique de Sean Branney et Andrew Leman, tourné à la façon des films muets, joue habilement des codes de l’époque pour nous happer dans un univers de terreur et d’angoisse.

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Mais tapis dans l’ombre, les musiciens de ce ciné concert viennent accentuer l’atmosphère oppressante et nous offrent un mariage époustouflant des images au son.
Un véritable bijou.
Bijou qui nous ferait presque oublier le clou du spectacle qui nous attend au rez-de-chaussée. Presque.

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Emperor :
Quel concert ! Le public en prend plein les yeux et les oreilles ; même les fans les plus farouches ne sont pas déçus. Entre les morceaux, on entend s’exclamer et s’extasier ceux qui s’agglutinent contre les barrières de sécurité. Les visages affichent de l’émerveillement, une passion exaltée et de la joie à l’état pur.
Le groupe exécute la quasi intégralité de leurs deux albums emblématiques In the Nightside Eclipse et Anthems to the Welkin at Dusk ; « In the Wordless Chamber » sera l’unique titre tiré de leur dernier opus.
Ces deux albums font sûrement partie intégrante de l’évolution musicale de la plupart des gens présents. Chacun a fait ses armes de métalleux avec Emperor avant d’évoluer vers d’autres horizons. Mais si Emperor a perduré dans les cœurs d’innombrables fans, ce n’est pas simplement en incarnant une certaine rage propre aux guerriers de la naissance du black metal mais bien parce qu’ils ont su en faire un art ! Parce qu’ils ont su allier, tels des orfèvres, la brutalité et l’élégance, la violence à la lumière, la démesure à l’introspection. Ce n’est pas pour rien que les gravures de Gustave Doré sont au cœur de leurs éléments visuels. Comme eux, il a su mettre de la grâce en Enfer.

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Et ce soir, si ce sont les guerriers en eux qu’ils célèbrent, c’est en orfèvres qu’ils montent sur scène. Samoth et Ihsahn affichent une présence stoïque mais s’adonnent à des performances millimétrées. Chaque cri est mesuré, chaque hurlement riche en harmoniques et les riffs puissants s’enchainent avec dextérité. Même Jørgen Munkeby se cantonne à l’estrade de son clavier, mais son énergie débordante est bien là et nourrit aussi ce live inoubliable.

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Setlist : Nightside Intro, In the Wordless Chamber, Thus Spake the Nightspirit, Ensorcelled by Khaos, The Loss and Curse of Reverence, With Strength I burn, Curse You All Men!, Towards the Pantheon, The Majesty of the Night Sky, I Am the Black Wizards, Inno a Satana, Opus a Satana Outro, Into the Infinity of Thoughts, Ye Entrancemperium, The Wanderer Outro

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Regarde Les Hommes Tomber :
Tâche ardue que de passer après Emperor mais Regarde Les Hommes Tomber relève le défi avec honneur. Face à un public encore envouté par les Norvégiens, les Français mettent presque littéralement le feu à la scène pour continuer à ensorceler la foule. Leur post-black metal violent et mélancolique est servi à la lueur funèbre de chandeliers et la foule est plus que réceptive !
Au travers des volutes d’encens, les Nantais nous déposent en offrande l’essentiel d’Ascension, leur tout dernier opus datant de 2020. La foule fiévreuse est assaillie de riffs nerveux et de rythmes effrénés. Vague après vague de hurlements désespérés viennent s’écraser contre les murs de la salle. L’incantation est suffocante, dense et saisissante.

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Le set est parfaitement rodé, la mise en scène en accord limpide avec les thèmes pessimistes et d’autodestruction chers au groupe. Les silhouettes insaisissables des musiciens et leurs mouvements par moment frénétiques et par d’autres dramatiques rajoutent au mysticisme ambiant.
Le rituel s’achève avec « The Fall », titre final de leur album éponyme (dix ans déjà !), et le sortilège engloutit alors jusqu’à la dernière âme de l’Étage.
Regarde les hommes tomber nous auront offert une cérémonie majestueusement pour finir en beauté cette journée résolument black.
Setlist : The Incandescent March, The Renegade Son, The Crowning, Stellar Cross, L’Ascension, A New Order, The Fall

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Jour 2

La seconde journée d’anniversaire de Garmonbozia arbore un autre étendard : entre Carpenter Brut et Pertubator, l’heure n’est plus à la mélancolie sombre et au voyage introspectif, on est là pour se défouler et faire du bruit.

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Pestifer :
Les Belges Pestifer ouvrent ce second volet des festivités avec leur Death rapide et effréné aux thèmes SF. Bien que le chanteur s’excuse de souffrir d’une laryngite, le public assure qu’on ne remarque rien et s’enflamme pour ses growls impeccables.
Si les spectateurs semblent réceptifs, la foule n’est pas tout à fait présente. En effet, après la claque de la veille, difficile d’être au rendez-vous ! Pestifer ne baisse pas pour autant les bras et après quelques titres bien bourrins et bien old school, la fosse se remplit d’une énergie nouvelle.

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Les morceaux, à la fois techniques et mélodiques, évitent toujours de tomber dans une complexité inintelligible, ce qui est finalement exactement ce dont le public pas tout à fait réveillé a besoin. La musicalité et la dextérité du groupe séduisent d’emblée. La basse, aux mélodies fluides, est bien présente sur des breaks improbables et s’allie magistralement à la batterie pour offrir une section rythmique époustouflante.
Pestifer est, sans aucun doute, un groupe à réécouter au calme pour en découvrir toutes les subtilités avant de resavourer en live.
Setlist : Defeat of the Nemesis, Silent Spheres, Ominous Wanderers, Elysium, Grey Hosts, Subterranean, Draconian Daemon

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Ho99o9 :
Pronounced Horror,” insiste theOGMHO-RROR!
Le Liberté s’ouvre avec Ho99o9 qui ne laisse pas un instant de répit à la foule et balance leur cocktail de rythmes forcenés, rap fluide et agressif et sons épileptiques. La performance visuelle est tout aussi époustouflante que la musique… tout aussi monstrueuse.
Monstrueux parce qu’on dirait que ça part dans tous les sens, parce qu’on a droit à toutes les couleurs de l’arc-en-ciel au propre comme au figuré et parce qu’en plus, ils ont le culot d’en rajouter ! Ils en rajoutent en bruit, en théâtralité, en costumes et en sourires narquois. Monstrueux parce qu’ils savent très bien ce qu’ils font, de la jupe plissée d’Eaddy au chapeau démesuré de theOGM, ils ont sérieusement bien ficelé leur direction artistique. Monstrueux parce que le flow de chacun est parfaitement maitrisé, bien que l’un semble branché sur réacteur nucléaire et l’autre semble tourner aux substances illicites diverses et variées. Monstrueux parce qu’ils montrent les crocs en chantant des comptines, parce qu’ils font siffler leur rage dans des textes millimétrés qu’ils mitraillent sur des sons denses et crades. Monstrueux car artistique, monstrueux car politique.

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Et avant tout, politique. Les gesticulations théâtrales de theOGM sont loin d’être innocentes, la sensualité décalée de ses gestes interroge à chaque mouvement une Amérique à l’identité bien trop figée, bien trop terrifiée de tout ce qui s’écarte de sa norme arbitraire. De l’autre côté de la scène, une rage sourde anime les danses psychotiques d’Eaddy, la rage sourde d’un pays en conflit avec lui-même. L’espoir pointe dans des interludes menés par theOGM qui fait crooner Frank Sinatra mais, entre les mains de Ho99o9, même ces classiques au ton léger dégoulinent d’une ironie acide. Ce passé dont on est si fier, demandent-ils, carnassiers, de quoi est-il réellement fait ?
Le duo est hypnotique. Chacun s’effeuille au fil du set, theOGM se débarasse de son chapeau et révèle un visage à moitié maquillé d’un sourire triste. Eaddy délaisse sa veste à patch dévoilant un t-shirt estampillé « POLICE ». Le ton punk n’est pas volé. Ils bouleversent les codes et font des cabrioles tour à tour graciles puis menaçantes. À quoi joue-t-on ? interrogent-ils, à quoi joue-t-on ?
Setlight: BITE MY FACE, Street Power, BATTERY NOT INCLUDED, PROTECT MY BITCH PT. 2, LOWER THAN SCUM, Sub-Zer0, Knuckle Up, F.O.G. (Error)

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Sépulcre :
Sépulcre enflamme l’Étage avec leur Death metal franc et incisif. Il s’agit d’être bourrin et, à ce sujet, il n’y a rien à redire. Le public se défoule sur des riffs thrash et brutaux. Sans être fondamentalement rédhibitoire, tant de frénésie finit par rendre le set un peu répétitif – ou peut-être que passer après Ho99o9 ne rend pas service. Cela dit, Sépulcre a beau être jeune (une démo et un EP), ses musiciens ont clairement de l’expérience savent faire dans l’efficacité.

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Signé chez Invictus Productions, le groupe local à surveiller de près, c’est celui-là.

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Orange Goblin :
S’ensuit alors un superbe moment de stoner avec Orange Goblin. Le quatuor britannique est clairement là pour se faire plaisir et partager son énergie débordante et irrésistible. Ben Ward est formidable et livre sans faute le chant puissant grâce auquel il s’est fait un nom.
Avec l’essentiel des morceaux puisés dans leur catalogue des années 2000 et dans A Eulogy for the Damned, Orange Goblin met clairement de côté leurs expérimentations pourtant intéressantes de leurs derniers albums. Qu’on aime ou non le changement, il faut admettre qu’à force de tracer sur une Harley, on finit par avoir le temps de réfléchir à autre chose qu’au diable et à l’alcool. Mais puisqu’aujourd’hui est à la fête, la setlist s’y accorde bien.

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Ben Ward a une présence scénique telle qu’on se laisse embarquer quoi qu’il arrive. Que ce soit haranguée par sa voix grave ou emportée par les envolées de Joe Hoare, la foule tambourine des pieds et chante à tue-tête, enivrée de stoner old school. Le groupe nous laisse avec « Red Tide Rising » et une certaine impatience d’écouter leur prochain album, puisqu’ils nous ont promis un retour en studio.
Setlist : Scorpionica, Sons of Salem, Saruman’s Wish, Made of Rats, The Filthy & the Few, Some You Win, Some You Lose, Acid Trial, Renegade, They Come Back (Harvest of Skulls), The Devil’s Whip, The Fog, Quincy the Pigboy, Red Tide Rising

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Ved Buens Ende :
Une parenthèse extraordinaire s’ouvre à l’Étage avec la surprise la plus étonnante du festival : Ved Buens Ende.
Surgit du fond des âges (des années 90) des mages surpuissants (musiciens multi-instrumentistes) ont conflué vers une renaissance de leur art (black metal oui, mais avant-gardiste avec une touche de jazz) donnant alors vie à une créature majestueuse (Ved Buens Ende) dont la rencontre fortuite n’est réservée qu’aux rares élus.
Créé en 1993, Ved Buens Ende fut une aventure de courte durée qui donna lieu à une collection restreinte de morceaux (un album, un EP et quelques démos). Reformé en 2019, les concerts demeurent néanmoins rares, et ce d’autant plus en France.
Sur la petite scène de l’Étage, les Norvégiens s’adonnent à leur art avec une concentration et une délicatesse presque intimidantes. D’abord dérouté – avant-gardisme oblige – on trouve petit à petit sa place dans cette ambiance étrange, guidé par la voix éthérée de Carl-Michael Eide (aka Aggressor, aka Czral, aka Exhurtum). Ce dernier est juché sur un tabouret ergonomique à roulettes, les séquelles d’une chute d’un immeuble des années auparavant réduisant fortement sa mobilité. L’équipement semble anodin mais contribue à la création d’un tableau surréaliste où Carl-Michael Eide semble flotter d’un bout de la scène à l’autre.
Cela ne fait que renforcer l’immersion dans leur musique à l’esthétique sinistre et fiévreuse. Riffs et rythmiques complexes s’entremêlent à des mélodies envoûtantes. Le chant de Carl-Michael Eide est tourmenté, presque déconnecté, comme s’il était à chaque instant sur le point de s’égarer dans ses pensées torturées.

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Mais à chaque fois, il émerge, presque farceur, manifestement joyeux d’être sur scène et de partager ce moment privilégié avec nous. Vers le milieu du set, sourire en coin, il annonce qu’on passe aux choses sérieuses avec leurs morceaux les plus « poppy », à savoir « It’s Magic » et « Den Saakalte ».
Garmonbozia réussit ici un coup de maître : réunir en France (en Bretagne !) et Emperor et Ved Buens Ende. Chapeau bas.
Setlist : Coiled in Wings, I Sang for the Swans, A Mask in the Mirror, The Carrier of Wounds, It’s Magic, Den Saakaldte, Autumn Leaves, The Plunderer.

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Carpenter Brut :
Cette dernière ligne droite de concerts annonce clairement la couleur : du brut et du lourd. La foule est prête et hurle sans hésiter des « Backstreet’s back, alright ! » en attendant le tour de Carpenter Brut.
Sous un jeu de lumière époustouflant et multicolore, Carpenter Brut donne le ton avec son darksynth année 80 flashy et fluo. Tout est fait dans la démesure et le public s’en délecte. Les mains se lèvent et la foule se mue en une masse dansante.
Accompagné de Florent Marcadet à la batterie et d’Adrien Grousset à la gratte, Carpenter Brut nous offre une véritable expérience visuelle et sonore. La scène est un tableau majestueux, animé de lumières stroboscopiques mettant chacun des musiciens en valeur. Côté public, une mutation improbable a lieu : la fosse se métamorphose en un mélange curieux de boîte de nuit fébrile, de pit metal survolté et de dancefloor eighties.
Le set est rodé, la machine spectaculaire tourne sans accroc, déroulant l’essentiel du dernier album Leather Terror jusqu’à une conclusion électrisante avec « Maniac ».

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La foule est conquise et confirme qu’elle est bien là pour faire la fête.
Setlist : Straight Outta Hell, The Widow Maker, Roller Mobster, Beware the Beast, Day Stalker, Night Prowler, Disco Zombi Italia, Imaginary Fire, Color Me Blood, Monday Hunt, Hairspray Hurricane, Leather Terror, Turbo Killer, 5 118 574, Le Perv, Maniac

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Rotting Christ :
De retour à l’Étage, le public se presse contre les barrières avant même que le set ne démarre. La température monte en flèche dès que Rotting Christ foule le plancher. En quelques riffs, les Grecs installent une ambiance menaçante et gothique dans une salle devenue brûlante et étroite. On les aurait bien vu au Liberté ; d’ailleurs, le public aurait été plus à son aise au Liberté.
La performance est techniquement irréprochable. Kostas Heliotis (aka Spades) et Kostis Foukarakis, intégrés au line-up live depuis 2019, sont de véritables showmen allant constamment au contact de la foule. Ces deux-là n’éclipsent pourtant pas un seul instant le charisme affolant de Sakis Tolis dont les growls puissants font vibrer les baffles.

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Le groupe puise essentiellement dans leurs deux derniers albums. On aura droit au superbe « Fire, God and Fear » qui démontre la capacité de Rotting Christ à explorer de nouvelles pistes musicales tout en maintenant l’ambiance oppressive caractéristique à leur musique.
Bien qu’en terrain conquis, Rotting Christ ne fait pas dans la demi-mesure et se donne à fond pendant l’intégralité du set. Après plus de 30 ans de carrière et un changement de line-up, leur fougue est clairement intacte.

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Setlist : χξϛ (666), Κατά τον δαίμονα εαυτού (Kata Ton Daimona Eaytoy), Fire, God and Fear, Dub-Saĝ-Ta-Ke, Δαιμόνων βρῶσις, Non Serviam, In Yumen-Xibalba, Grandis Spiritus Diavolos, The Raven, Noctis Era

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Perturbator :
Une heure à peine après le passage de Carpenter Brut, la comparaison est inévitable. Perturbator s’arme aussi de lumières multicolores aux effets stroboscopiques et transforme de nouveau le Liberté en ce croisement invraisemblable entre discothèque et repaire metal. Mais cette fois-ci, sous les lumières bleutées, la fosse prend des allures futuristes. Les rythmes effrénés et presque robotiques auraient pu rappeler les années 80, mais le darksynth de Perturbator nous emporte ailleurs, dans des paysages encore à venir, plus sombres et torturés. Bien que la foule danse frénétiquement, morceau après morceau, une ambiance plus fiévreuse s’installe.
La musique nous invite plus à la réflexion et à un voyage introspectif qui pourrait nous entrainer loin… L’artiste synthwave nous offre ce soir la bande-son de l’avenir dystopique qui nous attend.
Car en effet, la menace plane, à peine voilée, sous les projecteurs, sous la forme d’un immense pentacle. Sous les riffs qui font head-banger, les basses prennent aux tripes et la batterie, sous ses allures de boite à rythmes, recèle bien un cœur organique.
Garmonzia nous offre ainsi un dernier concert pour une belle conclusion à une journée sous le signe du fun et du head-banging. Conclusion qui rejoint, au final, l’ambiance plus sombre et introspective de la première journée.
Setlist : Excess, She Is Young, She Is Beautiful, She Is Next, Neo Tokyo, Future Club, Death of the Soul, She Moves Like a Knife, Diabolus Ex Machina, Humans Are Such Easy Prey, Messalina, Messalina, Venger, Tactical Precision Disarray

Garmonbozia nous a ainsi offert une programmation au top pour un festival en intérieur, bien à l’abri du vent et de la pluie. Si la programmation hétéroclite peut surprendre, elle permet toutefois de satisfaire les goûts d’un public plus large. Chacun est alors libre de piocher dans ce qui lui plaît, de partager ce qui fait l’unanimité et de profiter de ce qui lui parle moins pour aller se sustenter ou flâner dans les stands de merch.
Merci à l’organisation pour ces deux jours de concerts, pour l’organisation au top, pour l’ambiance bon enfant et surtout pour nous avoir réunis (au chaud et au sec) pour partager notre passion pour la musique extrême.
Merci à Tangui de Garmonbozia pour l’accréditation.

 

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